Il s’agit de « La Grande Étude » (« Ta-hio »1), qui constitue avec « Le Livre de la piété filiale », « la porte par où l’on accède au rayonnement »2 de la morale chinoise. Un des disciples de Confucius, possiblement Tseng-tseu3, a composé ces deux ouvrages. Il y traite de la persévérance dans le souverain bien, qui n’est autre chose que la conformité de nos actes avec les lois du ciel. En partant de notre amélioration personnelle et du bon ordre à établir dans notre famille, il en arrive progressivement aux moyens de pacifier et bien gouverner l’Empire. En effet, autrefois, les anciens princes qui désiraient développer et faire briller les lois du ciel, s’attachaient auparavant à bien gouverner leur royaume ; ceux qui désiraient bien gouverner leur royaume, s’attachaient auparavant à mettre le bon ordre dans leur famille ; ceux qui désiraient mettre le bon ordre dans leur famille, s’attachaient auparavant à se corriger eux-mêmes ; ceux qui désiraient se corriger eux-mêmes, s’attachaient auparavant à donner de la droiture à leur âme ; ceux enfin qui désiraient donner de la droiture à leur âme, s’attachaient auparavant à perfectionner leurs connaissances morales. Telle est la fin que se proposent « La Grande Étude » et « Le Livre de la piété filiale ». Soit préjugé ou raison, soit obstination ou justice, la Chine, pendant des millénaires, n’a jamais cessé de lire et d’admirer ces deux ouvrages : les révolutions du goût, les changements de régime, les dominations étrangères même n’ont pas entamé leur universalité originelle ni la solidité de leurs principes. « C’est dans la belle morale qu’ils enseignent, dans les vertus qu’ils commandent, et dans les sages règles de politique qu’ils tracent et qu’ils ont eu la gloire de persuader, que les philosophes d’au-delà des mers auraient dû chercher la solution [au] grand [mystère] de la durée de l’Empire chinois », dit le père Pierre-Martial Cibot.
Il n’existe pas moins de six traductions françaises de « La Grande Étude », mais s’il fallait n’en choisir qu’une seule, je choisirais celle de Mme Martine Hasse.
「仁者以財發身,不仁者以身發財.」
— Passage dans la langue originale
« Celui qui est doué d’humanité, fait de ses richesses un moyen pour développer sa personne ; celui qui ne l’est pas, fait de sa personne un moyen pour développer ses richesses. »
— Passage dans la traduction de Mme Hasse
« Or, celui qui fait preuve d’humanité utilise ses biens pour épanouir sa personne ; tandis que celui qui ne fait pas preuve d’humanité utilise sa personne pour accroître ses biens. »
— Passage dans la traduction de M. Rémi Mathieu (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris)
« L’homme humain et charitable acquiert de la considération à sa personne, en usant généreusement de ses richesses ; l’homme sans humanité et sans charité augmente ses richesses aux dépens de sa considération. »
— Passage dans la traduction de Guillaume Pauthier (XIXe siècle)
« La vraie gloire d’un bon prince consiste à faire des riches et non pas à l’être : il ne veut des trésors que pour les répandre. »
— Passage dans la traduction du père Pierre-Martial Cibot (XVIIIe siècle)
« Un prince bienfaisant augmente sa puissance par sa libéralité ; celui qui n’est pas bienfaisant augmente ses richesses au détriment de son crédit et de son autorité. »
— Passage dans la traduction du père Séraphin Couvreur (XIXe siècle)
« Beneficus princeps, utens opibus (id est, populo largiens opes suas), extollit se ipsum (auget suam potentiam) ; non beneficus princeps, usu (damno) sui ipsius (suæ potentiæ, quam paulatim minuit ac tandem prorsus amittit), auget opes. »
— Passage dans la traduction latine du père Séraphin Couvreur (XIXe siècle)
« Idcirco pius princeps contemnendo opes, sibi vitæ gloriam ; impius contemnendo vitam, sibi opum gloriam quærit. Verum hic opes anhelando, amittit ; ille contemnendo, acquirit. »
— Passage dans la traduction latine du père François Noël (XVIIIe siècle)
« Un bon prince acquiert de la gloire par le mépris des richesses ; un mauvais prince méprise la gloire pour acquérir des richesses. Le mépris du premier pour les richesses remplit ses trésors ; et la cupidité du second l’appauvrit. »
— Passage dans la traduction indirecte de l’abbé François-André-Adrien Pluquet4 (XVIIIe siècle)Cette traduction n’a pas été faite sur l’original.
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