Il s’agit de la « Vie et Règle des saints pères Romain, Lupicin et Oyend, abbés des monastères du Jura » (« Vita vel Regula sanctorum patrum Romani, Lupicini et Eugendi, monasteriorum Jurensium abbatum »). L’Antiquité ne nous apprend rien de particulier sur l’auteur de cette « Vie », et nous ignorons jusqu’à son nom. Mais nous voyons, par les pages que nous possédons de lui, que c’était un moine laborieux et grave ; qu’à défaut de talent comme orateur et comme écrivain, il avait de la piété, beaucoup de bonne foi et un grand fonds de modestie. Ces qualités jointes à celle d’auteur contemporain, qui ne rapporte que ce qui s’est passé sous ses propres yeux ou presque, donnent du prix à son ouvrage et le rendent digne de créance. C’était, en effet, un disciple de saint Oyend de Condat 1 et il se trouva présent lorsque ce saint quitta la terre pour aller au ciel (510 apr. J.-C.). Il ne tarda pas, après cette mort, à mettre la main à son ouvrage, et pour le rédiger avec méthode, il fit précéder la vie de saint Oyend par celles de saint Romain et de saint Lupicin ; de sorte que le tout peut passer pour une histoire originale, quoiqu’abrégée, des monastères du Jura, en France, depuis leur premier établissement (435 apr. J.-C.). Voici le récit de cet établissement : « C’est dans sa trente-cinquième année environ qu’attiré par les retraites du désert, après avoir quitté sa mère, sa sœur et son frère, saint Romain pénétra dans les forêts du Jura proches de son domaine.
une histoire originale, quoiqu’abrégée, des monastères du Jura, en France
Parcourant en tous sens ces forêts appropriées et favorables à son idéal de vie, il finit par trouver, au-delà, parmi des vallées bordées de rochers, un endroit découvert propice à la culture : là, les escarpements de trois montagnes s’écartent un peu l’un de l’autre, laissant entre eux un replat de quelque étendue. Comme en ce lieu se rejoignent les lits de deux cours d’eau 2, le site où se constitue une rivière unique ne tarda pas à être appelé couramment “Condat” » 3.