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su­jet

Nelligan, « Poésies complètes »

éd. TYPO, coll. Poésie, Montréal

éd. TYPO, coll. , Mont­réal

Il s’agit des «Poé­sies» d’Émile Nel­li­gan, le plus grand poète , le seul qui soit ho­noré de no­tices dans les dic­tion­naires (XIXe siècle). Les bio­graphes s’accordent à le dé­crire comme un mince ado­les­cent, à la pâle, qui al­lait le perdu dans les nuages, les doigts souillés d’encre, la re­din­gote en désordre, et parmi tout cela, l’air fier. Il pré­ten­dait que ses vers s’envoleraient un jour vers la , d’où ils re­vien­draient sous la forme d’un beau livre, avec les bra­vos de tout Mont­réal. «C’est un drôle de gar­çon», di­saient les uns; «un peu po­seur», trou­vaient les autres 1. Mais sa fierté n’était qu’une fa­çade; elle ca­chait une sen­si­bi­lité exas­pé­rée, tan­tôt dé­bor­dante d’enthousiasme, tan­tôt as­som­brie d’une ner­veuse  :

«C’est le règne du amer et de la rage
De se sa­voir poète et l’objet du mé­pris,
De se sa­voir un cœur et de n’être com­pris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage!…

Les cloches ont chanté; le vent du soir odore.
Et pen­dant que le ruis­selle à joyeux flots,
Je suis si gai, si gai, dans mon rire so­nore,
Oh! si gai, que j’ai d’éclater en san­glots!
»

  1. Dans Charles ab der Hal­den, «Nou­velles Études de lit­té­ra­ture ca­na­dienne-fran­çaise», p. 342. Icône Haut