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Hermès Trismégiste, « “Corpus hermeticum”. Tome II »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit du «Dis­cours par­fait, ou As­clé­pius» («Lo­gos te­leios, ê Ask­lê­pios» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’ et des su­per­sti­tions sa­vantes de la (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un (Thoth-Her­mès); soit à des de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu  2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’ qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’ aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des , la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus et sou­la­gera leur ; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Λόγος τέλειος, ἢ Ἀσκληπιός». Par­fois tra­duit «Dis­cours d’initiation, ou As­clè­pios» ou «De la vo­lonté de Dieu, ou As­clèpe». Icône Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Icône Haut
  1. «Phèdre», 274d. Icône Haut

Hermès Trismégiste, « “Corpus hermeticum”. Tome I »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit du «Poi­man­drès» 1 et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’ et des su­per­sti­tions sa­vantes de la (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un (Thoth-Her­mès); soit à des de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu  2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’ qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’ aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des , la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus et sou­la­gera leur ; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Ποιμάνδρης». Au­tre­fois trans­crit «Py­man­der», «Py­mandre», «Pi­man­der», «Pi­mandre», «Pi­mandres», «Pi­men­der», «Pi­mendre», «Pœ­men­der», «Pœ­man­der», «Pœ­mandre», «Pœ­man­drès», «Poi­man­der» ou «Poi­mandre». Icône Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Icône Haut
  1. «Phèdre», 274d. Icône Haut

Julien le Chaldéen et Julien le Théurge, « La Sagesse des Chaldéens : les “Oracles chaldaïques” »

éd. Les Belles Lettres, coll. Aux sources de la tradition, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Aux de la tra­di­tion, Pa­ris

Il s’agit des « chal­daïques» («Lo­gia chal­daïka» 1), un pot-pourri de toute es­pèce d’ésotérismes de l’, un mé­lange de oc­culte, de , d’ dé­li­rante, de ri­tuels théur­giques, de ré­vé­la­tions cen­sées pro­ve­nir de la bouche des eux-mêmes. Pour­quoi ces «Oracles» s’appellent-ils donc «chal­daïques»? Les Chal­déens étaient consi­dé­rés comme les plus des Ba­by­lo­niens et for­maient, dans la di­vi­sion so­ciale de la , une classe à peu près com­pa­rable à celle des . Choi­sis pour exer­cer les fonc­tions du culte pu­blic des dieux, ils pas­saient leur ap­pli­qués aux études as­tro­lo­giques. De par ces études et de par les coïn­ci­dences mer­veilleuses qu’ils croyaient re­con­naître entre, d’un côté, le mou­ve­ment si com­pli­qué et pour­tant si ré­gu­lier des astres, de l’autre côté, la des­ti­née hu­maine et les ac­ci­dents de l’, leur de­vint su­bor­don­née aux pré­sages et à la . La pré­pon­dé­rance de ces pra­tiques frappa tant l’esprit des vi­si­teurs de Ba­by­lone que, dès avant notre ère, le mot «Chal­déen» per­dit son sens eth­nique et vint à si­gni­fier chez les Grecs et les Ro­mains «un mage, un de­vin». Puis, par une même confu­sion, il de­vint sy­no­nyme de «ma­gi­cien». De là, le titre tau­to­lo­gique d’«Oracles ma­giques des mages» («Ma­gika lo­gia tôn ma­gôn» 2) que porte une des édi­tions des «Oracles chal­daïques». On fait re­mon­ter l’origine de ce livre à deux Ju­liens — père et fils — qui vi­vaient au IIe siècle apr. J.-C., en . Le père, sur­nommé «le Chal­déen», était phi­lo­sophe pla­to­ni­cien en plus d’être mage; quant au fils, sur­nommé «le Théurge», il avait été fait mé­dium dans les cir­cons­tances ex­tra­or­di­naires que voici : «Son père, au mo­ment où il était sur le point de l’engendrer, de­manda au ras­sem­bleur de l’univers une ar­chan­gé­lique pour l’ de son fils; et, une fois né, il le mit au contact de tous les dieux et de l’âme de Pla­ton… Par moyen de l’art hié­ra­tique, il l’éleva jusqu’à l’époptie [c’est-à-dire la vi­sion im­mé­diate] de cette âme de Pla­ton pour pou­voir l’interroger sur ce qu’il vou­lait» 3. Bref, Pla­ton et les dieux, in­ter­ro­gés par le père, ré­pon­daient par la bouche du fils, qui n’était plus lui-même quand il par­lait. Ils pro­non­çaient leurs pré­dic­tions et leurs avis, qu’ils psal­mo­diaient en vers; et ayant dit, ils s’en al­laient.

  1. En «Λόγια χαλδαϊκά». Icône Haut
  2. En grec «Μαγικὰ λόγια τῶν μάγων». Icône Haut
  1. Mi­chel Psel­los, «La Chaîne d’ chez » («Περὶ τῆς χρυσῆς ἁλύσεως τῆς παρ’ Ὁμήρῳ»). Icône Haut

Théon de Smyrne, « Exposition des connaissances mathématiques utiles pour la lecture de Platon »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du phi­lo­sophe pla­to­ni­cien Théon de Smyrne 1, éga­le­ment connu sous le sur­nom de Théon l’Ancien 2 (Ie-IIe siècle apr. J.-C.). On ignore tout de sa . Ce­pen­dant, le ha­sard a voulu que le buste au­then­tique du phi­lo­sophe ait sur­vécu aux vi­cis­si­tudes des Em­pires et soit par­venu jusqu’à nous. Ce buste, trouvé à Smyrne par un mar­chand , puis acheté à Mar­seille par le car­di­nal Ales­san­dro Al­bani, puis en­fin, cédé au pape Clé­ment XII, peut être vu à , dans le mu­sée du Ca­pi­tole. L’inscription pla­cée sur son socle nous fait connaître ce­lui que ce marbre re­pré­sente : «Le prêtre Théon (consacre aux l’ de) Théon, phi­lo­sophe pla­to­ni­cien, son père» 3. On en dé­duit que Théon eut un fils du même nom, et que ce der­nier était as­sez riche pour re­ce­voir un de ces sa­cer­doces dont les grecques n’investissaient que les ci­toyens les plus consi­dé­rés et les mieux pour­vus. Quoi qu’il en soit, Théon le père dont je veux rendre compte ici est l’auteur d’un ma­nuel de scien­ti­fique por­tant l’intitulé : «Des connais­sances utiles pour la lec­ture de Pla­ton» 4Tôn kata to ma­thê­ma­ti­kon chrê­si­môn eis tên Pla­tô­nos ana­gnô­sin» 5). Is­maël Boul­liau l’a édité et tra­duit, à Pa­ris, sous le titre d’«Ex­po­si­tion» («Ex­po­si­tio») qui lui est resté. Ce ma­nuel, im­por­tant pour l’ des an­tiques, com­por­tait pri­mi­ti­ve­ment cinq par­ties : 1º l’; 2º la (plane); 3º la sté­réo­mé­trie (géo­mé­trie de l’); 4º l’; 5º la . Il vi­sait à fa­ci­li­ter la lec­ture de tout ce qui concer­nait ces sciences dans les œuvres de Pla­ton; ou, en d’autres mots, à ré­di­ger un cours élé­men­taire de ma­thé­ma­tiques à l’usage des  : «Tout le convien­dra as­su­ré­ment qu’il n’est pas pos­sible de com­prendre ce que Pla­ton a écrit sur les ma­thé­ma­tiques, si l’on ne s’est pas adonné à leur étude», dit Théon 6. «Je vais com­men­cer [par] l’explication des théèmes né­ces­saires : non pas tous ceux qui se­raient né­ces­saires aux lec­teurs pour de­ve­nir de par­faits… géo­mètres, ou , car ce n’est pas le but que se pro­posent tous ceux qui veulent lire les de Pla­ton; mais j’expliquerai les théo­rèmes qui suf­fisent pour com­prendre le sens de ses écrits.»

  1. En Θέων Σμυρναῖος. Au­tre­fois trans­crit Théon Smyr­néen. Icône Haut
  2. En grec Θέων ὁ παλαιός. On le sur­nomme l’Ancien pour le dis­tin­guer du père d’Hy­pa­tie, Théon d’Alexandrie, qui lui est pos­té­rieur. Icône Haut
  3. En grec «ΘΕΩΝΑ ΠΛΑΤΩΝΙΚΟΝ ΦΙΛΟϹΟΦΟΝ Ο ΙΕΡΕΥϹ ΘΕΩΝ ΤΟΝ ΠΑΤΕΡΑ». Icône Haut
  1. Par­fois tra­duit «De ce qui est utile du point de vue scien­ti­fique à la lec­ture de Pla­ton» ou «Des choses qui en ma­thé­ma­tiques sont utiles pour la lec­ture de Pla­ton». Icône Haut
  2. En grec «Τῶν κατὰ τὸ μαθηματικὸν χρησίμων εἰς τὴν Πλάτωνος ἀνάγνωσιν». Icône Haut
  3. «Ex­po­si­tion des connais­sances ma­thé­ma­tiques utiles pour la lec­ture de Pla­ton», p. 3 & 25. Icône Haut

Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome IV. Opuscules, part. 1 »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de l’«Éloge de la » («Pha­la­kras En­kô­mion» 1) et autres œuvres de  2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle , il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon entre la prière, les et la ». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les et les che­vaux : «Je , en toutes cir­cons­tances, mon en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec -même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la , ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’ ou le qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la d’un qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies .

  1. En «Φαλάκρας Ἐγκώμιον». Icône Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Icône Haut
  2. lettre CV. Icône Haut

Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome III. Correspondance, lettres LXIV-CLVI »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de la «Cor­res­pon­dance» («Epis­to­lai» 1) et autres œuvres de  2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle , il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon entre la prière, les et la ». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les et les che­vaux : «Je , en toutes cir­cons­tances, mon en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec -même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la , ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’ ou le qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la d’un qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies .

  1. En «Ἐπιστολαί». Icône Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Icône Haut
  2. lettre CV. Icône Haut

Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome II. Correspondance, lettres I-LXIII »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de la «Cor­res­pon­dance» («Epis­to­lai» 1) et autres œuvres de  2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle , il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon entre la prière, les et la ». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les et les che­vaux : «Je , en toutes cir­cons­tances, mon en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec -même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la , ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’ ou le qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la d’un qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies .

  1. En «Ἐπιστολαί». Icône Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Icône Haut
  2. lettre CV. Icône Haut

Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome I. Hymnes »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit des «» («Hym­noi» 1) et autres œuvres de  2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle , il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon entre la prière, les et la ». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les et les che­vaux : «Je , en toutes cir­cons­tances, mon en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec -même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la , ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’ ou le qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la d’un qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies .

  1. En «Ὕμνοι». Icône Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Icône Haut
  2. lettre CV. Icône Haut

Archimède, « Œuvres complètes. Tome II »

éd. D. de Brouwer, coll. de travaux de l’Académie internationale d’histoire des sciences, Bruges

éd. D. de Brou­wer, coll. de tra­vaux de l’Académie in­ter­na­tio­nale d’ des , Bruges

Il s’agit de la «Qua­dra­ture de la pa­ra­bole» et autres trai­tés d’, le plus cé­lèbre des in­ven­teurs an­ciens (IIIe siècle av. J.-C.). Bien que toutes les sciences aient oc­cupé Ar­chi­mède, la et la sont néan­moins celles dans les­quelles éclata sur­tout son ; il était si pas­sionné pour ces deux dis­ci­plines qu’il en «ou­bliait de boire et de man­ger, et né­gli­geait tous les soins de son », rap­porte Plu­tarque 1. Il fut le pre­mier à for­mu­ler ce prin­cipe qu’un corps plongé dans un li­quide perd de son poids une quan­tité égale au poids du li­quide qu’il dé­place. La dé­cou­verte de cette belle lui causa tant de , rap­porte Vi­truve 2, qu’il sor­tit en­tiè­re­ment nu du bain et cou­rut dans Sy­ra­cuse en criant : «J’ai trouvé! j’ai trouvé!» («Heu­rêka! heu­rêka!» 3). On met au nombre des in­ven­tions d’Archimède la fa­meuse vis qui porte son nom, et dont les Égyp­tiens se ser­virent par la suite pour l’irrigation de leurs champs. Il mon­tra en outre les pro­prié­tés des le­viers, des pou­lies, des roues den­tées, et était si en­thou­siaste de leur pou­voir, rap­porte Pap­pus 4, qu’il dé­cla­rait un jour au roi Hié­ron : «Donne- un point où je puisse me te­nir, et j’ébranlerai la » («Dos moi pou stô, kai kinô tên Gên» 5). Cu­rieu­se­ment, de toutes ses in­ven­tions, celle qui ex­cita le plus l’admiration des contem­po­rains, c’est sa mou­vante. Constel­lée d’étoiles, elle re­pré­sen­tait les mou­ve­ments et les po­si­tions des corps cé­lestes. Ci­cé­ron en parle comme d’une mer­veille; Clau­dien lui dé­die une épi­gramme en­tière 6, dont voici les pre­miers vers : «Un jour que Ju­pi­ter voyait le ren­fermé sous l’étroite en­ceinte d’un verre, il sou­rit et adressa ces pa­roles aux Im­mor­tels : “Voilà donc à quel point est por­tée l’adresse des mor­tels! Dans un globe fra­gile est re­pré­senté mon ou­vrage; un vieillard dans Sy­ra­cuse a trans­porté sur la terre par les ef­forts de son art les prin­cipes des cieux, l’harmonie des élé­ments et les des …”»; Cas­sio­dore ajoute : «Ainsi une pe­tite ma­chine est char­gée du poids du , c’est le ciel por­ta­tif, l’abrégé de l’univers, le de la » («Par­vamque ma­chi­nam gra­vi­dam mundo, cæ­lum ges­ta­bile, com­pen­dium re­rum, spe­cu­lum na­turæ»).

  1. «Les Vies des hommes illustres», de Mar­cel­lus. Icône Haut
  2. «Les Dix d’», liv. IX. Icône Haut
  3. En «Εὕρηκα εὕρηκα». Au­tre­fois trans­crit «Eu­rêka! eu­rêka!» ou «Eu­reca! eu­reca!». Icône Haut
  1. «La Col­lec­tion ma­thé­ma­thique», liv. VIII. Icône Haut
  2. En grec «Δός μοί ποῦ στῶ, καὶ κινῶ τὴν Γῆν». Icône Haut
  3. L’épigramme «Sur la sphère d’Archimède» («In sphæ­ram Ar­chi­me­dis»). Icône Haut

Archimède, « Œuvres complètes. Tome I »

éd. D. de Brouwer, coll. de travaux de l’Académie internationale d’histoire des sciences, Bruges

éd. D. de Brou­wer, coll. de tra­vaux de l’Académie in­ter­na­tio­nale d’ des , Bruges

Il s’agit de «Des spi­rales» («Peri he­li­kôn» 1) et autres trai­tés d’, le plus cé­lèbre des in­ven­teurs an­ciens (IIIe siècle av. J.-C.). Bien que toutes les sciences aient oc­cupé Ar­chi­mède, la et la sont néan­moins celles dans les­quelles éclata sur­tout son ; il était si pas­sionné pour ces deux dis­ci­plines qu’il en «ou­bliait de boire et de man­ger, et né­gli­geait tous les soins de son », rap­porte Plu­tarque 2. Il fut le pre­mier à for­mu­ler ce prin­cipe qu’un corps plongé dans un li­quide perd de son poids une quan­tité égale au poids du li­quide qu’il dé­place. La dé­cou­verte de cette belle lui causa tant de , rap­porte Vi­truve 3, qu’il sor­tit en­tiè­re­ment nu du bain et cou­rut dans Sy­ra­cuse en criant : «J’ai trouvé! j’ai trouvé!» («Heu­rêka! heu­rêka!» 4). On met au nombre des in­ven­tions d’Archimède la fa­meuse vis qui porte son nom, et dont les Égyp­tiens se ser­virent par la suite pour l’irrigation de leurs champs. Il mon­tra en outre les pro­prié­tés des le­viers, des pou­lies, des roues den­tées, et était si en­thou­siaste de leur pou­voir, rap­porte Pap­pus 5, qu’il dé­cla­rait un jour au roi Hié­ron : «Donne- un point où je puisse me te­nir, et j’ébranlerai la » («Dos moi pou stô, kai kinô tên Gên» 6). Cu­rieu­se­ment, de toutes ses in­ven­tions, celle qui ex­cita le plus l’admiration des contem­po­rains, c’est sa mou­vante. Constel­lée d’étoiles, elle re­pré­sen­tait les mou­ve­ments et les po­si­tions des corps cé­lestes. Ci­cé­ron en parle comme d’une mer­veille; Clau­dien lui dé­die une épi­gramme en­tière 7, dont voici les pre­miers vers : «Un jour que Ju­pi­ter voyait le ren­fermé sous l’étroite en­ceinte d’un verre, il sou­rit et adressa ces pa­roles aux Im­mor­tels : “Voilà donc à quel point est por­tée l’adresse des mor­tels! Dans un globe fra­gile est re­pré­senté mon ou­vrage; un vieillard dans Sy­ra­cuse a trans­porté sur la terre par les ef­forts de son art les prin­cipes des cieux, l’harmonie des élé­ments et les des …”»; Cas­sio­dore ajoute : «Ainsi une pe­tite ma­chine est char­gée du poids du , c’est le ciel por­ta­tif, l’abrégé de l’univers, le de la » («Par­vamque ma­chi­nam gra­vi­dam mundo, cæ­lum ges­ta­bile, com­pen­dium re­rum, spe­cu­lum na­turæ»).

  1. En «Περὶ ἑλίκων». Icône Haut
  2. «Les Vies des hommes illustres», de Mar­cel­lus. Icône Haut
  3. «Les Dix d’», liv. IX. Icône Haut
  4. En grec «Εὕρηκα εὕρηκα». Au­tre­fois trans­crit «Eu­rêka! eu­rêka!» ou «Eu­reca! eu­reca!». Icône Haut
  1. «La Col­lec­tion ma­thé­ma­thique», liv. VIII. Icône Haut
  2. En grec «Δός μοί ποῦ στῶ, καὶ κινῶ τὴν Γῆν». Icône Haut
  3. L’épigramme «Sur la sphère d’Archimède» («In sphæ­ram Ar­chi­me­dis»). Icône Haut

« Hypatie : l’étoile d’Alexandrie »

éd. Arléa, coll. Post Scriptum, Paris

éd. Ar­léa, coll. Post Scrip­tum, Pa­ris

Il s’agit d’Hypatie 1, femme sa­vante, ad­mi­rable par sa , et que les chré­tiens d’Alexandrie tuèrent bar­ba­re­ment pour sa­tis­faire l’, le fa­na­tisme et la de leur pa­triarche Cy­rille (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Elle eut pour père Théon d’Alexandrie, phi­lo­sophe, as­tro­nome et ma­thé­ma­ti­cien. Elle s’occupa des mêmes que son père et s’y dis­tin­gua tel­le­ment, que sa mai­son de­vint bien­tôt le ren­dez-vous des pre­miers ma­gis­trats de la ville, des let­trés et des . On la re­pré­sente al­lant cou­verte du man­teau des , fixant tous les re­gards sur elle, mais in­sou­ciante de sa beauté, ex­pli­quant à qui dé­si­rait l’entendre soit Pla­ton, soit tout autre pen­seur. On se pres­sait en foule à ses le­çons : «il y avait», dit l’encyclopédie Souda 2, «une grande bous­cu­lade à sa porte “d’hommes et de che­vaux en­semble” 3, les uns qui s’en ap­pro­chaient, les autres qui s’en éloi­gnaient, d’autres en­core qui at­ten­daient». On ne consi­dé­rait pas comme in­dé­cent qu’elle se trou­vât parmi tant d’hommes, car tous la res­pec­taient en de son ex­trême éru­di­tion et de la gra­vité de ses ma­nières. De plus, les sciences ac­qué­raient un charme spé­cial en pas­sant par sa gra­cieuse bouche et par sa douce de femme. L’un de ceux qui as­sis­taient à ses cours, ra­conte l’encyclopédie Souda, ne fut pas ca­pable de conte­nir son et lui dé­clara sa flamme; en guise de ré­ponse, elle ap­porta un linge en­san­glanté de ses mens­trua­tions et le lui lança, en di­sant : «Voilà ce dont tu es épris, jeune , et ce n’est pas quelque chose de bien beau!» 4 Elle compta parmi ses dis­ciples Sy­né­sios de Cy­rène, et les lettres de ce der­nier té­moignent suf­fi­sam­ment de son en­thou­siasme et de sa ré­vé­rence pour celle qu’il ap­pelle «ma mère, ma sœur, mon maître et, à tous ces titres, ma bien­fai­trice; l’être et le nom qui me sont les plus chers au » 5. La CXXIVe lettre de Sy­né­sios com­mence ainsi : «“Même quand les morts ou­blie­raient chez Ha­dès” 6, , je me sou­vien­drai, là-bas en­core, de ma chère Hy­pa­tie». D’autre part, on trouve dans l’«An­tho­lo­gie grecque», sous la plume de Pal­la­das, cette épi­gramme à l’ de la femme phi­lo­sophe : «Toutes tes pen­sées, toute ta ont quelque chose de cé­leste, au­guste Hy­pa­tie, gloire de l’, astre pur de la et du sa­voir»

  1. En Ὑπατία. Au­tre­fois trans­crit Hi­pa­thia, Hy­pa­thia, Hy­pa­thie, Hi­pa­tia ou Hy­pa­tia. Icône Haut
  2. En grec «πολὺν ὠθισμὸν ὄντα πρὸς ταῖς θύραις, ἐπιμὶξ ἀνδρῶν τε καὶ ἵππων, τῶν μὲν προσιόντων τῶν δὲ ἀπιόντων τῶν δὲ καὶ προσισταμένων». Icône Haut
  3. «L’Iliade», liv. XXI, v. 16. Icône Haut
  1. En grec «Τούτου μέντοι ἐρᾷς, ὦ νεανίσκε, καλοῦ δὲ οὐδενός». Icône Haut
  2. lettre XVI. Icône Haut
  3. «L’Iliade», liv. XXII, v. 389. Icône Haut

Proclus, « Les Commentaires sur le premier livre des “Éléments” d’Euclide »

éd. D. de Brouwer, coll. de travaux de l’Académie internationale d’histoire des sciences, Bruges

éd. D. de Brou­wer, coll. de tra­vaux de l’Académie in­ter­na­tio­nale d’ des , Bruges

Il s’agit des « sur les “Élé­ments” d’Euclide» par Pro­clus de Ly­cie 1, l’un des der­niers de l’École d’Athènes (Ve siècle apr. J.-C.). Le plus grand — pour ne pas dire l’unique — in­té­rêt de ces «Com­men­taires» ré­side dans le pro­logue de quatre-vingt-une pages par le­quel ils s’ouvrent, et qui consti­tue un ou­vrage à part. Pro­clus y ex­pose ses sur la place gé­né­rale des dans l’économie du sa­voir; puis, il y pré­sente les et les pro­grès de cette science, en pas­sant en re­vue les géo­mètres grecs qui se sont suc­cédé de Tha­lès jusqu’à Eu­clide. De ce fait, Pro­clus est notre prin­ci­pale source pour l’histoire des ma­thé­ma­tiques an­ciennes; en de­hors de lui, nous n’avons qu’un pe­tit nombre de té­moi­gnages épars, qu’il nous se­rait im­pos­sible de co­or­don­ner sans le sien. Pour Pro­clus, comme pour Aris­tote qu’il cite, les ma­thé­ma­tiques ne dé­butent ni en ni en quelque en­droit pri­vi­lé­gié; il se­rait étrange, en ef­fet, qu’un sa­voir aussi spé­ci­fi­que­ment hu­main fût la pro­priété ex­clu­sive d’un seul  : «Se­lon toute vrai­sem­blance», dit  2, «les di­vers [sa­voirs] ont été dé­ve­lop­pés aussi loin que pos­sible, à plu­sieurs re­prises, et chaque fois per­dus». Cela n’empêche pas Pro­clus de sa­luer l’apport spé­ci­fique des Grecs, qui est d’avoir posé les ma­thé­ma­tiques sur leur vrai plan, de les avoir har­di­ment dé­fi­nies comme abs­traites et pu­re­ment ra­tion­nelles, comme libres et dés­in­té­res­sées à l’égard de l’utilité pra­tique : «On ad­mi­rera», dit Pro­clus 3, «les modes va­riés de rai­son­ne­ments [de notre pays] qui [convainquent] tan­tôt en par­tant des , tan­tôt en éma­nant de preuves; mais qui sont tous in­con­tes­tables et ap­pro­priés à la science. On ad­mi­rera aussi ses pro­cé­dés dia­lec­tiques… Men­tion­nons fi­na­le­ment la conti­nuité des in­ven­tions, la ré­par­ti­tion et l’ordre des pré­misses, [et] le ta­lent avec le­quel cha­cune [des] ré­ci­proques est pré­sen­tée. D’ailleurs, ne sait-on pas qu’en leur ajou­tant ou en leur re­tran­chant quelque chose, on s’éloigne de la science et qu’on est en­clin à une er­reur contra­dic­toire et à l’ignorance?» La ques­tion de sa­voir où Pro­clus a pris ses ren­sei­gne­ments his­to­riques offre un pro­blème in­té­res­sant à ré­soudre pour les spé­cia­listes. Ces der­niers pensent qu’il n’a pas consulté de pre­mière main les ou­vrages ma­thé­ma­tiques an­té­rieurs à Eu­clide et qu’il a em­prunté à peu près tout à l’«His­toire géo­mé­trique» d’Eudème de Rhodes (aujourd’hui per­due) et à la «Théo­rie des ma­thé­ma­tiques» de Gé­mi­nus (mal­heu­reu­se­ment per­due aussi).

  1. En Πρόκλος ὁ Λύκιος. Au­tre­fois trans­crit Pro­clos ou Prok­los. Icône Haut
  2. «», 1074b 10-12. Icône Haut
  1. p. 62-63. Icône Haut

« Thalès et ses Emprunts à l’Égypte »

dans « Revue philosophique de la France et de l’étranger », vol. 5, nº 9, p. 299-318

dans «Re­vue phi­lo­so­phique de la et de l’étranger», vol. 5, nº 9, p. 299-318

Il s’agit de Tha­lès de Mi­let 1 (VIIe-VIe siècle av. J.-C.), le pre­mier ayant reçu le titre de «» («so­phos» 2) en . Ce titre est sou­vent com­pris, et il est bon de pré­ci­ser sa si­gni­fi­ca­tion his­to­rique, avant d’aller plus avant. Le «sage» n’était pas né­ces­sai­re­ment «un homme pru­dent, cir­cons­pect», bien que ce mot ait été plus tard em­ployé dans ce sens. Aris­tote dit à ce pro­pos 3 : «Tha­lès et les gens de cette sorte sont , et non pru­dents, car on voit qu’ils ignorent leur propre in­té­rêt; en re­vanche, on [convient] qu’ils pos­sèdent des connais­sances sur­abon­dantes, mer­veilleuses, dif­fi­ciles à ac­qué­rir et di­vines, sans uti­lité im­mé­diate néan­moins, puisqu’ils ne re­cherchent pas les biens de ce ». Le «sage» était donc ce que nous ap­pe­lons «un éru­dit, un sa­vant». Tha­lès, en par­ti­cu­lier, se fit ad­mi­rer pour ses connais­sances en . Ce fut lui qui trans­porta les prin­cipes de cette science de­puis les pays orien­taux jusqu’en Grèce. Pre­miè­re­ment, il était d’origine phé­ni­cienne; , la connais­sance exacte des se trou­vait chez les , à cause du qui fut tou­jours leur af­faire. Deuxiè­me­ment, il alla s’instruire au­près des Égyp­tiens; or, le sa­voir géo­mé­trique se trou­vait en , à cause de l’arpentage constant que sus­ci­tait le Nil, en brouillant les terres culti­vables dans les pé­riodes de crue et d’étiage. On dit qu’instruit ainsi par des , Tha­lès prit bien­tôt l’essor au-des­sus de ses maîtres et qu’il fut le pre­mier à me­su­rer la hau­teur des py­ra­mides, par leur ombre et par celle d’un bâ­ton. De re­tour de ses , il fit part à ses com­pa­triotes de ce qu’il avait ap­pris. Il pré­dit une éclipse de , et l’événement vé­ri­fia ses cal­culs. Sa fa­culté de faire des pré­dic­tions fut à l’origine de cette de l’astronome qui re­gar­dait le sans voir le puits qui était à ses pieds : «On ra­conte de Tha­lès», dit Pla­ton 4, «que tout oc­cupé de l’ et re­gar­dant en haut, il tomba dans un puits, et qu’une ser­vante de Thrace d’un es­prit agréable et fa­cé­tieux se mo­qua de lui, di­sant qu’il vou­lait sa­voir ce qui se pas­sait au ciel, et qu’il ne voyait pas ce qui était de­vant lui». L’on peut dire, pour fi­nir, que Tha­lès pro­fita de toutes les oc­ca­sions pour s’enquérir de ce qui lui sem­blait re­mar­quable ou cu­rieux, et pour le trans­mettre aux Grecs. Le même rôle fut pro­ba­ble­ment joué par d’autres de la même époque; mais Tha­lès se ré­véla l’observateur le plus at­ten­tif et le plus ha­bile in­tro­duc­teur.

  1. En Θαλῆς ὁ Μιλήσιος. Icône Haut
  2. En grec σοφός. Icône Haut
  1. «Éthique à Ni­co­maque», liv. VI, ch. V (1141b 3-8). Icône Haut
  2. «Théé­tète», 174a. Icône Haut