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pays, gen­tilé ou langue

« Auguste et Athénodore »

dans « Revue des études anciennes », vol. 47, p. 261-273 ; vol. 48, p. 62-79

dans «Re­vue des études an­ciennes», vol. 47, p. 261-273; vol. 48, p. 62-79

Il s’agit d’Athénodore (le) Ca­na­nite 1 ou Athé­no­dore de Tarse 2, phi­lo­sophe , pré­cep­teur et ami in­time d’Auguste. Plu­sieurs hommes ont porté le nom d’Athénodore. Ce­lui dont je me pro­pose de rendre compte ici est le plus cé­lèbre, ayant fait une par­tie de sa à , dans l’entourage im­mé­diat d’Auguste. Il est per­mis de pen­ser qu’il fut pour quelque chose dans la clé­mence et la dou­ceur que cet Em­pe­reur fit pa­raître au cours de son règne. Ayant at­teint un grand âge, Athé­no­dore de­manda à Au­guste la per­mis­sion de re­tour­ner à Tarse, sa pa­trie, et conseilla en par­tant à son élève «d’attendre, quand il était en , pour par­ler ou pour agir qu’il eût ré­cité à basse les vingt-quatre lettres de l’alphabet» (Plu­tarque). Le géo­graphe Stra­bon joint tou­jours le nom de Po­si­do­nius à ce­lui d’Athénodore comme deux des plus grands stoï­ciens de leur siècle. Il at­tri­bue à ces deux plu­sieurs opi­nions com­munes, tant sur la de l’océan, que sur les du flux et du re­flux. Et lorsque Ci­cé­ron a be­soin de ren­sei­gne­ments bi­blio­gra­phiques sur les pro­blèmes mo­raux et les so­lu­tions pro­po­sées par Po­si­do­nius, c’est aussi à Athé­no­dore qu’il a re­cours. Tout porte à croire que le pre­mier a été le maître du se­cond. Athé­no­dore a com­posé plu­sieurs ou­vrages. Mal­heu­reu­se­ment, la pos­té­rité ne s’est pas donné la peine de conser­ver même leurs titres. Il faut se ré­si­gner aux tra­di­tions de la «pe­tite », aux . L’une des plus cu­rieuses met en scène Athé­no­dore dans une mai­son han­tée d’Athènes 3 peut-être à l’occasion de son sé­jour dans cette ville pour une confé­rence. Les lo­ge­ments à Athènes étaient rares; Athé­no­dore ris­quait de n’en trou­ver au­cun, si le ha­sard ne l’avait guidé vers une mai­son à bas prix, mais que per­sonne ne vou­lait louer. On lui ap­prit qu’un ter­rible fan­tôme s’était em­paré de ce lo­gis, et que ses ap­pa­ri­tions avaient fait fuir les plus braves. Il au­rait été hon­teux pour un phi­lo­sophe, sur­tout pour un stoï­cien, de té­moi­gner de la frayeur. Athé­no­dore loua la mai­son sans tar­der. Vers le mi­lieu de la , il était en train de lire et d’écrire, quand le re­ve­nant, s’annonçant par un fra­cas ef­froyable, en­tra dans la chambre. Notre phi­lo­sophe se re­tourna, vit et re­con­nut le spectre tel qu’on l’avait dé­crit. Il était là, dressé et lui fai­sant signe de le suivre. Il avait l’aspect d’un vieillard d’une mai­greur re­pous­sante, avec une grande barbe et des che­veux hé­ris­sés, por­tant des chaînes aux pieds et aux mains qu’il se­couait hor­ri­ble­ment. Athé­no­dore, à son tour, lui fit com­prendre, par des gestes, qu’il lui res­tait en­core du tra­vail et re­prit, im­per­tur­bable, son sty­let et ses . Of­fensé de tant de flegme, l’autre se mit à son­ner ses chaînes au-des­sus de la tête d’Athénodore. En­fin, ce der­nier se leva, prit la lu­mière et l’accompagna d’un pas lent jusqu’à la cour où le fan­tôme dis­pa­rut. Le len­de­main, il alla trou­ver des ma­gis­trats et les pria de faire fouiller la en ce lieu pré­cis. On le fit et on y trouva des os­se­ments char­gés de chaînes. On leur donna pu­bli­que­ment la sé­pul­ture. Il n’y eut plus, de­puis, d’apparitions dans ce lo­gis.

  1. En grec Ἀθηνόδωρος (ὁ) Κανανίτης. Par­fois trans­crit Athe­no­do­ros Ka­na­nites. Éga­le­ment connu sous le sur­nom d’Athénodore fils de San­don (Ἀθηνόδωρος ὁ Σάνδωνος ou Ἀθηνόδωρος ὁ τοῦ Σάνδωνος). Icône Haut
  2. En Athe­no­do­rus Tar­sen­sis. Éga­le­ment connu sous le sur­nom de Cal­vus ou le Chauve, parce qu’en ef­fet il était chauve. Icône Haut
  1. Pline le Jeune, «Lettres», liv. VII, lettre XXVII. Icône Haut

« Recherches sur la vie et sur les ouvrages d’Athénodore »

dans « Mémoires de littérature, tirés des registres de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres. Tome XIX » (XVIIIᵉ siècle), p. 77-94

dans «Mé­moires de lit­té­ra­ture, ti­rés des re­gistres de l’Académie royale des et belles-lettres. Tome XIX» (XVIIIe siècle), p. 77-94

Il s’agit d’Athénodore (le) Ca­na­nite 1 ou Athé­no­dore de Tarse 2, phi­lo­sophe , pré­cep­teur et ami in­time d’Auguste. Plu­sieurs hommes ont porté le nom d’Athénodore. Ce­lui dont je me pro­pose de rendre compte ici est le plus cé­lèbre, ayant fait une par­tie de sa à , dans l’entourage im­mé­diat d’Auguste. Il est per­mis de pen­ser qu’il fut pour quelque chose dans la clé­mence et la dou­ceur que cet Em­pe­reur fit pa­raître au cours de son règne. Ayant at­teint un grand âge, Athé­no­dore de­manda à Au­guste la per­mis­sion de re­tour­ner à Tarse, sa pa­trie, et conseilla en par­tant à son élève «d’attendre, quand il était en , pour par­ler ou pour agir qu’il eût ré­cité à basse les vingt-quatre lettres de l’alphabet» (Plu­tarque). Le géo­graphe Stra­bon joint tou­jours le nom de Po­si­do­nius à ce­lui d’Athénodore comme deux des plus grands stoï­ciens de leur siècle. Il at­tri­bue à ces deux plu­sieurs opi­nions com­munes, tant sur la de l’océan, que sur les du flux et du re­flux. Et lorsque Ci­cé­ron a be­soin de ren­sei­gne­ments bi­blio­gra­phiques sur les pro­blèmes mo­raux et les so­lu­tions pro­po­sées par Po­si­do­nius, c’est aussi à Athé­no­dore qu’il a re­cours. Tout porte à croire que le pre­mier a été le maître du se­cond. Athé­no­dore a com­posé plu­sieurs ou­vrages. Mal­heu­reu­se­ment, la pos­té­rité ne s’est pas donné la peine de conser­ver même leurs titres. Il faut se ré­si­gner aux tra­di­tions de la «pe­tite », aux . L’une des plus cu­rieuses met en scène Athé­no­dore dans une mai­son han­tée d’Athènes 3 peut-être à l’occasion de son sé­jour dans cette ville pour une confé­rence. Les lo­ge­ments à Athènes étaient rares; Athé­no­dore ris­quait de n’en trou­ver au­cun, si le ha­sard ne l’avait guidé vers une mai­son à bas prix, mais que per­sonne ne vou­lait louer. On lui ap­prit qu’un ter­rible fan­tôme s’était em­paré de ce lo­gis, et que ses ap­pa­ri­tions avaient fait fuir les plus braves. Il au­rait été hon­teux pour un phi­lo­sophe, sur­tout pour un stoï­cien, de té­moi­gner de la frayeur. Athé­no­dore loua la mai­son sans tar­der. Vers le mi­lieu de la , il était en train de lire et d’écrire, quand le re­ve­nant, s’annonçant par un fra­cas ef­froyable, en­tra dans la chambre. Notre phi­lo­sophe se re­tourna, vit et re­con­nut le spectre tel qu’on l’avait dé­crit. Il était là, dressé et lui fai­sant signe de le suivre. Il avait l’aspect d’un vieillard d’une mai­greur re­pous­sante, avec une grande barbe et des che­veux hé­ris­sés, por­tant des chaînes aux pieds et aux mains qu’il se­couait hor­ri­ble­ment. Athé­no­dore, à son tour, lui fit com­prendre, par des gestes, qu’il lui res­tait en­core du tra­vail et re­prit, im­per­tur­bable, son sty­let et ses . Of­fensé de tant de flegme, l’autre se mit à son­ner ses chaînes au-des­sus de la tête d’Athénodore. En­fin, ce der­nier se leva, prit la lu­mière et l’accompagna d’un pas lent jusqu’à la cour où le fan­tôme dis­pa­rut. Le len­de­main, il alla trou­ver des ma­gis­trats et les pria de faire fouiller la en ce lieu pré­cis. On le fit et on y trouva des os­se­ments char­gés de chaînes. On leur donna pu­bli­que­ment la sé­pul­ture. Il n’y eut plus, de­puis, d’apparitions dans ce lo­gis.

  1. En grec Ἀθηνόδωρος (ὁ) Κανανίτης. Par­fois trans­crit Athe­no­do­ros Ka­na­nites. Éga­le­ment connu sous le sur­nom d’Athénodore fils de San­don (Ἀθηνόδωρος ὁ Σάνδωνος ou Ἀθηνόδωρος ὁ τοῦ Σάνδωνος). Icône Haut
  2. En Athe­no­do­rus Tar­sen­sis. Éga­le­ment connu sous le sur­nom de Cal­vus ou le Chauve, parce qu’en ef­fet il était chauve. Icône Haut
  1. Pline le Jeune, «Lettres», liv. VII, lettre XXVII. Icône Haut

Callinos, « Chant guerrier »

dans Tyrtée, « Les Chants », XIXᵉ siècle, p. 44-49

dans Tyr­tée, «Les Chants», XIXe siècle, p. 44-49

Il s’agit du «Chant guer­rier» («Âisma» 1) de Cal­li­nos d’Éphèse 2. Sauf Ho­mère et peut-être Hé­siode, Cal­li­nos est le plus an­cien poète connu (VIIe siècle av. J.-C.). Dans le où il vi­vait, les Cim­mé­riens, ve­nus d’, avaient en­vahi l’ Mi­neure et at­ta­quaient les ci­tés io­niennes, qui étaient elles-mêmes en proie à des dis­sen­sions ré­centes, si bien que la était par­tout. Au mi­lieu de tels bou­le­ver­se­ments, il était im­pos­sible à un poète de ne pas chan­ter la guerre, qu’il voyait me­na­çante aux portes de sa cité. Ses com­pa­triotes, tout amol­lis par la tran­quille jouis­sance de la ha­bi­tuelle, son­geaient peu à se dé­fendre. Cal­li­nos es­saya de les sor­tir de cette es­pèce de lé­thar­gie dans la­quelle ils étaient en­se­ve­lis : «Quand donc mar­che­rez-vous? Qui vous re­tient, ? De­vant vos com­pa­gnons, ne rou­gis­sez-vous pas? Sans , lorsqu’au loin Mars étend sa fu­rie, vous croyez être en paix. L’ennemi vous at­tend!…» 3 Son «Chant guer­rier», conservé par Stra­bon, est un éner­gique ap­pel aux , une vé­hé­mente Mar­seillaise, qui an­nonce la ma­nière de Tyr­tée, à qui cer­tains ont voulu l’attribuer. On peut en ad­mi­rer, si on lit le grec, «le mou­ve­ment ca­dencé et un peu lourd des dis­tiques, les so­lides at­taches des phrases, et sur­tout les sons mâles et un peu durs de la de Cal­li­nos» 4. Cal­li­nos est aussi le pre­mier qui, se­lon le té­moi­gnage de Stra­bon, mit en vogue la lé­gende d’Apollon Smin­thien, c’est-à-dire Apol­lon « des rats». Cette œuvre my­tho­lo­gique est per­due. Mais le cha­pitre sur les sou­ris dans «La Per­son­na­lité des » d’Élien per­met d’en re­cons­ti­tuer le su­jet : Des Cré­tois, qui à cause d’un dé­sastre vou­laient quit­ter leur pays pour al­ler s’établir ailleurs, de­man­dèrent à Apol­lon de leur dé­si­gner un bon en­droit. L’oracle leur or­donna de s’établir à l’endroit où des «êtres nés de la » («gê­ge­neis» 5) vien­draient leur faire la guerre. S’étant em­bar­qués, ils par­vinrent aux en­vi­rons de la fu­ture Ha­maxi­tos et y trou­vèrent un abri conve­nable pour se re­po­ser. Mais pen­dant leur som­meil, des rats sor­tirent de terre de tous cô­tés et vinrent ron­ger les cour­roies de leurs et les cordes de leurs arcs. À leur ré­veil, s’étant sou­ve­nus de l’oracle, les Cré­tois crurent en avoir com­pris le sens; et comme, par ailleurs, toutes leurs armes étaient hors d’état de ser­vir, ils s’établirent en ce lieu et consa­crèrent une fa­meuse sta­tue à Apol­lon, qui le re­pré­sen­tait de­bout, le pied posé sur un rat. 6

  1. En grec «ᾎσμα». Icône Haut
  2. En grec Καλλῖνος. Au­tre­fois trans­crit Kal­li­nos ou Cal­li­nus. Icône Haut
  3. p. 47. Icône Haut
  1. Georges Le Bi­dois, «Études d’analyse ap­pli­quée aux . Le Ly­risme», p. 307. Icône Haut
  2. En grec γηγενεῖς. Icône Haut
  3. Cette sta­tue, comme d’autres, sera plus tard des­cen­due et traî­née par des cordes à , non tant pour or­ner les places de la ca­pi­tale chré­tienne, que pour dé­pouiller de leurs or­ne­ments les an­ciens païens. Icône Haut

« Le “Chêne” et le “Voile” de Phérécyde : note sur un témoignage du gnostique Isidore »

dans « Revue des études grecques », vol. 124, nº 1, p. 79-92

dans «Re­vue des études grecques», vol. 124, nº 1, p. 79-92

Il s’agit de Phé­ré­cyde de Sy­ros 1, théo­lo­gien et , le plus an­cien pro­sa­teur de la . Chez presque toutes les na­tions, les vers ont pré­cédé la prose. Car quoique la prose ait tou­jours été, comme elle l’est aujourd’hui, le com­mun des hommes, il a été d’abord un où l’on ne croyait pas qu’elle mé­ri­tât d’être trans­mise à la pos­té­rité. Phé­ré­cyde de Sy­ros, qui vi­vait au VIe siècle av. J.-C., écri­vit une por­tant le titre étrange de «L’Antre aux sept re­plis» 2Hep­ta­my­chos» 3) ou «Théo­cra­sie» 4 ou en­core «Théo­go­nie» 5. C’était le plus an­cien ou­vrage en prose parmi les Grecs si l’on en croit entre autres Pline l’Ancien, qui dit : «Phé­ré­cyde de Sy­ros est le pre­mier qui écri­vit en prose» («pro­sam ora­tio­nem condere Phe­re­cydes Sy­rius ins­ti­tuit»), vou­lant dire par là que notre au­teur fut le pre­mier qui traita de ma­tières plus ou moins phi­lo­so­phiques, et qui s’appliqua à don­ner à la prose cette es­pèce d’élévation qui dis­tingue les ou­vrages de l’esprit. Dio­gène Laërce at­tri­bue à Phé­ré­cyde, outre son livre, une hor­loge so­laire — un «hé­lio­trope» (un «tour­ne­sol»), mais il est pos­sible que cet ins­tru­ment as­tro­no­mique ne soit qu’une ou, pour mieux dire, une dont le point de dé­part est ce pas­sage d’Ho­mère com­pris : «Il y a une île qu’on nomme Sy­ros… du côté où Hé­lios tourne» 6. Ci­cé­ron, dans ses «Tus­cu­lanes», men­tionne Phé­ré­cyde comme le pre­mier pen­seur qui ait pro­posé et sou­tenu le de l’ de l’ hu­maine, qu’il au­rait en­suite trans­mis à Py­tha­gore, son dis­ciple. En­fin, voici une lettre adres­sée par notre au­teur à Tha­lès : «J’ai donc en­joint à mes ser­vi­teurs, lorsqu’ils m’auront en­se­veli, de t’apporter mon écrit. Pu­blie-le si, après en avoir conféré avec les autres , tu juges qu’il mé­rite d’être lu; si­non, tu peux le sup­pri­mer. Il ne me sa­tis­fait pas com­plè­te­ment -même. En de telles ques­tions, la cer­ti­tude est im­pos­sible; aussi, je me flatte moins d’être ar­rivé à la , que d’avoir fourni à ré­flexion à ceux qui s’occupent de . Du reste, il faut in­ter­pré­ter mes pa­roles et al­ler au fond; car je for­mule tout sous forme al­lé­go­rique».

  1. En Φερεκύδης ὁ Σύριος. Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Sept Re­coins». Icône Haut
  3. En grec «Ἑπτάμυχος». Icône Haut
  1. En grec «Θεοκρασία». Par­fois tra­duit «Mé­lange di­vin». Icône Haut
  2. En grec «Θεογονία». Icône Haut
  3. «L’Odyssée», ch. XV. Icône Haut

Nicolas de Damas, « Histoires • Recueil de coutumes • Vie d’Auguste • Autobiographie »

éd. Les Belles Lettres, coll. Fragments, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Frag­ments, Pa­ris

Il s’agit de « d’Auguste» et autres œuvres de Ni­co­las de Da­mas 1, phi­lo­sophe et his­to­rien d’expression grecque. Il na­quit à Da­mas, l’an 64 av. J.-C., et ja­mais il ne ju­gea né­ces­saire de se dire autre chose que Da­mas­cène. Il se mo­quait même des so­phistes de son époque, qui ache­taient à grands frais le titre d’Athénien ou Rho­dien, parce qu’ils avaient de l’obscurité de leur pa­trie. Cer­tains d’entre eux écri­vaient des en­tiers pour dé­cla­rer qu’ils n’étaient pas na­tifs d’Apamée ou de Da­mas, mais de quelque ville re­nom­mée de la ; il es­ti­mait ces gens-là «sem­blables à ceux qui ont honte de leurs propres pa­rents» 2. Ni­co­las de Da­mas fut élevé avec beau­coup de soin. Il ai­mait les lettres et il y fit de grands pro­grès qui, dès sa plus tendre , lui don­nèrent de la ré­pu­ta­tion. Il eut un pen­chant dé­cidé pour la doc­trine d’Aris­tote, charmé qu’il fut par la va­riété pro­di­gieuse des connais­sances dé­ployées dans les ou­vrages de ce phi­lo­sophe. Son com­men­taire sur les re­cherches aris­to­té­li­ciennes sur les le ren­dit bien­tôt cé­lèbre. Par son ca­rac­tère ai­mable, non moins que par ses ta­lents d’érudit, Ni­co­las sut ga­gner l’affection du roi Hé­rode et l’estime de l’Empereur Au­guste. Ce fut pour com­plaire au pre­mier qu’il en­tre­prit d’écrire les «His­toires» («His­to­riai» 3) des grands Em­pires d’. Ce fut pour ho­no­rer la du se­cond qu’il ré­di­gea la «Vie d’Auguste» («Bios Kai­sa­ros» 4), ou «Sur la vie de Cé­sar Au­guste et sur son ». Cette der­nière contient la page si­non la plus com­plète, du moins la plus ap­pro­chant de la , que l’ nous ait lais­sée sur l’ de Cé­sar, père d’Auguste. Voici com­ment Ni­co­las s’exprime sur cet évé­ne­ment d’une gra­vité mé­mo­rable : «En cette oc­ca­sion, la di­vi­nité mon­tra quel est le cours des af­faires hu­maines, toutes in­stables et sou­mises au des­tin, en condui­sant Cé­sar sur le ter­rain de l’ennemi, de­vant la sta­tue du­quel il al­lait res­ter étendu ; [car] du vi­vant de Pom­pée, Cé­sar avait battu [ce der­nier], mais, après sa mort, il se fit tuer au pied [même] de sa sta­tue» 5. Quant à l’«» de Ni­co­las, qui nous est éga­le­ment par­ve­nue, on a lieu de dou­ter qu’elle soit son ou­vrage, étant écrite à la troi­sième per­sonne.

  1. En Νικόλαος Δαμασκηνός. Icône Haut
  2. p. 316. Icône Haut
  3. En grec «Ἱστορίαι». Icône Haut
  1. En grec «Βίος Καίσαρος». Icône Haut
  2. p. 258. Icône Haut

Chalcondyle, « L’Histoire de la décadence de l’Empire grec et établissement de celui des Turcs »

XVIᵉ siècle

XVIe siècle

Il s’agit de Lao­nic Chal­con­dyle, Athé­nien du XVe siècle apr. J.-C. qui a ré­digé «L’ de la de l’Empire et éta­blis­se­ment de ce­lui des Turcs», ou lit­té­ra­le­ment «Dé­mons­tra­tions his­to­riques, en dix » («Apo­deixeis his­to­riôn deka» 1). J’adopte la ma­nière com­mune d’orthographier son nom de , qui est de sup­pri­mer une des syl­labes pour évi­ter le re­dou­ble­ment, écri­vant Chal­con­dyle au lieu de Chal­co­con­dyle 2. Quant à son pré­nom de Lao­nic ou Lao­ni­cos 3, quelques-uns pré­fèrent le chan­ger en ce­lui de Ni­co­las, dont il est le ver­lan. Quoi qu’il en soit, «L’Histoire» de Chal­con­dyle parle avec éten­due des guerres des Grecs et autres chré­tiens contre les Turcs; elle com­mence vers l’an 1300 (date de­puis la­quelle les af­faires des Grecs al­lèrent tou­jours de en pis) jusqu’à leur des­truc­tion et ruine fi­nale par Meh­med II, qui prit en l’an 1453. Chassé de sa pa­trie par ces fu­nestes évé­ne­ments, Chal­con­dyle a évo­qué, mieux qu’aucun autre avant lui, les souf­frances de sa na­tale et a ainsi rap­pelé vers l’ l’attention de l’ ou­blieuse et in­dif­fé­rente. La qu’il res­sent d’être é, ne le rend pas in­juste pour au­tant. Il fait preuve d’une grande ob­jec­ti­vité à l’égard des Turcs; il vante leurs qua­li­tés et leur ri­gou­reuse , qu’il op­pose aux dis­cordes et aux vices de ses com­pa­triotes. Par ailleurs, mal­gré l’inaction de l’Europe, il montre une sin­cère es­time pour les qui té­moignent du moins quelque sym­pa­thie à la cause grecque, sur­tout pour la qui, tant de fois, prit l’initiative des croi­sades. Écou­tons-le épui­ser toutes les for­mules d’une vive ad­mi­ra­tion pour le nom  : «Je di­rai… ceci des Fran­çais», dit-il, «que c’est une très noble et fort an­cienne; riche, opu­lente et de grand pou­voir. Et d’autant qu’[en] toutes ces choses ils sur­montent et passent de bien loin tous les autres peuples de l’, aussi… c’est à eux [que], de , l’autorité sou­ve­raine et l’ de l’Empire doit ap­par­te­nir». Et aussi : «On sait as­sez que cette na­tion est fort an­cienne sur toutes [les] autres, et qu’elle s’est da­van­tage ac­quis une très grande et ma­gni­fique gloire pour avoir, tant de fois, vaincu et rem­barré les qui étaient sor­tis de l’, du­rant même que 4 l’Empire ro­main était comme an­nexé et hé­ré­di­taire à [sa] cou­ronne».

  1. En grec «Ἀποδείξεις ἱστοριῶν δέκα». Icône Haut
  2. En grec Χαλκοκονδύλης. Par­fois trans­crit Chal­con­dile, Chal­co­con­dyle, Chal­ko­kon­dyle, Chal­ko­kon­dy­lis, Chal­kon­dy­las, Chal­co­con­dy­las, Chal­co­con­dyles ou Chal­ko­kon­dy­lès. Icône Haut
  1. En grec Λαόνικος. Par­fois trans­crit Lao­nice, Lao­nique, Lao­ni­kos ou Lao­ni­cus. Icône Haut
  2. «Du­rant même que» si­gni­fie «au mo­ment même où, dans le même que». Icône Haut

Ératosthène, « Les Catastérismes : mythes et histoire des constellations »

éd. Nil, coll. Le Cabinet de curiosités, Paris

éd. Nil, coll. Le Ca­bi­net de cu­rio­si­tés, Pa­ris

Il s’agit des «Ca­tas­té­rismes, ou Constel­la­tions du zo­diaque» («Ka­tas­te­ris­moi, ê As­tro­the­siai zô­diôn» 1) d’Ératosthène de Cy­rène 2. Le a dé­truit la plus grande par­tie des pro­duc­tions lit­té­raires de l’. La plu­part ne nous sont ar­ri­vées que par frag­ments, et nous ne pos­sé­dons que les dé­bris d’un grand nau­frage. Parmi les au­teurs dont les ont dis­paru, il en est un qui, ayant em­brassé dans sa la­bo­rieuse toutes les branches im­por­tantes des connais­sances hu­maines, et ayant donné à la science géo­gra­phique la pre­mière et dé­ci­sive im­pul­sion, de­vint le bi­blio­thé­caire d’Alexandrie et la gloire du règne des Pto­lé­mées. Je veux par­ler d’Ératosthène. C’est lui qui, le pre­mier, dé­dui­sit la cir­con­fé­rence de notre pla­nète, en me­su­rant l’angle sous le­quel les rayons du tou­chaient la en deux qu’il sup­posa sur le même mé­ri­dien — Alexan­drie et Syène 3 — en par­tant du constat que le Nil cou­lait dans une di­rec­tion li­néaire du Sud au Nord, comme un mé­ri­dien vi­sible. On lui doit aussi plu­sieurs ob­ser­va­tions sur les astres, ainsi qu’une pour trou­ver les pre­miers ap­pe­lée «crible d’Ératosthène» («kos­ki­non Era­tos­the­nous» 4), parce qu’au lieu d’établir di­rec­te­ment la suite de ces nombres, elle le fait in­di­rec­te­ment et en quelque sorte par éli­mi­na­tion, en ex­cluant les autres nombres. Éra­tos­thène com­posa un grand nombre d’ouvrages (cin­quante se­lon le ca­ta­logue de Fa­bri­cius). Un seul nous est par­venu, les «Ca­tas­té­rismes», mais par l’intermédiaire d’un abrégé. La et la per­sonne d’Ératosthène ne sont guère mieux connues. Seuls deux do­cu­ments nous four­nissent des ren­sei­gne­ments qu’on peut consi­dé­rer comme de pre­mière main. Le pre­mier est d’ et est adressé à Éra­tos­thène. Le cé­lèbre Sy­ra­cu­sain pro­pose très ami­ca­le­ment à la sa­ga­cité de son cor­res­pon­dant une «Mé­thode re­la­tive aux théo­rèmes mé­ca­niques». Il dé­crit notre «comme ha­bile, ex­cel­lem­ment à la hau­teur de la , et comme ne re­cu­lant pas de­vant les ques­tions qui se pré­sentent». Le se­cond do­cu­ment est une épi­gramme ap­par­te­nant au genre fu­né­raire et qu’on trouve dans l’«An­tho­lo­gie grecque». Elle af­firme qu’Ératosthène ne fut pas en­terré à Cy­rène, sa pa­trie, mais au «bord ex­trême du ri­vage de Pro­tée». , Pro­tée, ma­rin et sorte de Vieillard de la , oc­cu­pait, se­lon Ho­mère, «l’île de Pha­ros… au mi­lieu de la mer on­du­leuse, de­vant l’» 5, là où fut édi­fié le phare d’Alexandrie (qui porte le nom de cette île). Mais voici l’épigramme en ques­tion : «Tu t’es éteint, Éra­tos­thène, dans une douce , et non dans un ac­cès de . Le som­meil, au­quel nul ne peut échap­per, est venu as­sou­pir ta qui mé­di­tait sur les astres. Ce n’est point Cy­rène, ta nour­rice, qui t’a reçu dans le tom­beau de tes , fils d’Aglaüs; mais, comme un ami, tu as trouvé une tombe sur ce bord ex­trême du ri­vage de Pro­tée»

  1. En «Καταστερισμοί, ἢ Ἀστροθεσίαι ζῳδίων». Icône Haut
  2. En grec Ἐρατοσθένης ὁ Κυρηναῖος. Icône Haut
  3. Aujourd’hui As­souan (أسوان), en Égypte. Icône Haut
  1. En grec κόσκινον Ἐρατοσθένους. Icône Haut
  2. «L’Odyssée», ch. IV. Icône Haut

« Oracles sibyllins. Livres VI, VII et VIII »

dans « Écrits apocryphes chrétiens. Tome II » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris), p. 1045-1083

dans «Écrits apo­cryphes chré­tiens. Tome II» (éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris), p. 1045-1083

Il s’agit des vers apo­cryphes qu’on ap­pelle « si­byl­lins» («Si­byl­lia­koi Chrês­moi» 1) et qui ne sont que le fruit de la pieuse des juifs et des chré­tiens pour pas­ti­cher les « si­byl­lins» des païens. La si­bylle était une femme ins­pi­rée qui, en­trant en ex­tase, an­non­çait aux mor­tels les choses de l’avenir. Elle met­tait ses par écrit sur des feuilles vo­lantes qu’elle pla­çait à l’entrée de sa grotte. Ceux qui ve­naient la consul­ter, de­vaient faire vite pour s’emparer de ces feuilles dans le même ordre où elle les avait lais­sées, avant qu’elles ne fussent dis­per­sées par les quatre vents. Le pre­mier té­moi­gnage la concer­nant est ce­lui d’Hé­ra­clite, qui dit : «La si­bylle, ni sou­riante, ni far­dée, ni par­fu­mée, de sa bouche dé­li­rante se fai­sant en­tendre, fran­chit mille ans par sa grâce au ». On ne lo­ca­li­sait pas de fa­çon cer­taine cette de­vi­ne­resse se­crète, cette in­car­na­tion sur­hu­maine, presque dé­ga­gée de l’ et du , de sorte qu’on ar­riva à en comp­ter plu­sieurs : la si­bylle phry­gienne, la cu­méenne, celle d’Érythrées, etc. S’il faut en croire les , l’une d’entre elles vint à et pro­posa à Tar­quin le Su­perbe de lui vendre neuf «Livres» de pro­phé­ties qu’elle lui as­sura être au­then­tiques; Tar­quin lui en de­manda le prix. La bonne femme mit un prix si haut, que le roi de Rome crut qu’elle ra­do­tait. Alors, elle jeta trois des vo­lumes dans le et pro­posa à Tar­quin les six autres pour le même prix. Tar­quin la crut en­core plus folle; mais lorsqu’elle en brûla en­core trois autres, sans bais­ser le prix, ce pro­cédé pa­rut si ex­tra­or­di­naire à Tar­quin, qu’il ac­cepta. Quel était le contenu de ces «Livres si­byl­lins»? On n’a ja­mais cessé à Rome de gar­der là-des­sus un se­cret , en consi­dé­ra­tion du dan­ger qu’il au­rait pu y avoir à in­ter­pré­ter les oracles de fa­çon ar­bi­traire, et on a tou­jours ré­servé aux mo­ments d’urgence na­tio­nale la consul­ta­tion de ces «Livres». Deux ma­gis­trats ap­pe­lés «duum­viri sa­cris fa­ciun­dis» avaient pour charge d’en dé­ga­ger le sens et les consé­quences pour les af­faires de l’État si l’occasion s’en pré­sen­tait et à la condi­tion que le sé­nat l’ordonnât. Au­tre­ment, il ne leur était pas per­mis de les ou­vrir. Vers 400 apr. J.-C. ces vo­lumes sa­crés se trou­vaient en­core à Rome, et le cré­dit dont ils jouis­saient ne pa­rais­sait pas de­voir fai­blir de si­tôt, quand Sti­li­con, cé­dant à la pro­pa­gande chré­tienne, or­donna leur des­truc­tion. Il faut lais­ser par­ler le poète Ru­ti­lius Na­ma­tia­nus pour sa­voir à quel point les païens s’offusquèrent de ce crime : «Il n’en est que plus cruel, le for­fait du si­nistre Sti­li­con», dit Ru­ti­lius Na­ma­tia­nus 2, «car le traître a li­vré le cœur de l’Empire, [en] brû­lant les oracles se­cou­rables de la si­bylle [et en] dé­trui­sant le gage ir­ré­vo­cable de la éter­nelle [de Rome]».

  1. En «Σιϐυλλιακοὶ Χρησμοί». Icône Haut
  1. «Sur son re­tour», liv. II, v. 41-60. Icône Haut

« Oracles sibyllins. Fragments • Livres III, IV et V »

dans « La Bible. Écrits intertestamentaires » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris), p. 1035-1140

dans «La . Écrits in­ter­tes­ta­men­taires» (éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris), p. 1035-1140

Il s’agit des vers apo­cryphes qu’on ap­pelle «» («Si­byl­lia­koi Chrês­moi» 1) et qui ne sont que le fruit de la pieuse des juifs et des chré­tiens pour pas­ti­cher les « si­byl­lins» des païens. La si­bylle était une femme ins­pi­rée qui, en­trant en ex­tase, an­non­çait aux mor­tels les choses de l’avenir. Elle met­tait ses par écrit sur des feuilles vo­lantes qu’elle pla­çait à l’entrée de sa grotte. Ceux qui ve­naient la consul­ter, de­vaient faire vite pour s’emparer de ces feuilles dans le même ordre où elle les avait lais­sées, avant qu’elles ne fussent dis­per­sées par les quatre vents. Le pre­mier té­moi­gnage la concer­nant est ce­lui d’Hé­ra­clite, qui dit : «La si­bylle, ni sou­riante, ni far­dée, ni par­fu­mée, de sa bouche dé­li­rante se fai­sant en­tendre, fran­chit mille ans par sa grâce au ». On ne lo­ca­li­sait pas de fa­çon cer­taine cette de­vi­ne­resse se­crète, cette in­car­na­tion sur­hu­maine, presque dé­ga­gée de l’ et du , de sorte qu’on ar­riva à en comp­ter plu­sieurs : la si­bylle phry­gienne, la cu­méenne, celle d’Érythrées, etc. S’il faut en croire les , l’une d’entre elles vint à et pro­posa à Tar­quin le Su­perbe de lui vendre neuf «Livres» de pro­phé­ties qu’elle lui as­sura être au­then­tiques; Tar­quin lui en de­manda le prix. La bonne femme mit un prix si haut, que le roi de Rome crut qu’elle ra­do­tait. Alors, elle jeta trois des vo­lumes dans le et pro­posa à Tar­quin les six autres pour le même prix. Tar­quin la crut en­core plus folle; mais lorsqu’elle en brûla en­core trois autres, sans bais­ser le prix, ce pro­cédé pa­rut si ex­tra­or­di­naire à Tar­quin, qu’il ac­cepta. Quel était le contenu de ces «Livres si­byl­lins»? On n’a ja­mais cessé à Rome de gar­der là-des­sus un se­cret , en consi­dé­ra­tion du dan­ger qu’il au­rait pu y avoir à in­ter­pré­ter les de fa­çon ar­bi­traire, et on a tou­jours ré­servé aux mo­ments d’urgence na­tio­nale la consul­ta­tion de ces «Livres». Deux ma­gis­trats ap­pe­lés «duum­viri sa­cris fa­ciun­dis» avaient pour charge d’en dé­ga­ger le sens et les consé­quences pour les af­faires de l’État si l’occasion s’en pré­sen­tait et à la condi­tion que le sé­nat l’ordonnât. Au­tre­ment, il ne leur était pas per­mis de les ou­vrir. Vers 400 apr. J.-C. ces vo­lumes sa­crés se trou­vaient en­core à Rome, et le cré­dit dont ils jouis­saient ne pa­rais­sait pas de­voir fai­blir de si­tôt, quand Sti­li­con, cé­dant à la pro­pa­gande chré­tienne, or­donna leur des­truc­tion. Il faut lais­ser par­ler le poète Ru­ti­lius Na­ma­tia­nus pour sa­voir à quel point les païens s’offusquèrent de ce crime : «Il n’en est que plus cruel, le for­fait du si­nistre Sti­li­con», dit Ru­ti­lius Na­ma­tia­nus 2, «car le traître a li­vré le cœur de l’Empire, [en] brû­lant les oracles se­cou­rables de la si­bylle [et en] dé­trui­sant le gage ir­ré­vo­cable de la éter­nelle [de Rome]».

  1. En «Σιϐυλλιακοὶ Χρησμοί». Icône Haut
  1. «Sur son re­tour», liv. II, v. 41-60. Icône Haut

« Hermès en Haute-Égypte : les textes hermétiques de Nag Hammadi. Tome II »

éd. Presses de l’Université Laval, coll. Bibliothèque copte de Nag Hammadi-Section Textes, Québec

éd. Presses de l’Université La­val, coll. Bi­blio­thèque copte de Nag Ham­madi-Sec­tion Textes,

Il s’agit des «Dé­fi­ni­tions d’ à As­clé­pius» («Her­mou Tris­me­gis­tou ho­roi pros Ask­lê­pion» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’ et des su­per­sti­tions sa­vantes de la (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un (Thoth-Her­mès); soit à des de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu Her­mès Tris­mé­giste 2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’ qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’ aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des , la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus et sou­la­gera leur ; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Ἑρμοῦ Τρισμεγίστου ὅροι πρὸς Ἀσκληπιόν». Icône Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Icône Haut
  1. «Phèdre», 274d. Icône Haut

« Hermès en Haute-Égypte : les textes hermétiques de Nag Hammadi. Tome I »

éd. Presses de l’Université Laval, coll. Bibliothèque copte de Nag Hammadi-Section Textes, Québec

éd. Presses de l’Université La­val, coll. Bi­blio­thèque copte de Nag Ham­madi-Sec­tion Textes,

Il s’agit de «L’Ogdoade et l’Ennéade» («Og­doas kai En­neas» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’ et des su­per­sti­tions sa­vantes de la (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un (Thoth-Her­mès); soit à des de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu  2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’ qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’ aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des , la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus et sou­la­gera leur ; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Ὀγδοὰς καὶ Ἐννεάς». Icône Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Icône Haut
  1. «Phèdre», 274d. Icône Haut

Hermès Trismégiste, « “Corpus hermeticum”. Tome IV »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de la «Fille du » («Korê kos­mou» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’ et des su­per­sti­tions sa­vantes de la (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un (Thoth-Her­mès); soit à des de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu  2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’ qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’ aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des , la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus et sou­la­gera leur ; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Κόρη κόσμου». Par­fois tra­duit «Vierge du monde», «Pru­nelle du monde» ou «Pu­pille du monde». Icône Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Icône Haut
  1. «Phèdre», 274d. Icône Haut

Hermès Trismégiste, « “Corpus hermeticum”. Tome III »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit du «Dis­cours à Tat» («Pros Tat» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’ et des su­per­sti­tions sa­vantes de la (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un (Thoth-Her­mès); soit à des de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu  2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’ qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’ aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des , la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus et sou­la­gera leur ; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Πρὸς Τάτ». Icône Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Icône Haut
  1. «Phèdre», 274d. Icône Haut