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«Les Inscriptions d’Asoka»

éd. Les Belles Lettres, coll. La Voix de l’Inde, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. La Voix de l’Inde, Pa­ris

Il s’agit des «Ins­crip­tions d’Aśoka», un ma­gni­fique en­semble d’inscriptions gra­vées sur des ro­chers et des pi­liers en plu­sieurs en­droits du sous-conti­nent in­dien. Ce sont les plus an­ciennes ins­crip­tions qu’on y ait dé­cou­vertes; elles sont ha­bi­tuel­le­ment ré­di­gées dans l’idiome de l’endroit, et il est frap­pant de trou­ver, outre le mâ­gadhî, deux langues étran­gères : le grec et l’araméen. Elles contiennent des édits royaux em­preints du boud­dhisme le plus pur, et ayant pour but de pres­crire la pra­tique d’une bien­veillance qui s’étend sur tous les êtres vi­vants. L’auteur, par­lant de lui à la troi­sième per­sonne, se donne le titre de «roi» («raya» ou «raja») et les sur­noms de Priya­draśi 1au re­gard ami­cal») et de De­va­naṃpriya («ami des dieux»). Le vrai nom du mo­narque n’apparaît nulle part; mais nous sa­vons grâce à d’autres sources que l’Empereur Aśoka 2, fon­da­teur de la do­mi­na­tion du boud­dhisme dans l’Inde, por­tait ces deux sur­noms. On pour­rait ob­jec­ter que ce ne sont là que des épi­thètes conve­nues, qui au­raient pu être por­tées par plus d’un mo­narque in­dien. Ce­pen­dant, voici ce qui achève de confir­mer l’identification avec Aśoka : Dans le XIIIe édit, l’auteur nomme, parmi ses voi­sins, un cer­tain Aṃtiyoko, «roi grec», et un peu plus à l’Ouest, quatre autres rois : Tu­ra­maye, Aṃti­kini, Maka et Ali­ka­su­daro 3. La réunion de ces noms rend leur iden­tité hors de doute : ce sont An­tio­chos II, Pto­lé­mée II, An­ti­gone II, Ma­gas et Alexandre II, les­quels ré­gnaient au IIIe siècle av. J.-C. C’est pré­ci­sé­ment l’époque à la­quelle, sous le sceptre d’Aśoka, le boud­dhisme s’imposait comme un mou­ve­ment spi­ri­tuel ma­jeur, à la fa­veur de l’exemple per­son­nel de l’Empereur.

  1. Par­fois trans­crit Piā­dasi, Piya­dasi, Priya­dar­shi, Priya­darśi, Piya­darsi, Priya­dra­shi, Priya­draśi, Priya­darśin ou Priya­dar­shin. En grec Pio­das­sès (Πιοδάσσης). Haut
  2. Par­fois trans­crit Açoka ou Ashoka. Haut
  1. «Mer­veilleuse sur­prise dans ce monde hin­dou, si fermé en ap­pa­rence aux ac­tions du de­hors, si ou­blieux en tous cas de ses re­la­tions avec les peuples étran­gers», ajoute Émile Se­nart. Haut

Vâlmîki, «Le Rāmāyaṇa»

éd. Gallimard, coll. Encyclopédie de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. En­cy­clo­pé­die de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit du «Râ­mâyaṇa» 1 de Vâl­mîki 2. Le «Râ­mâyaṇa» res­semble à un de ces grands mo­nu­ments où toute une na­tion se re­con­naît et s’admire avec com­plai­sance, et qui ex­citent la cu­rio­sité des autres peuples. Toute l’Inde se re­con­naît et s’admire dans cette mo­nu­men­tale «Iliade» de vingt-quatre mille ver­sets, dont l’Homère s’appelle Vâl­mîki; elle est vue, à bon droit, comme le chef-d’œuvre de la poé­sie in­dienne. On n’en sait pas plus sur l’Homère in­dien que sur l’Homère grec; on ignore jusqu’au siècle où il a vécu (quelque part au Ier mil­lé­naire av. J.-C.). Dans le cha­pitre I.2, il est ra­conté que c’est Brahmâ lui-même, le créa­teur des mondes, qui a in­cité Vâl­mîki à écrire cette épo­pée, en pro­met­tant au poète que «tant qu’il y aura sur terre des mon­tagnes et des ri­vières, l’histoire du “Râ­mâyaṇa” cir­cu­lera dans les mondes». La pro­messe a été te­nue. Les éloges di­thy­ram­biques de Mi­che­let, les pages en­thou­siastes de La­prade at­testent l’émotion qui sai­sit aujourd’hui en­core les es­prits culti­vés en pré­sence de ce chef-d’œuvre : «L’année… où j’ai pu lire le grand poème sa­cré de l’Inde, le di­vin “Râ­mâyaṇa”… me res­tera chère et bé­nie… “La ré­ci­ta­tion d’un seul vers de ce poème suf­fit à la­ver de ses fautes même ce­lui qui en com­met chaque jour” 3… Notre pé­ché per­ma­nent, la lie, le le­vain amer qu’apporte et laisse le temps, ce grand fleuve de poé­sie l’emporte et nous pu­ri­fie. Qui­conque a sé­ché son cœur, qu’il l’abreuve au “Râ­mâyaṇa”… Qui­conque a trop fait, trop voulu, qu’il boive à cette coupe pro­fonde un long trait de vie, de jeu­nesse», dit Mi­che­let 4. C’est que, dans tout le cours de cette épo­pée, on se trouve, à chaque pas, aux prises avec un être et une forme pro­vi­soires : homme, ani­mal, plante, rien de dé­fi­ni­tif, rien d’immuable. De là ce res­pect et cette crainte re­li­gieuse de la na­ture, qui four­nissent à la poé­sie de Vâl­mîki des dé­tails si tou­chants; de là aussi ces mé­di­ta­tions rê­veuses, ces pein­tures de la vie as­cé­tique, en­fin ces dis­ser­ta­tions phi­lo­so­phiques, qui tiennent non moins de place que les com­bats. Celle-ci par exemple : «La vieillesse ruine l’homme : que peut-il faire pour s’y op­po­ser? Les hommes se ré­jouissent quand le so­leil se lève, ils se ré­jouissent quand le jour s’éteint… Ils sont heu­reux de voir com­men­cer une sai­son nou­velle, comme si c’était un re­nou­veau : mais le re­tour des sai­sons ne fait qu’épuiser la vi­gueur des créa­tures» 5. Quelle gran­deur dans ces ver­sets pleins de mé­lan­co­lie!

  1. En sans­crit «रामायण». «Râ­mâyaṇa» si­gni­fie «La Marche de Râma». Au­tre­fois tra­duit «La Râ­maïde». Haut
  2. En sans­crit वाल्मीकि. Haut
  3. «Râ­mâyaṇa», ch. VII.111. Haut
  1. «Bible de l’humanité. Tome I», p. 1-2. Haut
  2. «Râ­mâyaṇa», ch. II.105. Haut

«Textes ougaritiques. Tome II. Textes religieux et rituels • Correspondance»

éd. du Cerf, coll. Littératures anciennes du Proche-Orient, Paris

éd. du Cerf, coll. Lit­té­ra­tures an­ciennes du Proche-Orient, Pa­ris

Il s’agit de textes ou­ga­ri­tiques, dé­cou­verts entre 1929 et 1939. Les fouilles en­tre­prises en 1929, en Sy­rie du Nord, sur le site de Ras Shamra 1Col­line du fe­nouil»), en met­tant au jour les ves­tiges d’une an­tique cité — iden­ti­fiée as­sez ra­pi­de­ment avec la cité d’Ougarit 2 (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.) — en­ri­chirent, et par­fois bou­le­ver­sèrent, nos connais­sances sur l’histoire et la re­li­gion sé­mi­tiques, en ré­vé­lant une ci­vi­li­sa­tion, un sys­tème d’écriture et une lit­té­ra­ture jusqu’alors in­con­nues. Cette dé­cou­verte com­mença, comme ce fut très sou­vent le cas dans les an­nales ar­chéo­lo­giques, par un coup de ha­sard. En la­bou­rant son champ si­tué non loin de là, un pay­san sy­rien heurta de sa char­rue des dalles à peine ca­chées sous terre. Quelques se­maines plus tard, des ar­chéo­logues fran­çais dé­pê­chés sur place (la Sy­rie était alors sous man­dat fran­çais) te­naient en main, sor­ties d’une couche de cendres et de pier­railles, des ta­blettes cou­vertes d’une écri­ture nette et élé­gante, une écri­ture de trente signes — le «cu­néi­forme al­pha­bé­tique», le pre­mier et le plus an­cien al­pha­bet connu. «Un seul mot s’impose : res­pect!», dit M. Bruno Cot 3. «Ici, sur ce sol aride à quelque trois mille ki­lo­mètres de la France, s’est épa­nouie une ci­vi­li­sa­tion plu­sieurs fois mil­lé­naire. Un monde fas­ci­nant qui a per­mis de dé­cou­vrir le pre­mier al­pha­bet, d’où dé­ri­ve­ront, plus tard, le phé­ni­cien, puis le grec et le la­tin; un monde gé­né­reux aussi, puisque de ses en­trailles sont is­sus des mil­liers de textes qui ont éclairé d’un jour nou­veau l’histoire du Proche-Orient». Ce qui consti­tue aussi l’immense in­té­rêt de ces textes, ce sont les vives lu­mières qu’ils jettent sur la Bible hé­braïque, avec la­quelle ils par­tagent un fonds cultu­rel com­mun qu’on ap­pelle «ca­na­néen». Grâce à eux, les sa­cri­fices, les of­frandes, les la­men­ta­tions et les prières des per­son­nages bi­bliques sont — pour ainsi dire — des cé­ré­mo­nies aux­quelles nous as­sis­tons, et qui prennent vie, de­vant nos yeux, avec une éton­nante réa­lité. «Ainsi, de quelque côté qu’on l’envisage», dit l’archéologue Charles Vi­rol­leau 4, «qu’il s’agisse des ori­gines de l’écriture, de la phi­lo­lo­gie ou de la lin­guis­tique sé­mi­tique, des croyances des Phé­ni­ciens et d’une fa­çon plus gé­né­rale… des Sé­mites oc­ci­den­taux, la dé­cou­verte des ar­chives de Ras Shamra est as­su­ré­ment l’une des plus consi­dé­rables qu’on ait faites… dans les pays du Le­vant, et à bien des égards, elle consti­tue une sorte de ré­vé­la­tion.»

  1. En arabe رأس شمرا. Par­fois trans­crit Ras Chamra ou Ras Schamra. Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Ou­ga­rite ou Uga­rit. Haut
  1. «Ou­ga­rit : le royaume de l’écrit». Haut
  2. «Le Dé­chif­fre­ment des ta­blettes al­pha­bé­tiques de Ras-Shamra» dans «Sy­ria», vol. 12, nº 1, p. 15-23. Haut

«Textes ougaritiques. Tome I. Mythes et légendes»

éd. du Cerf, coll. Littératures anciennes du Proche-Orient, Paris

éd. du Cerf, coll. Lit­té­ra­tures an­ciennes du Proche-Orient, Pa­ris

Il s’agit de textes ou­ga­ri­tiques, dé­cou­verts entre 1929 et 1939. Les fouilles en­tre­prises en 1929, en Sy­rie du Nord, sur le site de Ras Shamra 1Col­line du fe­nouil»), en met­tant au jour les ves­tiges d’une an­tique cité — iden­ti­fiée as­sez ra­pi­de­ment avec la cité d’Ougarit 2 (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.) — en­ri­chirent, et par­fois bou­le­ver­sèrent, nos connais­sances sur l’histoire et la re­li­gion sé­mi­tiques, en ré­vé­lant une ci­vi­li­sa­tion, un sys­tème d’écriture et une lit­té­ra­ture jusqu’alors in­con­nues. Cette dé­cou­verte com­mença, comme ce fut très sou­vent le cas dans les an­nales ar­chéo­lo­giques, par un coup de ha­sard. En la­bou­rant son champ si­tué non loin de là, un pay­san sy­rien heurta de sa char­rue des dalles à peine ca­chées sous terre. Quelques se­maines plus tard, des ar­chéo­logues fran­çais dé­pê­chés sur place (la Sy­rie était alors sous man­dat fran­çais) te­naient en main, sor­ties d’une couche de cendres et de pier­railles, des ta­blettes cou­vertes d’une écri­ture nette et élé­gante, une écri­ture de trente signes — le «cu­néi­forme al­pha­bé­tique», le pre­mier et le plus an­cien al­pha­bet connu. «Un seul mot s’impose : res­pect!», dit M. Bruno Cot 3. «Ici, sur ce sol aride à quelque trois mille ki­lo­mètres de la France, s’est épa­nouie une ci­vi­li­sa­tion plu­sieurs fois mil­lé­naire. Un monde fas­ci­nant qui a per­mis de dé­cou­vrir le pre­mier al­pha­bet, d’où dé­ri­ve­ront, plus tard, le phé­ni­cien, puis le grec et le la­tin; un monde gé­né­reux aussi, puisque de ses en­trailles sont is­sus des mil­liers de textes qui ont éclairé d’un jour nou­veau l’histoire du Proche-Orient». Ce qui consti­tue aussi l’immense in­té­rêt de ces textes, ce sont les vives lu­mières qu’ils jettent sur la Bible hé­braïque, avec la­quelle ils par­tagent un fonds cultu­rel com­mun qu’on ap­pelle «ca­na­néen». Grâce à eux, les sa­cri­fices, les of­frandes, les la­men­ta­tions et les prières des per­son­nages bi­bliques sont — pour ainsi dire — des cé­ré­mo­nies aux­quelles nous as­sis­tons, et qui prennent vie, de­vant nos yeux, avec une éton­nante réa­lité. «Ainsi, de quelque côté qu’on l’envisage», dit l’archéologue Charles Vi­rol­leau 4, «qu’il s’agisse des ori­gines de l’écriture, de la phi­lo­lo­gie ou de la lin­guis­tique sé­mi­tique, des croyances des Phé­ni­ciens et d’une fa­çon plus gé­né­rale… des Sé­mites oc­ci­den­taux, la dé­cou­verte des ar­chives de Ras Shamra est as­su­ré­ment l’une des plus consi­dé­rables qu’on ait faites… dans les pays du Le­vant, et à bien des égards, elle consti­tue une sorte de ré­vé­la­tion.»

  1. En arabe رأس شمرا. Par­fois trans­crit Ras Chamra ou Ras Schamra. Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Ou­ga­rite ou Uga­rit. Haut
  1. «Ou­ga­rit : le royaume de l’écrit». Haut
  2. «Le Dé­chif­fre­ment des ta­blettes al­pha­bé­tiques de Ras-Shamra» dans «Sy­ria», vol. 12, nº 1, p. 15-23. Haut