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su­jet

Wu Cheng’en, « La Pérégrination vers l’Ouest, “Xiyou ji”. Tome II »

éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit de «( de) La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest» («Xiyou ji» 1), très cé­lèbre -fleuve , dont le per­son­nage cen­tral est un Singe pè­le­rin. «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest» est, comme on le sait, une sorte de dé­dou­ble­ment ou de trans­po­si­tion bur­lesque de la pé­ré­gri­na­tion vers l’Inde (réelle, celle-là) du moine Xuan­zang. Dès le dé­but du IXe siècle, l’ po­pu­laire chi­noise s’était em­pa­rée des ex­ploits de ce moine en marche, parti avec sa canne pour seul com­pa­gnon, tra­ver­sant fleuves et monts, courbé sous le poids des cen­taines de soû­tras boud­dhiques qu’il ra­me­nait dans une hotte d’osier, tel Pro­mé­thée rap­por­tant le dans la conca­vité d’un ro­seau. « est allé là où nul autre n’est allé, il a vu et en­tendu ce que nul autre n’a ja­mais vu et en­tendu. Seul, il tra­versa de vastes éten­dues sans che­min, fré­quen­tées seule­ment par des dé­mo­niaques. Cou­ra­geu­se­ment il grimpa sur de fa­bu­leuses … tou­jours re­froi­dies par des vents gla­cés et par des neiges éter­nelles… Main­te­nant, il est re­venu sain et sauf [dans] son pays na­tal et avec si grande quan­tité de pré­cieux . Il y a, là, six cent cin­quante-sept ou­vrages sa­crés… dont cer­tains sont rem­plis de charmes… ca­pables de faire en­vo­ler les puis­sances in­vi­sibles du » 2. Ses «Mé­moires» et sa «» de­vinrent la source d’ de nom­breuses qui, mê­lées à des ani­ma­liers, s’enrichirent peu à peu de créa­tures sur­na­tu­relles et de pro­diges. Déjà dans la «Chan­te­fable de la quête des soû­tras par Xuan­zang des grands Tang» («Da Tang San­zang qu jing shi­hua» 3), da­tée du Xe ou XIe siècle, on voit en­trer en scène un Roi des , ac­com­pa­gnant le pè­le­rin dans son voyage et contri­buant puis­sam­ment à sa réus­site — un Singe fa­bu­leux cal­qué, au moins en par­tie, sur le per­son­nage d’Hanumân dans le «Râmâyaṇa». Cer­taines pièces du théâtre des Yuan avaient aussi pour su­jet la quête des soû­tras. Et il exis­tait, sous ces mêmes Yuan, un ro­man in­ti­tulé «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest», mais qui est perdu, si l’on ex­cepte un dans la «Grande En­cy­clo­pé­die Yongle»

  1. En chi­nois «西遊記». Au­tre­fois trans­crit «Xiyuji», «Hsi-yu chi», «Si you tsi», «Sy-yeou-ky» ou «Si yeou ki». Icône Haut
  2. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde», p. 362. Icône Haut
  1. En chi­nois «大唐三藏取經詩話». Icône Haut

Wu Cheng’en, « La Pérégrination vers l’Ouest, “Xiyou ji”. Tome I »

éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit de «( de) La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest» («Xiyou ji» 1), très cé­lèbre -fleuve , dont le per­son­nage cen­tral est un Singe pè­le­rin. «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest» est, comme on le sait, une sorte de dé­dou­ble­ment ou de trans­po­si­tion bur­lesque de la pé­ré­gri­na­tion vers l’Inde (réelle, celle-là) du moine Xuan­zang. Dès le dé­but du IXe siècle, l’ po­pu­laire chi­noise s’était em­pa­rée des ex­ploits de ce moine en marche, parti avec sa canne pour seul com­pa­gnon, tra­ver­sant fleuves et monts, courbé sous le poids des cen­taines de soû­tras boud­dhiques qu’il ra­me­nait dans une hotte d’osier, tel Pro­mé­thée rap­por­tant le dans la conca­vité d’un ro­seau. « est allé là où nul autre n’est allé, il a vu et en­tendu ce que nul autre n’a ja­mais vu et en­tendu. Seul, il tra­versa de vastes éten­dues sans che­min, fré­quen­tées seule­ment par des dé­mo­niaques. Cou­ra­geu­se­ment il grimpa sur de fa­bu­leuses … tou­jours re­froi­dies par des vents gla­cés et par des neiges éter­nelles… Main­te­nant, il est re­venu sain et sauf [dans] son pays na­tal et avec si grande quan­tité de pré­cieux . Il y a, là, six cent cin­quante-sept ou­vrages sa­crés… dont cer­tains sont rem­plis de charmes… ca­pables de faire en­vo­ler les puis­sances in­vi­sibles du » 2. Ses «Mé­moires» et sa «» de­vinrent la source d’ de nom­breuses qui, mê­lées à des ani­ma­liers, s’enrichirent peu à peu de créa­tures sur­na­tu­relles et de pro­diges. Déjà dans la «Chan­te­fable de la quête des soû­tras par Xuan­zang des grands Tang» («Da Tang San­zang qu jing shi­hua» 3), da­tée du Xe ou XIe siècle, on voit en­trer en scène un Roi des , ac­com­pa­gnant le pè­le­rin dans son voyage et contri­buant puis­sam­ment à sa réus­site — un Singe fa­bu­leux cal­qué, au moins en par­tie, sur le per­son­nage d’Hanumân dans le «Râmâyaṇa». Cer­taines pièces du théâtre des Yuan avaient aussi pour su­jet la quête des soû­tras. Et il exis­tait, sous ces mêmes Yuan, un ro­man in­ti­tulé «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest», mais qui est perdu, si l’on ex­cepte un dans la «Grande En­cy­clo­pé­die Yongle»

  1. En chi­nois «西遊記». Au­tre­fois trans­crit «Xiyuji», «Hsi-yu chi», «Si you tsi», «Sy-yeou-ky» ou «Si yeou ki». Icône Haut
  2. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde», p. 362. Icône Haut
  1. En chi­nois «大唐三藏取經詩話». Icône Haut

« La Ballade de Mulan »

éd. HongFei, Amboise

éd. Hong­Fei, Am­boise

Il s’agit de «La de Mu­lan» («Mu­lan Ci» 1) ou «Poème de Mu­lan» («Mu­lan Shi» 2), une chan­son po­pu­laire cé­lé­brant les mé­rites de l’héroïne Mu­lan, la Jeanne d’Arc chi­noise. On trouve la pre­mière co­pie de cette chan­son dans le «Re­cueil de an­cienne et mo­derne» («Gu Jin Yue Lu» 3), com­pilé sous la dy­nas­tie Chen (557-589 apr. J.-C.). De­puis, l’héroïne conti­nue de jouir d’une im­mense po­pu­la­rité, per­pé­tuée dans les ro­mans et sur la scène. Ce­pen­dant, on ne sait ni son lieu d’origine ni son nom de . Mu­lan si­gni­fiant «ma­gno­lia», quelqu’un a sup­posé qu’elle s’appelait Hua Mu­lan 4fleur de ma­gno­lia»). Le contexte de son aven­ture sem­blant être ce­lui de la dy­nas­tie des Wei du Nord (386-534 apr. J.-C.), un autre a sup­posé qu’elle s’appelait Wei Mu­lan 5. Le voilà bien l’esprit de dé­duc­tion ! Te­nons-nous-en à l’. Une fille part pour le ser­vice mi­li­taire dé­gui­sée en , parce que son père ma­lade est hors d’état de por­ter les et n’a pas de fils adulte qui pour­rait le rem­pla­cer : «Père n’a pas de fils adulte, et je n’ai pas de frère aîné. Qu’on m’équipe avec et selle : je par­ti­rai en cam­pagne à la place de père!» Elle achète, au mar­ché de l’Est, un beau che­val; au mar­ché de l’Ouest, une selle feu­trée. Quand tous les pré­pa­ra­tifs de dé­part sont ter­mi­nés, elle fait ses adieux à sa fa­mille et se rend au front. Elle y passe douze ans, sans que per­sonne ait pu se dou­ter de son sexe. Elle est fé­li­ci­tée per­son­nel­le­ment par l’Empereur. Elle lui de­mande pour seule ré­com­pense le de ren­trer chez elle. Elle est ac­cueillie par sa fa­mille qui lui ôte son man­teau du de et lui re­met ses du temps ja­dis. De­vant son , elle ajuste sa brillante coif­fure et y colle une fleur d’. Le der­nier cou­plet, trop rus­tique pour ne pas être au­then­tique, dit qu’il y a moyen de dis­tin­guer un la­pin d’une la­pine, mais que «lorsque les deux la­pins courent à ras de , bien fin qui re­con­naît le mâle et la fe­melle»! «L’œuvre an­tique touche [ainsi] à une double thé­ma­tique à la­quelle notre époque est sen­sible», ex­plique M. Chun-Liang Yeh, «celle de l’identité et du genre.» La qu’exerce Mu­lan dans l’imaginaire chi­nois n’est donc pas ré­duc­tible à un mes­sage de ou de pa­trio­tique, au­quel les confu­céens ré­duisent trop sou­vent le texte; elle est liée au défi so­cial qu’elle adresse à la dif­fé­ren­cia­tion des sexes et à l’attrait éro­tique de sa de tra­vesti.

  1. En chi­nois «木蘭辭». Icône Haut
  2. En chi­nois «木蘭詩». Icône Haut
  3. En chi­nois «古今樂錄», in­édit en . Icône Haut
  1. En chi­nois 花木蘭. Au­tre­fois trans­crit Houa Mou-lan ou Fa Mu­lan. Icône Haut
  2. En chi­nois 魏木蘭. Icône Haut

Yuan Mei, « Choses dont le Maître ne parlait jamais : cinq contes tirés du “Zi bu yu” »

éd. électronique

éd. élec­tro­nique

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «Ce dont le Maître ne par­lait pas» («Zi bu yu» 1) de , col­lec­tion chi­noise de , d’historiettes, de faits di­vers, met­tant en scène toutes sortes d’ ou d’êtres sur­na­tu­rels (XVIIIe siècle). Le titre ren­voie au pas­sage sui­vant des «En­tre­tiens de Confu­cius» : «Le Maître ne trai­tait ni des pro­diges, ni de la , ni du désordre, ni des es­prits» 2. , tels sont jus­te­ment les thèmes qui sont abor­dés avec pré­di­lec­tion dans «Ce dont le Maître ne par­lait pas». Par la suite, sans pour évi­ter de trop se com­pro­mettre aux yeux des bien-pen­sants, Yuan Mei chan­gea ce titre quelque peu fron­deur par ce­lui de «Nou­veau “Qi xie”» («Xin “Qi xie”» 3) tiré, cette fois-ci, de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu, où il est ques­tion d’un livre ou d’un qui au­rait re­cueilli des et qui se se­rait ap­pelé Qi xie. Yuan Mei s’empara donc de cette ap­pel­la­tion obs­cure pour en ti­rer une , vo­lon­tai­re­ment énig­ma­tique, et sur la­quelle ses ne pou­vaient faire que des conjec­tures, en l’absence de toute autre ex­pli­ca­tion. «Aux yeux de la pos­té­rité, le re­nom de Yuan Mei tient sur­tout à l’originalité et au charme de sa poé­sie. Le “Zi bu yu” n’est sou­vent consi­déré que comme une œuvre mi­neure, si­non même in­digne de son au­teur», ex­plique M.  4. Dans un XVIIIe siècle mar­qué, en , par une éclo­sion de contes, le re­cueil de Yuan Mei fait, en ef­fet, mo­deste aux cô­tés de deux re­cueils plus im­por­tants : les «Contes ex­tra­or­di­naires du pa­villon des loi­sirs» du Pu Son­gling, qui mou­rut un an avant la nais­sance de Yuan Mei, et les «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles» de l’érudit Ji Yun, son ca­det de quelques an­nées. En ban­nis­sant de sa prose les élé­gances de la , en ne cher­chant l’ que dans les confi­dences de pa­rents et d’amis, en abor­dant le sexe jusque dans ses as­pects les moins at­ten­dus, Yuan Mei est par trop dé­sin­volte, et les herbes folles abondent dans son ou­vrage. Il le pré­sente avec , dans sa pré­face, comme un re­cueil «de ré­cits abra­ca­da­brants, sans pro­fonde si­gni­fi­ca­tion» fait prin­ci­pa­le­ment «pour le plai­sir» 5; il dit ailleurs 6 avoir voulu «dans les his­toires de se dé­fou­ler de l’absurdité».

  1. En «子不語». Au­tre­fois trans­crit «Tseu-pou-yu» ou «Tzu pu yu». Icône Haut
  2. VII, 21. Icône Haut
  3. En chi­nois «新齊諧». Au­tre­fois trans­crit «Sin “Ts’i-hiai”». Icône Haut
  1. p. 26. Icône Haut
  2. Dans Ka­ser, «Yuan Mei et son “Zi bu yu”», p. 84-85. Icône Haut
  3. «Di­vers Plai­sirs à la villa Sui», p. 40. Icône Haut

Yuan Mei, « Ce dont le Maître ne parle pas, “Zi bu yu” : contes »

dans « Le Visage vert », nº 16, p. 65-82

dans «Le Vi­sage vert», nº 16, p. 65-82

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «Ce dont le Maître ne par­lait pas» («Zi bu yu» 1) de , col­lec­tion chi­noise de , d’historiettes, de faits di­vers, met­tant en scène toutes sortes d’ ou d’êtres sur­na­tu­rels (XVIIIe siècle). Le titre ren­voie au pas­sage sui­vant des «En­tre­tiens de Confu­cius» : «Le Maître ne trai­tait ni des pro­diges, ni de la , ni du désordre, ni des es­prits» 2. , tels sont jus­te­ment les thèmes qui sont abor­dés avec pré­di­lec­tion dans «Ce dont le Maître ne par­lait pas». Par la suite, sans pour évi­ter de trop se com­pro­mettre aux yeux des bien-pen­sants, Yuan Mei chan­gea ce titre quelque peu fron­deur par ce­lui de «Nou­veau “Qi xie”» («Xin “Qi xie”» 3) tiré, cette fois-ci, de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu, où il est ques­tion d’un livre ou d’un qui au­rait re­cueilli des et qui se se­rait ap­pelé Qi xie. Yuan Mei s’empara donc de cette ap­pel­la­tion obs­cure pour en ti­rer une , vo­lon­tai­re­ment énig­ma­tique, et sur la­quelle ses ne pou­vaient faire que des conjec­tures, en l’absence de toute autre ex­pli­ca­tion. «Aux yeux de la pos­té­rité, le re­nom de Yuan Mei tient sur­tout à l’originalité et au charme de sa poé­sie. Le “Zi bu yu” n’est sou­vent consi­déré que comme une œuvre mi­neure, si­non même in­digne de son au­teur», ex­plique M. Jean- Diény 4. Dans un XVIIIe siècle mar­qué, en , par une éclo­sion de contes, le re­cueil de Yuan Mei fait, en ef­fet, mo­deste aux cô­tés de deux re­cueils plus im­por­tants : les «Contes ex­tra­or­di­naires du pa­villon des loi­sirs» du Pu Son­gling, qui mou­rut un an avant la nais­sance de Yuan Mei, et les «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles» de l’érudit Ji Yun, son ca­det de quelques an­nées. En ban­nis­sant de sa prose les élé­gances de la , en ne cher­chant l’ que dans les confi­dences de pa­rents et d’amis, en abor­dant le sexe jusque dans ses as­pects les moins at­ten­dus, Yuan Mei est par trop dé­sin­volte, et les herbes folles abondent dans son ou­vrage. Il le pré­sente avec , dans sa pré­face, comme un re­cueil «de ré­cits abra­ca­da­brants, sans pro­fonde si­gni­fi­ca­tion» fait prin­ci­pa­le­ment «pour le plai­sir» 5; il dit ailleurs 6 avoir voulu «dans les his­toires de se dé­fou­ler de l’absurdité».

  1. En «子不語». Au­tre­fois trans­crit «Tseu-pou-yu» ou «Tzu pu yu». Icône Haut
  2. VII, 21. Icône Haut
  3. En chi­nois «新齊諧». Au­tre­fois trans­crit «Sin “Ts’i-hiai”». Icône Haut
  1. p. 26. Icône Haut
  2. Dans Pierre Ka­ser, «Yuan Mei et son “Zi bu yu”», p. 84-85. Icône Haut
  3. «Di­vers Plai­sirs à la villa Sui», p. 40. Icône Haut

Yuan Mei, « Ce dont le Maître ne parlait pas : le merveilleux onirique »

éd. Gallimard, Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «Ce dont le Maître ne par­lait pas» («Zi bu yu» 1) de , col­lec­tion chi­noise de , d’historiettes, de faits di­vers, met­tant en scène toutes sortes d’ ou d’êtres sur­na­tu­rels (XVIIIe siècle). Le titre ren­voie au pas­sage sui­vant des «En­tre­tiens de Confu­cius» : «Le Maître ne trai­tait ni des pro­diges, ni de la , ni du désordre, ni des es­prits» 2. , tels sont jus­te­ment les thèmes qui sont abor­dés avec pré­di­lec­tion dans «Ce dont le Maître ne par­lait pas». Par la suite, sans pour évi­ter de trop se com­pro­mettre aux yeux des bien-pen­sants, Yuan Mei chan­gea ce titre quelque peu fron­deur par ce­lui de «Nou­veau “Qi xie”» («Xin “Qi xie”» 3) tiré, cette fois-ci, de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu, où il est ques­tion d’un livre ou d’un qui au­rait re­cueilli des et qui se se­rait ap­pelé Qi xie. Yuan Mei s’empara donc de cette ap­pel­la­tion obs­cure pour en ti­rer une , vo­lon­tai­re­ment énig­ma­tique, et sur la­quelle ses ne pou­vaient faire que des conjec­tures, en l’absence de toute autre ex­pli­ca­tion. «Aux yeux de la pos­té­rité, le re­nom de Yuan Mei tient sur­tout à l’originalité et au charme de sa poé­sie. Le “Zi bu yu” n’est sou­vent consi­déré que comme une œuvre mi­neure, si­non même in­digne de son au­teur», ex­plique M. Jean- Diény 4. Dans un XVIIIe siècle mar­qué, en , par une éclo­sion de contes, le re­cueil de Yuan Mei fait, en ef­fet, mo­deste aux cô­tés de deux re­cueils plus im­por­tants : les «Contes ex­tra­or­di­naires du pa­villon des loi­sirs» du Pu Son­gling, qui mou­rut un an avant la nais­sance de Yuan Mei, et les «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles» de l’érudit Ji Yun, son ca­det de quelques an­nées. En ban­nis­sant de sa prose les élé­gances de la , en ne cher­chant l’ que dans les confi­dences de pa­rents et d’amis, en abor­dant le sexe jusque dans ses as­pects les moins at­ten­dus, Yuan Mei est par trop dé­sin­volte, et les herbes folles abondent dans son ou­vrage. Il le pré­sente avec , dans sa pré­face, comme un re­cueil «de ré­cits abra­ca­da­brants, sans pro­fonde si­gni­fi­ca­tion» fait prin­ci­pa­le­ment «pour le plai­sir» 5; il dit ailleurs 6 avoir voulu «dans les his­toires de se dé­fou­ler de l’absurdité».

  1. En «子不語». Au­tre­fois trans­crit «Tseu-pou-yu» ou «Tzu pu yu». Icône Haut
  2. VII, 21. Icône Haut
  3. En chi­nois «新齊諧». Au­tre­fois trans­crit «Sin “Ts’i-hiai”». Icône Haut
  1. p. 26. Icône Haut
  2. Dans Pierre Ka­ser, «Yuan Mei et son “Zi bu yu”», p. 84-85. Icône Haut
  3. «Di­vers Plai­sirs à la villa Sui», p. 40. Icône Haut

Ji Yun, « Passe-temps d’un été à Luanyang »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion» 1Yue wei cao tang bi ji» 2) de  3, éru­dit , bi­blio­thé­caire de l’Empereur Qian Long. L’œuvre of­fi­cielle de Ji Yun, celle qui ins­cri­vit à ja­mais son nom dans les an­nales, ce fut la «Col­lec­tion in­té­grale des quatre ma­ga­sins» 4Si ku quan shu» 5) dont il fut l’éditeur en chef. En­tre­prise en 1772 sous le im­pé­rial, cette gi­gan­tesque col­lec­tion ras­sem­blait, sous la plume de quinze mille co­pistes, tous les chi­nois qui, soit par le su­jet qu’ils trai­taient, soit par la ma­nière dont ce su­jet était abordé, mé­ri­taient de pas­ser à la pos­té­rité. «À la tête d’une mi­nu­tieuse ar­mée de lec­teurs, com­pi­la­teurs, ré­dac­teurs, vé­ri­fi­ca­teurs, ré­vi­seurs, , co­pistes et gref­fiers de haut vol, Ji Yun s’absorba dans cette tâche abys­sale du­rant près de quinze ans; et les ava­tars de cette col­lec­tion, dont seuls de ra­ris­simes exem­plaires sub­sistent de nos jours, ont fait rê­ver Borges», ex­plique M.  6. Mais son autre œuvre, toute per­son­nelle et pour ainsi dire exu­toire à de si graves tra­vaux, ce fut un re­cueil de mille deux cents cu­rieuses, his­toires de et d’-, sin­gu­la­ri­tés pi­quantes, gla­nées çà et là dans ses lec­tures. Ce re­cueil, qu’un dis­ciple de Ji Yun réunit plus tard sous le titre de «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion», fut pu­blié ori­gi­nel­le­ment en cinq livres suc­ces­sifs, pa­rus entre 1789 et 1798 : «Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang», («Luan yang xiao xia lu» 7), «Telle est l’ qui m’est par­ve­nue» («Ru shi wo wen» 8), «Mé­langes à l’Ouest du so­phora» («Huai xi za zhi» 9), «On peut tou­jours prê­ter l’oreille» («Gu wang ting zhi» 10) et «Suite à la “Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang”» («Luan yang xu lu» 11).

  1. Par­fois tra­duit «Anec­dotes de l’ermitage Yue­wei», «Notes de la chau­mière sub­tile», «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles», «Notes au fil du pin­ceau de la chau­mière où scru­ter les mys­tères sub­tils», «Notes de la chau­mière de re­vues mi­nu­tieuses» ou «Notes du stu­dio de chaume sur de me­nues re­marques». Icône Haut
  2. En chi­nois «閱微草堂筆記». Par­fois trans­crit «Yue-wei-ts’ao-t’ang-pi-ki» ou «Yüeh-wei ts’ao-t’ang pi-chi». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀昀. Au­tre­fois trans­crit Ki Yun ou Chi Yün. Icône Haut
  4. Au­tre­fois tra­duit «Bi­blio­thèque com­plète en quatre sec­tions», «Bi­blio­thèque com­plète des quatre », «Col­lec­tion des quatre gre­niers», «Re­cueil de tous les livres qui rem­plissent les quatre ma­ga­sins», «Somme des livres des quatre cor­pus» ou «Col­lec­tion com­plète des œuvres écrites ré­par­ties en quatre ma­ga­sins». Par «quatre ma­ga­sins», il faut com­prendre les quatre ca­té­go­ries tra­di­tion­nelles : ou­vrages ca­no­niques (), ou­vrages his­to­riques (), ou­vrages phi­lo­so­phiques (), ou­vrages lit­té­raires ou mé­langes (). Icône Haut
  5. En chi­nois «四庫全書». Au­tre­fois trans­crit «Sseu-k’ou ts’iuan-chou», «Sée-kou-tsiuen-chou», «Ssu-k’u ch’üan-shu» ou «Szu k’u ch’üan shu». Icône Haut
  6. «Pré­face à “Des Nou­velles de l’au-delà”» (éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris). Icône Haut
  1. En chi­nois «灤陽消夏錄». Au­tre­fois trans­crit «Luan-yang hsiao-hsia lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «如是我聞». Par­fois trans­crit «Ju-shih wo-wen». Icône Haut
  3. En chi­nois «槐西雜志». Par­fois trans­crit «Huai-hsi tsa-chih». «À l’Ouest du so­phora» était le nom d’une ré­si­dence de fonc­tion que Ji Yun oc­cupa dans la ban­lieue Ouest de Pé­kin. Icône Haut
  4. En chi­nois «姑妄聽之». Par­fois trans­crit «Ku-wang t’ing-chih». Icône Haut
  5. En chi­nois «灤陽續錄». Par­fois trans­crit «Luan-yang hsü-lu». Icône Haut

Ji Yun, « Notes de la chaumière des observations subtiles »

éd. Kwok On, coll. Culture, Paris

éd. Kwok On, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion» 1Yue wei cao tang bi ji» 2) de  3, éru­dit , bi­blio­thé­caire de l’Empereur Qian Long. L’œuvre of­fi­cielle de Ji Yun, celle qui ins­cri­vit à ja­mais son nom dans les an­nales, ce fut la «Col­lec­tion in­té­grale des quatre ma­ga­sins» 4Si ku quan shu» 5) dont il fut l’éditeur en chef. En­tre­prise en 1772 sous le im­pé­rial, cette gi­gan­tesque col­lec­tion ras­sem­blait, sous la plume de quinze mille co­pistes, tous les chi­nois qui, soit par le su­jet qu’ils trai­taient, soit par la ma­nière dont ce su­jet était abordé, mé­ri­taient de pas­ser à la pos­té­rité. «À la tête d’une mi­nu­tieuse ar­mée de lec­teurs, com­pi­la­teurs, ré­dac­teurs, vé­ri­fi­ca­teurs, ré­vi­seurs, , co­pistes et gref­fiers de haut vol, Ji Yun s’absorba dans cette tâche abys­sale du­rant près de quinze ans; et les ava­tars de cette col­lec­tion, dont seuls de ra­ris­simes exem­plaires sub­sistent de nos jours, ont fait rê­ver Borges», ex­plique M.  6. Mais son autre œuvre, toute per­son­nelle et pour ainsi dire exu­toire à de si graves tra­vaux, ce fut un re­cueil de mille deux cents cu­rieuses, his­toires de et d’-, sin­gu­la­ri­tés pi­quantes, gla­nées çà et là dans ses lec­tures. Ce re­cueil, qu’un dis­ciple de Ji Yun réunit plus tard sous le titre de «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion», fut pu­blié ori­gi­nel­le­ment en cinq livres suc­ces­sifs, pa­rus entre 1789 et 1798 : «Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang», («Luan yang xiao xia lu» 7), «Telle est l’ qui m’est par­ve­nue» («Ru shi wo wen» 8), «Mé­langes à l’Ouest du so­phora» («Huai xi za zhi» 9), «On peut tou­jours prê­ter l’oreille» («Gu wang ting zhi» 10) et «Suite à la “Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang”» («Luan yang xu lu» 11).

  1. Par­fois tra­duit «Anec­dotes de l’ermitage Yue­wei», «Notes de la chau­mière sub­tile», «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles», «Notes au fil du pin­ceau de la chau­mière où scru­ter les mys­tères sub­tils», «Notes de la chau­mière de re­vues mi­nu­tieuses» ou «Notes du stu­dio de chaume sur de me­nues re­marques». Icône Haut
  2. En chi­nois «閱微草堂筆記». Par­fois trans­crit «Yue-wei-ts’ao-t’ang-pi-ki» ou «Yüeh-wei ts’ao-t’ang pi-chi». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀昀. Au­tre­fois trans­crit Ki Yun ou Chi Yün. Icône Haut
  4. Au­tre­fois tra­duit «Bi­blio­thèque com­plète en quatre sec­tions», «Bi­blio­thèque com­plète des quatre », «Col­lec­tion des quatre gre­niers», «Re­cueil de tous les livres qui rem­plissent les quatre ma­ga­sins», «Somme des livres des quatre cor­pus» ou «Col­lec­tion com­plète des œuvres écrites ré­par­ties en quatre ma­ga­sins». Par «quatre ma­ga­sins», il faut com­prendre les quatre ca­té­go­ries tra­di­tion­nelles : ou­vrages ca­no­niques (), ou­vrages his­to­riques (), ou­vrages phi­lo­so­phiques (), ou­vrages lit­té­raires ou mé­langes (). Icône Haut
  5. En chi­nois «四庫全書». Au­tre­fois trans­crit «Sseu-k’ou ts’iuan-chou», «Sée-kou-tsiuen-chou», «Ssu-k’u ch’üan-shu» ou «Szu k’u ch’üan shu». Icône Haut
  6. «Pré­face à “Des Nou­velles de l’au-delà”» (éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris). Icône Haut
  1. En chi­nois «灤陽消夏錄». Au­tre­fois trans­crit «Luan-yang hsiao-hsia lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «如是我聞». Par­fois trans­crit «Ju-shih wo-wen». Icône Haut
  3. En chi­nois «槐西雜志». Par­fois trans­crit «Huai-hsi tsa-chih». «À l’Ouest du so­phora» était le nom d’une ré­si­dence de fonc­tion que Ji Yun oc­cupa dans la ban­lieue Ouest de Pé­kin. Icône Haut
  4. En chi­nois «姑妄聽之». Par­fois trans­crit «Ku-wang t’ing-chih». Icône Haut
  5. En chi­nois «灤陽續錄». Par­fois trans­crit «Luan-yang hsü-lu». Icône Haut

Gan Bao, « À la recherche des esprits : récits tirés du “Sou shen ji” »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Sou shen ji» 1À la des ») de Gan Bao 2, his­to­rien porté vers l’étude de l’ et des oc­cultes, et qui en­ten­dait «dé­mon­trer que la doc­trine re­la­tive au sur­na­tu­rel n’est pas une af­fa­bu­la­tion» 3 (IIIe-IVe siècle apr. J.-C.). On rap­porte qu’encore en­fant, Gan Bao fut té­moin d’un drame de qui dé­cida de sa vo­ca­tion : Son père ché­ris­sait une ser­vante ja­lou­sée par sa mère. Quand ce der­nier mou­rut, son épouse la fit en­ter­rer vi­vante dans la tombe du dé­funt. Mais plus de dix ans après ces faits tra­giques, lorsqu’on ou­vrit la tombe, on trouva la ser­vante dans le même état où elle se trou­vait au mo­ment de l’enterrement; on l’emporta donc, et le len­de­main, elle re­vint à la . Elle ra­conta que son dé­funt amant lui don­nait constam­ment à boire et à man­ger, lui té­moi­gnant une af­fec­tion sem­blable à celle qu’il avait eue pour elle de son vi­vant. Ce fut à la suite de ces cir­cons­tances que Gan Bao se mit à re­cueillir tout ce qui avait trait aux , aux gé­nies, aux bêtes mé­ta­mor­pho­sées, et d’une fa­çon plus gé­né­rale, au . Gros de quatre cent soixante-quatre ré­cits, son «Sou shen ji» compte parmi les re­cueils les plus im­por­tants dans la ca­té­go­rie des «choses dont ne trai­tait pas», c’est-à-dire des choses fan­tas­tiques 4. «Gan Bao n’est pas qu’un mer­veilleux conteur de l’étrange, c’est aussi un grand écri­vain au concis et au vo­ca­bu­laire riche», ex­plique M.  5. «Sa prose s’inspire bien en­tendu des grands clas­siques de l’, mais la touche per­son­nelle de l’auteur est pré­sente tout au long de ces lignes, sur­tout à tra­vers de longs poèmes, par­fois dif­fi­ciles à in­ter­pré­ter.» Une suite existe au re­cueil de Gan Bao, in­ti­tu­lée «Suite à la Re­cherche des es­prits» («Xu Sou shen ji» 6), en dix vo­lumes.

  1. En chi­nois «搜神記». Au­tre­fois trans­crit «Cheou chen ki», «Seou chen ki», «Seu-shen-ki», «Sou shen ki» ou «Sou shen chi». Icône Haut
  2. En chi­nois 干寶. Au­tre­fois trans­crit Kan Pao. Icône Haut
  3. Dans Lu Xun, «Brève du chi­nois», p. 60. Icône Haut
  1. Ré­fé­rence aux «En­tre­tiens de Confu­cius», VII, 21 : «Le Maître ne trai­tait ni des pro­diges, ni de la , ni du désordre, ni des es­prits». Icône Haut
  2. «Gan Bao» dans «Dic­tion­naire uni­ver­sel des lit­té­ra­tures». Icône Haut
  3. En chi­nois «續搜神記», in­édit en . Icône Haut