Il s’agit du poème « Regards jetés dans l’éternité » (« Blicke der Ewigkeit ») et autres écrits de Susanna von Klettenberg, dite Susanne de Klettenberg 1 (XVIIIe siècle), mystique allemande, piétiste et occultiste, âme exaltée s’adonnant à l’alchimie, amie de la mère de Gœthe. Les deux familles, Gœthe et Klettenberg, étaient apparentées. Selon toute apparence, Susanne de Klettenberg connut dès son plus jeune âge l’enfant précoce qui devait, un jour, subjuguer l’Allemagne et le monde entier ; selon toute apparence aussi, Gœthe dut à cette noble religieuse beaucoup des impressions qui entourèrent son enfance et sa jeunesse. Elle se trouve mêlée, de manière très intime, à tout son développement moral et intellectuel. Écoutons la description que l’immense poète a laissée d’elle dans ses mémoires : « Elle était », dit-il 2, « d’une taille svelte, de grandeur moyenne… Sa mise très soignée rappelait le costume des sœurs hernutes 3. La sérénité et le repos de l’âme ne la quittaient jamais. Elle considérait sa maladie comme un élément nécessaire de sa passagère existence terrestre ; elle souffrait avec la plus grande patience, et dans les intervalles, elle était vive et causante ». Susanne de Klettenberg appartenait par sa naissance au monde le plus distingué de Francfort ; mais elle s’en était éloignée de bonne heure. Sa santé faible, son éducation relevée, la vivacité et l’originalité de son esprit, son penchant pour le surnaturel l’avaient poussée au mysticisme chrétien ; aux doctrines de l’occultisme aussi : c’était le temps où le comte de Cagliostro séduisait toutes les imaginations. Elle écrivait en 1769 : « Le Seigneur n’est pas inactif dans notre ville, non plus ; Il souffle de mille façons sur les petites étincelles et les rallume… Il n’a cesse jusqu’à ce qu’Il ait trouvé la dernière de Ses brebis » 4. Le fils de son amie allait devenir pour elle cette « brebis » égarée. Aux environs de sa vingtième année, Gœthe était un étudiant tourmenté, désemparé, « en quelque sorte comme un naufragé » (« als ein Schiffbrüchiger »), qui semblait « plus souffrir encore de l’âme que du corps » 5. Elle trouva en ce jeune homme que la vie avait déçu tout ce qu’elle demandait : une nature jeune et impressionnable, qui aspirât comme elle à quelque félicité inconnue, et sur qui elle pût prendre de l’ascendant. « Déjà, elle avait étudié en secret l’“Opus mago-cabalisticum” de Welling », dit Gœthe 6, « mais comme [cet] auteur obscurcit et fait disparaître aussitôt la lumière qu’il communique, elle cherchait un ami qui lui tînt compagnie dans ces alternatives de lumière et d’obscurité ; elle n’eut pas besoin de grands efforts pour m’inoculer aussi ce [germe] ». Sous sa direction, Gœthe porta à cette magie cabalistique l’ardeur qu’il mettait en toutes choses.
poésie
genre littéraire
« “Sijiu fu”, En pensant à mes vieux amis »
dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale : idéologies, débats et pratiques chez Ruan Ji et Ji Kang » (éd. électronique)
Il s’agit d’« En pensant à mes vieux amis » 1 (« Sijiu fu » 2) et autres œuvres des « Sept Sages du bosquet de bambous » 3 (« Zhulin qi xian » 4), un cénacle de sept anticonformistes chinois, hippies avant la lettre, qu’un même dégoût des conventions et un même amour de « la spontanéité naturelle » (« ziran » 5) réunissaient vers 260 apr. J.-C. Ji Kang et Ruan Ji 6 arrivaient en tête de ce groupe d’amis inséparables ; suivaient Shan Tao, Ruan Xian, Wang Rong, Liu Ling et Xiang Xiu 7. Ils parcouraient le bosquet de Shanyang 8 en s’éloignant de l’embarras des affaires. Adossés à de vieux arbres, ils en goûtaient l’ombrage. Au bord d’un ruisseau, ils composaient des poèmes. Égayés par le va-et-vient de la faune et par la splendeur de la flore, ils jouaient des mélodies célestes, sur le point de s’envoler en dansant dans les airs. Demandant à l’ivresse l’oubli de la tristesse, ils auraient pu avoir pour devise : « Quand mon verre est plein, je le vide ; quand il est vide, je le plains ». Un jour que Ruan Ji, l’un des sept, était à jouer aux échecs, on vint lui apprendre la mort de sa mère ; son adversaire voulut aussitôt interrompre la partie, mais Ruan Ji, occupé de son jeu, voulut continuer. Il se fit même apporter deux vases de vin, qu’il vida, et sortit si saoul qu’il fallut le porter chez lui. Un contemporain, Pei Kai 9, alla lui offrir ses condoléances et le vit faisant cuire de la viande de porc et sifflant 10 ; il commenta : « Ruan Ji est un homme au-delà de la moralité ordinaire ; c’est pourquoi il ne respecte pas les cérémonies rituelles. Des gens comme vous et moi appartenons [au contraire] au domaine de la coutume… » 11 Ji Kang rendit alors visite à Ruan Ji en apportant sa cithare et du vin. Telle fut la première rencontre entre ces ermites hors des règles sociales, à l’origine du cénacle « du bosquet de bambous ». Pourtant, l’attitude des sept à l’égard de la boisson semble avoir été plus esthétique que charnelle. En voici une preuve : Le voisin de Ruan Ji avait une fort jolie femme. Elle vendait du vin, et Ruan Ji et Wang Rong allaient boire chez elle ; quelquefois, lorsque Ruan Ji était ivre, il s’endormait à côté d’elle. Au début, naturellement, le mari de la jeune femme se méfiait beaucoup ; puis, ayant observé attentivement ce qui se passait, « il se rendit compte que Ruan Ji n’avait pas d’autre intention »
- Parfois traduit « Pensées sur mes anciens amis », « Méditation sur les anciens amis » ou « En souvenir des temps anciens ».
- En chinois « 思舊賦 ». Parfois transcrit « Sseu kieou fou ».
- Autrefois traduit « Sept Amis de la forêt de bambou », « Sept Hommes vertueux de la forêt de bambous », « Sept Sages de la bambouseraie » ou « Sept Sages de Tchou-lin ».
- En chinois 竹林七賢. Autrefois transcrit « Tchou-lin ts’i-hien » ou « Chu-lin ch’i-hsien ».
- En chinois 自然.
- En chinois 阮籍. Autrefois transcrit Yuan Tsi ou Jouan Tsi.
- En chinois 山濤, 阮咸, 王戎, 劉伶 et 向秀 (respectivement). Parfois transcrit Shan T’ao, Yüan Hsien, Wang Jung, Liu Ling et Hsiang Hsiu ; ou Chan T’ao, Yuan Hien, Wang Jong, Lieou Ling et Hiang Sieou (respectivement).
- En chinois 山陽.
- En chinois 裴楷.
- Ce qui était rigoureusement proscrit dans les rites de deuil confucéens.
- Dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale », p. 576.
« “Méditations poétiques” de Jouan Tsi [ou Ruan Ji] »
dans « Anthologie de la poésie chinoise classique » (éd. Gallimard-UNESCO, coll. Connaissance de l’Orient, Paris)
Il s’agit d’une traduction partielle des « “Méditations poétiques” de Ruan Ji » 1 (« Ruan Ji “Yonghuaishi” » 2) et autres œuvres des « Sept Sages du bosquet de bambous » 3 (« Zhulin qi xian » 4), un cénacle de sept anticonformistes chinois, hippies avant la lettre, qu’un même dégoût des conventions et un même amour de « la spontanéité naturelle » (« ziran » 5) réunissaient vers 260 apr. J.-C. Ji Kang et Ruan Ji 6 arrivaient en tête de ce groupe d’amis inséparables ; suivaient Shan Tao, Ruan Xian, Wang Rong, Liu Ling et Xiang Xiu 7. Ils parcouraient le bosquet de Shanyang 8 en s’éloignant de l’embarras des affaires. Adossés à de vieux arbres, ils en goûtaient l’ombrage. Au bord d’un ruisseau, ils composaient des poèmes. Égayés par le va-et-vient de la faune et par la splendeur de la flore, ils jouaient des mélodies célestes, sur le point de s’envoler en dansant dans les airs. Demandant à l’ivresse l’oubli de la tristesse, ils auraient pu avoir pour devise : « Quand mon verre est plein, je le vide ; quand il est vide, je le plains ». Un jour que Ruan Ji, l’un des sept, était à jouer aux échecs, on vint lui apprendre la mort de sa mère ; son adversaire voulut aussitôt interrompre la partie, mais Ruan Ji, occupé de son jeu, voulut continuer. Il se fit même apporter deux vases de vin, qu’il vida, et sortit si saoul qu’il fallut le porter chez lui. Un contemporain, Pei Kai 9, alla lui offrir ses condoléances et le vit faisant cuire de la viande de porc et sifflant 10 ; il commenta : « Ruan Ji est un homme au-delà de la moralité ordinaire ; c’est pourquoi il ne respecte pas les cérémonies rituelles. Des gens comme vous et moi appartenons [au contraire] au domaine de la coutume… » 11 Ji Kang rendit alors visite à Ruan Ji en apportant sa cithare et du vin. Telle fut la première rencontre entre ces ermites hors des règles sociales, à l’origine du cénacle « du bosquet de bambous ». Pourtant, l’attitude des sept à l’égard de la boisson semble avoir été plus esthétique que charnelle. En voici une preuve : Le voisin de Ruan Ji avait une fort jolie femme. Elle vendait du vin, et Ruan Ji et Wang Rong allaient boire chez elle ; quelquefois, lorsque Ruan Ji était ivre, il s’endormait à côté d’elle. Au début, naturellement, le mari de la jeune femme se méfiait beaucoup ; puis, ayant observé attentivement ce qui se passait, « il se rendit compte que Ruan Ji n’avait pas d’autre intention »
- Parfois traduit « En exposant mes sentiments », « Ce que j’ai au cœur », « Chants des profondes pensées », « En exprimant ce que je ressens », « Mes Pensées intimes », « Poèmes chantant le fond de mon cœur » ou « Poèmes intimes ».
- En chinois « 阮籍詠懷詩 ».
- Autrefois traduit « Sept Amis de la forêt de bambou », « Sept Hommes vertueux de la forêt de bambous », « Sept Sages de la bambouseraie » ou « Sept Sages de Tchou-lin ».
- En chinois 竹林七賢. Autrefois transcrit « Tchou-lin ts’i-hien » ou « Chu-lin ch’i-hsien ».
- En chinois 自然.
- En chinois 阮籍. Autrefois transcrit Yuan Tsi ou Jouan Tsi.
- En chinois 山濤, 阮咸, 王戎, 劉伶 et 向秀 (respectivement). Parfois transcrit Shan T’ao, Yüan Hsien, Wang Jung, Liu Ling et Hsiang Hsiu ; ou Chan T’ao, Yuan Hien, Wang Jong, Lieou Ling et Hiang Sieou (respectivement).
- En chinois 山陽.
- En chinois 裴楷.
- Ce qui était rigoureusement proscrit dans les rites de deuil confucéens.
- Dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale », p. 576.
« Le Poète Jouan Tsi [ou Ruan Ji] (210-263) »
dans « Chine ancienne : actes du XXIXe Congrès international des orientalistes » (éd. L’Asiathèque, Paris)
Il s’agit d’une traduction partielle des « “Méditations poétiques” de Ruan Ji » 1 (« Ruan Ji “Yonghuaishi” » 2) et autres œuvres des « Sept Sages du bosquet de bambous » 3 (« Zhulin qi xian » 4), un cénacle de sept anticonformistes chinois, hippies avant la lettre, qu’un même dégoût des conventions et un même amour de « la spontanéité naturelle » (« ziran » 5) réunissaient vers 260 apr. J.-C. Ji Kang et Ruan Ji 6 arrivaient en tête de ce groupe d’amis inséparables ; suivaient Shan Tao, Ruan Xian, Wang Rong, Liu Ling et Xiang Xiu 7. Ils parcouraient le bosquet de Shanyang 8 en s’éloignant de l’embarras des affaires. Adossés à de vieux arbres, ils en goûtaient l’ombrage. Au bord d’un ruisseau, ils composaient des poèmes. Égayés par le va-et-vient de la faune et par la splendeur de la flore, ils jouaient des mélodies célestes, sur le point de s’envoler en dansant dans les airs. Demandant à l’ivresse l’oubli de la tristesse, ils auraient pu avoir pour devise : « Quand mon verre est plein, je le vide ; quand il est vide, je le plains ». Un jour que Ruan Ji, l’un des sept, était à jouer aux échecs, on vint lui apprendre la mort de sa mère ; son adversaire voulut aussitôt interrompre la partie, mais Ruan Ji, occupé de son jeu, voulut continuer. Il se fit même apporter deux vases de vin, qu’il vida, et sortit si saoul qu’il fallut le porter chez lui. Un contemporain, Pei Kai 9, alla lui offrir ses condoléances et le vit faisant cuire de la viande de porc et sifflant 10 ; il commenta : « Ruan Ji est un homme au-delà de la moralité ordinaire ; c’est pourquoi il ne respecte pas les cérémonies rituelles. Des gens comme vous et moi appartenons [au contraire] au domaine de la coutume… » 11 Ji Kang rendit alors visite à Ruan Ji en apportant sa cithare et du vin. Telle fut la première rencontre entre ces ermites hors des règles sociales, à l’origine du cénacle « du bosquet de bambous ». Pourtant, l’attitude des sept à l’égard de la boisson semble avoir été plus esthétique que charnelle. En voici une preuve : Le voisin de Ruan Ji avait une fort jolie femme. Elle vendait du vin, et Ruan Ji et Wang Rong allaient boire chez elle ; quelquefois, lorsque Ruan Ji était ivre, il s’endormait à côté d’elle. Au début, naturellement, le mari de la jeune femme se méfiait beaucoup ; puis, ayant observé attentivement ce qui se passait, « il se rendit compte que Ruan Ji n’avait pas d’autre intention »
- Parfois traduit « En exposant mes sentiments », « Ce que j’ai au cœur », « Chants des profondes pensées », « En exprimant ce que je ressens », « Mes Pensées intimes », « Poèmes chantant le fond de mon cœur » ou « Poèmes intimes ».
- En chinois « 阮籍詠懷詩 ».
- Autrefois traduit « Sept Amis de la forêt de bambou », « Sept Hommes vertueux de la forêt de bambous », « Sept Sages de la bambouseraie » ou « Sept Sages de Tchou-lin ».
- En chinois 竹林七賢. Autrefois transcrit « Tchou-lin ts’i-hien » ou « Chu-lin ch’i-hsien ».
- En chinois 自然.
- En chinois 阮籍. Autrefois transcrit Yuan Tsi ou Jouan Tsi.
- En chinois 山濤, 阮咸, 王戎, 劉伶 et 向秀 (respectivement). Parfois transcrit Shan T’ao, Yüan Hsien, Wang Jung, Liu Ling et Hsiang Hsiu ; ou Chan T’ao, Yuan Hien, Wang Jong, Lieou Ling et Hiang Sieou (respectivement).
- En chinois 山陽.
- En chinois 裴楷.
- Ce qui était rigoureusement proscrit dans les rites de deuil confucéens.
- Dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale », p. 576.
« Le Poète Xi Kang [ou Ji Kang] et le Club des “Sept Sages de la forêt de bambous” »
dans « Le Taoïsme et les Religions chinoises » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque des histoires, Paris), p. 331-340
Il s’agit de la « Chanson de la vertu du vin » 1 (« Jiude song » 2) et autres œuvres des « Sept Sages du bosquet de bambous » 3 (« Zhulin qi xian » 4), un cénacle de sept anticonformistes chinois, hippies avant la lettre, qu’un même dégoût des conventions et un même amour de « la spontanéité naturelle » (« ziran » 5) réunissaient vers 260 apr. J.-C. Ji Kang et Ruan Ji 6 arrivaient en tête de ce groupe d’amis inséparables ; suivaient Shan Tao, Ruan Xian, Wang Rong, Liu Ling et Xiang Xiu 7. Ils parcouraient le bosquet de Shanyang 8 en s’éloignant de l’embarras des affaires. Adossés à de vieux arbres, ils en goûtaient l’ombrage. Au bord d’un ruisseau, ils composaient des poèmes. Égayés par le va-et-vient de la faune et par la splendeur de la flore, ils jouaient des mélodies célestes, sur le point de s’envoler en dansant dans les airs. Demandant à l’ivresse l’oubli de la tristesse, ils auraient pu avoir pour devise : « Quand mon verre est plein, je le vide ; quand il est vide, je le plains ». Un jour que Ruan Ji, l’un des sept, était à jouer aux échecs, on vint lui apprendre la mort de sa mère ; son adversaire voulut aussitôt interrompre la partie, mais Ruan Ji, occupé de son jeu, voulut continuer. Il se fit même apporter deux vases de vin, qu’il vida, et sortit si saoul qu’il fallut le porter chez lui. Un contemporain, Pei Kai 9, alla lui offrir ses condoléances et le vit faisant cuire de la viande de porc et sifflant 10 ; il commenta : « Ruan Ji est un homme au-delà de la moralité ordinaire ; c’est pourquoi il ne respecte pas les cérémonies rituelles. Des gens comme vous et moi appartenons [au contraire] au domaine de la coutume… » 11 Ji Kang rendit alors visite à Ruan Ji en apportant sa cithare et du vin. Telle fut la première rencontre entre ces ermites hors des règles sociales, à l’origine du cénacle « du bosquet de bambous ». Pourtant, l’attitude des sept à l’égard de la boisson semble avoir été plus esthétique que charnelle. En voici une preuve : Le voisin de Ruan Ji avait une fort jolie femme. Elle vendait du vin, et Ruan Ji et Wang Rong allaient boire chez elle ; quelquefois, lorsque Ruan Ji était ivre, il s’endormait à côté d’elle. Au début, naturellement, le mari de la jeune femme se méfiait beaucoup ; puis, ayant observé attentivement ce qui se passait, « il se rendit compte que Ruan Ji n’avait pas d’autre intention »
- Parfois traduit « Éloge de la vertu du vin » ou « Hommage au mérite du vin ».
- En chinois « 酒德頌 ». Autrefois transcrit « Tsieou tö hiong », « Tsieou-tö song » ou « Chiu-te sung ».
- Autrefois traduit « Sept Amis de la forêt de bambou », « Sept Hommes vertueux de la forêt de bambous », « Sept Sages de la bambouseraie » ou « Sept Sages de Tchou-lin ».
- En chinois 竹林七賢. Autrefois transcrit « Tchou-lin ts’i-hien » ou « Chu-lin ch’i-hsien ».
- En chinois 自然.
- En chinois 阮籍. Autrefois transcrit Yuan Tsi ou Jouan Tsi.
- En chinois 山濤, 阮咸, 王戎, 劉伶 et 向秀 (respectivement). Parfois transcrit Shan T’ao, Yüan Hsien, Wang Jung, Liu Ling et Hsiang Hsiu ; ou Chan T’ao, Yuan Hien, Wang Jong, Lieou Ling et Hiang Sieou (respectivement).
- En chinois 山陽.
- En chinois 裴楷.
- Ce qui était rigoureusement proscrit dans les rites de deuil confucéens.
- Dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale », p. 576.
« Simon-Samuel Frug [ou Siméon Froug] »
Il s’agit de « Résurrection des morts » et autres poésies de Siméon Froug 1, poète juif, qui a défini lui-même les motifs de son éternel « lamento » sur le sort de son peuple dans ces vers : « Je suis la harpe éolienne du sort de mon peuple, je suis l’écho de ses douleurs et souffrances » 2. On suppose aux tsars russes Alexandre III et Nicolas II quelque haine personnelle pour les Juifs. Et un examen impartial de leurs décrets les montre bien résolus, non à relever leurs ouailles orthodoxes, comme on aurait pu l’espérer, mais à rabaisser et mortifier le reste de leurs sujets. Un de leurs actes les plus importants — déjà prévu sous Catherine II, mais jamais tout à fait appliqué dans toute sa cruauté et sa barbarie — fut de refuser le droit aux Juifs de séjourner ailleurs que dans un fatal et tristement célèbre « parc humain », la « zone de résidence (juive) » 3 (« tcherta (iévreïskoï) ossedlosti » 4). La vie de ces familles, comprimée, enserrée dans l’étau d’une « zone » surpeuplée et moisie, où elles étaient réduites à mendier le pain quotidien, et aggravée par une série interminable de vexations et d’avanies, basses et mesquines, se prêtait très médiocrement à la poésie. La chape de monotonie qui écrasait ces misérables, le zèle capricieux des autorités locales, puis bientôt, la bestialité des pogroms — conséquence directe de la politique du mensonge et de la violence à laquelle le régime s’employait avec tant d’énergie — faisaient oublier les travaux des muses. Froug fut l’un des rares à mener à bien cet effroyable labeur de créer, tantôt en russe tantôt en yiddish, une langue poétique. Il osa y exprimer de la sensiblerie que de piètres esprits ont qualifiée de « mignonne et féminine » et il transporta son public vers les hauteurs où son génie l’entraînait lui-même. Né en 1860 comme fils d’humbles cultivateurs de la prairie ukrainienne, Froug cultiva son chant en serre chaude, à l’abri des courants littéraires. Ses premières poésies peignaient le paysan labourant la terre, ou se reposant dans un sommeil profond et mérité. « N’étaient les conditions de la vie, qui en ont fait un poète de jérémiades, Froug aurait pu devenir un Koltsov juif », dit Meyer Isser Pinès. Ce ne fut que lorsque les misères physiques et le désespoir de son peuple, rappelant ceux de l’ancienne Judée, menacèrent de l’étouffer, que ses poésies changèrent d’âme et de sujet, et qu’il accorda sa harpe aux complaintes du ghetto. « Rien dans notre vie triste », écrit notre poète 5, « rien ne me fait tant de peine que l’aspect extérieur d’un Juif : son dos voûté, ses joues creuses, ses mains maigres, sa poitrine étroite… l’ombre noire de la peur qui est continuellement sur son visage. Ces yeux… moitié rêveurs et moitié craintifs, qui courent sans cesse d’un point à l’autre, comme s’ils cherchaient un abri, pour se cacher, se sauver d’un danger énorme et imminent ; ces lèvres pâles qui… semblent prêtes à chaque instant à prononcer les mots : “Me voilà, je me sauve !” Tout cet être qui tremble au bruit d’une feuille… me fait éternellement saigner le cœur. »
Froug, « Le Chant du travail • La Coupe »
Il s’agit du « Chant du travail » et « La Coupe » de Siméon Froug 1, poète juif, qui a défini lui-même les motifs de son éternel « lamento » sur le sort de son peuple dans ces vers : « Je suis la harpe éolienne du sort de mon peuple, je suis l’écho de ses douleurs et souffrances » 2. On suppose aux tsars russes Alexandre III et Nicolas II quelque haine personnelle pour les Juifs. Et un examen impartial de leurs décrets les montre bien résolus, non à relever leurs ouailles orthodoxes, comme on aurait pu l’espérer, mais à rabaisser et mortifier le reste de leurs sujets. Un de leurs actes les plus importants — déjà prévu sous Catherine II, mais jamais tout à fait appliqué dans toute sa cruauté et sa barbarie — fut de refuser le droit aux Juifs de séjourner ailleurs que dans un fatal et tristement célèbre « parc humain », la « zone de résidence (juive) » 3 (« tcherta (iévreïskoï) ossedlosti » 4). La vie de ces familles, comprimée, enserrée dans l’étau d’une « zone » surpeuplée et moisie, où elles étaient réduites à mendier le pain quotidien, et aggravée par une série interminable de vexations et d’avanies, basses et mesquines, se prêtait très médiocrement à la poésie. La chape de monotonie qui écrasait ces misérables, le zèle capricieux des autorités locales, puis bientôt, la bestialité des pogroms — conséquence directe de la politique du mensonge et de la violence à laquelle le régime s’employait avec tant d’énergie — faisaient oublier les travaux des muses. Froug fut l’un des rares à mener à bien cet effroyable labeur de créer, tantôt en russe tantôt en yiddish, une langue poétique. Il osa y exprimer de la sensiblerie que de piètres esprits ont qualifiée de « mignonne et féminine » et il transporta son public vers les hauteurs où son génie l’entraînait lui-même. Né en 1860 comme fils d’humbles cultivateurs de la prairie ukrainienne, Froug cultiva son chant en serre chaude, à l’abri des courants littéraires. Ses premières poésies peignaient le paysan labourant la terre, ou se reposant dans un sommeil profond et mérité. « N’étaient les conditions de la vie, qui en ont fait un poète de jérémiades, Froug aurait pu devenir un Koltsov juif », dit Meyer Isser Pinès. Ce ne fut que lorsque les misères physiques et le désespoir de son peuple, rappelant ceux de l’ancienne Judée, menacèrent de l’étouffer, que ses poésies changèrent d’âme et de sujet, et qu’il accorda sa harpe aux complaintes du ghetto. « Rien dans notre vie triste », écrit notre poète 5, « rien ne me fait tant de peine que l’aspect extérieur d’un Juif : son dos voûté, ses joues creuses, ses mains maigres, sa poitrine étroite… l’ombre noire de la peur qui est continuellement sur son visage. Ces yeux… moitié rêveurs et moitié craintifs, qui courent sans cesse d’un point à l’autre, comme s’ils cherchaient un abri, pour se cacher, se sauver d’un danger énorme et imminent ; ces lèvres pâles qui… semblent prêtes à chaque instant à prononcer les mots : “Me voilà, je me sauve !” Tout cet être qui tremble au bruit d’une feuille… me fait éternellement saigner le cœur. »
Froug, « Poésies. “Pianto” • La Harpe magique »
Il s’agit de « “Pianto” » et « La Harpe magique » de Siméon Froug 1, poète juif, qui a défini lui-même les motifs de son éternel « lamento » sur le sort de son peuple dans ces vers : « Je suis la harpe éolienne du sort de mon peuple, je suis l’écho de ses douleurs et souffrances » 2. On suppose aux tsars russes Alexandre III et Nicolas II quelque haine personnelle pour les Juifs. Et un examen impartial de leurs décrets les montre bien résolus, non à relever leurs ouailles orthodoxes, comme on aurait pu l’espérer, mais à rabaisser et mortifier le reste de leurs sujets. Un de leurs actes les plus importants — déjà prévu sous Catherine II, mais jamais tout à fait appliqué dans toute sa cruauté et sa barbarie — fut de refuser le droit aux Juifs de séjourner ailleurs que dans un fatal et tristement célèbre « parc humain », la « zone de résidence (juive) » 3 (« tcherta (iévreïskoï) ossedlosti » 4). La vie de ces familles, comprimée, enserrée dans l’étau d’une « zone » surpeuplée et moisie, où elles étaient réduites à mendier le pain quotidien, et aggravée par une série interminable de vexations et d’avanies, basses et mesquines, se prêtait très médiocrement à la poésie. La chape de monotonie qui écrasait ces misérables, le zèle capricieux des autorités locales, puis bientôt, la bestialité des pogroms — conséquence directe de la politique du mensonge et de la violence à laquelle le régime s’employait avec tant d’énergie — faisaient oublier les travaux des muses. Froug fut l’un des rares à mener à bien cet effroyable labeur de créer, tantôt en russe tantôt en yiddish, une langue poétique. Il osa y exprimer de la sensiblerie que de piètres esprits ont qualifiée de « mignonne et féminine » et il transporta son public vers les hauteurs où son génie l’entraînait lui-même. Né en 1860 comme fils d’humbles cultivateurs de la prairie ukrainienne, Froug cultiva son chant en serre chaude, à l’abri des courants littéraires. Ses premières poésies peignaient le paysan labourant la terre, ou se reposant dans un sommeil profond et mérité. « N’étaient les conditions de la vie, qui en ont fait un poète de jérémiades, Froug aurait pu devenir un Koltsov juif », dit Meyer Isser Pinès. Ce ne fut que lorsque les misères physiques et le désespoir de son peuple, rappelant ceux de l’ancienne Judée, menacèrent de l’étouffer, que ses poésies changèrent d’âme et de sujet, et qu’il accorda sa harpe aux complaintes du ghetto. « Rien dans notre vie triste », écrit notre poète 5, « rien ne me fait tant de peine que l’aspect extérieur d’un Juif : son dos voûté, ses joues creuses, ses mains maigres, sa poitrine étroite… l’ombre noire de la peur qui est continuellement sur son visage. Ces yeux… moitié rêveurs et moitié craintifs, qui courent sans cesse d’un point à l’autre, comme s’ils cherchaient un abri, pour se cacher, se sauver d’un danger énorme et imminent ; ces lèvres pâles qui… semblent prêtes à chaque instant à prononcer les mots : “Me voilà, je me sauve !” Tout cet être qui tremble au bruit d’une feuille… me fait éternellement saigner le cœur. »
« La Poésie de Ji Kang »
Il s’agit d’« Angoisse au cachot » 1 (« Youfen shi » 2) et autres poèmes de Ji Kang 3, virtuose de la cithare, fervent taoïste, poète attachant par ses opinions et ses manières de voir autant que par son talent, chef de file des « Sept Sages du bosquet de bambous » (fameux cénacle dont je parlerai ailleurs). Fier, indépendant, Ji Kang était un homme de la haute société, époux d’une princesse, mais alliant un amour mystique, presque religieux, de la nature et un profond dégoût pour les règles et les idées reçues. Il proclamait haut et fort, seize siècles avant Flaubert dans sa « Correspondance » 4, que « les honneurs déshonorent ; le titre dégrade ; la fonction abrutit ». Dans sa « Lettre de rupture avec Shan Tao », il confiait que l’éducation libertaire qu’il a reçue dans son enfance a fait de lui « un cerf sauvage » qui devient comme fou à la vue des liens rigides que porte au cou tout fonctionnaire en poste : « Un cerf sauvage se pliera à ce qu’on lui a inculqué, pourvu qu’on l’ait capturé et pris en main encore jeune. Mais qu’on lui passe la bride, une fois adulte, et il se débattra comme un dément, pour faire voler ses liens, quitte à ruer dans les flammes ou l’eau bouillante ». Ji Kang se jugeait, en somme, totalement inapte au service mandarinal. Aux yeux de ses contemporains, pour un homme de sa classe et de sa condition, c’était un véritable crime de ne pas être fonctionnaire — un crime non seulement contre la tradition, mais contre les assises mêmes de l’autorité confucianiste. Ji Kang s’en rendait compte, mais son esprit excentrique et rebelle l’entraînait irrésistiblement vers la poésie, la musique céleste, les ébats dans la nature, les promenades heureuses au cours desquelles il se perdait au point d’oublier le retour. La légende se plaît à le représenter vagabondant dans le bosquet de bambous de Shanyang où il réunissait ses amis, tous plus bizarres les uns que les autres, recherchant des plantes dont il préparait des drogues d’immortalité, et « se nourrissant des vapeurs roses de l’aurore » (« can xia » 5).
- Parfois traduit « Rage de mon cachot », « Rage en mon cachot », « Rage au cachot », « Rage d’un prisonnier », « Tristesse obscure », « Rancœur secrète » ou « Noire Exaspération ».
- En chinois « 幽憤詩 ». Autrefois transcrit « Yu-fên-shih » ou « Yeou-fen che ».
- En chinois 嵇康. Parfois transcrit Xi Kang, Ki Kang, Chi K’ang, Tsi K’ang, Hsi K’ang, Hi K’ang ou Si K’ang.
Abaï, « Poésie et Prose »
Il s’agit d’Abaï Kounanbaïouly 1, dit Abaï Kounanbaïev 2, poète éclairé et humaniste, intellectuel musulman, traducteur de Pouchkine, Lermontov et Krylov, père des lettres kazakhes (XIXe siècle). En 1956, Louis Aragon fondait la collection « Littératures soviétiques » chez Gallimard ; et parmi les œuvres choisies se trouvait le roman de Moukhtar Aouézov, « Abaï ». Dans son préambule, Aragon gratifiait le lecteur francophone de quelques aperçus sur le Kazakhstan ; et le roman d’Aouézov l’entraînait au cœur de la steppe, chez les Tobykty 3, la tribu d’Abaï, dont il retraçait la vie. Ce double travail renouvelait l’intérêt pour un poète qui avait ouvert les yeux des Kazakhs sur les choses du monde et suscitait les premières traductions des œuvres d’Abaï. Mais peut-être devrais-je moins parler d’Aragon et d’Aouézov que du poète kazakh qui est mon sujet. Abaï naissait en 1845. L’année suivante, le Kazakhstan était rattaché à la Russie. Le peuple était réduit au dernier degré de la misère ; il ne s’était pas encore délivré des chaînes de l’esclavage féodal, que déjà il tombait sous le joug cruel du tsarisme russe. Âme d’intellectuel, cœur de poète, Abaï comprendra les malheurs de ses compatriotes, et épris des idéaux de liberté, de justice, il brûlera du désir de les répandre autour de lui. Il débutera plein d’empressement, d’espérance. Hélas ! que de désillusions, que d’amères déceptions l’attendront dans la suite. Toute sa jeune énergie, toute sa robuste intelligence se consumera au milieu de l’indifférence générale. Et arrivé au seuil de la mort, « privé de forces » 4, il découvrira que rien n’a changé ; qu’il a trop manqué de soutiens ; que ses bons conseils ont laissé de marbre « tant de légions de [gens] enlisés dans leurs habitudes » 5 « proies faciles » 6 de chefs corrompus, de magistrats malhonnêtes, de mollahs ignares ou bien de leur propre veulerie et négligence. Il criera son désespoir, sa solitude spirituelle, ses vaines luttes contre l’inertie de son siècle dans ses poésies de maturité et surtout dans « Le Livre des dits » 7, ou littéralement « Les Paroles noires » (« Kara sözderi » 8), sorte de testament en prose. Puisant aux sources turco-persanes et russes, faite de sueur et de sang kazakhs, son œuvre littéraire se dressera, solitaire, dans le ciel de la steppe comme l’un de ces « cèdres du Liban altiers et élevés », l’un de ces « chênes du Bachân » célébrés dans la Bible 9.
- En kazakh Абай Құнанбайұлы. Autrefois transcrit Kunanbaïuly ou Kunanbaiuli. On rencontre aussi la graphie Ибраһим (Ibrahim), Abaï étant la déformation de ce prénom musulman. Autrefois transcrit Ibragim, Ibroghim ou Ibraghim.
- En russe Абай Кунанбаев. Parfois transcrit Kounanbaev, Kunanbaev, Qunanbaev, Kunanbaiev, Kunanbayev, Kounanbayev, Qunanbajev ou Kunanbajev.
- En kazakh Тобықты.
- p. 91.
- p. 74.
- p. 23.
- Autrefois traduit « Réflexions en prose », « Sermons » ou « Paroles édifiantes ».
- En kazakh « Қара сөздері ». On rencontre aussi la graphie « Қара сөз » (« Kara söz »). Parfois transcrit « Qara söz ».
- « Livre d’Isaïe », II, 13 ; « Zacharie », XI, 1-2 ; « Livre d’Ézéchiel », XXVII, 5-6 ; etc.
Yang Xiong, « Rhapsodie du grand mystère, “Taixuan fu” »
dans « Anthologie de la poésie chinoise » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris)
Il s’agit de la « Rhapsodie de la chasse des gardes impériaux » 1 (« Yulie fu » 2), de la « Rhapsodie du grand mystère » 3 (« Taixuan fu » 4) et autres poésies de Yang Xiong 5, un des représentants mineurs de la littérature et de la pensée chinoise, imitateur des classiques. Il vit le jour en l’an 53 av. J.-C. et mourut en l’an 18 apr. J.-C. Issu d’une famille noble, mais dont « les possessions n’atteignaient pas même dix “jin” d’or », et qui « manquait de réserves en grains », il réussit à avoir pour maîtres les meilleurs professeurs de Shu 6 (l’actuelle province de Sichuan) : Zhuang Zun, Li Hong et Lin Lü. Tous les trois étaient experts en divination, en sinogrammes « étranges » (ceux antérieurs à la graphie qui s’imposa sous les Qin) et en traditions confucéennes et taoïstes. La quarantaine passée, il partit de Shu et s’en alla à la capitale Chang’an 7 où on le moqua pour sa parole embarrassée et sa façon d’écrire en style de sa province — « un style », disait-on, « détestable » 8. En l’an 11 apr. J.-C., toujours obscur et pauvre malgré ses fonctions de « gentilhomme de la porte jaune » 9 (« huangmen lang » 10), il fut faussement accusé d’avoir trempé dans le complot contre le nouvel Empereur Wang Mang. En désespoir de cause, il sauta du haut d’une tour de la Bibliothèque impériale, mais survécut à ses blessures et fut mis hors de cause par l’Empereur en personne. Peu après, cette épigramme circula dans la capitale, lui reprochant ses habitudes d’ermite, son goût presque suspect pour la solitude et le silence :
« “Solitaire et silencieux”
Il se jette du haut de la tour !
“Pur et tranquille”
Il compose des présages ! »
- Autrefois traduit « “Fou” sur la chasse avec les gardes impériaux » ou « Description de la chasse (où les soldats portaient) des plumages ».
- En chinois « 羽獵賦 ». Parfois transcrit « Yü-lieh fu » ou « Yu-lie fou ».
- C’est le pendant poétique du « Classique du grand mystère ».
- En chinois « 太玄賦 ». Parfois transcrit « T’ai-hsüan fu » ou « T’ai-hiuan fou ».
- En chinois 揚雄. Autrefois transcrit Jang-hiong, Yang Hsiung, Yang Hyong ou Yang-hioung. Également connu sous les noms de Yang Ziyun (揚子雲) et de Yang Zi (揚子). Parfois transcrit Yang Tzu-yün, Yang Tse Yün ou Yang-tseu.
- En chinois 蜀. Parfois transcrit Chu ou Chou.
- Aujourd’hui Xi’an (西安). Autrefois transcrit Tch’ang-ngan.
- Dans le père Léon Wieger, « Histoire des croyances religieuses et des opinions philosophiques en Chine : depuis l’origine jusqu’à nos jours », p. 315.
- Autrefois traduit « gentilhomme des portes impériales » ou « secrétaire des portes impériales ».
- En chinois 黃門郎. Autrefois transcrit « houang-men lang ».
Lucilius, « L’Etna »
Il s’agit de « L’Etna » (« Ætna »), poème scientifique, qui décrit et explique les causes naturelles des divers phénomènes physiques que présente le célèbre volcan de ce nom (Ier siècle apr. J.-C.). On ne sait pas précisément qui en est l’auteur. On lit dans Sénèque (« Lettres à Lucilius », lettre LXXIX) que Virgile, Ovide et Cornelius Severus ont écrit successivement sur l’Etna. Il est possible d’attribuer le poème à l’un de ces grands noms. Toutefois, dans le même passage, Sénèque invite Lucilius le Jeune (Lucilius Junior), son ami et son correspondant, à profiter de sa tournée administrative en Sicile pour « aborder [lui] aussi une matière qui attire tous les poètes » et insiste sur les excellentes dispositions où est ce dernier, à la fois par ses penchants philosophiques et littéraires et par ses connaissances locales sur la Sicile, pour traiter du majestueux rival du Vésuve. Cela concourt à le faire accepter comme l’auteur. Sénèque ne lui dit-il pas : « Je ne te connais pas, ou l’Etna te fait déjà venir l’eau à la bouche : tu aspires à composer quelque grand ouvrage égal à ce qu’ont produit tes devanciers » ? « L’Etna » compte, selon les éditions, de 640 à 648 vers hexamètres, écrits avec une rare précision de style. Postérieur d’un demi-siècle aux « Astronomiques », il procède à peu près du même esprit. Comme Manilius, l’auteur de « L’Etna » est un homme dur pour les fables menteuses répandues par les poètes : « D’abord, qu’on ne se laisse pas abuser par les fictions des poètes » (« Principio, ne quem capiat fallacia vatum ») ; « c’est en vain que j’essayerais d’expliquer la cause de chaque phénomène, si vous persistez dans une opinion mensongère » (« frustra certis disponere singula causis tentamus, si firma manet tibi fabula mendax »). Il veut donc des faits, rien que des faits, mais des faits bien avérés ; il s’y passionne. Comme Lucrèce, il chante « la délicieuse volupté » (« jucunda voluptas ») de la certitude scientifique, la joie triomphale de la découverte : « Toutes ces merveilles qui frappent nos yeux dans ce vaste Univers, ne pas les laisser dispersées et confondues dans la masse des phénomènes, mais les observer, les classer par leur caractère distinctif : voilà pour l’esprit un plaisir délicieux et divin ». Enfin, il déplore que nous autres, mortels, nous nous tourmentions misérablement pour des riens, nous supportions mille fatigues dans le vain espoir de faire fortune, alors que « chose honteuse ! les sciences qui… enseignent le vrai sont réduites au silence et délaissées comme indifférentes ou stériles ».
« Les Minnesingers. Walther von der Vogelweide (1190-1240) »
Il s’agit de « Sous les tilleuls… » (« Under der linden… » 1), « Hélas ! Comme toutes mes années se sont évaporées » 2 (« Owê ! War sint verswunden alliu mîniu jâr ») et autres chants de Walther von der Vogelweide, dit Walther de la Vogelweide, le premier grand poète de langue allemande. « Qu’avez-vous fait », demanda-t-on une fois à Henri Heine 3, « le premier jour de votre arrivée à Paris ? Quelle fut votre première course ? » On s’attendait à l’entendre nommer la place de la Concorde ou bien le Panthéon. « Tout de suite après mon arrivée », dit Heine, « j’étais allé à la Bibliothèque royale (l’actuelle Bibliothèque nationale de France) et je m’étais fait montrer par le conservateur le manuscrit des “Minnesingers”… Et c’est vrai : depuis des années, je désirais voir de mes yeux les chères feuilles qui nous ont conservé les poésies de Walther de la Vogelweide, le plus grand lyrique allemand. » À la fin du XIIe siècle, Vienne, ville aux confins de l’aire germanique, en devint la métropole artistique. Elle s’ennoblit par les chants des troubadours célèbres — les minnesingers (chantres d’amour) — dont l’Alsacien Reinmar de Haguenau, qui y transporta les formes et l’esprit de la poésie courtoise française. C’est sous sa direction que Vogelweide fit son apprentissage de poète. L’élève surpassa bientôt ses contemporains et son maître ; et c’est merveille de voir à quel point, entre ses mains habiles, le vieux haut-allemand s’assouplit et se radoucit. Cependant, malgré ses services et sa noblesse, Vogelweide était pauvre, et à la mort du duc Frédéric Ier d’Autriche, il resta sans protecteur. Il dut se résoudre à quitter Vienne et à mener une existence vagabonde. Cette date marque un tournant dans la littérature allemande. Au contact des écolâtres itinérants, goliards, jongleurs, Vogelweide étendit la forme du « minnelied » (« chanson d’amour ») à l’amour de la patrie, de la beauté, aux réflexions morales, aux sentiments plus personnels et plus villageois aussi, les jeunes paysannes remplaçant les châtelaines : « De l’Elbe jusqu’au Rhin », dit-il 4, « et de là jusqu’aux frontières de Hongrie, se rencontrent bien les meilleures que j’aie vues… Si j’ai bon œil et bon jugement pour la beauté, pour la grâce, de par Dieu, je jurerais bien que chez nous les simples femmes valent mieux qu’ailleurs les grandes dames ». Une des compositions les plus gracieuses et les plus fraîches de Vogelweide est sa pastourelle « Sous les tilleuls… », où une jeune femme décrit, avec pudeur et simplicité, les joies qu’elle a éprouvées dans les bras de son amant, à l’ombre des arbres témoins.
- On rencontre aussi la graphie « Unter den linden… ».
- Parfois traduit « Hélas ! Où sont allées toutes mes années », « Hélas ! Que sont devenues toutes mes années », « Ô tristesse ! Par où s’est-elle dispersée, la gerbe de mes années », « Hélas ! Où sont-ils, mes ans évanouis », « Comment ont passé mes années », « Malheur à moi ! Comment se sont évanouies, où se sont enfuies les années de ma vie », « Las, où sont-elles en allées, toutes mes années ? », « Hélas ! Où sont englouties toutes mes années ? » ou « Hélas ! Où donc ont-elles disparu, toutes mes années ? ».