Gan Bao, « À la recherche des esprits : récits tirés du “Sou shen ji” »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’Orient, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du « Sou shen ji »1 (« À la re­cherche des es­prits ») de Gan Bao2, his­to­rien chi­nois porté vers l’étude de l’astrologie et des sciences oc­cultes, et qui en­ten­dait « dé­mon­trer que la doc­trine re­la­tive au sur­na­tu­rel n’est pas une af­fa­bu­la­tion »3 (IIIe-IVe siècle apr. J.-C.). On rap­porte qu’encore en­fant, Gan Bao fut té­moin d’un drame de fa­mille qui dé­cida de sa vo­ca­tion : Son père ché­ris­sait une ser­vante ja­lou­sée par sa mère. Quand ce der­nier mou­rut, son épouse la fit en­ter­rer vi­vante dans la tombe du dé­funt. Mais plus de dix ans après ces faits tra­giques, lorsqu’on ou­vrit la tombe, on trouva la ser­vante dans le même état où elle se trou­vait au mo­ment de l’enterrement ; on l’emporta donc, et le len­de­main, elle re­vint à la vie. Elle ra­conta que son dé­funt amant lui don­nait constam­ment à boire et à man­ger, lui té­moi­gnant une af­fec­tion sem­blable à celle qu’il avait eue pour elle de son vi­vant. Ce fut à la suite de ces cir­cons­tances que Gan Bao se mit à re­cueillir tout ce qui avait trait aux fan­tômes, aux gé­nies, aux bêtes mé­ta­mor­pho­sées, et d’une fa­çon plus gé­né­rale, au mer­veilleux. Gros de quatre cent soixante-quatre ré­cits, son « Sou shen ji » compte parmi les re­cueils les plus im­por­tants dans la ca­té­go­rie des « choses dont Confu­cius ne trai­tait pas », c’est-à-dire des choses fan­tas­tiques4. « Gan Bao n’est pas qu’un mer­veilleux conteur de l’étrange, c’est aussi un grand écri­vain au style concis et au vo­ca­bu­laire riche », ex­plique M. Rémi Ma­thieu5. « Sa prose s’inspire bien en­tendu des grands clas­siques de l’Antiquité, mais la touche per­son­nelle de l’auteur est pré­sente tout au long de ces lignes, sur­tout à tra­vers de longs poèmes, par­fois dif­fi­ciles à in­ter­pré­ter. » Une suite existe au re­cueil de Gan Bao, in­ti­tu­lée « Suite à la Re­cherche des es­prits » (« Xu Sou shen ji »6), en dix vo­lumes.

parmi les re­cueils les plus im­por­tants dans la ca­té­go­rie des « choses dont Confu­cius ne trai­tait pas », c’est-à-dire des choses fan­tas­tiques

Voici un pas­sage qui don­nera une idée de la ma­nière de Gan Bao : « Lorsque Yang Hu avait cinq ans, il de­manda à sa nour­rice d’aller lui cher­cher un bra­ce­let d’or avec le­quel il jouait. La nour­rice ré­pon­dit : “Mais tu n’as ja­mais eu un tel ob­jet.” Hu alla néan­moins, parmi les mû­riers, du côté du mur orien­tal des voi­sins, les Li, et y trouva le bra­ce­let. Le maître des lieux en fut fort étonné : “Il a été perdu par mon fils dé­funt. Com­ment a-t-il pu l’obtenir ?” La nour­rice lui ra­conta tout ce qui s’était passé. Le sieur Li sou­pira de cha­grin. Tout le monde trouva alors cette his­toire bien étrange »7.

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Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  • Lu Xun, « Brève His­toire du ro­man chi­nois » (éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’Orient-Série chi­noise, Pa­ris)
  • Rémi Ma­thieu, « Dé­mons et Mer­veilles dans la lit­té­ra­ture chi­noise des Six Dy­nas­ties : le fan­tas­tique et l’anecdotique dans le “Sou­shen ji” de Gan Bao » (éd. You Feng, Pa­ris)
  • Rémi Ma­thieu, « Gan Bao » dans « Dic­tion­naire uni­ver­sel des lit­té­ra­tures » (éd. Presses uni­ver­si­taires de France, Pa­ris).
  1. En chi­nois « 搜神記 ». Au­tre­fois trans­crit « Cheou chen ki », « Seou chen ki », « Seu-shen-ki », « Sou shen ki » ou « Sou shen chi ». Haut
  2. En chi­nois 干寶. Au­tre­fois trans­crit Kan Pao. Haut
  3. Dans Lu Xun, « Brève His­toire du ro­man chi­nois », p. 60. Haut
  4. Ré­fé­rence aux « En­tre­tiens de Confu­cius », VII, 21 : « Le Maître ne trai­tait ni des pro­diges, ni de la vio­lence, ni du désordre, ni des es­prits ». Haut
  1. « Gan Bao » dans « Dic­tion­naire uni­ver­sel des lit­té­ra­tures ». Haut
  2. En chi­nois « 續搜神記 », in­édit en fran­çais. Haut
  3. p. 170. Haut