Icône Mot-clefproduction et mise en scène

su­jet

Gogol, « Œuvres complètes »

éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit des «Âmes mortes» («Miort­vyïé dou­chi» 1) et autres œuvres de Ni­co­las Go­gol 2. L’un des in­for­ma­teurs du vi­comte de Vogüé pour «Le », un vieil de lettres 3, té­moi­gnant du fait que Go­gol était de­venu le mo­dèle de la prose, comme Pou­ch­kine — ce­lui de la , avait dé­claré en  : «Nous sommes tous sor­tis du “Man­teau” de Go­gol» 4. Cette for­mule a bien plu. Elle a été en­suite tra­duite par plu­sieurs jour­naux russes, tant elle est de­ve­nue connue et «la chose de tous». On connaît moins Go­gol lui-même qui, à plu­sieurs égards, était un homme privé et mys­té­rieux. On peut le dire, il y avait en lui quelque chose du dé­mon. Un pou­voir sur­na­tu­rel fai­sait étin­ce­ler ses yeux; il sem­blait par mo­ments que l’irrationnel et l’effrayant le pé­né­traient de part en part et im­pri­maient sur ses œuvres une marque in­ef­fa­çable. Si, par la suite, la s’est si­gna­lée par une cer­taine exal­ta­tion dé­ré­glée, tour­men­tée, une cer­taine contra­dic­tion in­té­rieure, une psy­chose guet­tant constam­ment, ca­chée au tour­nant; si elle a même fa­vo­risé ce type de ca­rac­tères, elle a suivi en tout cela l’exemple de Go­gol. Cet au­teur mi-, mi- avait une double et vi­vait dans un dé­dou­blé — le monde réel et le monde des lou­foques, ter­ri­fiants. Et non seule­ment ces deux mondes pa­ral­lèles se ren­con­traient, mais en­core ils se contor­sion­naient et se confon­daient d’une fa­çon ex­tra­va­gante dans son es­prit dé­li­rant, «comme deux pi­liers, qui se re­flètent dans l’, se livrent aux contor­sions les plus folles quand les re­mous de l’onde s’y prêtent» 5. C’est «Le Nez» («Nos» 6), ana­gramme du «Rêve» («Son» 7), où ce si par­ti­cu­lier de Go­gol s’est dé­ployé li­bre­ment pour la toute pre­mière fois. Que l’on pense au dé­but de la  : «À son im­mense stu­pé­fac­tion, il s’aperçut que la place que son nez de­vait oc­cu­per ne pré­sen­tait plus qu’une sur­face lisse! Tout alarmé, Ko­va­liov se fit ap­por­ter de l’eau et se frotta les yeux avec un es­suie-mains : le nez avait bel et bien dis­paru!» Voilà que toutes les fon­da­tions du réel va­cillent, mais le fonc­tion­naire go­go­lien est à peine conscient de ce qui lui ar­rive. Confronté à une ville ab­surde et fan­tas­ma­go­rique, un «Go­gol­grad» in­quié­tant, où le lui-même al­lume les lampes et éclaire les choses pour les mon­trer sous un as­pect illu­soire et trom­peur, ce pe­tit homme grugé, floué avance à tâ­tons dans la brume, en s’accrochant or­gueilleu­se­ment et pué­ri­le­ment à ses fonc­tions bu­reau­cra­tiques. «La ville a beau lui jouer les tours les plus pen­dables, le ber­ner ou le châ­trer mo­men­ta­né­ment, ce per­son­nage ca­mé­léo­nesque et in­si­gni­fiant ne re­nonce ja­mais à s’incruster, à s’enraciner, fût-ce dans l’inexistant. [Il] res­tera cha­touilleux sur son grade et ses pré­ro­ga­tives jusqu’à [sa] dis­so­lu­tion com­plète dans le non-être… In­changé, il ré­ap­pa­raî­tra chez un Kafka», dit très bien M. Georges Ni­vat.

  1. En russe «Мёртвые души». Par­fois trans­crit «Mjortwyje du­schi», «Mertwyja du­schi», «Mjortwye du­schi», «Mertwya du­schi», «Myort­vyye du­shi», «Miort­vyye du­shi», «Mjort­vye dusi», «Mert­vye duši», «Mèrt­vyia doû­chi», «Miort­via dou­chi», «Meurt­via dou­chi» ou «Mert­viia dou­chi». Icône Haut
  2. En russe Николай Гоголь. Par­fois trans­crit Ni­ko­laj Go­gol, Ni­ko­laï Go­gol ou Ni­co­laï Go­gol. Icône Haut
  3. Sans Dmi­tri Gri­go­ro­vitch, comme une re­marque à la page 208 du « russe» le laisse pen­ser : «M. Gri­go­ro­vitch, qui tient une place ho­no­rée dans les lettres…, m’a confirmé cette anec­dote». Icône Haut
  4. «Le Ro­man russe», p. 96. Icône Haut
  1. Na­bo­kov, «Ni­ko­laï Go­gol». Icône Haut
  2. En russe «Нос». Par­fois trans­crit «Noss». Icône Haut
  3. En russe «Сон». Icône Haut

Baïf, « Œuvres complètes. Tome III. Les Jeux »

éd. H. Champion, Paris

éd. H. Cham­pion, Pa­ris

Il s’agit des «Œuvres com­plètes» de  1, poète (XVIe siècle apr. J.-C.). Tan­dis que Du Bel­lay et Ron­sard ont vu maintes fois leurs «Œuvres com­plètes» édi­tées, celles de Baïf ont dû at­tendre le XXIe siècle pour être en­fin réunies (en­core que seuls les pre­miers tomes ont paru à ce jour). Il est vrai que ses vers, où il est tout de même aisé de trou­ver quelques pas­sages ad­mi­rables, sont sou­vent de lec­ture la­bo­rieuse et ré­com­pen­sée. Son est gauche. Son est toute d’emprunt. Il prend à pleines mains dans les de l’«An­tho­lo­gie grecque» et leurs imi­ta­teurs néo-la­tins, à moins qu’il ne pille les pé­trar­quistes et les bem­bistes ita­liens. Vic­time de sa trop grande fa­ci­lité, il laisse pas­ser des in­cor­rec­tions, des so­lé­cismes, des mal­adresses et écrit né­gli­gem­ment, sans tâ­ton­ne­ment comme sans re­touches : «La phrase s’étend, s’étire, abuse des re­jets…; parce qu’il ne sut ja­mais ni se sur­veiller ni se contraindre», dé­clare un  2. «On pour­rait presque dire qu’on a plus de peine à lire ses vers, qu’il n’en eut… à les com­po­ser; car il pa­raît que, de son , on l’accusait déjà de né­gli­gence», disent d’autres 3. Au reste, Baïf se rend compte de sa non­cha­lance, l’avoue et ne veut pas s’en cor­ri­ger : «Le pis que l’on dira, c’est que je suis de ceux qui à se re­po­lir sont un peu pa­res­seux, et que mes rudes vers n’ont [pas] été, sur l’enclume, re­mis as­sez de fois» 4. Feuille­tant ses propres poèmes, il trouve «leur su­jet si bi­zarre et di­vers, qu’en lire trois du long de grand- je n’ose» 5; mais loin d’essayer de cor­ri­ger ces bi­zar­re­ries, il af­fecte une en­tière in­dif­fé­rence et pré­fère re­non­cer aux pre­mières places : «Mon but est de me plaire aux que je chante… Si nul ne s’en contente, il faut que je m’en passe» 6. De plus en plus, il se sent une vo­ca­tion de ré­for­ma­teur. Tra­duc­teur de l’«An­ti­gone» de So­phocle et de «L’Eunuque» de Té­rence, au moins au­tant mu­si­cien que poète, il veut sim­pli­fier l’orthographe en la ré­dui­sant à la pho­né­tique et ap­pli­quer à la fran­çaise le vers mé­trique. Pour as­su­rer le de sa , il fonde une Aca­dé­mie de poé­sie et de , plus d’un demi-siècle avant l’. Son Aca­dé­mie ne réus­sira pas mieux que ses vers et son or­tho­graphe. Néan­moins, on ne peut qu’admirer la per­sé­vé­rance de ce grand ex­pé­ri­men­ta­teur qui, de poé­sie en poé­sie, al­lait mul­ti­pliant les ten­ta­tives; par le foi­son­ne­ment de ses «Œuvres com­plètes», il mé­rite cette épi­taphe qu’un contem­po­rain 7 lui a dres­sée : «Baïf étant la de Poé­sie, il fit — épris de haute — cou­ler par­tout les ondes de Per­messe 8, sui­vant les pas des muses de la … Ores qu’il est … cette belle pour la est ta­rie».

  1. On ren­contre aussi les gra­phies Jean-An­toine de Bayf et Jan-An­toéne de Baïf. Icône Haut
  2. Raoul Mor­çay. Icône Haut
  3. Claude-Sixte Sau­treau de Marsy et Bar­thé­lemy Im­bert. Icône Haut
  4. Le poème «Ma Fran­cine, il est temps de te mon­trer au jour…». Icône Haut
  1. Le poème «, quand je re­vois tout ce que je com­pose…». Icône Haut
  2. Le poème «Mais sans m’en avi­ser se­rais-je mi­sé­rable?…». Icône Haut
  3. Jean Vau­que­lin de La Fres­naye. Icône Haut
  4. Ri­vière ar­ro­sant la de­meure des muses. Icône Haut

le père Porée, « Le Paresseux : comédie »

dans « Théâtre européen, nouvelle collection. Théâtre latin moderne » (XIXᵉ siècle), p. 1-42

dans « eu­ro­péen, col­lec­tion. Théâtre mo­derne» (XIXe siècle), p. 1-42

Il s’agit de la «Le Pa­res­seux» («Otio­sus») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « Le Joueur : comédie »

dans « Théâtre européen, nouvelle collection. Théâtre latin moderne » (XIXᵉ siècle), p. 43-76

dans « eu­ro­péen, col­lec­tion. Théâtre mo­derne» (XIXe siècle), p. 43-76

Il s’agit de la «Le Joueur» («Alea­tor») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

« Théâtre jésuite néo-latin et Antiquité : sur le “Brutus” de Charles Porée (1708) »

éd. École française de Rome, coll. de l’École française de Rome, Rome

éd. École fran­çaise de , coll. de l’École fran­çaise de Rome, Rome

Il s’agit de la «Bru­tus» du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « “De theatro”, Discours sur les spectacles »

éd. Société de littératures classiques, coll. des Rééditions de textes du XVIIᵉ siècle, Toulouse

éd. de lit­té­ra­tures clas­siques, coll. des Ré­édi­tions de textes du XVIIe siècle, Tou­louse

Il s’agit du «Dis­cours sur les spec­tacles» («De thea­tro») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la so­ciété qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « Discours sur la satire »

éd. H. Champion, coll. L’Âge des lumières, Paris

éd. H. Cham­pion, coll. L’Âge des , Pa­ris

Il s’agit du «Dis­cours sur la » («De sa­tyra») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

Baïf, « Œuvres complètes. Tome II. Les Amours »

éd. H. Champion, Paris

éd. H. Cham­pion, Pa­ris

Il s’agit des «Œuvres com­plètes» de  1, poète (XVIe siècle apr. J.-C.). Tan­dis que Du Bel­lay et Ron­sard ont vu maintes fois leurs «Œuvres com­plètes» édi­tées, celles de Baïf ont dû at­tendre le XXIe siècle pour être en­fin réunies (en­core que seuls les pre­miers tomes ont paru à ce jour). Il est vrai que ses vers, où il est tout de même aisé de trou­ver quelques pas­sages ad­mi­rables, sont sou­vent de lec­ture la­bo­rieuse et ré­com­pen­sée. Son est gauche. Son est toute d’emprunt. Il prend à pleines mains dans les de l’«An­tho­lo­gie grecque» et leurs imi­ta­teurs néo-la­tins, à moins qu’il ne pille les pé­trar­quistes et les bem­bistes ita­liens. Vic­time de sa trop grande fa­ci­lité, il laisse pas­ser des in­cor­rec­tions, des so­lé­cismes, des mal­adresses et écrit né­gli­gem­ment, sans tâ­ton­ne­ment comme sans re­touches : «La phrase s’étend, s’étire, abuse des re­jets…; parce qu’il ne sut ja­mais ni se sur­veiller ni se contraindre», dé­clare un  2. «On pour­rait presque dire qu’on a plus de peine à lire ses vers, qu’il n’en eut… à les com­po­ser; car il pa­raît que, de son , on l’accusait déjà de né­gli­gence», disent d’autres 3. Au reste, Baïf se rend compte de sa non­cha­lance, l’avoue et ne veut pas s’en cor­ri­ger : «Le pis que l’on dira, c’est que je suis de ceux qui à se re­po­lir sont un peu pa­res­seux, et que mes rudes vers n’ont [pas] été, sur l’enclume, re­mis as­sez de fois» 4. Feuille­tant ses propres poèmes, il trouve «leur su­jet si bi­zarre et di­vers, qu’en lire trois du long de grand- je n’ose» 5; mais loin d’essayer de cor­ri­ger ces bi­zar­re­ries, il af­fecte une en­tière in­dif­fé­rence et pré­fère re­non­cer aux pre­mières places : «Mon but est de me plaire aux que je chante… Si nul ne s’en contente, il faut que je m’en passe» 6. De plus en plus, il se sent une vo­ca­tion de ré­for­ma­teur. Tra­duc­teur de l’«An­ti­gone» de So­phocle et de «L’Eunuque» de Té­rence, au moins au­tant mu­si­cien que poète, il veut sim­pli­fier l’orthographe en la ré­dui­sant à la pho­né­tique et ap­pli­quer à la le vers mé­trique. Pour as­su­rer le de sa , il fonde une Aca­dé­mie de et de , plus d’un demi-siècle avant l’. Son Aca­dé­mie ne réus­sira pas mieux que ses vers et son or­tho­graphe. Néan­moins, on ne peut qu’admirer la per­sé­vé­rance de ce grand ex­pé­ri­men­ta­teur qui, de poé­sie en poé­sie, al­lait mul­ti­pliant les ten­ta­tives; par le foi­son­ne­ment de ses «Œuvres com­plètes», il mé­rite cette épi­taphe qu’un contem­po­rain 7 lui a dres­sée : «Baïf étant la de Poé­sie, il fit — épris de haute — cou­ler par­tout les ondes de Per­messe 8, sui­vant les pas des muses de la … Ores qu’il est … cette belle pour la est ta­rie».

  1. On ren­contre aussi les gra­phies Jean-An­toine de Bayf et Jan-An­toéne de Baïf. Icône Haut
  2. Raoul Mor­çay. Icône Haut
  3. Claude-Sixte Sau­treau de Marsy et Bar­thé­lemy Im­bert. Icône Haut
  4. Le poème «Ma Fran­cine, il est temps de te mon­trer au jour…». Icône Haut
  1. Le poème «, quand je re­vois tout ce que je com­pose…». Icône Haut
  2. Le poème «Mais sans m’en avi­ser se­rais-je mi­sé­rable?…». Icône Haut
  3. Jean Vau­que­lin de La Fres­naye. Icône Haut
  4. Ri­vière ar­ro­sant la de­meure des muses. Icône Haut

Baïf, « Œuvres complètes. Tome I. Neuf Livres des poèmes »

éd. H. Champion, Paris

éd. H. Cham­pion, Pa­ris

Il s’agit des «Œuvres com­plètes» de  1, poète (XVIe siècle apr. J.-C.). Tan­dis que Du Bel­lay et Ron­sard ont vu maintes fois leurs «Œuvres com­plètes» édi­tées, celles de Baïf ont dû at­tendre le XXIe siècle pour être en­fin réunies (en­core que seuls les pre­miers tomes ont paru à ce jour). Il est vrai que ses vers, où il est tout de même aisé de trou­ver quelques pas­sages ad­mi­rables, sont sou­vent de lec­ture la­bo­rieuse et ré­com­pen­sée. Son est gauche. Son est toute d’emprunt. Il prend à pleines mains dans les de l’«An­tho­lo­gie grecque» et leurs imi­ta­teurs néo-la­tins, à moins qu’il ne pille les pé­trar­quistes et les bem­bistes ita­liens. Vic­time de sa trop grande fa­ci­lité, il laisse pas­ser des in­cor­rec­tions, des so­lé­cismes, des mal­adresses et écrit né­gli­gem­ment, sans tâ­ton­ne­ment comme sans re­touches : «La phrase s’étend, s’étire, abuse des re­jets…; parce qu’il ne sut ja­mais ni se sur­veiller ni se contraindre», dé­clare un  2. «On pour­rait presque dire qu’on a plus de peine à lire ses vers, qu’il n’en eut… à les com­po­ser; car il pa­raît que, de son , on l’accusait déjà de né­gli­gence», disent d’autres 3. Au reste, Baïf se rend compte de sa non­cha­lance, l’avoue et ne veut pas s’en cor­ri­ger : «Le pis que l’on dira, c’est que je suis de ceux qui à se re­po­lir sont un peu pa­res­seux, et que mes rudes vers n’ont [pas] été, sur l’enclume, re­mis as­sez de fois» 4. Feuille­tant ses propres poèmes, il trouve «leur su­jet si bi­zarre et di­vers, qu’en lire trois du long de grand- je n’ose» 5; mais loin d’essayer de cor­ri­ger ces bi­zar­re­ries, il af­fecte une en­tière in­dif­fé­rence et pré­fère re­non­cer aux pre­mières places : «Mon but est de me plaire aux que je chante… Si nul ne s’en contente, il faut que je m’en passe» 6. De plus en plus, il se sent une vo­ca­tion de ré­for­ma­teur. Tra­duc­teur de l’«An­ti­gone» de So­phocle et de «L’Eunuque» de Té­rence, au moins au­tant mu­si­cien que poète, il veut sim­pli­fier l’orthographe en la ré­dui­sant à la pho­né­tique et ap­pli­quer à la fran­çaise le vers mé­trique. Pour as­su­rer le de sa , il fonde une Aca­dé­mie de poé­sie et de , plus d’un demi-siècle avant l’. Son Aca­dé­mie ne réus­sira pas mieux que ses vers et son or­tho­graphe. Néan­moins, on ne peut qu’admirer la per­sé­vé­rance de ce grand ex­pé­ri­men­ta­teur qui, de poé­sie en poé­sie, al­lait mul­ti­pliant les ten­ta­tives; par le foi­son­ne­ment de ses «Œuvres com­plètes», il mé­rite cette épi­taphe qu’un contem­po­rain 7 lui a dres­sée : «Baïf étant la de Poé­sie, il fit — épris de haute — cou­ler par­tout les ondes de Per­messe 8, sui­vant les pas des muses de la … Ores qu’il est … cette belle pour la est ta­rie».

  1. On ren­contre aussi les gra­phies Jean-An­toine de Bayf et Jan-An­toéne de Baïf. Icône Haut
  2. Raoul Mor­çay. Icône Haut
  3. Claude-Sixte Sau­treau de Marsy et Bar­thé­lemy Im­bert. Icône Haut
  4. Le poème «Ma Fran­cine, il est temps de te mon­trer au jour…». Icône Haut
  1. Le poème «, quand je re­vois tout ce que je com­pose…». Icône Haut
  2. Le poème «Mais sans m’en avi­ser se­rais-je mi­sé­rable?…». Icône Haut
  3. Jean Vau­que­lin de La Fres­naye. Icône Haut
  4. Ri­vière ar­ro­sant la de­meure des muses. Icône Haut

Schiller, « La Pucelle d’Orléans »

éd. L’Arche, coll. Scène ouverte, Paris

éd. L’Arche, coll. Scène ou­verte, Pa­ris

Il s’agit de «La Pu­celle d’Orléans» 1Die Jung­frau von Or­leans») de Frie­drich Schil­ler 2, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 3. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 4. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 5. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Par­fois tra­duit «Jeanne d’Arc». Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  3. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « Démétrius »

dans « Œuvres dramatiques. Tome III » (XIXᵉ siècle)

dans «Œuvres dra­ma­tiques. Tome III» (XIXe siècle)

Il s’agit de «Dé­mé­trius» de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « La Fiancée de Messine, ou les Frères ennemis : tragédie avec chœurs »

éd. Aubier-Montaigne, coll. bilingue des classiques étrangers, Paris

éd. Au­bier-Mon­taigne, coll. bi­lingue des clas­siques , Pa­ris

Il s’agit de «La Fian­cée de Mes­sine» («Die Braut von Mes­sina») de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « Guillaume Tell : tragédie en cinq actes »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Guillaume Tell» («Wil­helm Tell») de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut