Synésios, «[Œuvres complètes]. Tome II. Correspondance, lettres I-LXIII»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit de la «Cor­res­pon­dance» («Epis­to­lai» 1) et autres œuvres de Sy­né­sios de Cy­rène 2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa vie; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle Li­bye, il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’aristocratie; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ex­plo­ra­teurs ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la Grèce jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon exis­tence entre la prière, les livres et la chasse». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les armes et les che­vaux : «Je par­tage, en toutes cir­cons­tances, mon temps en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec moi-même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la Ré­sur­rec­tion, ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa phi­lo­so­phie avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’hellénisme ou le chris­tia­nisme qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la re­li­gion d’un homme qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies pas­sions.

Il n’existe pas moins de trois tra­duc­tions fran­çaises de la «Cor­res­pon­dance», mais s’il fal­lait n’en choi­sir qu’une seule, je choi­si­rais celle de M. De­nis Roques.

«Τρωΐλῳ

Ἀλλ’ εἰ μήτε Κυρηναῖοι μήθ’ αἱ πόλεις ἀστυγειτόνων ἀποτίσουσί σοι χάριν ἀξίαν ἀνθ’ ὧν ὁ θαυμάσιος Ἀναστάσιος αὐταῖς γράφει, πάντως γε ἡ τοῦ θεοῦ σοι πρόσεσται χάρις, ᾧ σαυτὸν οἰκειοῖς τῇ κοινωνίᾳ τῆς εὐεργετικῆς προαιρέσεως. Εὐδαιμονοίης, ἄριστε φιλοσόφων· οὕτω γὰρ ἐμοί σε φίλον καλεῖν, ὥσπερ ὑπαγορεύει τὰ πράγματα.»
— Lettre dans la langue ori­gi­nale

«À Trôï­los

Al­lons! si ni les Cy­ré­néens ni les ci­tés voi­sines ne te ma­ni­festent une re­con­nais­sance pro­por­tion­née aux bien­faits que leur si­gnale par lettre l’admirable Anas­tase, tu bé­né­fi­cie­ras à tout le moins de la re­con­nais­sance de Dieu, au­quel t’apparente la vo­lonté, que tu par­tages avec Lui, de faire le bien. Je te sou­haite d’être heu­reux, toi, le meilleur des phi­lo­sophes! Tel est en ef­fet le nom que j’aime à te don­ner, sous la dic­tée des faits!»
— Lettre dans la tra­duc­tion de M. Roques

«À Troïle

Cy­rène et les villes voi­sines vous doivent de la re­con­nais­sance pour la lettre qu’elles ont re­çue d’Anastase; mais vous pou­vez en outre comp­ter sur la fa­veur de Dieu, dont vous vous mon­trez l’imitateur par votre em­pres­se­ment à faire du bien. Soyez heu­reux, ô le meilleur des phi­lo­sophes! J’aime, en m’inspirant des cir­cons­tances, à vous don­ner ce nom.»
— Lettre dans la tra­duc­tion d’Henri Druon (XIXe siècle)

«À Troïle

Cy­rène et nos autres villes bé­nissent Troïle de la lettre qu’elles ont re­çue d’Anastase. Si elles vous doivent beau­coup, Dieu vous ren­dra da­van­tage : vous avez fait du bien; Il ré­com­pense ceux qui L’imitent. Adieu, mon phi­lo­sophe. J’aime à vous ap­pe­ler de ce nom : il vous dé­fi­nit.»
— Lettre dans la tra­duc­tion de … La­patz (XIXe siècle)

«Troilo

At si neque Cy­re­nenses neque vi­cinæ ci­vi­tates di­gnam tibi gra­tiam re­fe­runt pro eo quod exi­mius Anas­ta­sius ad eas scri­bit, om­nino di­vina tibi non dee­rit gra­tia, cui tete bene me­rendi vo­lun­tate conci­lias. Fe­li­ci­ter de­gas, phi­lo­so­pho­rum op­time. Li­bet enim eo te com­pel­lare no­mine, quod res ipsæ sug­ge­runt.»
— Lettre dans la tra­duc­tion la­tine de De­nis Pe­tau (XVIIe siècle)

«Troïlo

Enim­vero si neque Cy­re­nenses neque ci­vi­tates po­pu­lo­rum vi­ci­no­rum per­solvent tibi gra­tiam me­ri­tam, de his quæ ad­mi­ran­dus Anas­ta­sius ad eos scri­bit, at certe Dei tibi ade­rit gra­tia, cui te ip­sum conjun­gis, so­cie­tate be­ne­ficæ vo­lun­ta­tis. Fe­lix sis, op­time phi­lo­so­pho­rum. Sic enim mihi pla­cet te vo­care, que­mad­mo­dum suadent res.»
— Lettre dans la tra­duc­tion la­tine d’Adrien Tur­nèbe (XVIIe siècle)

«Troilo

At si neque Cy­re­nenses neque vi­cinæ ci­vi­tates tibi di­gnam re­ferent gra­tiam pro iis de qui­bus illis ad­mi­ran­dus scri­bit Anas­ta­sius, om­nino certe Dei tibi ade­rit gra­tia, cui te conci­lias be­ne­fi­cii pro­po­siti so­cie­tate. Bea­tus sis, phi­lo­so­pho­rum op­time. Sic enim mihi lu­bet te ap­pel­lare, que­mad­mo­dum res ipsæ dic­tant.»
— Lettre dans la tra­duc­tion la­tine de Tho­mas Kirch­meyer, dit Nao­geor­gus (XVIe siècle)

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  1. En grec «Ἐπιστολαί». Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Haut
  2. lettre CV. Haut