Il s’agit de la « Correspondance diplomatique de 1811 à 1817 » du comte Joseph de Maistre, ambassadeur du roi de Sardaigne en Russie, ministre d’État. Esprit élevé et pénétrant, toujours en éveil et toujours philosophant, le comte de Maistre est pourtant resté en dehors des grands héritiers du XVIIIe siècle dont on recommande la lecture aux élèves. On a parlé de lui ou pour le combattre ou pour l’encenser ; et on a bien fait en un sens. Il mérite d’être combattu en tant que penseur du catholicisme le plus obscurantiste et le moins réformable ; mais encensé en tant que causeur vif et éclatant et génie de la provocation. Le système de pensée de Maistre, comme la plupart des faux systèmes, peut se résumer en un mot : l’unité absolue. Cette unité ne peut être atteinte par les hommes que si un pouvoir tout aussi absolu les réunit. Le représentant de ce pouvoir, d’après Maistre, est le pape dans le domaine spirituel, le roi dans le domaine temporel, qui lui donnent son caractère suprême, indéfectible et sacré : « L’un et l’autre », dit-il 1, « expriment cette haute puissance qui les domine toutes… qui gouverne et n’est pas gouvernée, qui juge et n’est pas jugée ». Voilà l’autorité constituée : autorité religieuse d’une part, autorité civile de l’autre. Rien de tout cela ne doit être confié aux académiciens et aux savants ; et à plus forte raison au bas peuple. L’anarchie menace dès que l’insolente critique du pouvoir est possible : « Il faudrait avoir perdu l’esprit », s’exclame Maistre 2, « pour croire que Dieu ait chargé les académies de nous apprendre ce qu’Il est et ce que nous Lui devons ; il appartient aux prélats, aux nobles… d’être les dépositaires et les gardiens des vérités conservatrices, d’apprendre aux nations… ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel. Les autres n’ont pas droit de raisonner sur ces sortes de matières ! » Ce n’est pas à la masse aveugle qu’il appartient de réfléchir sur les principes obscurs et sans appel auxquels elle est assujettie ; car « il y a des choses qu’on détruit en les montrant » 3. Maistre va bien plus loin. Dans ses « Lettres sur l’Inquisition », il épouse la cause d’un tribunal qui a fait couler des torrents de sang, et qu’il ose décrire comme le « plus circonspect » et le « plus humain » de tout l’univers. Il lui attribue le maintien en Espagne de la foi et de la monarchie contre lesquelles est venue s’user la puissance de Napoléon. Si la France avait eu le bonheur de jouir de l’Inquisition, les désastres de la Révolution française auraient été évités. De là à croire que « les abus valent infiniment mieux que les révolutions » 4 il n’y a qu’un pas. Maistre le franchit ! Il est si déraisonnable, si réactionnaire qu’il semble avoir été inventé pour nous agacer : « Il brave, il défie, il invective, il irrite… ; il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice… Que serait un autel entouré de potences ? Est-ce là de la théologie persuasive ? N’est-ce pas plutôt une provocation à toute âme indépendante qui veut adorer et non trembler ? », écrira Lamartine dans son « Cours familier de littérature ».
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le comte de Maistre, « Correspondance diplomatique (1811-1817). Tome I »
Il s’agit de la « Correspondance diplomatique de 1811 à 1817 » du comte Joseph de Maistre, ambassadeur du roi de Sardaigne en Russie, ministre d’État. Esprit élevé et pénétrant, toujours en éveil et toujours philosophant, le comte de Maistre est pourtant resté en dehors des grands héritiers du XVIIIe siècle dont on recommande la lecture aux élèves. On a parlé de lui ou pour le combattre ou pour l’encenser ; et on a bien fait en un sens. Il mérite d’être combattu en tant que penseur du catholicisme le plus obscurantiste et le moins réformable ; mais encensé en tant que causeur vif et éclatant et génie de la provocation. Le système de pensée de Maistre, comme la plupart des faux systèmes, peut se résumer en un mot : l’unité absolue. Cette unité ne peut être atteinte par les hommes que si un pouvoir tout aussi absolu les réunit. Le représentant de ce pouvoir, d’après Maistre, est le pape dans le domaine spirituel, le roi dans le domaine temporel, qui lui donnent son caractère suprême, indéfectible et sacré : « L’un et l’autre », dit-il 1, « expriment cette haute puissance qui les domine toutes… qui gouverne et n’est pas gouvernée, qui juge et n’est pas jugée ». Voilà l’autorité constituée : autorité religieuse d’une part, autorité civile de l’autre. Rien de tout cela ne doit être confié aux académiciens et aux savants ; et à plus forte raison au bas peuple. L’anarchie menace dès que l’insolente critique du pouvoir est possible : « Il faudrait avoir perdu l’esprit », s’exclame Maistre 2, « pour croire que Dieu ait chargé les académies de nous apprendre ce qu’Il est et ce que nous Lui devons ; il appartient aux prélats, aux nobles… d’être les dépositaires et les gardiens des vérités conservatrices, d’apprendre aux nations… ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel. Les autres n’ont pas droit de raisonner sur ces sortes de matières ! » Ce n’est pas à la masse aveugle qu’il appartient de réfléchir sur les principes obscurs et sans appel auxquels elle est assujettie ; car « il y a des choses qu’on détruit en les montrant » 3. Maistre va bien plus loin. Dans ses « Lettres sur l’Inquisition », il épouse la cause d’un tribunal qui a fait couler des torrents de sang, et qu’il ose décrire comme le « plus circonspect » et le « plus humain » de tout l’univers. Il lui attribue le maintien en Espagne de la foi et de la monarchie contre lesquelles est venue s’user la puissance de Napoléon. Si la France avait eu le bonheur de jouir de l’Inquisition, les désastres de la Révolution française auraient été évités. De là à croire que « les abus valent infiniment mieux que les révolutions » 4 il n’y a qu’un pas. Maistre le franchit ! Il est si déraisonnable, si réactionnaire qu’il semble avoir été inventé pour nous agacer : « Il brave, il défie, il invective, il irrite… ; il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice… Que serait un autel entouré de potences ? Est-ce là de la théologie persuasive ? N’est-ce pas plutôt une provocation à toute âme indépendante qui veut adorer et non trembler ? », écrira Lamartine dans son « Cours familier de littérature ».
Sun Bin, « Le Traité militaire »
éd. Institut de stratégie comparée-Economica, coll. Bibliothèque stratégique, Paris
Il s’agit des « Sept Traités de la guerre » 1 (« Wu jing qi shu » 2), où se concentre l’essence de la pensée stratégique de la Chine ancienne : 1º « Art de la guerre de Sun zi [ou Sun tzu] » 3 (« Sun zi bing fa » 4) ; 2º « Art de la guerre de Wu zi » 5 (« Wu zi bing fa » 6) ; 3º « Art des maréchaux » 7 (« Si ma fa » 8) ; 4º « Maître Wei Liao » 9 (« Wei Liao zi » 10) ; 5º « Stratégie en trois chapitres » 11 (« San Lüe » 12) ; 6º « Six Fourreaux » 13 (« Liu Tao » 14) ; 7º « Dialogue avec Li, duc de Wei » 15 (« Li Wei gong wen dui » 16). On pourrait y ajouter l’« Art de la guerre de Sun Bin » (« Sun Bin bing fa » 17), ouvrage longtemps perdu, puis redécouvert récemment dans une tombe à Yinqueshan. En Occident comme en Chine, c’est le premier des « Sept Traités », et le plus ancien (Ve siècle av. J.-C.), qui est resté le plus fameux : « Art de la guerre de Sun tzu ». Général du roi de Wu 18, Sun tzu aurait obtenu ce poste à la suite d’un fort bel exploit : il aurait créé un corps d’élite féminin, un régiment composé des cent quatre-vingts femmes les plus délicates du palais, que le roi lui aurait confiées pour éprouver ses dons de stratège. « Les Sept Traités de la guerre » sont unanimes à regarder la guerre comme une calamité. On ne l’entreprend que contraint et forcé. La guerre est pour le pays ce qu’une violente maladie est pour le corps. La paix en est la guérison. La nécessité seule doit nous pousser au combat. Encore faut-il épuiser auparavant toutes les ressources de la ruse et de la médiation. Quant au combat lui-même, la sagesse consiste à le mener avec grande retenue, avec « charité », et à y mettre fin le plus tôt qu’il se peut. Le premier chapitre de l’« Art des maréchaux » est intitulé justement « La charité pour fondement ». Il adresse les recommandations suivantes à l’armée qui s’apprêterait à combattre : « Lorsque vous entrerez sur le territoire du coupable, vous ne devez ni profaner ses dieux… ni détruire ses ouvrages d’art, ni brûler ses maisons, ni abattre ses forêts, ni faire main basse sur ses troupeaux, ses récoltes et ses outils. Vous laisserez aller les enfants et les vieillards sans les molester ; vous ne porterez pas la main sur les hommes valides que vous croiserez en chemin, à moins qu’ils ne fassent mine de résister ». Sun tzu le dit aussi en ses propres termes : « Il est préférable de préserver un pays [que de] le détruire… Être victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin. Soumettre l’ennemi sans ensanglanter la lame, voilà le fin du fin ».
- Parfois traduit « Sept Classiques de l’art de la guerre » ou « Les Sept Classiques militaires ».
- En chinois « 武經七書 ». Autrefois transcrit « Wu-ching ch’i-shu ».
- Parfois traduit « L’Art de la guerre selon maître Sun », « Les Treize Articles sur l’art militaire par Sun-tsée », « Méthode stratégique de maître Sun », « Règles de l’art militaire par Sun-tse », « L’Art militaire de Souen tseu », « Art de faire la guerre du maître Sun » ou « L’Art de la guerre de maître Sun ou Sun-tzu ».
- En chinois « 孫子兵法 ». Parfois transcrit « Sun-tse-ping-fa », « Sun tze ping fa », « Sun tzu ping fa » ou « Souen-tseu ping-fa ».
- Autrefois traduit « Le Traité militaire de Wu », « Les Six Articles sur l’art militaire par Ou-tse » ou « Le Traité militaire de maître Wou ou Wou-tseu ».
- En chinois « 吳子兵法 ». Autrefois transcrit « Ou-tse-ping-fa » ou « Wu tzu ping fa ».
- Parfois traduit « Les Quatre Articles sur l’art militaire par Se-ma », « Les Principes du Sema », « Le Code militaire du grand maréchal » ou « Les Règles stratégiques du grand maréchal ».
- En chinois « 司馬法 ». Parfois transcrit « Se-ma-fa », « Sse-ma-fa » ou « Ssu-ma fa ».
- Parfois traduit « Art du commandement de Liao » ou « L’Art du commandement du commandant Leao ».
- En chinois « 尉繚子 ». Autrefois transcrit « Goei-Leao-tse », « Wei Liao tzu » ou « Wei-Leao-tseu ».
- Autrefois traduit « Les Trois Stratégies » ou « Trois Ordres stratégiques ».
- En chinois « 三略 ». Parfois transcrit « San-lio », « San lüeh » ou « San-liue ».
- Autrefois traduit « Les Six Arcanes stratégiques ».
- En chinois « 六韜 ». Parfois transcrit « Liu Thao », « Lou-tao » ou « Lieou T’ao ».
- Autrefois traduit « Questions de l’Empereur des T’ang au général Li Wei-kong », « Les Questions de l’Empereur Taizong des Tang au général Li Jing » ou « Questions et Réponses entre Li Wei-kong et l’Empereur des T’ang ».
- En chinois « 李衛公問對 ». Parfois transcrit « Li Wei-kong wen-touei » ou « Li Wei kung wên tui ». Également connu sous les titres de « Tang Li wen dui » (« 唐李問對 »), c’est-à-dire « Dialogue entre Tang et Li », et « Tang Tai zong Li Jing wen dui » (« 唐太宗李靖問對 »), c’est-à-dire « Dialogue entre Tai zong des Tang et Li Jing ». Parfois transcrit « T’ang Li wen-touei ».
- En chinois « 孫臏兵法 ». Autrefois transcrit « Sun Pin ping-fa ».
- Le roi Helu (闔廬).
Sun tzu et autres stratèges, « Les Sept Traités de la guerre »
Il s’agit des « Sept Traités de la guerre » 1 (« Wu jing qi shu » 2), où se concentre l’essence de la pensée stratégique de la Chine ancienne : 1º « Art de la guerre de Sun zi [ou Sun tzu] » 3 (« Sun zi bing fa » 4) ; 2º « Art de la guerre de Wu zi » 5 (« Wu zi bing fa » 6) ; 3º « Art des maréchaux » 7 (« Si ma fa » 8) ; 4º « Maître Wei Liao » 9 (« Wei Liao zi » 10) ; 5º « Stratégie en trois chapitres » 11 (« San Lüe » 12) ; 6º « Six Fourreaux » 13 (« Liu Tao » 14) ; 7º « Dialogue avec Li, duc de Wei » 15 (« Li Wei gong wen dui » 16). On pourrait y ajouter l’« Art de la guerre de Sun Bin » (« Sun Bin bing fa » 17), ouvrage longtemps perdu, puis redécouvert récemment dans une tombe à Yinqueshan. En Occident comme en Chine, c’est le premier des « Sept Traités », et le plus ancien (Ve siècle av. J.-C.), qui est resté le plus fameux : « Art de la guerre de Sun tzu ». Général du roi de Wu 18, Sun tzu aurait obtenu ce poste à la suite d’un fort bel exploit : il aurait créé un corps d’élite féminin, un régiment composé des cent quatre-vingts femmes les plus délicates du palais, que le roi lui aurait confiées pour éprouver ses dons de stratège. « Les Sept Traités de la guerre » sont unanimes à regarder la guerre comme une calamité. On ne l’entreprend que contraint et forcé. La guerre est pour le pays ce qu’une violente maladie est pour le corps. La paix en est la guérison. La nécessité seule doit nous pousser au combat. Encore faut-il épuiser auparavant toutes les ressources de la ruse et de la médiation. Quant au combat lui-même, la sagesse consiste à le mener avec grande retenue, avec « charité », et à y mettre fin le plus tôt qu’il se peut. Le premier chapitre de l’« Art des maréchaux » est intitulé justement « La charité pour fondement ». Il adresse les recommandations suivantes à l’armée qui s’apprêterait à combattre : « Lorsque vous entrerez sur le territoire du coupable, vous ne devez ni profaner ses dieux… ni détruire ses ouvrages d’art, ni brûler ses maisons, ni abattre ses forêts, ni faire main basse sur ses troupeaux, ses récoltes et ses outils. Vous laisserez aller les enfants et les vieillards sans les molester ; vous ne porterez pas la main sur les hommes valides que vous croiserez en chemin, à moins qu’ils ne fassent mine de résister ». Sun tzu le dit aussi en ses propres termes : « Il est préférable de préserver un pays [que de] le détruire… Être victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin. Soumettre l’ennemi sans ensanglanter la lame, voilà le fin du fin ».
- Parfois traduit « Sept Classiques de l’art de la guerre » ou « Les Sept Classiques militaires ».
- En chinois « 武經七書 ». Autrefois transcrit « Wu-ching ch’i-shu ».
- Parfois traduit « L’Art de la guerre selon maître Sun », « Les Treize Articles sur l’art militaire par Sun-tsée », « Méthode stratégique de maître Sun », « Règles de l’art militaire par Sun-tse », « L’Art militaire de Souen tseu », « Art de faire la guerre du maître Sun » ou « L’Art de la guerre de maître Sun ou Sun-tzu ».
- En chinois « 孫子兵法 ». Parfois transcrit « Sun-tse-ping-fa », « Sun tze ping fa », « Sun tzu ping fa » ou « Souen-tseu ping-fa ».
- Autrefois traduit « Le Traité militaire de Wu », « Les Six Articles sur l’art militaire par Ou-tse » ou « Le Traité militaire de maître Wou ou Wou-tseu ».
- En chinois « 吳子兵法 ». Autrefois transcrit « Ou-tse-ping-fa » ou « Wu tzu ping fa ».
- Parfois traduit « Les Quatre Articles sur l’art militaire par Se-ma », « Les Principes du Sema », « Le Code militaire du grand maréchal » ou « Les Règles stratégiques du grand maréchal ».
- En chinois « 司馬法 ». Parfois transcrit « Se-ma-fa », « Sse-ma-fa » ou « Ssu-ma fa ».
- Parfois traduit « Art du commandement de Liao » ou « L’Art du commandement du commandant Leao ».
- En chinois « 尉繚子 ». Autrefois transcrit « Goei-Leao-tse », « Wei Liao tzu » ou « Wei-Leao-tseu ».
- Autrefois traduit « Les Trois Stratégies » ou « Trois Ordres stratégiques ».
- En chinois « 三略 ». Parfois transcrit « San-lio », « San lüeh » ou « San-liue ».
- Autrefois traduit « Les Six Arcanes stratégiques ».
- En chinois « 六韜 ». Parfois transcrit « Liu Thao », « Lou-tao » ou « Lieou T’ao ».
- Autrefois traduit « Questions de l’Empereur des T’ang au général Li Wei-kong », « Les Questions de l’Empereur Taizong des Tang au général Li Jing » ou « Questions et Réponses entre Li Wei-kong et l’Empereur des T’ang ».
- En chinois « 李衛公問對 ». Parfois transcrit « Li Wei-kong wen-touei » ou « Li Wei kung wên tui ». Également connu sous les titres de « Tang Li wen dui » (« 唐李問對 »), c’est-à-dire « Dialogue entre Tang et Li », et « Tang Tai zong Li Jing wen dui » (« 唐太宗李靖問對 »), c’est-à-dire « Dialogue entre Tai zong des Tang et Li Jing ». Parfois transcrit « T’ang Li wen-touei ».
- En chinois « 孫臏兵法 ». Autrefois transcrit « Sun Pin ping-fa ».
- Le roi Helu (闔廬).
« “Sijiu fu”, En pensant à mes vieux amis »
dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale : idéologies, débats et pratiques chez Ruan Ji et Ji Kang » (éd. électronique)
Il s’agit d’« En pensant à mes vieux amis » 1 (« Sijiu fu » 2) et autres œuvres des « Sept Sages du bosquet de bambous » 3 (« Zhulin qi xian » 4), un cénacle de sept anticonformistes chinois, hippies avant la lettre, qu’un même dégoût des conventions et un même amour de « la spontanéité naturelle » (« ziran » 5) réunissaient vers 260 apr. J.-C. Ji Kang et Ruan Ji 6 arrivaient en tête de ce groupe d’amis inséparables ; suivaient Shan Tao, Ruan Xian, Wang Rong, Liu Ling et Xiang Xiu 7. Ils parcouraient le bosquet de Shanyang 8 en s’éloignant de l’embarras des affaires. Adossés à de vieux arbres, ils en goûtaient l’ombrage. Au bord d’un ruisseau, ils composaient des poèmes. Égayés par le va-et-vient de la faune et par la splendeur de la flore, ils jouaient des mélodies célestes, sur le point de s’envoler en dansant dans les airs. Demandant à l’ivresse l’oubli de la tristesse, ils auraient pu avoir pour devise : « Quand mon verre est plein, je le vide ; quand il est vide, je le plains ». Un jour que Ruan Ji, l’un des sept, était à jouer aux échecs, on vint lui apprendre la mort de sa mère ; son adversaire voulut aussitôt interrompre la partie, mais Ruan Ji, occupé de son jeu, voulut continuer. Il se fit même apporter deux vases de vin, qu’il vida, et sortit si saoul qu’il fallut le porter chez lui. Un contemporain, Pei Kai 9, alla lui offrir ses condoléances et le vit faisant cuire de la viande de porc et sifflant 10 ; il commenta : « Ruan Ji est un homme au-delà de la moralité ordinaire ; c’est pourquoi il ne respecte pas les cérémonies rituelles. Des gens comme vous et moi appartenons [au contraire] au domaine de la coutume… » 11 Ji Kang rendit alors visite à Ruan Ji en apportant sa cithare et du vin. Telle fut la première rencontre entre ces ermites hors des règles sociales, à l’origine du cénacle « du bosquet de bambous ». Pourtant, l’attitude des sept à l’égard de la boisson semble avoir été plus esthétique que charnelle. En voici une preuve : Le voisin de Ruan Ji avait une fort jolie femme. Elle vendait du vin, et Ruan Ji et Wang Rong allaient boire chez elle ; quelquefois, lorsque Ruan Ji était ivre, il s’endormait à côté d’elle. Au début, naturellement, le mari de la jeune femme se méfiait beaucoup ; puis, ayant observé attentivement ce qui se passait, « il se rendit compte que Ruan Ji n’avait pas d’autre intention »
- Parfois traduit « Pensées sur mes anciens amis », « Méditation sur les anciens amis » ou « En souvenir des temps anciens ».
- En chinois « 思舊賦 ». Parfois transcrit « Sseu kieou fou ».
- Autrefois traduit « Sept Amis de la forêt de bambou », « Sept Hommes vertueux de la forêt de bambous », « Sept Sages de la bambouseraie » ou « Sept Sages de Tchou-lin ».
- En chinois 竹林七賢. Autrefois transcrit « Tchou-lin ts’i-hien » ou « Chu-lin ch’i-hsien ».
- En chinois 自然.
- En chinois 阮籍. Autrefois transcrit Yuan Tsi ou Jouan Tsi.
- En chinois 山濤, 阮咸, 王戎, 劉伶 et 向秀 (respectivement). Parfois transcrit Shan T’ao, Yüan Hsien, Wang Jung, Liu Ling et Hsiang Hsiu ; ou Chan T’ao, Yuan Hien, Wang Jong, Lieou Ling et Hiang Sieou (respectivement).
- En chinois 山陽.
- En chinois 裴楷.
- Ce qui était rigoureusement proscrit dans les rites de deuil confucéens.
- Dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale », p. 576.
« “Méditations poétiques” de Jouan Tsi [ou Ruan Ji] »
dans « Anthologie de la poésie chinoise classique » (éd. Gallimard-UNESCO, coll. Connaissance de l’Orient, Paris)
Il s’agit d’une traduction partielle des « “Méditations poétiques” de Ruan Ji » 1 (« Ruan Ji “Yonghuaishi” » 2) et autres œuvres des « Sept Sages du bosquet de bambous » 3 (« Zhulin qi xian » 4), un cénacle de sept anticonformistes chinois, hippies avant la lettre, qu’un même dégoût des conventions et un même amour de « la spontanéité naturelle » (« ziran » 5) réunissaient vers 260 apr. J.-C. Ji Kang et Ruan Ji 6 arrivaient en tête de ce groupe d’amis inséparables ; suivaient Shan Tao, Ruan Xian, Wang Rong, Liu Ling et Xiang Xiu 7. Ils parcouraient le bosquet de Shanyang 8 en s’éloignant de l’embarras des affaires. Adossés à de vieux arbres, ils en goûtaient l’ombrage. Au bord d’un ruisseau, ils composaient des poèmes. Égayés par le va-et-vient de la faune et par la splendeur de la flore, ils jouaient des mélodies célestes, sur le point de s’envoler en dansant dans les airs. Demandant à l’ivresse l’oubli de la tristesse, ils auraient pu avoir pour devise : « Quand mon verre est plein, je le vide ; quand il est vide, je le plains ». Un jour que Ruan Ji, l’un des sept, était à jouer aux échecs, on vint lui apprendre la mort de sa mère ; son adversaire voulut aussitôt interrompre la partie, mais Ruan Ji, occupé de son jeu, voulut continuer. Il se fit même apporter deux vases de vin, qu’il vida, et sortit si saoul qu’il fallut le porter chez lui. Un contemporain, Pei Kai 9, alla lui offrir ses condoléances et le vit faisant cuire de la viande de porc et sifflant 10 ; il commenta : « Ruan Ji est un homme au-delà de la moralité ordinaire ; c’est pourquoi il ne respecte pas les cérémonies rituelles. Des gens comme vous et moi appartenons [au contraire] au domaine de la coutume… » 11 Ji Kang rendit alors visite à Ruan Ji en apportant sa cithare et du vin. Telle fut la première rencontre entre ces ermites hors des règles sociales, à l’origine du cénacle « du bosquet de bambous ». Pourtant, l’attitude des sept à l’égard de la boisson semble avoir été plus esthétique que charnelle. En voici une preuve : Le voisin de Ruan Ji avait une fort jolie femme. Elle vendait du vin, et Ruan Ji et Wang Rong allaient boire chez elle ; quelquefois, lorsque Ruan Ji était ivre, il s’endormait à côté d’elle. Au début, naturellement, le mari de la jeune femme se méfiait beaucoup ; puis, ayant observé attentivement ce qui se passait, « il se rendit compte que Ruan Ji n’avait pas d’autre intention »
- Parfois traduit « En exposant mes sentiments », « Ce que j’ai au cœur », « Chants des profondes pensées », « En exprimant ce que je ressens », « Mes Pensées intimes », « Poèmes chantant le fond de mon cœur » ou « Poèmes intimes ».
- En chinois « 阮籍詠懷詩 ».
- Autrefois traduit « Sept Amis de la forêt de bambou », « Sept Hommes vertueux de la forêt de bambous », « Sept Sages de la bambouseraie » ou « Sept Sages de Tchou-lin ».
- En chinois 竹林七賢. Autrefois transcrit « Tchou-lin ts’i-hien » ou « Chu-lin ch’i-hsien ».
- En chinois 自然.
- En chinois 阮籍. Autrefois transcrit Yuan Tsi ou Jouan Tsi.
- En chinois 山濤, 阮咸, 王戎, 劉伶 et 向秀 (respectivement). Parfois transcrit Shan T’ao, Yüan Hsien, Wang Jung, Liu Ling et Hsiang Hsiu ; ou Chan T’ao, Yuan Hien, Wang Jong, Lieou Ling et Hiang Sieou (respectivement).
- En chinois 山陽.
- En chinois 裴楷.
- Ce qui était rigoureusement proscrit dans les rites de deuil confucéens.
- Dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale », p. 576.
« Le Poète Jouan Tsi [ou Ruan Ji] (210-263) »
dans « Chine ancienne : actes du XXIXe Congrès international des orientalistes » (éd. L’Asiathèque, Paris)
Il s’agit d’une traduction partielle des « “Méditations poétiques” de Ruan Ji » 1 (« Ruan Ji “Yonghuaishi” » 2) et autres œuvres des « Sept Sages du bosquet de bambous » 3 (« Zhulin qi xian » 4), un cénacle de sept anticonformistes chinois, hippies avant la lettre, qu’un même dégoût des conventions et un même amour de « la spontanéité naturelle » (« ziran » 5) réunissaient vers 260 apr. J.-C. Ji Kang et Ruan Ji 6 arrivaient en tête de ce groupe d’amis inséparables ; suivaient Shan Tao, Ruan Xian, Wang Rong, Liu Ling et Xiang Xiu 7. Ils parcouraient le bosquet de Shanyang 8 en s’éloignant de l’embarras des affaires. Adossés à de vieux arbres, ils en goûtaient l’ombrage. Au bord d’un ruisseau, ils composaient des poèmes. Égayés par le va-et-vient de la faune et par la splendeur de la flore, ils jouaient des mélodies célestes, sur le point de s’envoler en dansant dans les airs. Demandant à l’ivresse l’oubli de la tristesse, ils auraient pu avoir pour devise : « Quand mon verre est plein, je le vide ; quand il est vide, je le plains ». Un jour que Ruan Ji, l’un des sept, était à jouer aux échecs, on vint lui apprendre la mort de sa mère ; son adversaire voulut aussitôt interrompre la partie, mais Ruan Ji, occupé de son jeu, voulut continuer. Il se fit même apporter deux vases de vin, qu’il vida, et sortit si saoul qu’il fallut le porter chez lui. Un contemporain, Pei Kai 9, alla lui offrir ses condoléances et le vit faisant cuire de la viande de porc et sifflant 10 ; il commenta : « Ruan Ji est un homme au-delà de la moralité ordinaire ; c’est pourquoi il ne respecte pas les cérémonies rituelles. Des gens comme vous et moi appartenons [au contraire] au domaine de la coutume… » 11 Ji Kang rendit alors visite à Ruan Ji en apportant sa cithare et du vin. Telle fut la première rencontre entre ces ermites hors des règles sociales, à l’origine du cénacle « du bosquet de bambous ». Pourtant, l’attitude des sept à l’égard de la boisson semble avoir été plus esthétique que charnelle. En voici une preuve : Le voisin de Ruan Ji avait une fort jolie femme. Elle vendait du vin, et Ruan Ji et Wang Rong allaient boire chez elle ; quelquefois, lorsque Ruan Ji était ivre, il s’endormait à côté d’elle. Au début, naturellement, le mari de la jeune femme se méfiait beaucoup ; puis, ayant observé attentivement ce qui se passait, « il se rendit compte que Ruan Ji n’avait pas d’autre intention »
- Parfois traduit « En exposant mes sentiments », « Ce que j’ai au cœur », « Chants des profondes pensées », « En exprimant ce que je ressens », « Mes Pensées intimes », « Poèmes chantant le fond de mon cœur » ou « Poèmes intimes ».
- En chinois « 阮籍詠懷詩 ».
- Autrefois traduit « Sept Amis de la forêt de bambou », « Sept Hommes vertueux de la forêt de bambous », « Sept Sages de la bambouseraie » ou « Sept Sages de Tchou-lin ».
- En chinois 竹林七賢. Autrefois transcrit « Tchou-lin ts’i-hien » ou « Chu-lin ch’i-hsien ».
- En chinois 自然.
- En chinois 阮籍. Autrefois transcrit Yuan Tsi ou Jouan Tsi.
- En chinois 山濤, 阮咸, 王戎, 劉伶 et 向秀 (respectivement). Parfois transcrit Shan T’ao, Yüan Hsien, Wang Jung, Liu Ling et Hsiang Hsiu ; ou Chan T’ao, Yuan Hien, Wang Jong, Lieou Ling et Hiang Sieou (respectivement).
- En chinois 山陽.
- En chinois 裴楷.
- Ce qui était rigoureusement proscrit dans les rites de deuil confucéens.
- Dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale », p. 576.
« Le Poète Xi Kang [ou Ji Kang] et le Club des “Sept Sages de la forêt de bambous” »
dans « Le Taoïsme et les Religions chinoises » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque des histoires, Paris), p. 331-340
Il s’agit de la « Chanson de la vertu du vin » 1 (« Jiude song » 2) et autres œuvres des « Sept Sages du bosquet de bambous » 3 (« Zhulin qi xian » 4), un cénacle de sept anticonformistes chinois, hippies avant la lettre, qu’un même dégoût des conventions et un même amour de « la spontanéité naturelle » (« ziran » 5) réunissaient vers 260 apr. J.-C. Ji Kang et Ruan Ji 6 arrivaient en tête de ce groupe d’amis inséparables ; suivaient Shan Tao, Ruan Xian, Wang Rong, Liu Ling et Xiang Xiu 7. Ils parcouraient le bosquet de Shanyang 8 en s’éloignant de l’embarras des affaires. Adossés à de vieux arbres, ils en goûtaient l’ombrage. Au bord d’un ruisseau, ils composaient des poèmes. Égayés par le va-et-vient de la faune et par la splendeur de la flore, ils jouaient des mélodies célestes, sur le point de s’envoler en dansant dans les airs. Demandant à l’ivresse l’oubli de la tristesse, ils auraient pu avoir pour devise : « Quand mon verre est plein, je le vide ; quand il est vide, je le plains ». Un jour que Ruan Ji, l’un des sept, était à jouer aux échecs, on vint lui apprendre la mort de sa mère ; son adversaire voulut aussitôt interrompre la partie, mais Ruan Ji, occupé de son jeu, voulut continuer. Il se fit même apporter deux vases de vin, qu’il vida, et sortit si saoul qu’il fallut le porter chez lui. Un contemporain, Pei Kai 9, alla lui offrir ses condoléances et le vit faisant cuire de la viande de porc et sifflant 10 ; il commenta : « Ruan Ji est un homme au-delà de la moralité ordinaire ; c’est pourquoi il ne respecte pas les cérémonies rituelles. Des gens comme vous et moi appartenons [au contraire] au domaine de la coutume… » 11 Ji Kang rendit alors visite à Ruan Ji en apportant sa cithare et du vin. Telle fut la première rencontre entre ces ermites hors des règles sociales, à l’origine du cénacle « du bosquet de bambous ». Pourtant, l’attitude des sept à l’égard de la boisson semble avoir été plus esthétique que charnelle. En voici une preuve : Le voisin de Ruan Ji avait une fort jolie femme. Elle vendait du vin, et Ruan Ji et Wang Rong allaient boire chez elle ; quelquefois, lorsque Ruan Ji était ivre, il s’endormait à côté d’elle. Au début, naturellement, le mari de la jeune femme se méfiait beaucoup ; puis, ayant observé attentivement ce qui se passait, « il se rendit compte que Ruan Ji n’avait pas d’autre intention »
- Parfois traduit « Éloge de la vertu du vin » ou « Hommage au mérite du vin ».
- En chinois « 酒德頌 ». Autrefois transcrit « Tsieou tö hiong », « Tsieou-tö song » ou « Chiu-te sung ».
- Autrefois traduit « Sept Amis de la forêt de bambou », « Sept Hommes vertueux de la forêt de bambous », « Sept Sages de la bambouseraie » ou « Sept Sages de Tchou-lin ».
- En chinois 竹林七賢. Autrefois transcrit « Tchou-lin ts’i-hien » ou « Chu-lin ch’i-hsien ».
- En chinois 自然.
- En chinois 阮籍. Autrefois transcrit Yuan Tsi ou Jouan Tsi.
- En chinois 山濤, 阮咸, 王戎, 劉伶 et 向秀 (respectivement). Parfois transcrit Shan T’ao, Yüan Hsien, Wang Jung, Liu Ling et Hsiang Hsiu ; ou Chan T’ao, Yuan Hien, Wang Jong, Lieou Ling et Hiang Sieou (respectivement).
- En chinois 山陽.
- En chinois 裴楷.
- Ce qui était rigoureusement proscrit dans les rites de deuil confucéens.
- Dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale », p. 576.
Ji Kang, « Le “Sheng wu aile lun”, [ou] Discussion sur l’absence de joie et de tristesse en musique »
dans « Esthétique de la musique en Chine médiévale : idéologies, débats et pratiques chez Ruan Ji et Ji Kang » (éd. électronique)
Il s’agit d’« Il n’est ni joie ni tristesse qui tienne en musique » 1 (« Sheng wu aile lun » 2) de Ji Kang 3, virtuose de la cithare, fervent taoïste, poète attachant par ses opinions et ses manières de voir autant que par son talent, chef de file des « Sept Sages du bosquet de bambous » (fameux cénacle dont je parlerai ailleurs). Fier, indépendant, Ji Kang était un homme de la haute société, époux d’une princesse, mais alliant un amour mystique, presque religieux, de la nature et un profond dégoût pour les règles et les idées reçues. Il proclamait haut et fort, seize siècles avant Flaubert dans sa « Correspondance » 4, que « les honneurs déshonorent ; le titre dégrade ; la fonction abrutit ». Dans sa « Lettre de rupture avec Shan Tao », il confiait que l’éducation libertaire qu’il a reçue dans son enfance a fait de lui « un cerf sauvage » qui devient comme fou à la vue des liens rigides que porte au cou tout fonctionnaire en poste : « Un cerf sauvage se pliera à ce qu’on lui a inculqué, pourvu qu’on l’ait capturé et pris en main encore jeune. Mais qu’on lui passe la bride, une fois adulte, et il se débattra comme un dément, pour faire voler ses liens, quitte à ruer dans les flammes ou l’eau bouillante ». Ji Kang se jugeait, en somme, totalement inapte au service mandarinal. Aux yeux de ses contemporains, pour un homme de sa classe et de sa condition, c’était un véritable crime de ne pas être fonctionnaire — un crime non seulement contre la tradition, mais contre les assises mêmes de l’autorité confucianiste. Ji Kang s’en rendait compte, mais son esprit excentrique et rebelle l’entraînait irrésistiblement vers la poésie, la musique céleste, les ébats dans la nature, les promenades heureuses au cours desquelles il se perdait au point d’oublier le retour. La légende se plaît à le représenter vagabondant dans le bosquet de bambous de Shanyang où il réunissait ses amis, tous plus bizarres les uns que les autres, recherchant des plantes dont il préparait des drogues d’immortalité, et « se nourrissant des vapeurs roses de l’aurore » (« can xia » 5).
- Parfois traduit « Discussion sur l’absence de joie et de tristesse en musique », « Dialogue sur une musique sans joie ni tristesse », « Le son n’a ni tristesse ni joie » ou « La musique n’a ni joie ni tristesse ».
- En chinois « 聲無哀樂論 ». Autrefois transcrit « Cheng wou ngai lo louen ».
- En chinois 嵇康. Parfois transcrit Xi Kang, Ki Kang, Chi K’ang, Tsi K’ang, Hsi K’ang, Hi K’ang ou Si K’ang.
Ji Kang, « La Description poétique du “qin” »
dans « L’Art du “qin” : deux textes d’esthétique musicale chinoise » (éd. Institut belge des hautes études chinoises, coll. Mélanges chinois et bouddhiques, Bruxelles), p. 19-46
Il s’agit de « La Description poétique de la cithare » 1 (« Qinfu » 2) de Ji Kang 3, virtuose de la cithare, fervent taoïste, poète attachant par ses opinions et ses manières de voir autant que par son talent, chef de file des « Sept Sages du bosquet de bambous » (fameux cénacle dont je parlerai ailleurs). Fier, indépendant, Ji Kang était un homme de la haute société, époux d’une princesse, mais alliant un amour mystique, presque religieux, de la nature et un profond dégoût pour les règles et les idées reçues. Il proclamait haut et fort, seize siècles avant Flaubert dans sa « Correspondance » 4, que « les honneurs déshonorent ; le titre dégrade ; la fonction abrutit ». Dans sa « Lettre de rupture avec Shan Tao », il confiait que l’éducation libertaire qu’il a reçue dans son enfance a fait de lui « un cerf sauvage » qui devient comme fou à la vue des liens rigides que porte au cou tout fonctionnaire en poste : « Un cerf sauvage se pliera à ce qu’on lui a inculqué, pourvu qu’on l’ait capturé et pris en main encore jeune. Mais qu’on lui passe la bride, une fois adulte, et il se débattra comme un dément, pour faire voler ses liens, quitte à ruer dans les flammes ou l’eau bouillante ». Ji Kang se jugeait, en somme, totalement inapte au service mandarinal. Aux yeux de ses contemporains, pour un homme de sa classe et de sa condition, c’était un véritable crime de ne pas être fonctionnaire — un crime non seulement contre la tradition, mais contre les assises mêmes de l’autorité confucianiste. Ji Kang s’en rendait compte, mais son esprit excentrique et rebelle l’entraînait irrésistiblement vers la poésie, la musique céleste, les ébats dans la nature, les promenades heureuses au cours desquelles il se perdait au point d’oublier le retour. La légende se plaît à le représenter vagabondant dans le bosquet de bambous de Shanyang où il réunissait ses amis, tous plus bizarres les uns que les autres, recherchant des plantes dont il préparait des drogues d’immortalité, et « se nourrissant des vapeurs roses de l’aurore » (« can xia » 5).
- Parfois traduit « La Description poétique du “qin” », « Rhapsodie sur la cithare », « “Fu” sur la cithare », « “Fou” du luth » ou « Éloge du luth ».
- En chinois « 琴賦 ». Autrefois transcrit « K’in-fou ».
- En chinois 嵇康. Parfois transcrit Xi Kang, Ki Kang, Chi K’ang, Tsi K’ang, Hsi K’ang, Hi K’ang ou Si K’ang.
Ji Kang, « Se délivrer des sentiments personnels »
dans « La Vie et la Pensée de Hi K’ang [ou Ji Kang] (223-262 apr. J.-C.) », éd. E. J. Brill, Leyde, p. 122-130
Il s’agit de « Se délivrer des sentiments personnels » 1 (« Shisi lun » 2) de Ji Kang 3, virtuose de la cithare, fervent taoïste, poète attachant par ses opinions et ses manières de voir autant que par son talent, chef de file des « Sept Sages du bosquet de bambous » (fameux cénacle dont je parlerai ailleurs). Fier, indépendant, Ji Kang était un homme de la haute société, époux d’une princesse, mais alliant un amour mystique, presque religieux, de la nature et un profond dégoût pour les règles et les idées reçues. Il proclamait haut et fort, seize siècles avant Flaubert dans sa « Correspondance » 4, que « les honneurs déshonorent ; le titre dégrade ; la fonction abrutit ». Dans sa « Lettre de rupture avec Shan Tao », il confiait que l’éducation libertaire qu’il a reçue dans son enfance a fait de lui « un cerf sauvage » qui devient comme fou à la vue des liens rigides que porte au cou tout fonctionnaire en poste : « Un cerf sauvage se pliera à ce qu’on lui a inculqué, pourvu qu’on l’ait capturé et pris en main encore jeune. Mais qu’on lui passe la bride, une fois adulte, et il se débattra comme un dément, pour faire voler ses liens, quitte à ruer dans les flammes ou l’eau bouillante ». Ji Kang se jugeait, en somme, totalement inapte au service mandarinal. Aux yeux de ses contemporains, pour un homme de sa classe et de sa condition, c’était un véritable crime de ne pas être fonctionnaire — un crime non seulement contre la tradition, mais contre les assises mêmes de l’autorité confucianiste. Ji Kang s’en rendait compte, mais son esprit excentrique et rebelle l’entraînait irrésistiblement vers la poésie, la musique céleste, les ébats dans la nature, les promenades heureuses au cours desquelles il se perdait au point d’oublier le retour. La légende se plaît à le représenter vagabondant dans le bosquet de bambous de Shanyang où il réunissait ses amis, tous plus bizarres les uns que les autres, recherchant des plantes dont il préparait des drogues d’immortalité, et « se nourrissant des vapeurs roses de l’aurore » (« can xia » 5).
- Parfois traduit « Essai sur la déprise de l’ego », « Traité sur la déprise du moi » ou « Se délivrer du moi ».
- En chinois « 釋私論 ». Autrefois transcrit « Shih-ssû-lun », « Shih-tzu-lun » ou « Che sseu louen ».
- En chinois 嵇康. Parfois transcrit Xi Kang, Ki Kang, Chi K’ang, Tsi K’ang, Hsi K’ang, Hi K’ang ou Si K’ang.
« Réponse de Hsi K’ang [ou Ji Kang] à la réfutation par Hsiang Tseu-ts’i [ou Xiang Ziqi] de son essai sur l’art de nourrir le principe vital »
dans « Éloge de l’anarchie par deux excentriques chinois : polémiques du IIIe siècle » (éd. de l’Encyclopédie des nuisances, Paris), p. 75-92
Il s’agit de la « Réponse à la réfutation (par Xiang Ziqi) de l’essai sur l’art de nourrir le principe vital » 1 (« Da (Xiang Ziqi) nan yangsheng lun » 2) de Ji Kang 3, virtuose de la cithare, fervent taoïste, poète attachant par ses opinions et ses manières de voir autant que par son talent, chef de file des « Sept Sages du bosquet de bambous » (fameux cénacle dont je parlerai ailleurs). Fier, indépendant, Ji Kang était un homme de la haute société, époux d’une princesse, mais alliant un amour mystique, presque religieux, de la nature et un profond dégoût pour les règles et les idées reçues. Il proclamait haut et fort, seize siècles avant Flaubert dans sa « Correspondance » 4, que « les honneurs déshonorent ; le titre dégrade ; la fonction abrutit ». Dans sa « Lettre de rupture avec Shan Tao », il confiait que l’éducation libertaire qu’il a reçue dans son enfance a fait de lui « un cerf sauvage » qui devient comme fou à la vue des liens rigides que porte au cou tout fonctionnaire en poste : « Un cerf sauvage se pliera à ce qu’on lui a inculqué, pourvu qu’on l’ait capturé et pris en main encore jeune. Mais qu’on lui passe la bride, une fois adulte, et il se débattra comme un dément, pour faire voler ses liens, quitte à ruer dans les flammes ou l’eau bouillante ». Ji Kang se jugeait, en somme, totalement inapte au service mandarinal. Aux yeux de ses contemporains, pour un homme de sa classe et de sa condition, c’était un véritable crime de ne pas être fonctionnaire — un crime non seulement contre la tradition, mais contre les assises mêmes de l’autorité confucianiste. Ji Kang s’en rendait compte, mais son esprit excentrique et rebelle l’entraînait irrésistiblement vers la poésie, la musique céleste, les ébats dans la nature, les promenades heureuses au cours desquelles il se perdait au point d’oublier le retour. La légende se plaît à le représenter vagabondant dans le bosquet de bambous de Shanyang où il réunissait ses amis, tous plus bizarres les uns que les autres, recherchant des plantes dont il préparait des drogues d’immortalité, et « se nourrissant des vapeurs roses de l’aurore » (« can xia » 5).
- Parfois traduit « Réponse à la réfutation du traité sur l’entretien du principe vital », « Réponse à la réfutation du traité sur l’art de nourrir sa vie », « Réponse à la critique de l’essai “Nourrir la vie” » ou « Réponse à la critique du “Nourrir la vie” ».
- En chinois « 答(向子期)難養生論 ». Autrefois transcrit « Ta nan yang cheng louen ».
- En chinois 嵇康. Parfois transcrit Xi Kang, Ki Kang, Chi K’ang, Tsi K’ang, Hsi K’ang, Hi K’ang ou Si K’ang.
Ji Kang, « Essai sur l’art de nourrir le principe vital »
dans « Éloge de l’anarchie par deux excentriques chinois : polémiques du IIIe siècle » (éd. de l’Encyclopédie des nuisances, Paris), p. 65-70
Il s’agit de l’« Essai sur l’art de nourrir le principe vital » 1 (« Yangsheng lun » 2) de Ji Kang 3, virtuose de la cithare, fervent taoïste, poète attachant par ses opinions et ses manières de voir autant que par son talent, chef de file des « Sept Sages du bosquet de bambous » (fameux cénacle dont je parlerai ailleurs). Fier, indépendant, Ji Kang était un homme de la haute société, époux d’une princesse, mais alliant un amour mystique, presque religieux, de la nature et un profond dégoût pour les règles et les idées reçues. Il proclamait haut et fort, seize siècles avant Flaubert dans sa « Correspondance » 4, que « les honneurs déshonorent ; le titre dégrade ; la fonction abrutit ». Dans sa « Lettre de rupture avec Shan Tao », il confiait que l’éducation libertaire qu’il a reçue dans son enfance a fait de lui « un cerf sauvage » qui devient comme fou à la vue des liens rigides que porte au cou tout fonctionnaire en poste : « Un cerf sauvage se pliera à ce qu’on lui a inculqué, pourvu qu’on l’ait capturé et pris en main encore jeune. Mais qu’on lui passe la bride, une fois adulte, et il se débattra comme un dément, pour faire voler ses liens, quitte à ruer dans les flammes ou l’eau bouillante ». Ji Kang se jugeait, en somme, totalement inapte au service mandarinal. Aux yeux de ses contemporains, pour un homme de sa classe et de sa condition, c’était un véritable crime de ne pas être fonctionnaire — un crime non seulement contre la tradition, mais contre les assises mêmes de l’autorité confucianiste. Ji Kang s’en rendait compte, mais son esprit excentrique et rebelle l’entraînait irrésistiblement vers la poésie, la musique céleste, les ébats dans la nature, les promenades heureuses au cours desquelles il se perdait au point d’oublier le retour. La légende se plaît à le représenter vagabondant dans le bosquet de bambous de Shanyang où il réunissait ses amis, tous plus bizarres les uns que les autres, recherchant des plantes dont il préparait des drogues d’immortalité, et « se nourrissant des vapeurs roses de l’aurore » (« can xia » 5).
- Parfois traduit « Traité sur l’entretien du principe vital », « Traité sur l’art de nourrir sa vie », « Nourrir la vie » ou « Nourrir le principe vital ».
- En chinois « 養生論 ». Autrefois transcrit « Yang cheng louen ».
- En chinois 嵇康. Parfois transcrit Xi Kang, Ki Kang, Chi K’ang, Tsi K’ang, Hsi K’ang, Hi K’ang ou Si K’ang.