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su­jet

« La Fin humaine selon Ibn Bâğğa (Avempace) »

dans « Bulletin de philosophie médiévale », vol. 23, p. 59-64

dans « Bul­le­tin de phi­lo­so­phie mé­dié­vale », vol. 23, p. 59-64

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de « De la fin hu­maine »1 (« Fî al-ġâya al-in­sâ­niyya »2) d’Ibn Bâğğa3. Cet Arabe d’Espagne, dont le nom sera cor­rompu en ce­lui d’Aben Bache, Avem­pache ou Avem­pace4, fut le pre­mier homme d’Andalousie à avoir cultivé avec suc­cès les sciences et les spé­cu­la­tions phi­lo­so­phiques, qui seules, se­lon lui, pou­vaient ame­ner l’être hu­main à se connaître lui-même. Ses écrits lui va­lurent d’être ac­cusé d’hérésie et jeté en pri­son, mais il fut fi­na­le­ment li­béré grâce à l’intervention du cadi Abû l-Wa­lîd ibn Ru­shd, grand-père d’Aver­roès. Il mou­rut em­poi­sonné en 1138 apr. J.-C. Son suc­ces­seur, Ibn Tho­faïl, lui ren­dra ce grand hom­mage d’avoir sur­passé tous « les hommes d’un es­prit su­pé­rieur qui ont vécu en An­da­lou­sie » ; mais, en même temps, il re­gret­tera que les af­faires de ce monde et une mort pré­ma­tu­rée n’aient pas per­mis à Ibn Bâğğa de par­ta­ger les tré­sors de son sa­voir ; car, dira-t-il5, « la plu­part des ou­vrages qu’on trouve de lui manquent de fini et sont tron­qués à la fin… Quant à ses écrits ache­vés, ce sont des abré­gés et de pe­tits trai­tés ré­di­gés à la hâte. Il en fait lui-même l’aveu : il dé­clare que la thèse dont il s’est pro­posé la dé­mons­tra­tion dans le traité de la “Conjonc­tion de l’intellect avec l’homme”, ce traité n’en peut don­ner une idée claire qu’au prix de beau­coup de peine et de fa­tigue… ; et que, s’il en pou­vait trou­ver le temps, il les re­ma­nie­rait vo­lon­tiers ». Ses ou­vrages phi­lo­so­phiques portent sur la fin ex­trême de l’existence hu­maine, qui est d’entrer dans une union (une « conjonc­tion ») de plus en plus étroite avec l’intellect et de se mettre ainsi en rap­port avec Dieu. En ef­fet, se­lon Ibn Bâğğa, l’intellect est l’essence et la na­ture de l’homme, comme le tran­chant est l’essence et la na­ture du cou­teau ; et si c’est par les actes cor­po­rels que l’homme existe, c’est uni­que­ment par les actes in­tel­lec­tuels qu’il est di­vin : « L’intellect est donc l’existant le plus cher à Dieu Très-Haut, et lorsque l’homme at­teint cet in­tel­lect lui-même… cet homme a at­teint la chose créée la plus chère à Dieu »6. Cette théo­rie est em­prun­tée à l’« Éthique à Ni­co­maque » ; mais ce qui im­porte ici, c’est qu’en im­pri­mant au culte de Dieu un mou­ve­ment vers la phi­lo­so­phie et la libre pen­sée, elle trace la voie sur la­quelle mar­che­ront les illustres Aver­roès et Maï­mo­nide — et par-delà les Ju­déo-Arabes, Al­bert le Grand, saint Tho­mas et Jean de Jan­dun.

  1. Par­fois tra­duit « De la fin de l’homme ». Haut
  2. En arabe « في الغاية الإنسانية ». Par­fois trans­crit « Fī ’l-ghāyat ’l-insā­niyyat » ou « Fī l-ghāya l-insā­niyya ». Haut
  3. En arabe ابن باجة. Au­tre­fois trans­crit Ebn Ba­giah, Ebn Ba­geh, Aben­beja, Ibn Bâd­jeh, Ebn-Ba­jah, Ibn Ba­j­jah, Ibn Bâ­jja, Ibn Bâddja, Ibn Bâdja ou Ibn Bād­jdja. Éga­le­ment connu sous le sur­nom d’Ibn al-Ṣā’iġ (ابن الصائغ), c’est-à-dire « Fils de l’Orfèvre ». Au­tre­fois trans­crit Ebn al-Saïegh, Ebn Al­saïeg, Ibn-al-Sayegh, Ibn-al-Çayeg, Ibn eç-Çâ’igh ou Ibn al-Sa’igh. Haut
  1. Par­fois trans­crit Aven­pace ou Avem­peche. Haut
  2. « Hayy ben Ya­qd­hân ; tra­duc­tion par Léon Gau­thier », p. 11. Haut
  3. « La Conduite de l’isolé et Deux Autres Épîtres », p. 163. Haut

Ibn Bâğğa (Avempace), « La Conduite de l’isolé et Deux Autres Épîtres »

éd. J. Vrin, coll. Textes et Traditions, Paris

éd. J. Vrin, coll. Textes et Tra­di­tions, Pa­ris

Il s’agit de la « Conduite de l’isolé »1 (« Tad­bîr al-mu­ta­waḥḥid »2), l’« Épître d’adieu »3 (« Ri­sâ­lat al-wadâ‘ »4) et la « Conjonc­tion de l’intellect avec l’homme » (« It­tiṣâl al-‘aql bi-al-in­sân »5) d’Ibn Bâğğa6. Cet Arabe d’Espagne, dont le nom sera cor­rompu en ce­lui d’Aben Bache, Avem­pache ou Avem­pace7, fut le pre­mier homme d’Andalousie à avoir cultivé avec suc­cès les sciences et les spé­cu­la­tions phi­lo­so­phiques, qui seules, se­lon lui, pou­vaient ame­ner l’être hu­main à se connaître lui-même. Ses écrits lui va­lurent d’être ac­cusé d’hérésie et jeté en pri­son, mais il fut fi­na­le­ment li­béré grâce à l’intervention du cadi Abû l-Wa­lîd ibn Ru­shd, grand-père d’Aver­roès. Il mou­rut em­poi­sonné en 1138 apr. J.-C. Son suc­ces­seur, Ibn Tho­faïl, lui ren­dra ce grand hom­mage d’avoir sur­passé tous « les hommes d’un es­prit su­pé­rieur qui ont vécu en An­da­lou­sie » ; mais, en même temps, il re­gret­tera que les af­faires de ce monde et une mort pré­ma­tu­rée n’aient pas per­mis à Ibn Bâğğa de par­ta­ger les tré­sors de son sa­voir ; car, dira-t-il8, « la plu­part des ou­vrages qu’on trouve de lui manquent de fini et sont tron­qués à la fin… Quant à ses écrits ache­vés, ce sont des abré­gés et de pe­tits trai­tés ré­di­gés à la hâte. Il en fait lui-même l’aveu : il dé­clare que la thèse dont il s’est pro­posé la dé­mons­tra­tion dans le traité de la “Conjonc­tion de l’intellect avec l’homme”, ce traité n’en peut don­ner une idée claire qu’au prix de beau­coup de peine et de fa­tigue… ; et que, s’il en pou­vait trou­ver le temps, il les re­ma­nie­rait vo­lon­tiers ». Ses ou­vrages phi­lo­so­phiques portent sur la fin ex­trême de l’existence hu­maine, qui est d’entrer dans une union (une « conjonc­tion ») de plus en plus étroite avec l’intellect et de se mettre ainsi en rap­port avec Dieu. En ef­fet, se­lon Ibn Bâğğa, l’intellect est l’essence et la na­ture de l’homme, comme le tran­chant est l’essence et la na­ture du cou­teau ; et si c’est par les actes cor­po­rels que l’homme existe, c’est uni­que­ment par les actes in­tel­lec­tuels qu’il est di­vin : « L’intellect est donc l’existant le plus cher à Dieu Très-Haut, et lorsque l’homme at­teint cet in­tel­lect lui-même… cet homme a at­teint la chose créée la plus chère à Dieu »9. Cette théo­rie est em­prun­tée à l’« Éthique à Ni­co­maque » ; mais ce qui im­porte ici, c’est qu’en im­pri­mant au culte de Dieu un mou­ve­ment vers la phi­lo­so­phie et la libre pen­sée, elle trace la voie sur la­quelle mar­che­ront les illustres Aver­roès et Maï­mo­nide — et par-delà les Ju­déo-Arabes, Al­bert le Grand, saint Tho­mas et Jean de Jan­dun.

  1. Par­fois tra­duit « Livre du ré­gime du so­li­taire ». Haut
  2. En arabe « تدبير المتوحد ». Par­fois trans­crit « Tad­bîr el-mo­ta­wah­hid ». Haut
  3. Par­fois tra­duit « Lettre d’adieu » ou « Épître de l’adieu ». Haut
  4. En arabe « رسالة الوداع ». Par­fois trans­crit « Ri­sâ­let al-widâ’ ». Haut
  5. En arabe « اتصال العقل بالإنسان ». Par­fois trans­crit « It­tiṣāl al-‘aḳl bi-l-insān ». Haut
  1. En arabe ابن باجة. Au­tre­fois trans­crit Ebn Ba­giah, Ebn Ba­geh, Aben­beja, Ibn Bâd­jeh, Ebn-Ba­jah, Ibn Ba­j­jah, Ibn Bâ­jja, Ibn Bâddja, Ibn Bâdja ou Ibn Bād­jdja. Éga­le­ment connu sous le sur­nom d’Ibn al-Ṣā’iġ (ابن الصائغ), c’est-à-dire « Fils de l’Orfèvre ». Au­tre­fois trans­crit Ebn al-Saïegh, Ebn Al­saïeg, Ibn-al-Sayegh, Ibn-al-Çayeg, Ibn eç-Çâ’igh ou Ibn al-Sa’igh. Haut
  2. Par­fois trans­crit Aven­pace ou Avem­peche. Haut
  3. « Hayy ben Ya­qd­hân ; tra­duc­tion par Léon Gau­thier », p. 11. Haut
  4. p. 163. Haut