
éd. UNESCO-Publications orientalistes de France, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Poètes du Japon, Paris-Aurillac
Il s’agit du « Man-yô-shû »1 (« Recueil d’une myriade de feuilles »2), une des premières compilations de poèmes japonais. Alors que l’antique prose du Japon représente plus ou moins l’influence étrangère de la Chine, l’antique poésie, elle, a quelque chose de profondément indigène. De fait, le « Man-yô-shû » et le « Kokin-shû » peuvent être qualifiés d’anthologies nationales du Japon. Il faut reconnaître que la poésie a toujours tenu une très grande place dans l’âme japonaise, dont elle dévoile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les Empereurs japonais, aux premières fleurs de printemps comme aux dernières lunes d’automne, ont convoqué la suite de leurs courtisans, et sous l’inspiration des choses, se sont fait présenter des poèmes. Parmi ces courtisans, quelques-uns ont mis leur amour en parallèle avec la fumée du mont Fuji, d’autres se sont souvenus de la lointaine jeunesse du mont Otoko, d’autres, enfin, à voir la rosée sur l’herbe, l’écume sur l’eau, se sont lamentés sur leur propre impermanence. « La poésie du Yamato3 a pour racine le cœur humain et pour feuilles des milliers de paroles », dit Ki no Tsurayuki dans sa sublime préface au « Kokin-shû », qui s’élève à des sommets jamais encore égalés dans la critique japonaise. « Le temps a beau aller ses étapes ; les choses passer ; les joies et les tristesses croiser leurs routes : quand le rythme est là, comment cette poésie pourrait-elle périr ? S’il est vrai que les aiguilles du pin durent sans choir ni périr ; que les empreintes des oiseaux pour longtemps se gravent4 ; la poésie du Yamato [se maintiendra pour jamais] ».
« La poésie du Yamato a pour racine le cœur humain et pour feuilles des milliers de paroles »
Voici un passage qui donnera une idée du style du « Man-yô-shû » :
« De la Katashinagawa
Dessus le grand pont…
Vêtue d’une robe imprimée
Rouge de carmin
Et d’indigo des monts
Toute seulette
La belle enfant qui passe
Aurait-elle un époux
Ou seule dormirait-elle
J’aimerais la questionner »5.
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- Édition et traduction partielles de Léon de Rosny (1871) [Source : Americana]
- Édition et traduction partielles de Léon de Rosny (1871) ; autre copie [Source : Google Livres]
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- Édition et traduction partielles de Léon de Rosny (1871) ; autre copie [Source : Bibliothèque nationale de France]
- Édition et traduction partielles de Léon de Rosny (1871) ; autre copie [Source : Google Livres]
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- Édition et traduction partielles de Léon de Rosny (1871) ; autre copie [Source : Hong Kong University Libraries (HKUL)]
- Édition et traduction partielles de Léon de Rosny (1871) ; autre copie [Source : Bibliothèque nationale de France]
- Édition et traduction partielles d’Yves Cossard (1943-1951) [Source : Revue « Monumenta nipponica »]
- Traduction partielle de Michel Revon (1923) [Source : Google Livres]
- Traduction partielle de Michel Revon (1918) [Source : Google Livres]
- Traduction partielle de Michel Revon (1910) [Source : Bibliothèque nationale de France].
Consultez cette bibliographie succincte en langue française
- Kuni Matsuo, « Histoire de la littérature japonaise : des temps archaïques à 1935 » (éd. Société française d’éditions littéraires et techniques, coll. Galerie d’histoire littéraire, Paris).
- En japonais « 万葉集 ». Parfois transcrit « Manjóšú », « Manyôśû », « Man-yô-siû », « Man-yo-siou », « Manyoschu », « Manyôshou », « Manyoshiu », « Mannyoshu » ou « Mannyochou ».
- Titre obscur. « Yô » (葉) veut dire « feuille » ou « génération » ; de sorte qu’on peut entendre soit « Recueil de feuilles innombrables », comme celles d’un grand arbre ou d’un grand livre, soit « Recueil de toutes les générations ».
- Pour le Japon, le nom du Yamato est comme celui de la Gaule pour la France.