Icône Mot-clefCour et courtisans

su­jet

« Les Minnesingers. Walther von der Vogelweide (1190-1240) »

dans « Bulletin de la Société littéraire de Strasbourg », vol. 2, p. 29-62

dans «Bul­le­tin de la lit­té­raire de Stras­bourg», vol. 2, p. 29-62

Il s’agit de «Sous les tilleuls…» («Un­der der lin­den…» 1), «Hé­las! Comme toutes mes an­nées se sont éva­po­rées» 2Owê! War sint vers­wun­den al­liu mî­niu jâr») et autres chants de Wal­ther von der Vo­gel­weide, dit Wal­ther de la Vo­gel­weide, le pre­mier grand poète de al­le­mande. «Qu’avez-vous fait», de­manda-t-on une fois à Henri Heine 3, «le pre­mier jour de votre ar­ri­vée à Pa­ris? Quelle fut votre pre­mière course?» On s’attendait à l’entendre nom­mer la place de la Concorde ou bien le Pan­théon. «Tout de suite après mon ar­ri­vée», dit Heine, «j’étais allé à la Bi­blio­thèque royale (l’actuelle Bi­blio­thèque na­tio­nale de ) et je m’étais fait mon­trer par le conser­va­teur le ma­nus­crit des “Min­ne­sin­gers”… Et c’est vrai : de­puis des an­nées, je dé­si­rais voir de mes yeux les chères feuilles qui nous ont conservé les poé­sies de Wal­ther de la Vo­gel­weide, le plus grand ly­rique .» À la fin du XIIe siècle, Vienne, ville aux confins de l’aire ger­ma­nique, en de­vint la mé­tro­pole ar­tis­tique. Elle s’ennoblit par les chants des trou­ba­dours cé­lèbres — les min­ne­sin­gers (chantres d’) — dont l’Alsacien Rein­mar de Ha­gue­nau, qui y trans­porta les formes et l’esprit de la cour­toise fran­çaise. C’est sous sa di­rec­tion que Vo­gel­weide fit son ap­pren­tis­sage de poète. L’élève sur­passa bien­tôt ses contem­po­rains et son maître; et c’est mer­veille de voir à quel point, entre ses mains ha­biles, le vieux haut-al­le­mand s’assouplit et se ra­dou­cit. Ce­pen­dant, mal­gré ses ser­vices et sa , Vo­gel­weide était pauvre, et à la du duc Fré­dé­ric Ier d’Autriche, il resta sans pro­tec­teur. Il dut se ré­soudre à quit­ter Vienne et à me­ner une va­ga­bonde. Cette date marque un tour­nant dans la . Au contact des éco­lâtres iti­né­rants, go­liards, jon­gleurs, Vo­gel­weide éten­dit la forme du «min­ne­lied» («chan­son d’amour») à l’amour de la pa­trie, de la beauté, aux ré­flexions mo­rales, aux plus per­son­nels et plus vil­la­geois aussi, les jeunes pay­sannes rem­pla­çant les châ­te­laines : «De l’Elbe jusqu’au Rhin», dit-il 4, «et de là jusqu’aux de , se ren­contrent bien les meilleures que j’aie … Si j’ai bon et bon pour la beauté, pour la grâce, de par , je ju­re­rais bien que chez nous les simples valent mieux qu’ailleurs les grandes dames». Une des com­po­si­tions les plus gra­cieuses et les plus fraîches de Vo­gel­weide est sa pas­tou­relle «Sous les tilleuls…», où une jeune femme dé­crit, avec pu­deur et sim­pli­cité, les joies qu’elle a éprou­vées dans les bras de son amant, à l’ombre des té­moins.

  1. On ren­contre aussi la gra­phie «Un­ter den lin­den…». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Hé­las! Où sont al­lées toutes mes an­nées», «Hé­las! Que sont de­ve­nues toutes mes an­nées», «Ô tris­tesse! Par où s’est-elle dis­per­sée, la gerbe de mes an­nées», «Hé­las! Où sont-ils, mes ans éva­nouis», «Com­ment ont passé mes an­nées», «Mal­heur à ! Com­ment se sont éva­nouies, où se sont en­fuies les an­nées de ma », «Las, où sont-elles en al­lées, toutes mes an­nées?», «Hé­las! Où sont en­glou­ties toutes mes an­nées?» ou «Hé­las! Où donc ont-elles dis­paru, toutes mes an­nées?». Icône Haut
  1. «Sa­tires et », p. 121. Icône Haut
  2. «Les Min­ne­sin­gers. Wal­ther von der Vo­gel­weide», p. 47. Icône Haut

Baïf, « Œuvres complètes. Tome III. Les Jeux »

éd. H. Champion, Paris

éd. H. Cham­pion, Pa­ris

Il s’agit des «Œuvres com­plètes» de  1, poète (XVIe siècle apr. J.-C.). Tan­dis que Du Bel­lay et Ron­sard ont vu maintes fois leurs «Œuvres com­plètes» édi­tées, celles de Baïf ont dû at­tendre le XXIe siècle pour être en­fin réunies (en­core que seuls les pre­miers tomes ont paru à ce jour). Il est vrai que ses vers, où il est tout de même aisé de trou­ver quelques pas­sages ad­mi­rables, sont sou­vent de lec­ture la­bo­rieuse et ré­com­pen­sée. Son est gauche. Son est toute d’emprunt. Il prend à pleines mains dans les de l’«An­tho­lo­gie grecque» et leurs imi­ta­teurs néo-la­tins, à moins qu’il ne pille les pé­trar­quistes et les bem­bistes ita­liens. Vic­time de sa trop grande fa­ci­lité, il laisse pas­ser des in­cor­rec­tions, des so­lé­cismes, des mal­adresses et écrit né­gli­gem­ment, sans tâ­ton­ne­ment comme sans re­touches : «La phrase s’étend, s’étire, abuse des re­jets…; parce qu’il ne sut ja­mais ni se sur­veiller ni se contraindre», dé­clare un  2. «On pour­rait presque dire qu’on a plus de peine à lire ses vers, qu’il n’en eut… à les com­po­ser; car il pa­raît que, de son , on l’accusait déjà de né­gli­gence», disent d’autres 3. Au reste, Baïf se rend compte de sa non­cha­lance, l’avoue et ne veut pas s’en cor­ri­ger : «Le pis que l’on dira, c’est que je suis de ceux qui à se re­po­lir sont un peu pa­res­seux, et que mes rudes vers n’ont [pas] été, sur l’enclume, re­mis as­sez de fois» 4. Feuille­tant ses propres poèmes, il trouve «leur su­jet si bi­zarre et di­vers, qu’en lire trois du long de grand- je n’ose» 5; mais loin d’essayer de cor­ri­ger ces bi­zar­re­ries, il af­fecte une en­tière in­dif­fé­rence et pré­fère re­non­cer aux pre­mières places : «Mon but est de me plaire aux que je chante… Si nul ne s’en contente, il faut que je m’en passe» 6. De plus en plus, il se sent une vo­ca­tion de ré­for­ma­teur. Tra­duc­teur de l’«An­ti­gone» de So­phocle et de «L’Eunuque» de Té­rence, au moins au­tant mu­si­cien que poète, il veut sim­pli­fier l’orthographe en la ré­dui­sant à la pho­né­tique et ap­pli­quer à la fran­çaise le vers mé­trique. Pour as­su­rer le de sa , il fonde une Aca­dé­mie de poé­sie et de , plus d’un demi-siècle avant l’. Son Aca­dé­mie ne réus­sira pas mieux que ses vers et son or­tho­graphe. Néan­moins, on ne peut qu’admirer la per­sé­vé­rance de ce grand ex­pé­ri­men­ta­teur qui, de poé­sie en poé­sie, al­lait mul­ti­pliant les ten­ta­tives; par le foi­son­ne­ment de ses «Œuvres com­plètes», il mé­rite cette épi­taphe qu’un contem­po­rain 7 lui a dres­sée : «Baïf étant la de Poé­sie, il fit — épris de haute — cou­ler par­tout les ondes de Per­messe 8, sui­vant les pas des muses de la … Ores qu’il est … cette belle pour la est ta­rie».

  1. On ren­contre aussi les gra­phies Jean-An­toine de Bayf et Jan-An­toéne de Baïf. Icône Haut
  2. Raoul Mor­çay. Icône Haut
  3. Claude-Sixte Sau­treau de Marsy et Bar­thé­lemy Im­bert. Icône Haut
  4. Le poème «Ma Fran­cine, il est temps de te mon­trer au jour…». Icône Haut
  1. Le poème «, quand je re­vois tout ce que je com­pose…». Icône Haut
  2. Le poème «Mais sans m’en avi­ser se­rais-je mi­sé­rable?…». Icône Haut
  3. Jean Vau­que­lin de La Fres­naye. Icône Haut
  4. Ri­vière ar­ro­sant la de­meure des muses. Icône Haut

Chalcondyle, « L’Histoire de la décadence de l’Empire grec et établissement de celui des Turcs »

XVIᵉ siècle

XVIe siècle

Il s’agit de Lao­nic Chal­con­dyle, Athé­nien du XVe siècle apr. J.-C. qui a ré­digé «L’ de la de l’Empire et éta­blis­se­ment de ce­lui des Turcs», ou lit­té­ra­le­ment «Dé­mons­tra­tions his­to­riques, en dix » («Apo­deixeis his­to­riôn deka» 1). J’adopte la ma­nière com­mune d’orthographier son nom de , qui est de sup­pri­mer une des syl­labes pour évi­ter le re­dou­ble­ment, écri­vant Chal­con­dyle au lieu de Chal­co­con­dyle 2. Quant à son pré­nom de Lao­nic ou Lao­ni­cos 3, quelques-uns pré­fèrent le chan­ger en ce­lui de Ni­co­las, dont il est le ver­lan. Quoi qu’il en soit, «L’Histoire» de Chal­con­dyle parle avec éten­due des guerres des Grecs et autres chré­tiens contre les Turcs; elle com­mence vers l’an 1300 (date de­puis la­quelle les af­faires des Grecs al­lèrent tou­jours de en pis) jusqu’à leur des­truc­tion et ruine fi­nale par Meh­med II, qui prit en l’an 1453. Chassé de sa pa­trie par ces fu­nestes évé­ne­ments, Chal­con­dyle a évo­qué, mieux qu’aucun autre avant lui, les souf­frances de sa na­tale et a ainsi rap­pelé vers l’ l’attention de l’ ou­blieuse et in­dif­fé­rente. La qu’il res­sent d’être é, ne le rend pas in­juste pour au­tant. Il fait preuve d’une grande ob­jec­ti­vité à l’égard des Turcs; il vante leurs qua­li­tés et leur ri­gou­reuse , qu’il op­pose aux dis­cordes et aux vices de ses com­pa­triotes. Par ailleurs, mal­gré l’inaction de l’Europe, il montre une sin­cère es­time pour les qui té­moignent du moins quelque sym­pa­thie à la cause grecque, sur­tout pour la qui, tant de fois, prit l’initiative des croi­sades. Écou­tons-le épui­ser toutes les for­mules d’une vive ad­mi­ra­tion pour le nom  : «Je di­rai… ceci des Fran­çais», dit-il, «que c’est une très noble et fort an­cienne; riche, opu­lente et de grand pou­voir. Et d’autant qu’[en] toutes ces choses ils sur­montent et passent de bien loin tous les autres peuples de l’, aussi… c’est à eux [que], de , l’autorité sou­ve­raine et l’ de l’Empire doit ap­par­te­nir». Et aussi : «On sait as­sez que cette na­tion est fort an­cienne sur toutes [les] autres, et qu’elle s’est da­van­tage ac­quis une très grande et ma­gni­fique gloire pour avoir, tant de fois, vaincu et rem­barré les qui étaient sor­tis de l’, du­rant même que 4 l’Empire ro­main était comme an­nexé et hé­ré­di­taire à [sa] cou­ronne».

  1. En grec «Ἀποδείξεις ἱστοριῶν δέκα». Icône Haut
  2. En grec Χαλκοκονδύλης. Par­fois trans­crit Chal­con­dile, Chal­co­con­dyle, Chal­ko­kon­dyle, Chal­ko­kon­dy­lis, Chal­kon­dy­las, Chal­co­con­dy­las, Chal­co­con­dyles ou Chal­ko­kon­dy­lès. Icône Haut
  1. En grec Λαόνικος. Par­fois trans­crit Lao­nice, Lao­nique, Lao­ni­kos ou Lao­ni­cus. Icône Haut
  2. «Du­rant même que» si­gni­fie «au mo­ment même où, dans le même que». Icône Haut

Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome IV. Opuscules, part. 1 »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de l’«Éloge de la » («Pha­la­kras En­kô­mion» 1) et autres œuvres de  2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle , il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon entre la prière, les et la ». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les et les che­vaux : «Je , en toutes cir­cons­tances, mon en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec -même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la , ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’ ou le qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la d’un qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies .

  1. En «Φαλάκρας Ἐγκώμιον». Icône Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Icône Haut
  2. lettre CV. Icône Haut

Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome III. Correspondance, lettres LXIV-CLVI »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de la «Cor­res­pon­dance» («Epis­to­lai» 1) et autres œuvres de  2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle , il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon entre la prière, les et la ». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les et les che­vaux : «Je , en toutes cir­cons­tances, mon en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec -même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la , ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’ ou le qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la d’un qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies .

  1. En «Ἐπιστολαί». Icône Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Icône Haut
  2. lettre CV. Icône Haut

Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome II. Correspondance, lettres I-LXIII »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de la «Cor­res­pon­dance» («Epis­to­lai» 1) et autres œuvres de  2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle , il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon entre la prière, les et la ». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les et les che­vaux : «Je , en toutes cir­cons­tances, mon en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec -même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la , ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’ ou le qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la d’un qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies .

  1. En «Ἐπιστολαί». Icône Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Icône Haut
  2. lettre CV. Icône Haut

Synésios, « [Œuvres complètes]. Tome I. Hymnes »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit des «» («Hym­noi» 1) et autres œuvres de  2. Écri­vain de se­cond rang, su­pé­rieur en rien, Sy­né­sios at­tire sur­tout l’attention par les dé­tails de sa ; car il fut élu évêque, après avoir passé une bonne par­tie de sa vie en païen (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Né dans la ville de Cy­rène, dans l’actuelle , il était issu d’une des meilleures fa­milles de l’; il pré­ten­dait même, sur preuves écrites, des­cendre des pre­miers ve­nus, plus de mille ans avant lui, de­puis la jusqu’aux côtes afri­caines fon­der sa pa­trie. Il fré­quenta les écoles su­pé­rieures d’Alexandrie et y sui­vit les le­çons de la fa­meuse Hy­pa­tie, pour la­quelle il ex­prima tou­jours une ad­mi­ra­tion émue. Re­venu à Cy­rène, il vé­cut en riche pro­prié­taire exempt de toute gêne et ne de­man­dant qu’à cou­ler, sur ses terres, une vie oi­sive et bien­heu­reuse «comme [dans] une en­ceinte sa­crée», pré­cise-t-il 3, «[en] être libre et sans contrainte, [par­ta­geant] mon entre la prière, les et la ». Sa «Cor­res­pon­dance» nous in­dique que, quand il n’avait pas le nez dans les livres, il se lais­sait en­traî­ner par son pen­chant pour les et les che­vaux : «Je , en toutes cir­cons­tances, mon en deux : le plai­sir et l’étude. Dans l’étude, je vis seul avec -même…; dans le plai­sir, je me donne à tous» 4. Les évêques orien­taux vou­lurent ab­so­lu­ment avoir ce gen­til­homme pour col­lègue et lui firent confé­rer l’évêché de Pto­lé­maïs; car ils cher­chaient quelqu’un qui eût une grande si­tua­tion so­ciale; quelqu’un qui sût se faire en­tendre. Il leur ré­pon­dit que, s’il de­ve­nait évêque, il ne se sé­pa­re­rait point de son épouse, quoique cette sé­pa­ra­tion fût exi­gée des pré­lats chré­tiens; qu’il ne vou­lait pas re­non­cer non plus au plai­sir dé­fendu de la chasse; qu’il ne pour­rait ja­mais croire en la , ni dans d’autres dogmes qui ne se trou­vaient pas chez Pla­ton; que, si on vou­lait l’accepter à ce prix, il ne sa­vait même pas en­core s’il y consen­ti­rait. Les évêques in­sis­tèrent. On le bap­tisa et on le fit évêque. Il conci­lia sa avec son mi­nis­tère et il écri­vit de nom­breuses œuvres. On dis­pute pour sa­voir si c’est l’ ou le qui y do­mine. Ni l’un ni l’autre! Ce qui y do­mine, c’est la d’un qui n’eut que des dé­las­se­ments et ja­mais de vraies .

  1. En «Ὕμνοι». Icône Haut
  2. En grec Συνέσιος ὁ Κυρηναῖος. Au­tre­fois trans­crit Sy­né­sius ou Sy­nèse. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», lettre XLI. Icône Haut
  2. lettre CV. Icône Haut

Sei-shônagon, « Les Notes de l’oreiller, “Makura no soshi” »

éd. Stock-Delamain et Boutelleau, coll. Le Cabinet cosmopolite, Paris

éd. Stock-De­la­main et Bou­tel­leau, coll. Le Ca­bi­net cos­mo­po­lite, Pa­ris

Il s’agit des «Notes de l’oreiller» («Ma­kura no sô­shi» 1), la pre­mière ma­ni­fes­ta­tion dans les lettres ja­po­naises d’un genre de lit­té­ra­ture qui connaî­tra une grande vogue par la suite : ce­lui des «zui­hitsu» 2 au fil du pin­ceau»). On n’y trouve ni plan ni — un désordre fan­tai­siste ré­gnant ici en maître, mais un mé­lange d’esquisses sai­sies sur le vif, d’, de choses , de re­marques per­son­nelles. Leur au­teur était une femme «mo­queuse, pro­vo­cante, inexo­rable» 3; une dame de la Cour, dont nous ne connais­sons que le pseu­do­nyme : Sei-shô­na­gon 4. Ce pseu­do­nyme s’explique (comme ce­lui de Mu­ra­saki-shi­kibu) par la com­bi­nai­son d’un nom de avec un titre ho­no­ri­fique — «shô­na­gon» dé­si­gnant un di­gni­taire de la Cour, et «sei» étant la pro­non­cia­tion chi­noise du ca­rac­tère qui forme le pre­mier élé­ment du nom Kiyo­hara, fa­mille à la­quelle elle ap­par­te­nait. En ef­fet, son père n’était autre que le poète Kiyo­hara no Mo­to­suke 5, l’un des cinq let­trés de l’Empereur. Et même si quelques-uns sont d’avis que Mo­to­suke ne fut que le père adop­tif de Sei-shô­na­gon, il n’en reste pas moins cer­tain que le mi­lieu où elle passa sa ne put que fa­vo­ri­ser les pen­chants lit­té­raires qui lui per­mirent, plus tard, de de­ve­nir dame d’ de l’Impératrice Sa­dako. En­trée donc à la Cour en 990 apr. J.-C. Sei-shô­na­gon s’y fit re­mar­quer par une pré­sence d’esprit trop vive pour n’être pas à la fois es­ti­mée, haïe et re­dou­tée. Car (et c’est là peut-être son dé­faut) elle écra­sait les autres du poids de son éru­di­tion qu’elle cher­chait à mon­trer à la moindre oc­ca­sion. On ra­conte que les cour­ti­sans, qui crai­gnaient ses plai­san­te­ries, pâ­lis­saient à sa seule ap­proche. La clair­voyante écrit dans son «Jour­nal» : «Sei-shô­na­gon est une per­sonne qui en im­pose en par ses grands airs. Mais sa pré­ten­tion de tout sa­voir et sa fa­çon de se­mer au­tour d’elle les en ca­rac­tères , à tout bien consi­dé­rer, ne font que mas­quer de nom­breuses la­cunes. Ceux qui de la sorte se plaisent à se mon­trer dif­fé­rents des autres, s’attirent for­cé­ment le mé­pris et fi­nissent tou­jours très » 6. De fait, le mal­heur vint frap­per Sei-shô­na­gon quand, peu d’années après, l’ambitieux Fu­ji­wara no Mi­chi­naga par­vint à faire écar­ter l’Impératrice Sa­dako, à l’ombre de la­quelle fleu­ris­sait notre dame d’honneur.

  1. En «枕草子». Au­tre­fois trans­crit «Ma­koura no ço­chi», «Ma­koura no sôci» ou «Ma­kura no soo­shi». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 随筆. Au­tre­fois trans­crit «zouï-hit­sou». Icône Haut
  3. Mi­chel Re­von. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 清少納言. Au­tre­fois trans­crit Çei Cho­na­gon, Shei Sho­na­gun ou Seï Sô­na­gon. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 清原元輔. Au­tre­fois trans­crit Kiyo­wara-no-Mo­to­suke, Kiyo­wara no Mo­to­çouké ou Kiyo­hara no Mo­to­souké. Icône Haut
  3. «Jour­nal; tra­duit du ja­po­nais par », p. 67. Icône Haut

Baïf, « Œuvres complètes. Tome II. Les Amours »

éd. H. Champion, Paris

éd. H. Cham­pion, Pa­ris

Il s’agit des «Œuvres com­plètes» de  1, poète (XVIe siècle apr. J.-C.). Tan­dis que Du Bel­lay et Ron­sard ont vu maintes fois leurs «Œuvres com­plètes» édi­tées, celles de Baïf ont dû at­tendre le XXIe siècle pour être en­fin réunies (en­core que seuls les pre­miers tomes ont paru à ce jour). Il est vrai que ses vers, où il est tout de même aisé de trou­ver quelques pas­sages ad­mi­rables, sont sou­vent de lec­ture la­bo­rieuse et ré­com­pen­sée. Son est gauche. Son est toute d’emprunt. Il prend à pleines mains dans les de l’«An­tho­lo­gie grecque» et leurs imi­ta­teurs néo-la­tins, à moins qu’il ne pille les pé­trar­quistes et les bem­bistes ita­liens. Vic­time de sa trop grande fa­ci­lité, il laisse pas­ser des in­cor­rec­tions, des so­lé­cismes, des mal­adresses et écrit né­gli­gem­ment, sans tâ­ton­ne­ment comme sans re­touches : «La phrase s’étend, s’étire, abuse des re­jets…; parce qu’il ne sut ja­mais ni se sur­veiller ni se contraindre», dé­clare un  2. «On pour­rait presque dire qu’on a plus de peine à lire ses vers, qu’il n’en eut… à les com­po­ser; car il pa­raît que, de son , on l’accusait déjà de né­gli­gence», disent d’autres 3. Au reste, Baïf se rend compte de sa non­cha­lance, l’avoue et ne veut pas s’en cor­ri­ger : «Le pis que l’on dira, c’est que je suis de ceux qui à se re­po­lir sont un peu pa­res­seux, et que mes rudes vers n’ont [pas] été, sur l’enclume, re­mis as­sez de fois» 4. Feuille­tant ses propres poèmes, il trouve «leur su­jet si bi­zarre et di­vers, qu’en lire trois du long de grand- je n’ose» 5; mais loin d’essayer de cor­ri­ger ces bi­zar­re­ries, il af­fecte une en­tière in­dif­fé­rence et pré­fère re­non­cer aux pre­mières places : «Mon but est de me plaire aux que je chante… Si nul ne s’en contente, il faut que je m’en passe» 6. De plus en plus, il se sent une vo­ca­tion de ré­for­ma­teur. Tra­duc­teur de l’«An­ti­gone» de So­phocle et de «L’Eunuque» de Té­rence, au moins au­tant mu­si­cien que poète, il veut sim­pli­fier l’orthographe en la ré­dui­sant à la pho­né­tique et ap­pli­quer à la fran­çaise le vers mé­trique. Pour as­su­rer le de sa , il fonde une Aca­dé­mie de poé­sie et de , plus d’un demi-siècle avant l’. Son Aca­dé­mie ne réus­sira pas mieux que ses vers et son or­tho­graphe. Néan­moins, on ne peut qu’admirer la per­sé­vé­rance de ce grand ex­pé­ri­men­ta­teur qui, de poé­sie en poé­sie, al­lait mul­ti­pliant les ten­ta­tives; par le foi­son­ne­ment de ses «Œuvres com­plètes», il mé­rite cette épi­taphe qu’un contem­po­rain 7 lui a dres­sée : «Baïf étant la de Poé­sie, il fit — épris de haute — cou­ler par­tout les ondes de Per­messe 8, sui­vant les pas des muses de la … Ores qu’il est … cette belle pour la est ta­rie».

  1. On ren­contre aussi les gra­phies Jean-An­toine de Bayf et Jan-An­toéne de Baïf. Icône Haut
  2. Raoul Mor­çay. Icône Haut
  3. Claude-Sixte Sau­treau de Marsy et Bar­thé­lemy Im­bert. Icône Haut
  4. Le poème «Ma Fran­cine, il est temps de te mon­trer au jour…». Icône Haut
  1. Le poème «, quand je re­vois tout ce que je com­pose…». Icône Haut
  2. Le poème «Mais sans m’en avi­ser se­rais-je mi­sé­rable?…». Icône Haut
  3. Jean Vau­que­lin de La Fres­naye. Icône Haut
  4. Ri­vière ar­ro­sant la de­meure des muses. Icône Haut

Baïf, « Œuvres complètes. Tome I. Neuf Livres des poèmes »

éd. H. Champion, Paris

éd. H. Cham­pion, Pa­ris

Il s’agit des «Œuvres com­plètes» de  1, poète (XVIe siècle apr. J.-C.). Tan­dis que Du Bel­lay et Ron­sard ont vu maintes fois leurs «Œuvres com­plètes» édi­tées, celles de Baïf ont dû at­tendre le XXIe siècle pour être en­fin réunies (en­core que seuls les pre­miers tomes ont paru à ce jour). Il est vrai que ses vers, où il est tout de même aisé de trou­ver quelques pas­sages ad­mi­rables, sont sou­vent de lec­ture la­bo­rieuse et ré­com­pen­sée. Son est gauche. Son est toute d’emprunt. Il prend à pleines mains dans les de l’«An­tho­lo­gie grecque» et leurs imi­ta­teurs néo-la­tins, à moins qu’il ne pille les pé­trar­quistes et les bem­bistes ita­liens. Vic­time de sa trop grande fa­ci­lité, il laisse pas­ser des in­cor­rec­tions, des so­lé­cismes, des mal­adresses et écrit né­gli­gem­ment, sans tâ­ton­ne­ment comme sans re­touches : «La phrase s’étend, s’étire, abuse des re­jets…; parce qu’il ne sut ja­mais ni se sur­veiller ni se contraindre», dé­clare un  2. «On pour­rait presque dire qu’on a plus de peine à lire ses vers, qu’il n’en eut… à les com­po­ser; car il pa­raît que, de son , on l’accusait déjà de né­gli­gence», disent d’autres 3. Au reste, Baïf se rend compte de sa non­cha­lance, l’avoue et ne veut pas s’en cor­ri­ger : «Le pis que l’on dira, c’est que je suis de ceux qui à se re­po­lir sont un peu pa­res­seux, et que mes rudes vers n’ont [pas] été, sur l’enclume, re­mis as­sez de fois» 4. Feuille­tant ses propres poèmes, il trouve «leur su­jet si bi­zarre et di­vers, qu’en lire trois du long de grand- je n’ose» 5; mais loin d’essayer de cor­ri­ger ces bi­zar­re­ries, il af­fecte une en­tière in­dif­fé­rence et pré­fère re­non­cer aux pre­mières places : «Mon but est de me plaire aux que je chante… Si nul ne s’en contente, il faut que je m’en passe» 6. De plus en plus, il se sent une vo­ca­tion de ré­for­ma­teur. Tra­duc­teur de l’«An­ti­gone» de So­phocle et de «L’Eunuque» de Té­rence, au moins au­tant mu­si­cien que poète, il veut sim­pli­fier l’orthographe en la ré­dui­sant à la pho­né­tique et ap­pli­quer à la fran­çaise le vers mé­trique. Pour as­su­rer le de sa , il fonde une Aca­dé­mie de poé­sie et de , plus d’un demi-siècle avant l’. Son Aca­dé­mie ne réus­sira pas mieux que ses vers et son or­tho­graphe. Néan­moins, on ne peut qu’admirer la per­sé­vé­rance de ce grand ex­pé­ri­men­ta­teur qui, de poé­sie en poé­sie, al­lait mul­ti­pliant les ten­ta­tives; par le foi­son­ne­ment de ses «Œuvres com­plètes», il mé­rite cette épi­taphe qu’un contem­po­rain 7 lui a dres­sée : «Baïf étant la de Poé­sie, il fit — épris de haute — cou­ler par­tout les ondes de Per­messe 8, sui­vant les pas des muses de la … Ores qu’il est … cette belle pour la est ta­rie».

  1. On ren­contre aussi les gra­phies Jean-An­toine de Bayf et Jan-An­toéne de Baïf. Icône Haut
  2. Raoul Mor­çay. Icône Haut
  3. Claude-Sixte Sau­treau de Marsy et Bar­thé­lemy Im­bert. Icône Haut
  4. Le poème «Ma Fran­cine, il est temps de te mon­trer au jour…». Icône Haut
  1. Le poème «, quand je re­vois tout ce que je com­pose…». Icône Haut
  2. Le poème «Mais sans m’en avi­ser se­rais-je mi­sé­rable?…». Icône Haut
  3. Jean Vau­que­lin de La Fres­naye. Icône Haut
  4. Ri­vière ar­ro­sant la de­meure des muses. Icône Haut

Schiller, « La Pucelle d’Orléans »

éd. L’Arche, coll. Scène ouverte, Paris

éd. L’Arche, coll. Scène ou­verte, Pa­ris

Il s’agit de «La Pu­celle d’Orléans» 1Die Jung­frau von Or­leans») de Frie­drich Schil­ler 2, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 3. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 4. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 5. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Par­fois tra­duit «Jeanne d’Arc». Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  3. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « Démétrius »

dans « Œuvres dramatiques. Tome III » (XIXᵉ siècle)

dans «Œuvres dra­ma­tiques. Tome III» (XIXe siècle)

Il s’agit de «Dé­mé­trius» de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « La Fiancée de Messine, ou les Frères ennemis : tragédie avec chœurs »

éd. Aubier-Montaigne, coll. bilingue des classiques étrangers, Paris

éd. Au­bier-Mon­taigne, coll. bi­lingue des clas­siques , Pa­ris

Il s’agit de «La Fian­cée de Mes­sine» («Die Braut von Mes­sina») de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut