Aina, « Propos oisifs sous la tonnelle aux haricots »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Pro­pos oi­sifs sous la ton­nelle aux ha­ri­cots» («Dou­peng xian­hua» 1), la der­nière des grandes col­lec­tions de (XVIIe siècle apr. J.-C.). La prin­ci­pale ori­gi­na­lité des «Pro­pos oi­sifs» n’est pas tant dans les contes eux-mêmes, que dans la ma­nière soi­gnée dont ils sont pré­sen­tés et re­liés entre eux. «C’est à notre connais­sance», dit M.  2, «la seule œuvre chi­noise qui fasse usage du cadre cy­clique». Cette œuvre se di­vise, en ef­fet, en douze cha­pitres cor­res­pon­dant à douze jour­nées, un peu à la fa­çon du «Dé­ca­mé­ron». Le est une ton­nelle où grimpent des plants de ha­ri­cots, et sous la­quelle des vil­la­geois viennent se re­trou­ver tous les jours, pour pro­fi­ter de la fraî­cheur et pour ba­var­der. «Il y a là des jeunes et des vieux, des hommes et des », disent les «Pro­pos oi­sifs» 3. «Cer­tains ap­portent un ta­bou­ret, un pe­tit banc tressé, ou bien étalent une natte à même le sol; cha­cun se fait une place comme il peut». Ce cadre ru­ral per­met à l’auteur de mettre les contes dans la bouche des réunis sous la ton­nelle, et de re­je­ter sur eux la de ses pa­roles. Lui-même se cache sous le pseu­do­nyme d’Aina ju­shi 4Aina, let­tré re­tiré»), et mal­gré les ef­forts des cher­cheurs, son nom vé­ri­table est in­connu. Dans son pro­logue, il évoque un poète du can­ton, ou­blié et peut-être fic­tif, Xu Ju­tan 5, qui au­rait com­posé une «Chan­son de la ton­nelle aux ha­ri­cots». Comme ce poète, Aina «a dis­paru dans la brume, et l’on ne sait rien de lui» («yan mo wu chuan» 6); et c’est en fin de compte sous la ton­nelle elle-même que nous pou­vons le re­trou­ver, puisque c’est la place qu’il a choi­sie pour y dé­po­ser le té­moi­gnage de sa en­tière.

Le cadre du ré­cit est une ton­nelle où grimpent des plants de ha­ri­cots, et sous la­quelle des vil­la­geois viennent se re­trou­ver

Voici un pas­sage qui don­nera une idée de la ma­nière d’Aina : «Ah! la ja­lou­sie! Il n’est, comme on sait, ni ni femme qui n’ait chaque jour cet air-là sur les lèvres ou qui n’en ait le cœur constam­ment re­tourné. Aussi, ne cher­che­rai-je pas plus loin mon su­jet d’aujourd’hui : ce mot de “ja­lou­sie” va me four­nir le thème d’une propre à vous di­ver­tir. C’est bien cela que nous avions en tête, n’est-ce pas, en construi­sant cette ton­nelle aux ha­ri­cots? Soyez contents : le mo­ment est venu de prê­ter l’oreille!» 7

Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  1. En chi­nois «豆棚閒話». Icône Haut
  2. «Études sur trois re­cueils an­ciens de », p. 132. Icône Haut
  3. p. 38. Icône Haut
  4. En chi­nois 艾納居士. Icône Haut
  1. En chi­nois 徐菊潭. Icône Haut
  2. En chi­nois «湮沒無傳». Icône Haut
  3. p. 38. Icône Haut