Liu Qingzhi, « La “Siao Hio”, ou Morale de la jeunesse »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de « La Pe­tite Étude » (« Xiao Xue »1), re­cueil de trois cent quatre-vingt-six sen­tences, pré­ceptes et exemples. Ja­dis, c’était l’un des livres in­con­tour­nables de la lit­té­ra­ture chi­noise, parce qu’il ser­vait à for­mer l’éducation de la na­tion en­tière. Dès qu’un en­fant, de quelque condi­tion qu’il fût — de­puis le fils de l’Empereur jusqu’au fils du moindre de ses su­jets — avait at­teint l’âge de huit ans, c’était ce livre, en ef­fet, qu’on lui met­tait entre les mains pour lui en­sei­gner la fa­çon dont il fal­lait in­ter­ro­ger, et celle dont il fal­lait ré­pondre aux in­ter­ro­ga­tions des autres ; pour l’instruire des de­voirs de la ci­vi­lité, des cou­tumes et des rites ; pour lui faire des le­çons sur la pro­cé­dure et la forme qu’il de­vait ob­ser­ver de­vant les autres, sui­vant ce qu’ils étaient — ou ses su­pé­rieurs, ou ses in­fé­rieurs, ou sim­ple­ment ses égaux. Tout cela for­mait ce qu’on ap­pe­lait « la pe­tite étude », c’est-à-dire l’enseignement in­fé­rieur, la pe­tite école ; c’était à quoi on oc­cu­pait l’enfant jusqu’à l’âge de quinze ans. Par­venu à cet âge, on l’appliquait à « la grande étude », ce qui est d’ailleurs le titre d’un des quatre clas­siques ré­di­gés par les dis­ciples de Confu­cius. Les sen­tences, pré­ceptes et exemples de « La Pe­tite Étude » sont em­prun­tés pour la plu­part au « Mé­mo­rial des rites » et ran­gés dans un ordre as­sez dé­fec­tueux, tel cha­pitre conte­nant sou­vent ce qui de­vrait se trou­ver dans tel autre. On ne peut nier que les prin­cipes en soient, en gé­né­ral, édi­fiants, et qu’il y ait des mo­dèles d’une vertu réelle ; mais on y trouve, en même temps, l’observation de cer­taines pra­tiques éta­blies par les pré­ju­gés et par la rou­tine, qui pa­raissent as­sez pué­riles. Un des dis­ciples de Zhu Xi2, Liu Qingzhi3 (XIIe siècle), a com­posé ce livre. Zhu Xi l’a en­suite mis dans l’ordre où nous le voyons et a ajouté une in­tro­duc­tion où il dit4 : « Puisque l’homme, pen­dant l’enfance, ne peut en­core ni sa­voir, ni ré­flé­chir, ni ré­gler ses actes, il faut que, pre­nant les dis­cours pro­fonds des sages, leurs trai­tés fon­da­men­taux, on les lui mette tous les jours sous les yeux, on les lui in­filtre dans les oreilles, on en rem­plisse son in­té­rieur. Si l’on tarde, il s’habitue à se for­mer se­lon son ca­price et il reste obs­ti­né­ment ce qu’il s’est ha­bi­tué à être ».

Il n’existe pas moins de trois tra­duc­tions fran­çaises de « La Pe­tite Étude », mais s’il fal­lait n’en choi­sir qu’une seule, je choi­si­rais celle de mon­sei­gneur Charles de Har­lez.

「少儀曰,不窺密, 密,隱處也. 嫌伺人之私. 不旁狎, 旁猶妄也. 不得妄與人狎習. 不道舊故, 言知識之過失. 不戲色,戲,弄也. 言暫變傾爲非常也. 毋拔來,毋報往, 拔,赴,皆疾也. 人來往所之,當有宿漸,不可卒也. 毋瀆神, 瀆,慢也. 毋循枉,前日之不正,不可復遵. 毋測未至, 測,意度也.」

— Pas­sage dans la langue ori­gi­nale

« Il est dit au cha­pitre “Shao-y”5 : Ne cher­chez pas à voir une chose ca­chée, ne soyez pas fa­mi­lier et mé­pri­sant, ne par­lez pas d’une faute déjà an­cienne et n’ayez pas un air mo­queur. En ar­ri­vant ne vous hâ­tez pas, en par­tant ne vous dé­pê­chez pas. N’importunez ja­mais les Es­prits par trop de prières ; n’imitez pas les gens faux et ru­sés. Ne cher­chez point à de­vi­ner les évé­ne­ments avant qu’ils ar­rivent. »
— Pas­sage dans la tra­duc­tion de mon­sei­gneur de Har­lez

« Li­ber Ri­tuum, ca­pi­tu­lum “Xao Y”, sic [ait] : Noli ocu­los conji­cere in se­cre­tum al­te­rius lo­cum ; alios ir­ri­dere ; ve­tera alio­rum de­licta nar­rare ; nu­ga­cem vel contemp­to­rem vul­tum præ­ferre ; præ­ci­piti voce alios aut vo­care aut mit­tere ; vana pers­cru­ta­tione Spi­ri­tus of­fen­dere ; pravæ consue­tu­dini in­dul­gere ; res quæ non­dum conti­ge­runt, te­mere conji­cere. »
— Pas­sage dans la tra­duc­tion la­tine du père Fran­çois Noël (XVIIIe siècle)

« Ne je­tez point les yeux sur un lieu que l’on veut qui soit se­cret ; ne li­vrez point les autres à la dé­ri­sion ; que leurs fautes an­ciennes ne soient point le su­jet de votre conver­sa­tion ; n’ayez point un air mé­pri­sant ou fo­lâtre ; ne par­lez point avec pré­ci­pi­ta­tion ; n’offensez point les Es­prits par une cu­rio­sité vaine ; ne for­mez point de conjec­tures té­mé­raires sur l’avenir. »
— Pas­sage dans la tra­duc­tion in­di­recte de l’abbé Fran­çois-An­dré-Adrien Plu­quet6 (XVIIIe siècle)

Avertissement Cette tra­duc­tion n’a pas été faite sur l’original.

« (la­cune) Quand vous vous en­tre­te­nez avec quelqu’un, gar­dez-vous bien d’un cer­tain air ou dé­dai­gneux ou railleur ; ne par­lez point avec pré­ci­pi­ta­tion, et que les dé­fauts des autres ne servent ja­mais de ma­tière à vos dis­cours ; (la­cune) n’avancez rien sur de lé­gères conjec­tures. »
— Pas­sage dans la tra­duc­tion in­di­recte du père Jean-Bap­tiste Du Halde (XVIIIe siècle)

Avertissement Cette tra­duc­tion n’a pas été faite sur l’original.

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  1. En chi­nois « 小學 ». Par­fois trans­crit « Siao Hio ». Haut
  2. En chi­nois 朱熹. Au­tre­fois trans­crit Tchou Hi, Tchu Hi, Chu-hi ou Chu Hsi. Éga­le­ment connu sous le titre ho­no­ri­fique de Zhu Wen Gong (朱文公), c’est-à-dire « Zhu, prince de la lit­té­ra­ture ». Au­tre­fois trans­crit Chu Ven Kum, Chu Wen-kung, Tchou-wen-koung ou Tchou Wen Kong. Haut
  3. En chi­nois 劉清之. Haut
  1. p. 9-10. Haut
  2. Le « Shao-yi » (« 少儀 ») est un des cha­pitres du « Mé­mo­rial des rites » (le 15e ou le 17e se­lon les édi­tions). Haut
  3. Cette tra­duc­tion et la sui­vante ont été faites sur celle du père Fran­çois Noël. Haut