Icône Mot-clefrusse

pays, gen­tilé ou langue

l’amiral Tchitchagov, « Mémoires »

éd. Plon-Nourrit et Cie-Socec, Paris-Bucarest

éd. Plon-Nour­rit et Cie-So­cec, Pa­ris-Bu­ca­rest

Il s’agit de la re­cen­sion β des «Mé­moires [en fran­çaise]» de l’amiral Pa­vel Vas­si­lié­vitch Tchit­cha­gov 1, dit Paul Tchit­cha­gov, sur qui tom­bèrent les re­proches des Russes d’avoir laissé s’échapper Na­po­léon à la Bé­ré­zina. Il na­quit en 1767. Fils d’une mère saxonne et d’un ami­ral (comme lui), il sé­journa en An­gle­terre du­rant sa et à Pa­ris alors qu’il était mi­nistre de la Ma­rine; il y res­pira l’air des . Il était «pas­sionné ri­di­cu­le­ment pour les » (Lan­ge­ron); «le buste de Bo­na­parte était sur son bu­reau» (le comte de Maistre); et à ses yeux, l’armée du Da­nube et la flotte de la Noire qu’il com­man­dait de­vaient être di­ri­gées, par et par mer, contre un en­nemi : les Turcs. Que de fois il avait rêvé de mar­cher sur et de faire re­naître un Em­pire or­tho­doxe, en ex­ci­tant les Grecs et les Slaves à se­couer le joug mu­sul­man qui leur était in­sup­por­table. Même au mo­ment où Na­po­léon se pré­ci­pi­tait sur la , et que celle-ci si­gnait un non moins pré­ci­pité avec les Turcs, l’amiral Tchit­cha­gov s’obstinait à ré­pé­ter, à qui vou­lait l’entendre, qu’il se croyait sûr du de cette marche sur Constan­ti­nople qui lui pa­rais­sait «si vaste et si utile» 2 et qui eût changé les des­tins du . «Une en­tre­prise de l’importance de celle de se por­ter sur Constan­ti­nople, qui [ren­drait pro­bable] la fon­da­tion d’un nou­vel Em­pire», écri­vait-il à l’Empereur de Rus­sie avec qui il était constam­ment en rap­port 3, «en frap­pant les des al­liés de Na­po­léon qui n’ont d’autre sys­tème que ce­lui [où les] en­traîne sa vo­lonté, pour­rait pro­duire une es­pèce de sus­pen­sion de leurs mou­ve­ments. Je [suis], d’ailleurs, si près de l’exécution de ce plan que dans huit jours j’aurais passé le Da­nube à la sur­prise des , et je me se­rais déjà trouvé près des Bal­kans avant que le di­van de Bu­ca­rest en eût été ins­truit, et je me se­rais pro­ba­ble­ment trouvé aux portes de Constan­ti­nople avant que la de mon dé­part fût par­ve­nue, soit à la Cour d’Autriche soit à la connais­sance de Na­po­léon». Ce­pen­dant, l’Empereur de Rus­sie était d’avis que l’affaire de Constan­ti­nople pour­rait être en­vi­sa­gée plus tard. Le centre au­tour du­quel gra­vi­taient ses pré­oc­cu­pa­tions était Na­po­léon. Ou­blieux des Serbes, qu’il avait pour­tant en­cou­ra­gés à l’insurrection, et qui furent les pre­mières vic­times du traité de Bu­ca­rest, il rap­pela l’armée de l’amiral vers le Nord et la des­tina à por­ter un coup de grâce à celle de Na­po­léon sur la Bé­ré­zina. C’était là la grande case au jeu d’échecs où les Fran­çais de­vaient mettre le pied s’ils étaient obli­gés de re­cu­ler, et c’était là où les Russes les em­bus­que­raient.

  1. En russe Павел Васильевич Чичагов. Au­tre­fois trans­crit Tchi­cha­gov, Tchi­cha­gof, Tchit­cha­goff, Tchit­cha­gof, Chi­cha­gov, Čiča­kov, Tchit­cha­gow, Tchit­scha­kof, Tchit­scha­koff, Chi­cha­gof, Tchi­cha­goff, Tchit­scha­goff, Tschit­scha­goff, Tchit­scha­kow, Tschit­scha­kof, Tchit­scha­kov, Tchi­cha­koff, Čiča­gov, Tschit­scha­gov, Tchi­cha­kov, Tchit­cha­kov, Tchi­cha­kof, Tchi­cha­gow ou Chi­cha­goff. Icône Haut
  2. Re­cen­sion β, p. 406. Icône Haut
  1. id. p. 405. Icône Haut

l’amiral Tchitchagov, « Mémoires »

éd. Infolio, coll. Microméga, Gollion

éd. In­fo­lio, coll. Mi­cro­méga, Gol­lion

Il s’agit de la re­cen­sion α des «Mé­moires [en fran­çaise]» de l’amiral Pa­vel Vas­si­lié­vitch Tchit­cha­gov 1, dit Paul Tchit­cha­gov, sur qui tom­bèrent les re­proches des Russes d’avoir laissé s’échapper Na­po­léon à la Bé­ré­zina. Il na­quit en 1767. Fils d’une mère saxonne et d’un ami­ral (comme lui), il sé­journa en An­gle­terre du­rant sa et à Pa­ris alors qu’il était mi­nistre de la Ma­rine; il y res­pira l’air des . Il était «pas­sionné ri­di­cu­le­ment pour les » (Lan­ge­ron); «le buste de Bo­na­parte était sur son bu­reau» (le comte de Maistre); et à ses yeux, l’armée du Da­nube et la flotte de la Noire qu’il com­man­dait de­vaient être di­ri­gées, par et par mer, contre un en­nemi : les Turcs. Que de fois il avait rêvé de mar­cher sur et de faire re­naître un Em­pire or­tho­doxe, en ex­ci­tant les Grecs et les Slaves à se­couer le joug mu­sul­man qui leur était in­sup­por­table. Même au mo­ment où Na­po­léon se pré­ci­pi­tait sur la , et que celle-ci si­gnait un non moins pré­ci­pité avec les Turcs, l’amiral Tchit­cha­gov s’obstinait à ré­pé­ter, à qui vou­lait l’entendre, qu’il se croyait sûr du de cette marche sur Constan­ti­nople qui lui pa­rais­sait «si vaste et si utile» 2 et qui eût changé les des­tins du . «Une en­tre­prise de l’importance de celle de se por­ter sur Constan­ti­nople, qui [ren­drait pro­bable] la fon­da­tion d’un nou­vel Em­pire», écri­vait-il à l’Empereur de Rus­sie avec qui il était constam­ment en rap­port 3, «en frap­pant les des al­liés de Na­po­léon qui n’ont d’autre sys­tème que ce­lui [où les] en­traîne sa vo­lonté, pour­rait pro­duire une es­pèce de sus­pen­sion de leurs mou­ve­ments. Je [suis], d’ailleurs, si près de l’exécution de ce plan que dans huit jours j’aurais passé le Da­nube à la sur­prise des , et je me se­rais déjà trouvé près des Bal­kans avant que le di­van de Bu­ca­rest en eût été ins­truit, et je me se­rais pro­ba­ble­ment trouvé aux portes de Constan­ti­nople avant que la de mon dé­part fût par­ve­nue, soit à la Cour d’Autriche soit à la connais­sance de Na­po­léon». Ce­pen­dant, l’Empereur de Rus­sie était d’avis que l’affaire de Constan­ti­nople pour­rait être en­vi­sa­gée plus tard. Le centre au­tour du­quel gra­vi­taient ses pré­oc­cu­pa­tions était Na­po­léon. Ou­blieux des Serbes, qu’il avait pour­tant en­cou­ra­gés à l’insurrection, et qui furent les pre­mières vic­times du traité de Bu­ca­rest, il rap­pela l’armée de l’amiral vers le Nord et la des­tina à por­ter un coup de grâce à celle de Na­po­léon sur la Bé­ré­zina. C’était là la grande case au jeu d’échecs où les Fran­çais de­vaient mettre le pied s’ils étaient obli­gés de re­cu­ler, et c’était là où les Russes les em­bus­que­raient.

  1. En russe Павел Васильевич Чичагов. Au­tre­fois trans­crit Tchi­cha­gov, Tchi­cha­gof, Tchit­cha­goff, Tchit­cha­gof, Chi­cha­gov, Čiča­kov, Tchit­cha­gow, Tchit­scha­kof, Tchit­scha­koff, Chi­cha­gof, Tchi­cha­goff, Tchit­scha­goff, Tschit­scha­goff, Tchit­scha­kow, Tschit­scha­kof, Tchit­scha­kov, Tchi­cha­koff, Čiča­gov, Tschit­scha­gov, Tchi­cha­kov, Tchit­cha­kov, Tchi­cha­kof, Tchi­cha­gow ou Chi­cha­goff. Icône Haut
  2. Re­cen­sion β, p. 406. Icône Haut
  1. id. p. 405. Icône Haut

Doubnov, « Histoire d’un soldat juif (1881-1915) »

éd. du Cerf, coll. Toledot-Judaïsmes, Paris

éd. du Cerf, coll. To­le­dot-Ju­daïsmes, Pa­ris

Il s’agit d’« d’un sol­dat  : une confes­sion parmi d’autres» («Is­to­ria ié­vreïs­kogo sol­data : is­po­ved od­nogo iz mno­guikh» 1) de  2, l’un des plus émi­nents juifs (XIXe-XXe siècle). La de cet his­to­rio­graphe, né du des po­gromes russes et dans les camps de la bar­ba­rie na­zie, est celle de toute une gé­né­ra­tion de Juifs de l’ orien­tale. Qu’au mi­lieu du car­nage et «du fond du gouffre», comme il dit lui-même 3, cet ait songé à des tra­vaux his­to­riques de si grande en­ver­gure, cela peut pa­raître étrange. Mais cela té­moigne sim­ple­ment de la pé­ren­nité du , de sa vi­va­cité dans la mort. Doub­nov avait une hau­teur de , une élé­va­tion de pen­sées, une piété qui l’obligeaient à cher­cher l’indestructible au mi­lieu des des­truc­tions; il di­sait comme Ar­chi­mède au sol­dat  : «Ne dé­range pas mes cercles!» «Que de fois», dit Doub­nov 4, «la cau­sée par les brû­lants sou­cis quo­ti­diens a été apai­sée par mes ar­dents du mo­ment où un gran­diose édi­fice 5 s’élèverait, et où ces mil­liers de faits et de com­bi­nai­sons se mê­le­raient en un vif dé­pei­gnant huit cents ans de la vie de notre en Eu­rope orien­tale!» Des té­moins rap­portent que même après son ar­res­ta­tion par les agents de la Ges­tapo, ma­lade et gre­lot­tant de , Doub­nov n’arrêta pas son tra­vail : avec le stylo qui lui avait servi pen­dant tant d’années, il rem­plit un de notes. Juste avant d’être abattu d’un coup de re­vol­ver, on le vit mar­chant et ré­pé­tant : «Bonnes gens, n’oubliez pas, bonnes gens, ra­con­tez, bonnes gens, écri­vez!» 6 De ceux à qui s’adressaient ces pa­roles, presque au­cun ne sur­vé­cut. «Les pen­sées sont comme les ou les fruits, comme le blé et tout ce qui pousse et gran­dit de la . Elles ont be­soin de temps et d’un lieu pour être se­mées, elles ont be­soin d’un hi­ver pour prendre des forces et d’un prin­temps pour sor­tir et s’épanouir. Il y a les his­to­riens de l’hiver et les his­to­riens du prin­temps… Doub­nov est un his­to­rien de l’hiver», dit M. Marc-Alain Ouak­nin

  1. En «История еврейского солдата : исповедь одного из многих». Par­fois trans­crit «Is­to­rija evre­js­kogo sol­data : is­po­ved’ od­nogo iz mno­gich» ou «Is­to­riia evreis­kago sol­data : is­po­ved’ od­nogo iz mno­gikh». Icône Haut
  2. En russe Семён Дубнов ou Шимон Дубнов. Par­fois trans­crit Se­myon Dub­now, Si­meon Dub­now, Shi­meon Dub­now, Shi­mon Dub­nov ou Semën Dub­nov. Le nom de Doub­nov, confor­mé­ment à une pra­tique bien éta­blie chez les Juifs, lui vient de la ville dont ses an­cêtres étaient ori­gi­naires : Doubno (Дубно), en . Icône Haut
  3. «Le Livre de ma vie : sou­ve­nirs et ré­flexions, ma­té­riaux pour l’histoire de mon temps», p. 737. Icône Haut
  1. id. p. 359. Icône Haut
  2. La gran­diose somme en dix vo­lumes, « du peuple juif», sur la­quelle Doub­nov ne cessa de tra­vailler de 1901 jusqu’à son . Icône Haut
  3. Dans So­phie Er­lich-Doub­nov, «La Vie de Si­mon Dub­nov», p. 25. Icône Haut

Doubnov, « Histoire moderne du peuple juif (1789-1938) »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Judaïsme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de l’« uni­ver­selle du » 1Vsé­mir­naïa is­to­ria ié­vreïs­kogo na­roda» 2) de  3, l’un des plus émi­nents juifs (XIXe-XXe siècle). La de cet his­to­rio­graphe, né du des po­gromes russes et dans les camps de la bar­ba­rie na­zie, est celle de toute une gé­né­ra­tion de Juifs de l’ orien­tale. Qu’au mi­lieu du car­nage et «du fond du gouffre», comme il dit lui-même 4, cet ait songé à des tra­vaux his­to­riques de si grande en­ver­gure, cela peut pa­raître étrange. Mais cela té­moigne sim­ple­ment de la pé­ren­nité du ju­daïsme, de sa vi­va­cité dans la mort. Doub­nov avait une hau­teur de , une élé­va­tion de pen­sées, une piété qui l’obligeaient à cher­cher l’indestructible au mi­lieu des des­truc­tions; il di­sait comme Ar­chi­mède au sol­dat  : «Ne dé­range pas mes cercles!» «Que de fois», dit Doub­nov 5, «la cau­sée par les brû­lants sou­cis quo­ti­diens a été apai­sée par mes ar­dents du mo­ment où un gran­diose édi­fice 6 s’élèverait, et où ces mil­liers de faits et de com­bi­nai­sons se mê­le­raient en un vif dé­pei­gnant huit cents ans de la vie de notre peuple en Eu­rope orien­tale!» Des té­moins rap­portent que même après son ar­res­ta­tion par les agents de la Ges­tapo, ma­lade et gre­lot­tant de , Doub­nov n’arrêta pas son tra­vail : avec le stylo qui lui avait servi pen­dant tant d’années, il rem­plit un de notes. Juste avant d’être abattu d’un coup de re­vol­ver, on le vit mar­chant et ré­pé­tant : «Bonnes gens, n’oubliez pas, bonnes gens, ra­con­tez, bonnes gens, écri­vez!» 7 De ceux à qui s’adressaient ces pa­roles, presque au­cun ne sur­vé­cut. «Les pen­sées sont comme les ou les fruits, comme le blé et tout ce qui pousse et gran­dit de la . Elles ont be­soin de temps et d’un lieu pour être se­mées, elles ont be­soin d’un hi­ver pour prendre des forces et d’un prin­temps pour sor­tir et s’épanouir. Il y a les his­to­riens de l’hiver et les his­to­riens du prin­temps… Doub­nov est un his­to­rien de l’hiver», dit M. Marc-Alain Ouak­nin

  1. Par­fois tra­duit «L’Histoire mon­diale du peuple juif». Icône Haut
  2. En «Всемирная история еврейского народа». Par­fois trans­crit «Vse­mir­naia is­to­riia evreis­kogo na­roda», «Vse­mir­naja is­to­rija evre­js­kogo na­roda», «Vse­mir­naja is­to­rija je­vre­js­kogo na­roda» ou «Vse­mir­naya is­to­riya evreys­kogo na­roda». Icône Haut
  3. En russe Семён Дубнов ou Шимон Дубнов. Par­fois trans­crit Se­myon Dub­now, Si­meon Dub­now, Shi­meon Dub­now, Shi­mon Dub­nov ou Semën Dub­nov. Le nom de Doub­nov, confor­mé­ment à une pra­tique bien éta­blie chez les Juifs, lui vient de la ville dont ses an­cêtres étaient ori­gi­naires : Doubno (Дубно), en . Icône Haut
  4. «Le Livre de ma vie : sou­ve­nirs et ré­flexions, ma­té­riaux pour l’histoire de mon temps», p. 737. Icône Haut
  1. id. p. 359. Icône Haut
  2. La gran­diose somme en dix vo­lumes, « du peuple juif», sur la­quelle Doub­nov ne cessa de tra­vailler de 1901 jusqu’à son . Icône Haut
  3. Dans So­phie Er­lich-Doub­nov, «La Vie de Si­mon Dub­nov», p. 25. Icône Haut

Doubnov, « Lettres sur le judaïsme ancien et nouveau »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Judaïsme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit de «Lettres sur le ju­daïsme an­cien et nou­veau» 1Pisma o sta­rom i no­vom ié­vreïstvé» 2) de  3, l’un des plus émi­nents (XIXe-XXe siècle). La de cet his­to­rio­graphe, né du des po­gromes russes et dans les camps de la bar­ba­rie na­zie, est celle de toute une gé­né­ra­tion de Juifs de l’ orien­tale. Qu’au mi­lieu du car­nage et «du fond du gouffre», comme il dit lui-même 4, cet ait songé à des tra­vaux his­to­riques de si grande en­ver­gure, cela peut pa­raître étrange. Mais cela té­moigne sim­ple­ment de la pé­ren­nité du ju­daïsme, de sa vi­va­cité dans la mort. Doub­nov avait une hau­teur de , une élé­va­tion de pen­sées, une piété qui l’obligeaient à cher­cher l’indestructible au mi­lieu des des­truc­tions; il di­sait comme Ar­chi­mède au sol­dat  : «Ne dé­range pas mes cercles!» «Que de fois», dit Doub­nov 5, «la cau­sée par les brû­lants sou­cis quo­ti­diens a été apai­sée par mes ar­dents du mo­ment où un gran­diose édi­fice 6 s’élèverait, et où ces mil­liers de faits et de com­bi­nai­sons se mê­le­raient en un vif dé­pei­gnant huit cents ans de la vie de notre en Eu­rope orien­tale!» Des té­moins rap­portent que même après son ar­res­ta­tion par les agents de la Ges­tapo, ma­lade et gre­lot­tant de , Doub­nov n’arrêta pas son tra­vail : avec le stylo qui lui avait servi pen­dant tant d’années, il rem­plit un de notes. Juste avant d’être abattu d’un coup de re­vol­ver, on le vit mar­chant et ré­pé­tant : «Bonnes gens, n’oubliez pas, bonnes gens, ra­con­tez, bonnes gens, écri­vez!» 7 De ceux à qui s’adressaient ces pa­roles, presque au­cun ne sur­vé­cut. «Les pen­sées sont comme les ou les fruits, comme le blé et tout ce qui pousse et gran­dit de la . Elles ont be­soin de temps et d’un lieu pour être se­mées, elles ont be­soin d’un hi­ver pour prendre des forces et d’un prin­temps pour sor­tir et s’épanouir. Il y a les de l’hiver et les his­to­riens du prin­temps… Doub­nov est un his­to­rien de l’hiver», dit M. Marc-Alain Ouak­nin

  1. Par­fois tra­duit «Lettres sur le vieux et sur le nou­veau ju­daïsme», «Lettres sur le ju­daïsme an­cien et mo­derne» ou «Lettres sur l’ancien et le nou­veau ju­daïsme». Icône Haut
  2. En «Письма о старом и новом еврействе». Par­fois trans­crit «Pis’ma o sta­rom i no­vom evreist­vie», «Pis’ma o sta­rom i no­vom evre­jstve», «Pisma o sta­rom i no­vom evreiistve», «Pisma o sta­rom i no­vom ye­vreyst­vie», «Pisma o sta­rom i no­vom je­vreistve», «Pisma o sta­rom i no­vom ye­vreist­vye», «Pis’ma o sta­rom i no­vom evreistve», «Pisma o sta­rom i no­vom evreystve» ou «Pisma o sta­rom i no­vom ye­vreistve». Icône Haut
  3. En russe Семён Дубнов ou Шимон Дубнов. Par­fois trans­crit Se­myon Dub­now, Si­meon Dub­now, Shi­meon Dub­now, Shi­mon Dub­nov ou Semën Dub­nov. Le nom de Doub­nov, confor­mé­ment à une pra­tique bien éta­blie chez les Juifs, lui vient de la ville dont ses an­cêtres étaient ori­gi­naires : Doubno (Дубно), en . Icône Haut
  4. «Le Livre de ma vie : sou­ve­nirs et ré­flexions, ma­té­riaux pour l’ de mon temps», p. 737. Icône Haut
  1. id. p. 359. Icône Haut
  2. La gran­diose somme en dix vo­lumes, « du peuple », sur la­quelle Doub­nov ne cessa de tra­vailler de 1901 jusqu’à son . Icône Haut
  3. Dans So­phie Er­lich-Doub­nov, «La Vie de Si­mon Dub­nov», p. 25. Icône Haut

Froug, « Le Chant du travail • La Coupe »

dans « Anthologie juive : des origines à nos jours » (éd. G. Crès et Cie), p. 233-234 & 251-252

dans « juive : des à nos jours» (éd. G. Crès et Cie), p. 233-234 & 251-252

Il s’agit du «Chant du tra­vail» et «La Coupe» de  1, poète , qui a dé­fini lui-même les mo­tifs de son éter­nel «la­mento» sur le sort de son dans ces vers : «Je suis la harpe éo­lienne du sort de mon peuple, je suis l’écho de ses dou­leurs et souf­frances» 2. On sup­pose aux tsars russes Alexandre III et Ni­co­las II quelque haine per­son­nelle pour les Juifs. Et un exa­men im­par­tial de leurs dé­crets les montre bien ré­so­lus, non à re­le­ver leurs ouailles or­tho­doxes, comme on au­rait pu l’espérer, mais à ra­bais­ser et mor­ti­fier le reste de leurs su­jets. Un de leurs actes les plus im­por­tants — déjà prévu sous Ca­the­rine II, mais ja­mais tout à fait ap­pli­qué dans toute sa et sa bar­ba­rie — fut de re­fu­ser le aux Juifs de sé­jour­ner ailleurs que dans un fa­tal et tris­te­ment cé­lèbre «parc hu­main», la «zone de ré­si­dence (juive)» 3tcherta (ié­vreïs­koï) os­sed­losti» 4). La de ces fa­milles, com­pri­mée, en­ser­rée dans l’étau d’une «zone» sur­peu­plée et moi­sie, où elles étaient ré­duites à men­dier le pain quo­ti­dien, et ag­gra­vée par une sé­rie in­ter­mi­nable de vexa­tions et d’avanies, basses et mes­quines, se prê­tait très mé­dio­cre­ment à la . La chape de mo­no­to­nie qui écra­sait ces mi­sé­rables, le zèle ca­pri­cieux des au­to­ri­tés lo­cales, puis bien­tôt, la bes­tia­lité des — consé­quence di­recte de la du et de la à la­quelle le ré­gime s’employait avec tant d’énergie — fai­saient ou­blier les tra­vaux des muses. Froug fut l’un des rares à me­ner à bien cet ef­froyable la­beur de créer, tan­tôt en tan­tôt en , une . Il osa y ex­pri­mer de la sen­si­ble­rie que de piètres ont qua­li­fiée de «mi­gnonne et fé­mi­nine» et il trans­porta son pu­blic vers les hau­teurs où son l’entraînait lui-même. Né en 1860 comme fils d’humbles culti­va­teurs de la prai­rie ukrai­nienne, Froug cultiva son chant en serre chaude, à l’abri des cou­rants lit­té­raires. Ses pre­mières poé­sies pei­gnaient le pay­san la­bou­rant la , ou se re­po­sant dans un som­meil pro­fond et mé­rité. «N’étaient les condi­tions de la vie, qui en ont fait un poète de jé­ré­miades, Froug au­rait pu de­ve­nir un Kolt­sov juif», dit Meyer Is­ser Pi­nès. Ce ne fut que lorsque les mi­sères phy­siques et le déses­poir de son peuple, rap­pe­lant ceux de l’ancienne , me­na­cèrent de l’étouffer, que ses poé­sies chan­gèrent d’ et de su­jet, et qu’il ac­corda sa harpe aux com­plaintes du ghetto. «Rien dans notre vie triste», écrit notre poète 5, «rien ne me fait tant de peine que l’aspect ex­té­rieur d’un Juif : son dos voûté, ses joues creuses, ses mains maigres, sa poi­trine étroite… l’ombre noire de la qui est conti­nuel­le­ment sur son vi­sage. Ces yeux… moi­tié rê­veurs et moi­tié crain­tifs, qui courent sans cesse d’un point à l’autre, comme s’ils cher­chaient un abri, pour se ca­cher, se sau­ver d’un dan­ger énorme et im­mi­nent; ces lèvres pâles qui… semblent prêtes à chaque ins­tant à pro­non­cer les mots : “Me voilà, je me sauve!” Tout cet être qui tremble au bruit d’une feuille… me fait éter­nel­le­ment sai­gner le cœur.»

  1. En russe Семён Фруг. Par­fois trans­crit Shi­mon Frug, Si­mon Froug ou Se­men Frug. Icône Haut
  2. En russe «Я — арфа эолова доли народной, я — эхо народных скорбей». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «cir­cons­crip­tion de sé­den­ta­rité», «zone de peu­ple­ment», «zone d’établissement» ou «zone d’habitation». Icône Haut
  1. En russe «черта (еврейской) оседлости». Icône Haut
  2. «Si­mon-Sa­muel Frug [ou Si­méon Froug]», p. 275. Icône Haut

Froug, « Poésies. “Pianto” • La Harpe magique »

dans « Revue des études franco-russes », 1906, p. 466-470

dans «Re­vue des études franco-russes», 1906, p. 466-470

Il s’agit de «“Pianto”» et «La Harpe ma­gique» de  1, poète , qui a dé­fini lui-même les mo­tifs de son éter­nel «la­mento» sur le sort de son dans ces vers : «Je suis la harpe éo­lienne du sort de mon peuple, je suis l’écho de ses dou­leurs et souf­frances» 2. On sup­pose aux tsars russes Alexandre III et Ni­co­las II quelque haine per­son­nelle pour les Juifs. Et un exa­men im­par­tial de leurs dé­crets les montre bien ré­so­lus, non à re­le­ver leurs ouailles or­tho­doxes, comme on au­rait pu l’espérer, mais à ra­bais­ser et mor­ti­fier le reste de leurs su­jets. Un de leurs actes les plus im­por­tants — déjà prévu sous Ca­the­rine II, mais ja­mais tout à fait ap­pli­qué dans toute sa et sa bar­ba­rie — fut de re­fu­ser le aux Juifs de sé­jour­ner ailleurs que dans un fa­tal et tris­te­ment cé­lèbre «parc hu­main», la «zone de ré­si­dence (juive)» 3tcherta (ié­vreïs­koï) os­sed­losti» 4). La de ces fa­milles, com­pri­mée, en­ser­rée dans l’étau d’une «zone» sur­peu­plée et moi­sie, où elles étaient ré­duites à men­dier le pain quo­ti­dien, et ag­gra­vée par une sé­rie in­ter­mi­nable de vexa­tions et d’avanies, basses et mes­quines, se prê­tait très mé­dio­cre­ment à la . La chape de mo­no­to­nie qui écra­sait ces mi­sé­rables, le zèle ca­pri­cieux des au­to­ri­tés lo­cales, puis bien­tôt, la bes­tia­lité des — consé­quence di­recte de la du et de la à la­quelle le ré­gime s’employait avec tant d’énergie — fai­saient ou­blier les tra­vaux des muses. Froug fut l’un des rares à me­ner à bien cet ef­froyable la­beur de créer, tan­tôt en tan­tôt en , une . Il osa y ex­pri­mer de la sen­si­ble­rie que de piètres ont qua­li­fiée de «mi­gnonne et fé­mi­nine» et il trans­porta son pu­blic vers les hau­teurs où son l’entraînait lui-même. Né en 1860 comme fils d’humbles culti­va­teurs de la prai­rie ukrai­nienne, Froug cultiva son chant en serre chaude, à l’abri des cou­rants lit­té­raires. Ses pre­mières poé­sies pei­gnaient le pay­san la­bou­rant la , ou se re­po­sant dans un som­meil pro­fond et mé­rité. «N’étaient les condi­tions de la vie, qui en ont fait un poète de jé­ré­miades, Froug au­rait pu de­ve­nir un Kolt­sov juif», dit Meyer Is­ser Pi­nès. Ce ne fut que lorsque les mi­sères phy­siques et le déses­poir de son peuple, rap­pe­lant ceux de l’ancienne , me­na­cèrent de l’étouffer, que ses poé­sies chan­gèrent d’ et de su­jet, et qu’il ac­corda sa harpe aux com­plaintes du ghetto. «Rien dans notre vie triste», écrit notre poète 5, «rien ne me fait tant de peine que l’aspect ex­té­rieur d’un Juif : son dos voûté, ses joues creuses, ses mains maigres, sa poi­trine étroite… l’ombre noire de la qui est conti­nuel­le­ment sur son vi­sage. Ces yeux… moi­tié rê­veurs et moi­tié crain­tifs, qui courent sans cesse d’un point à l’autre, comme s’ils cher­chaient un abri, pour se ca­cher, se sau­ver d’un dan­ger énorme et im­mi­nent; ces lèvres pâles qui… semblent prêtes à chaque ins­tant à pro­non­cer les mots : “Me voilà, je me sauve!” Tout cet être qui tremble au bruit d’une feuille… me fait éter­nel­le­ment sai­gner le cœur.»

  1. En russe Семён Фруг. Par­fois trans­crit Shi­mon Frug, Si­mon Froug ou Se­men Frug. Icône Haut
  2. En russe «Я — арфа эолова доли народной, я — эхо народных скорбей». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «cir­cons­crip­tion de sé­den­ta­rité», «zone de peu­ple­ment», «zone d’établissement» ou «zone d’habitation». Icône Haut
  1. En russe «черта (еврейской) оседлости». Icône Haut
  2. «Si­mon-Sa­muel Frug [ou Si­méon Froug]», p. 275. Icône Haut

Andreïev, « Vers les étoiles »

éd. J. Corti, coll. Domaine étranger, Paris

éd. J. Corti, coll. Do­maine étran­ger, Pa­ris

Il s’agit de la pièce de «Vers les étoiles» («K zvioz­dam» 1) de  2, au­teur à la char­nière du XIXe et XXe siècle. À la de son père, qui exer­çait la pro­fes­sion d’arpenteur-géomètre, An­dreïev était en­core au col­lège. Sa mère, is­sue d’une po­lo­naise désar­gen­tée, se trouva sans res­sources. Le jeune connut la mi­sère noire. Un jour, le cœur gros, il pré­senta à un quo­ti­dien un ré­cit ayant pour su­jet un étu­diant tou­jours af­famé, les nerfs à vif — sa propre . On lui dit de re­ve­nir dans une ou deux se­maines pour sa­voir s’il était ac­cepté. Il y re­tourna, com­pri­mant son dans l’ de la dé­ci­sion. Elle lui vint sous la forme d’un grand éclat de du di­rec­teur, qui dé­clara que sa prose ne va­lait rien. À quelque de là, dans une heure de pul­sion mor­ti­fère, An­dreïev se ti­rait un coup de ré­vol­ver dans le cœur. On le sauva. Mais ce­lui qui, comme lui, a été si proche d’une fin vo­lon­taire reste en proie à une ob­ses­sion per­ma­nente, une trouble at­ti­rance pour les gouffres de l’ et la . En 1897, son di­plôme d’avocat en poche, il ob­tint une place de chro­ni­queur ju­di­ciaire et put en­fin pu­blier ses nou­velles et ses feuille­tons si fou­gueux, si spon­ta­nés, par­fois si bi­zarres, qui l’imposèrent à l’attention du pu­blic russe comme l’un des brillants re­pré­sen­tants du tour­nant du siècle. Il y prend place après Tol­stoï à qui il dé­die d’ailleurs l’« des sept pen­dus». Je me dois de dire quelques mots sur cette «His­toire», sans la plus réus­sie d’Andreïev. Elle n’est rien d’autre, en sub­stance, que ce qu’annonce le titre : les psy­cho­lo­giques de sept jeunes condam­nés qui s’apprêtent à su­bir le sup­plice de la pen­dai­son; les vi­sites su­prêmes de leurs pa­rents qui viennent avec la ré­so­lu­tion de leur rendre plus lé­gers ces der­niers mo­ments, mais qui fi­nissent par fondre en larmes; puis, l’horreur et la beauté se­reine, en même temps, de leurs ca­davres qui «sa­luent le »

  1. En russe «К звёздам». Par­fois trans­crit «K zvëz­dam». Icône Haut
  1. En russe Леонид Андреев. Par­fois trans­crit Léo­nide An­dréieff, Léo­nid An­dréief, Léo­nide An­dreyew, Leo­nid An­dréyev ou Léo­nide An­dréev. Icône Haut

Andreïev, « S.O.S. »

éd. Interférences, Paris

éd. In­ter­fé­rences, Pa­ris

Il s’agit de «L’ en dan­ger» («Ie­vropa v opas­nosti» 1), «S.O.S.» et autres pam­phlets de  2, au­teur à la char­nière du XIXe et XXe siècle. À la de son père, qui exer­çait la pro­fes­sion d’arpenteur-géomètre, An­dreïev était en­core au col­lège. Sa mère, is­sue d’une po­lo­naise désar­gen­tée, se trouva sans res­sources. Le jeune connut la mi­sère noire. Un jour, le cœur gros, il pré­senta à un quo­ti­dien un ré­cit ayant pour su­jet un étu­diant tou­jours af­famé, les nerfs à vif — sa propre . On lui dit de re­ve­nir dans une ou deux se­maines pour sa­voir s’il était ac­cepté. Il y re­tourna, com­pri­mant son dans l’ de la dé­ci­sion. Elle lui vint sous la forme d’un grand éclat de du di­rec­teur, qui dé­clara que sa prose ne va­lait rien. À quelque de là, dans une heure de pul­sion mor­ti­fère, An­dreïev se ti­rait un coup de ré­vol­ver dans le cœur. On le sauva. Mais ce­lui qui, comme lui, a été si proche d’une fin vo­lon­taire reste en proie à une ob­ses­sion per­ma­nente, une trouble at­ti­rance pour les gouffres de l’ et la . En 1897, son di­plôme d’avocat en poche, il ob­tint une place de chro­ni­queur ju­di­ciaire et put en­fin pu­blier ses nou­velles et ses feuille­tons si fou­gueux, si spon­ta­nés, par­fois si bi­zarres, qui l’imposèrent à l’attention du pu­blic russe comme l’un des brillants re­pré­sen­tants du tour­nant du siècle. Il y prend place après Tol­stoï à qui il dé­die d’ailleurs l’« des sept pen­dus». Je me dois de dire quelques mots sur cette «His­toire», sans la plus réus­sie d’Andreïev. Elle n’est rien d’autre, en sub­stance, que ce qu’annonce le titre : les psy­cho­lo­giques de sept jeunes condam­nés qui s’apprêtent à su­bir le sup­plice de la pen­dai­son; les vi­sites su­prêmes de leurs pa­rents qui viennent avec la ré­so­lu­tion de leur rendre plus lé­gers ces der­niers mo­ments, mais qui fi­nissent par fondre en larmes; puis, l’horreur et la beauté se­reine, en même temps, de leurs ca­davres qui «sa­luent le »

  1. En russe «Европа в опасности». Par­fois trans­crit «Evropa v opas­nosti». Icône Haut
  1. En russe Леонид Андреев. Par­fois trans­crit Léo­nide An­dréieff, Léo­nid An­dréief, Léo­nide An­dreyew, Leo­nid An­dréyev ou Léo­nide An­dréev. Icône Haut

Andreïev, « Récits complets. Tome V. Le Journal de Satan [et Autres Récits] »

éd. J. Corti, coll. Domaine étranger, Paris

éd. J. Corti, coll. Do­maine étran­ger, Pa­ris

Il s’agit du «Jour­nal de Sa­tan» («Dnev­nik Sa­tany» 1) et autres nou­velles de  2, au­teur à la char­nière du XIXe et XXe siècle. À la de son père, qui exer­çait la pro­fes­sion d’arpenteur-géomètre, An­dreïev était en­core au col­lège. Sa mère, is­sue d’une po­lo­naise désar­gen­tée, se trouva sans res­sources. Le jeune connut la mi­sère noire. Un jour, le cœur gros, il pré­senta à un quo­ti­dien un ré­cit ayant pour su­jet un étu­diant tou­jours af­famé, les nerfs à vif — sa propre . On lui dit de re­ve­nir dans une ou deux se­maines pour sa­voir s’il était ac­cepté. Il y re­tourna, com­pri­mant son dans l’ de la dé­ci­sion. Elle lui vint sous la forme d’un grand éclat de du di­rec­teur, qui dé­clara que sa prose ne va­lait rien. À quelque de là, dans une heure de pul­sion mor­ti­fère, An­dreïev se ti­rait un coup de ré­vol­ver dans le cœur. On le sauva. Mais ce­lui qui, comme lui, a été si proche d’une fin vo­lon­taire reste en proie à une ob­ses­sion per­ma­nente, une trouble at­ti­rance pour les gouffres de l’ et la . En 1897, son di­plôme d’avocat en poche, il ob­tint une place de chro­ni­queur ju­di­ciaire et put en­fin pu­blier ses nou­velles et ses feuille­tons si fou­gueux, si spon­ta­nés, par­fois si bi­zarres, qui l’imposèrent à l’attention du pu­blic russe comme l’un des brillants re­pré­sen­tants du tour­nant du siècle. Il y prend place après Tol­stoï à qui il dé­die d’ailleurs l’« des sept pen­dus». Je me dois de dire quelques mots sur cette «His­toire», sans la plus réus­sie d’Andreïev. Elle n’est rien d’autre, en sub­stance, que ce qu’annonce le titre : les psy­cho­lo­giques de sept jeunes condam­nés qui s’apprêtent à su­bir le sup­plice de la pen­dai­son; les vi­sites su­prêmes de leurs pa­rents qui viennent avec la ré­so­lu­tion de leur rendre plus lé­gers ces der­niers mo­ments, mais qui fi­nissent par fondre en larmes; puis, l’horreur et la beauté se­reine, en même temps, de leurs ca­davres qui «sa­luent le »

  1. En russe «Дневник Сатаны». Par­fois trans­crit «Dnev­nik Sa­tani». Icône Haut
  1. En russe Леонид Андреев. Par­fois trans­crit Léo­nide An­dréieff, Léo­nid An­dréief, Léo­nide An­dreyew, Leo­nid An­dréyev ou Léo­nide An­dréev. Icône Haut

Andreïev, « [Récits complets. Tome IV.] Jour de colère et Autres Récits »

éd. J. Corti, coll. Domaine étranger, Paris

éd. J. Corti, coll. Do­maine étran­ger, Pa­ris

Il s’agit de «Lui : ré­cit d’un in­connu» («On : rass­kaz neïz­vest­nogo» 1), «Jour de » («Den gneva» 2) et autres nou­velles de  3, au­teur à la char­nière du XIXe et XXe siècle. À la de son père, qui exer­çait la pro­fes­sion d’arpenteur-géomètre, An­dreïev était en­core au col­lège. Sa mère, is­sue d’une po­lo­naise désar­gen­tée, se trouva sans res­sources. Le jeune connut la mi­sère noire. Un jour, le cœur gros, il pré­senta à un quo­ti­dien un ré­cit ayant pour su­jet un étu­diant tou­jours af­famé, les nerfs à vif — sa propre . On lui dit de re­ve­nir dans une ou deux se­maines pour sa­voir s’il était ac­cepté. Il y re­tourna, com­pri­mant son dans l’ de la dé­ci­sion. Elle lui vint sous la forme d’un grand éclat de du di­rec­teur, qui dé­clara que sa prose ne va­lait rien. À quelque de là, dans une heure de pul­sion mor­ti­fère, An­dreïev se ti­rait un coup de ré­vol­ver dans le cœur. On le sauva. Mais ce­lui qui, comme lui, a été si proche d’une fin vo­lon­taire reste en proie à une ob­ses­sion per­ma­nente, une trouble at­ti­rance pour les gouffres de l’ et la . En 1897, son di­plôme d’avocat en poche, il ob­tint une place de chro­ni­queur ju­di­ciaire et put en­fin pu­blier ses nou­velles et ses feuille­tons si fou­gueux, si spon­ta­nés, par­fois si bi­zarres, qui l’imposèrent à l’attention du pu­blic russe comme l’un des brillants re­pré­sen­tants du tour­nant du siècle. Il y prend place après Tol­stoï à qui il dé­die d’ailleurs l’« des sept pen­dus». Je me dois de dire quelques mots sur cette «His­toire», sans la plus réus­sie d’Andreïev. Elle n’est rien d’autre, en sub­stance, que ce qu’annonce le titre : les psy­cho­lo­giques de sept jeunes condam­nés qui s’apprêtent à su­bir le sup­plice de la pen­dai­son; les vi­sites su­prêmes de leurs pa­rents qui viennent avec la ré­so­lu­tion de leur rendre plus lé­gers ces der­niers mo­ments, mais qui fi­nissent par fondre en larmes; puis, l’horreur et la beauté se­reine, en même temps, de leurs ca­davres qui «sa­luent le »

  1. En russe «Он : рассказ неизвестного». Icône Haut
  2. En russe «День гнева». Icône Haut
  1. En russe Леонид Андреев. Par­fois trans­crit Léo­nide An­dréieff, Léo­nid An­dréief, Léo­nide An­dreyew, Leo­nid An­dréyev ou Léo­nide An­dréev. Icône Haut

Andreïev, « [Récits complets. Tome III.] Judas Iscariote [et Autres Récits] »

éd. J. Corti, coll. Les Massicotés, Paris

éd. J. Corti, coll. Les Mas­si­co­tés, Pa­ris

Il s’agit de l’« des sept pen­dus» 1Rass­kaz o semi po­vé­chen­nykh» 2), «Ju­das Is­ca­riote» («Iouda Is­ka­riot» 3) et autres nou­velles de  4, au­teur à la char­nière du XIXe et XXe siècle. À la de son père, qui exer­çait la pro­fes­sion d’arpenteur-géomètre, An­dreïev était en­core au col­lège. Sa mère, is­sue d’une po­lo­naise désar­gen­tée, se trouva sans res­sources. Le jeune connut la mi­sère noire. Un jour, le cœur gros, il pré­senta à un quo­ti­dien un ré­cit ayant pour su­jet un étu­diant tou­jours af­famé, les nerfs à vif — sa propre . On lui dit de re­ve­nir dans une ou deux se­maines pour sa­voir s’il était ac­cepté. Il y re­tourna, com­pri­mant son dans l’ de la dé­ci­sion. Elle lui vint sous la forme d’un grand éclat de du di­rec­teur, qui dé­clara que sa prose ne va­lait rien. À quelque de là, dans une heure de pul­sion mor­ti­fère, An­dreïev se ti­rait un coup de ré­vol­ver dans le cœur. On le sauva. Mais ce­lui qui, comme lui, a été si proche d’une fin vo­lon­taire reste en proie à une ob­ses­sion per­ma­nente, une trouble at­ti­rance pour les gouffres de l’ et la . En 1897, son di­plôme d’avocat en poche, il ob­tint une place de chro­ni­queur ju­di­ciaire et put en­fin pu­blier ses nou­velles et ses feuille­tons si fou­gueux, si spon­ta­nés, par­fois si bi­zarres, qui l’imposèrent à l’attention du pu­blic russe comme l’un des brillants re­pré­sen­tants du tour­nant du siècle. Il y prend place après Tol­stoï à qui il dé­die d’ailleurs l’«His­toire des sept pen­dus». Je me dois de dire quelques mots sur cette «His­toire», sans la plus réus­sie d’Andreïev. Elle n’est rien d’autre, en sub­stance, que ce qu’annonce le titre : les psy­cho­lo­giques de sept jeunes condam­nés qui s’apprêtent à su­bir le sup­plice de la pen­dai­son; les vi­sites su­prêmes de leurs pa­rents qui viennent avec la ré­so­lu­tion de leur rendre plus lé­gers ces der­niers mo­ments, mais qui fi­nissent par fondre en larmes; puis, l’horreur et la beauté se­reine, en même temps, de leurs ca­davres qui «sa­luent le »

  1. Par­fois tra­duit «Le Conte des sept pen­dus». Icône Haut
  2. En russe «Рассказ о семи повешенных». Par­fois trans­crit «Rass­kaz o semi po­vešen­nyx», «Rass­kaz o semi po­vešen­nych», «Ras­kaz o semi po­vešen­nyh» ou «Rass­kaz o semi po­ve­shen­nykh». Icône Haut
  1. En russe «Иуда Искариот». Par­fois trans­crit «Iuda Is­ka­riot». Icône Haut
  2. En russe Леонид Андреев. Par­fois trans­crit Léo­nide An­dréieff, Léo­nid An­dréief, Léo­nide An­dreyew, Leo­nid An­dréyev ou Léo­nide An­dréev. Icône Haut

Andreïev, « Récits complets. Tome II. Dans le brouillard et Autres Récits »

éd. J. Corti, Paris

éd. J. Corti, Pa­ris

Il s’agit de «Dans le brouillard» («V tou­mané» 1) et autres nou­velles de  2, au­teur à la char­nière du XIXe et XXe siècle. À la de son père, qui exer­çait la pro­fes­sion d’arpenteur-géomètre, An­dreïev était en­core au col­lège. Sa mère, is­sue d’une po­lo­naise désar­gen­tée, se trouva sans res­sources. Le jeune connut la mi­sère noire. Un jour, le cœur gros, il pré­senta à un quo­ti­dien un ré­cit ayant pour su­jet un étu­diant tou­jours af­famé, les nerfs à vif — sa propre . On lui dit de re­ve­nir dans une ou deux se­maines pour sa­voir s’il était ac­cepté. Il y re­tourna, com­pri­mant son dans l’ de la dé­ci­sion. Elle lui vint sous la forme d’un grand éclat de du di­rec­teur, qui dé­clara que sa prose ne va­lait rien. À quelque de là, dans une heure de pul­sion mor­ti­fère, An­dreïev se ti­rait un coup de ré­vol­ver dans le cœur. On le sauva. Mais ce­lui qui, comme lui, a été si proche d’une fin vo­lon­taire reste en proie à une ob­ses­sion per­ma­nente, une trouble at­ti­rance pour les gouffres de l’ et la . En 1897, son di­plôme d’avocat en poche, il ob­tint une place de chro­ni­queur ju­di­ciaire et put en­fin pu­blier ses nou­velles et ses feuille­tons si fou­gueux, si spon­ta­nés, par­fois si bi­zarres, qui l’imposèrent à l’attention du pu­blic russe comme l’un des brillants re­pré­sen­tants du tour­nant du siècle. Il y prend place après Tol­stoï à qui il dé­die d’ailleurs l’« des sept pen­dus». Je me dois de dire quelques mots sur cette «His­toire», sans la plus réus­sie d’Andreïev. Elle n’est rien d’autre, en sub­stance, que ce qu’annonce le titre : les psy­cho­lo­giques de sept jeunes condam­nés qui s’apprêtent à su­bir le sup­plice de la pen­dai­son; les vi­sites su­prêmes de leurs pa­rents qui viennent avec la ré­so­lu­tion de leur rendre plus lé­gers ces der­niers mo­ments, mais qui fi­nissent par fondre en larmes; puis, l’horreur et la beauté se­reine, en même temps, de leurs ca­davres qui «sa­luent le »

  1. En russe «В тумане». Par­fois trans­crit «V tu­mane». Icône Haut
  1. En russe Леонид Андреев. Par­fois trans­crit Léo­nide An­dréieff, Léo­nid An­dréief, Léo­nide An­dreyew, Leo­nid An­dréyev ou Léo­nide An­dréev. Icône Haut