Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome III. Correspondance, lettres LXIV-CLVI »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit de la « Cor­res­pon­dance » (« Epis­to­lai »1) et autres œuvres de Sy­né­sios de Cy­rène2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa vie ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle Li­bye, il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’aristocratie ; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ex­plo­ra­teurs ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la Grèce jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse « comme [dans] une en­ceinte sa­crée », pré­cise-t-il3, « [en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon exis­tence entre la prière, les livres et la chasse ». Sa « Cor­res­pon­dance » nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les armes et les che­vaux : « Je par­tage, en toutes cir­cons­tances, mon temps en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec moi-même… ; dans le plai­sir, je me donne à tous »4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs ; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale ; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens ; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse ; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la Ré­sur­rec­tion, ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton ; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa phi­lo­so­phie avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’hellénisme ou le chris­tia­nisme qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre ! Ce qui y do­mine, c’est la re­li­gion d’un homme qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies pas­sions.

Il n’existe pas moins de trois tra­duc­tions fran­çaises de la « Cor­res­pon­dance », mais s’il fal­lait n’en choi­sir qu’une seule, je choi­si­rais celle de M. De­nis Roques.

« Τῷ ἀδελφῷ

Πυνθάνῃ περὶ Διοσκορίου (var. Διοσκόρου) πόσους ἀπαγγέλλει στίχους ἑκάστης ἡμέρας ; Πεντήκοντα. Τούτους ἀποδίδωσιν οὐ προσπταίων, οὐ διλογῶν, οὐκ ἐφιστάμενος ἐφ’ ᾧ τὴν ἀνάμνησιν ἀθροῖσαι σὺν χρόνῳ, ἀλλ’ ἐπειδὰν ἄρξηται λέγειν, κατατείνει συνεχῶς· καὶ ἡ σιωπὴ τέλος ἐστὶ τῆς ἀπαγγελίας. »
— Lettre dans la langue ori­gi­nale

« À son frère

Tu me de­mandes le nombre de vers que Dios­ko­rios5 ré­cite chaque jour ? Cin­quante ! Il les res­ti­tue sans ac­croc, sans re­prise, sans ar­rêt pour prendre le temps de ras­sem­bler ses sou­ve­nirs, au contraire même, car une fois qu’il a com­mencé de par­ler, il conti­nue sans ré­pit sur sa lan­cée, et son si­lence marque la fin de la ré­ci­ta­tion. »
— Lettre dans la tra­duc­tion de M. Roques

« À son frère

Tu de­mandes com­bien de vers Dios­core ré­cite chaque jour ? Cin­quante. Il les dit sans hé­si­ter, sans se re­prendre, ne s’arrêtant ja­mais pour cher­cher ses sou­ve­nirs. Une fois qu’il a com­mencé, il conti­nue sans in­ter­rup­tion, et ne se tait que quand sa ré­ci­ta­tion est ache­vée. »
— Lettre dans la tra­duc­tion d’Henri Druon (XIXe siècle)

« À son frère Evop­tius

Vous me de­man­dez com­bien de lignes Dios­core ap­prend par jour ? Cin­quante. Il les dit sans ânon­ner, ne re­brous­sant ni n’arrêtant ja­mais pour re­prendre mé­moire ; il part et ar­rive d’une traite : il se tait, donc il a fini. »
— Lettre dans la tra­duc­tion de … La­patz (XIXe siècle)

« Fra­tri

Quæ­ris de Dios­coro, quot ver­sus quo­ti­die pro­nun­tiat ? Quin­qua­ginta. Hos qui­dem red­dit, ni­hil hæ­si­tans, ni­hil ite­rato re­pe­tens, neque iden­ti­dem in­sis­tens ad col­li­gen­dam cum tem­pore me­mo­riam : sed post­quam cœ­pe­rit, conti­nuo per­cur­rit, pro­nun­tian­dique fi­nis est si­len­tium. »
— Lettre dans la tra­duc­tion la­tine de De­nis Pe­tau (XVIIe siècle)

« Fra­tri

In­ter­ro­gas me de Dios­co­rio, quot pro­nun­tiat me­mo­ri­ter ver­sus uno­quoque die ? Quin­qua­ginta. Illos re­ci­tat non of­fen­dens, non in­sis­tens, ut me­mo­riam col­li­gat mora. Ve­rum, ubi pro­nun­tiare in­ce­pit, conti­nen­ter per­git. Et si­len­tium fi­nis est pro­nun­tia­tio­nis. »
— Lettre dans la tra­duc­tion la­tine d’Adrien Tur­nèbe (XVIIe siècle)

« Fra­tri

Quæ­ris de Dios­co­rio, quot sin­gu­lis die­bus ver­sus re­ci­tet ? Quin­qua­ginta. Hos red­dit non of­fen­sans, non sese re­vo­cans, non res­ti­tans ad col­li­gen­dam tem­pore me­mo­riam : sed si­mu­lac di­cere in­ce­pit, per­git conti­nen­ter : re­ci­ta­tio­nisque fi­nis est si­len­tium. »
— Lettre dans la tra­duc­tion la­tine de Tho­mas Kirch­meyer, dit Nao­geor­gus (XVIe siècle)

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Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  1. En grec « Ἐπιστολαί ». Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Haut
  3. « Cor­res­pon­dance », lettre XLI. Haut
  1. lettre CV. Haut
  2. Ne­veu de Sy­né­sios. Haut