Il s’agit des « Œuvres complètes » de Jean-Antoine de Baïf1, poète français (XVIe siècle apr. J.-C.). Tandis que Du Bellay et Ronsard ont vu maintes fois leurs « Œuvres complètes » éditées, celles de Baïf ont dû attendre le XXIe siècle pour être enfin réunies (encore que seuls les premiers tomes ont paru à ce jour). Il est vrai que ses vers, où il est tout de même aisé de trouver quelques passages admirables, sont souvent de lecture laborieuse et mal récompensée. Son style est gauche. Son inspiration est toute d’emprunt. Il prend à pleines mains dans les poètes de l’« Anthologie grecque » et leurs imitateurs néo-latins, à moins qu’il ne pille les pétrarquistes et les bembistes italiens. Victime de sa trop grande facilité, il laisse passer des incorrections, des solécismes, des maladresses et écrit négligemment, sans tâtonnement comme sans retouches : « La phrase s’étend, s’étire, abuse des rejets… ; parce qu’il ne sut jamais ni se surveiller ni se contraindre », déclare un critique2. « On pourrait presque dire qu’on a plus de peine à lire ses vers, qu’il n’en eut… à les composer ; car il paraît que, de son temps, on l’accusait déjà de négligence », disent d’autres3. Au reste, Baïf se rend compte de sa nonchalance, l’avoue et ne veut pas s’en corriger : « Le pis que l’on dira, c’est que je suis de ceux qui à se repolir sont un peu paresseux, et que mes rudes vers n’ont [pas] été, sur l’enclume, remis assez de fois »4. Feuilletant ses propres poèmes, il trouve « leur sujet si bizarre et divers, qu’en lire trois du long de grand-honte je n’ose »5 ; mais loin d’essayer de corriger ces bizarreries, il affecte une entière indifférence et préfère renoncer aux premières places : « Mon but est de me plaire aux chansons que je chante… Si nul ne s’en contente, il faut que je m’en passe »6. De plus en plus, il se sent une vocation de réformateur. Traducteur de l’« Antigone » de Sophocle et de « L’Eunuque » de Térence, au moins autant musicien que poète, il veut simplifier l’orthographe en la réduisant à la phonétique et appliquer à la poésie française le vers métrique. Pour assurer le succès de sa réforme, il fonde une Académie de poésie et de musique, plus d’un demi-siècle avant l’Académie française. Son Académie ne réussira pas mieux que ses vers et son orthographe. Néanmoins, on ne peut qu’admirer la persévérance de ce grand expérimentateur qui, de poésie en poésie, allait multipliant les tentatives ; par le foisonnement de ses « Œuvres complètes », il mérite cette épitaphe qu’un contemporain7 lui a dressée : « Baïf étant la mer de Poésie, il fit — épris de haute fantaisie — couler partout les ondes de Permesse8, suivant les pas des muses de la Grèce… Ores qu’il est mort… cette belle eau pour la France est tarie ».
Voici un passage qui donnera une idée de la manière de Baïf :
« Nicolaï… j’ai peur qu’à la peine bien grande
Que tu as pris, dignement on ne rende
La récompense. Ô siècle détestable !
Auquel on voit la vertu misérable
Sans nul honneur, sans loyer, méprisée
Être du peuple et des grands la risée.
Âge pervers, qui se vautre en ordure !
Une putain, un monstre de nature,
Un nain, un fou, un matassin emporte
Tout ce qu’il veut. La vertu demi-morte
Pleure et se plaint de voir traîner leur vie
En pauvreté à ceux qui l’ont suivie.
Âge pervers ! ni vertu ni justice
Ne règnent plus. Tout ploie sous le vice »9.
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Consultez cette bibliographie succincte en langue française
- Mathieu Augé-Chiquet, « La Vie, les Idées et l’Œuvre de Jean-Antoine de Baïf » (éd. Hachette-Privat, Paris-Toulouse) [Source : Canadiana]
- Robert Laffont et Valentino Bompiani, « Baïf (Jean-Antoine de) » dans « Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays » (éd. R. Laffont, coll. Bouquins, Paris)
- Claude-Sixte Sautreau de Marsy et Barthélemy Imbert, « Annales poétiques, ou Almanach des muses, depuis l’origine de la poésie française. Tome VII » (XVIIIe siècle) [Source : Google Livres].