« Man-yôshû. Livres VII, VIII et IX »

éd. UNESCO-Publications orientalistes de France, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Poètes du Japon, Paris-Aurillac

éd. UNESCO-Pu­bli­ca­tions orien­ta­listes de France, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Poètes du Ja­pon, Pa­ris-Au­rillac

Il s’agit du « Man-yô-shû »1 (« Re­cueil d’une my­riade de feuilles »2), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes ja­po­nais. Alors que l’antique prose du Ja­pon re­pré­sente plus ou moins l’influence étran­gère de la Chine, l’antique poé­sie, elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le « Man-yô-shû » et le « Ko­kin-shû » peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’âme ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les Em­pe­reurs ja­po­nais, aux pre­mières fleurs de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’inspiration des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur amour en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine jeu­nesse du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’eau, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. « La poé­sie du Ya­mato3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles », dit Ki no Tsu­rayuki dans sa su­blime pré­face au « Ko­kin-shû », qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la cri­tique ja­po­naise. « Le temps a beau al­ler ses étapes ; les choses pas­ser ; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le rythme est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir ? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir ; que les em­preintes des oi­seaux pour long­temps se gravent4 ; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais] ».

« La poé­sie du Ya­mato a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles »

Voici un pas­sage qui don­nera une idée du style du « Man-yô-shû » :
« De la Ka­ta­shi­na­gawa
Des­sus le grand pont…
Vê­tue d’une robe im­pri­mée
Rouge de car­min
Et d’indigo des monts
Toute seulette
La belle en­fant qui passe
Au­rait-elle un époux
Ou seule dor­mi­rait-elle
J’aimerais la ques­tion­ner
 »5.

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Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  • Kuni Mat­suo, « His­toire de la lit­té­ra­ture ja­po­naise : des temps ar­chaïques à 1935 » (éd. So­ciété fran­çaise d’éditions lit­té­raires et tech­niques, coll. Ga­le­rie d’histoire lit­té­raire, Pa­ris).
  1. En ja­po­nais « 万葉集 ». Par­fois trans­crit « Man­jóšú », « Ma­nyôśû », « Man-yô-siû », « Man-yo-siou », « Ma­nyo­schu », « Ma­nyô­shou », « Ma­nyo­shiu », « Man­nyo­shu » ou « Man­nyo­chou ». Haut
  2. Titre obs­cur. « Yô » () veut dire « feuille » ou « gé­né­ra­tion » ; de sorte qu’on peut en­tendre soit « Re­cueil de feuilles in­nom­brables », comme celles d’un grand arbre ou d’un grand livre, soit « Re­cueil de toutes les gé­né­ra­tions ». Haut
  3. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la France. Haut
  1. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères chi­nois en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Haut
  2. p. 331 & 333. Haut