Mot-clefjaponais

pays, gen­tilé ou langue

Ôgai, «Vengeance sur la plaine du temple Goji-in et Autres Récits historiques»

éd. Les Belles Lettres, coll. Japon-Série Fiction, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Ja­pon-Sé­rie Fic­tion, Pa­ris

Il s’agit des «Der­niers Mots» («Saigo no ikku» 1), «Ven­geance sur la plaine du temple Goji-in» («Go­jiin­ga­hara no ka­ta­kiu­chi» 2) et autres nou­velles de Mori Ôgai 3, mé­de­cin mi­li­taire, haut fonc­tion­naire, ro­man­cier. Au­cun in­tel­lec­tuel de l’ère Meiji ne ré­sume peut-être mieux qu’Ôgai les chan­ge­ments in­ces­sants d’intensité qui bou­le­ver­sèrent la so­ciété ja­po­naise en l’espace de quelques dé­cen­nies, entre la fin du XIXe siècle et le dé­but du sui­vant. L’œuvre d’Ôgai et les évé­ne­ments mêmes de sa vie peuvent être lus comme un té­moi­gnage du pro­ces­sus dou­lou­reux qui trans­forma le pays d’un ré­gime semi-féo­dal, tel qu’il était en­core à la chute du shô­gu­nat, en une na­tion ca­pable de ri­va­li­ser de plain-pied avec les puis­sances mon­diales. Se re­trouvent chez lui tous les traits ty­piques de «l’homme nou­veau» de Meiji par­tagé entre ser­vice scru­pu­leux de l’État, hé­ri­tage de la mo­rale du passé et en­goue­ment pour les mo­dèles de pen­sée im­por­tés d’Europe. Son sé­jour d’étude en Al­le­magne, ainsi que les ar­rêts qu’il fit en France, coïn­ci­dèrent avec sa dé­cou­verte d’une autre concep­tion des connais­sances hu­maines : «Tout ce qui est hu­main [trouve] comme un écho en nous; de sorte que, si des idées nou­velles, des théo­ries nou­velles sur­gissent sur la scène du monde et y de­viennent ac­tives, dans la me­sure où la plus no­va­trice même de ces théo­ries est le pro­duit des connais­sances hu­maines… aussi ex­tra­va­gante soit-[elle], nous en nous en por­tons, peu ou prou, les germes au cœur de nos [propres] pen­sées» 4. De re­tour au Ja­pon, l’engagement constant d’Ôgai à dif­fu­ser lit­té­ra­tures, sciences et phi­lo­so­phies étran­gères montre quelle em­preinte in­ef­fa­çable l’universalisme eu­ro­péen avait lais­sée en ce des­cen­dant d’une li­gnée de sa­mou­raïs. Ses lourdes obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles (il cu­mula les fonc­tions d’inspecteur gé­né­ral des Ser­vices de santé et de di­rec­teur du Bu­reau mé­di­cal du mi­nis­tère de l’Armée de terre) ne l’empêchèrent pas de se dé­vouer, avec le plus noble es­prit d’altruisme et une éner­gie in­fa­ti­gable, à la tra­duc­tion d’innombrables nou­velles, poé­sies, pièces de théâtre : Dau­det, Gœthe, Schnitz­ler, Schmidt­bonn, Heine, Le­nau, By­ron, Poe, Ib­sen, Strind­berg, Kouz­mine, Tour­gué­niev, Ler­mon­tov, An­dreïev, Dos­toïevski, Tol­stoï… «À pré­sent», se fé­li­cita-t-il 5, «la lit­té­ra­ture raf­fi­née de l’Ouest est en­trée dans nos terres en même temps que ses prin­cipes phi­lo­so­phiques ul­times». Bien que fi­dèle au ré­gime im­pé­rial, Ôgai en sou­hai­tait l’évolution. Il par­ta­geait l’inquiétude et dé­fen­dait l’audace des in­tel­lec­tuels, comme en té­moignent son pam­phlet «La Tour du si­lence» («Chim­moku no tô» 6) et les conseils qu’il osa don­ner à Hi­raide Shû, l’avocat des ac­cu­sés de l’affaire Kô­toku qui, comme l’affaire Drey­fus en France, sus­cita la ré­pro­ba­tion gé­né­rale. Il fut, en­fin, le pre­mier grand au­teur du Ja­pon mo­derne.

  1. En ja­po­nais «最後の一句». Haut
  2. En ja­po­nais «護持院原の敵討». Haut
  3. En ja­po­nais 森鷗外. De son vrai nom Mori Rin­tarô (森林太郎). Haut
  1. «Chaos; trad. Em­ma­nuel Lo­ze­rand». Haut
  2. «“Shi­ga­rami zô­shi” no koro»(«「柵草紙」のころ»), c’est-à-dire «Le Ter­ri­toire propre de “Notes à contre-cou­rant”», in­édit en fran­çais. Haut
  3. En ja­po­nais «沈黙の塔». Par­fois trans­crit «Chin­moku no tô». Haut

Ôgai, «Le Testament d’Okitsu Yagoemon, “Okitsu Yagoemon no isho”»

dans « [Nouvelles japonaises]. Tome I. Les Noix, la Mouche, le Citron (1910-1926) » (éd. Ph. Picquier, Arles), p. 155-175

dans «[Nou­velles ja­po­naises]. Tome I. Les Noix, la Mouche, le Ci­tron (1910-1926)» (éd. Ph. Pic­quier, Arles), p. 155-175

Il s’agit du «Tes­ta­ment d’Okitsu Ya­goe­mon» («Okitsu Ya­goe­mon no isho» 1) de Mori Ôgai 2, mé­de­cin mi­li­taire, haut fonc­tion­naire, ro­man­cier. Au­cun in­tel­lec­tuel de l’ère Meiji ne ré­sume peut-être mieux qu’Ôgai les chan­ge­ments in­ces­sants d’intensité qui bou­le­ver­sèrent la so­ciété ja­po­naise en l’espace de quelques dé­cen­nies, entre la fin du XIXe siècle et le dé­but du sui­vant. L’œuvre d’Ôgai et les évé­ne­ments mêmes de sa vie peuvent être lus comme un té­moi­gnage du pro­ces­sus dou­lou­reux qui trans­forma le pays d’un ré­gime semi-féo­dal, tel qu’il était en­core à la chute du shô­gu­nat, en une na­tion ca­pable de ri­va­li­ser de plain-pied avec les puis­sances mon­diales. Se re­trouvent chez lui tous les traits ty­piques de «l’homme nou­veau» de Meiji par­tagé entre ser­vice scru­pu­leux de l’État, hé­ri­tage de la mo­rale du passé et en­goue­ment pour les mo­dèles de pen­sée im­por­tés d’Europe. Son sé­jour d’étude en Al­le­magne, ainsi que les ar­rêts qu’il fit en France, coïn­ci­dèrent avec sa dé­cou­verte d’une autre concep­tion des connais­sances hu­maines : «Tout ce qui est hu­main [trouve] comme un écho en nous; de sorte que, si des idées nou­velles, des théo­ries nou­velles sur­gissent sur la scène du monde et y de­viennent ac­tives, dans la me­sure où la plus no­va­trice même de ces théo­ries est le pro­duit des connais­sances hu­maines… aussi ex­tra­va­gante soit-[elle], nous en nous en por­tons, peu ou prou, les germes au cœur de nos [propres] pen­sées» 3. De re­tour au Ja­pon, l’engagement constant d’Ôgai à dif­fu­ser lit­té­ra­tures, sciences et phi­lo­so­phies étran­gères montre quelle em­preinte in­ef­fa­çable l’universalisme eu­ro­péen avait lais­sée en ce des­cen­dant d’une li­gnée de sa­mou­raïs. Ses lourdes obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles (il cu­mula les fonc­tions d’inspecteur gé­né­ral des Ser­vices de santé et de di­rec­teur du Bu­reau mé­di­cal du mi­nis­tère de l’Armée de terre) ne l’empêchèrent pas de se dé­vouer, avec le plus noble es­prit d’altruisme et une éner­gie in­fa­ti­gable, à la tra­duc­tion d’innombrables nou­velles, poé­sies, pièces de théâtre : Dau­det, Gœthe, Schnitz­ler, Schmidt­bonn, Heine, Le­nau, By­ron, Poe, Ib­sen, Strind­berg, Kouz­mine, Tour­gué­niev, Ler­mon­tov, An­dreïev, Dos­toïevski, Tol­stoï… «À pré­sent», se fé­li­cita-t-il 4, «la lit­té­ra­ture raf­fi­née de l’Ouest est en­trée dans nos terres en même temps que ses prin­cipes phi­lo­so­phiques ul­times». Bien que fi­dèle au ré­gime im­pé­rial, Ôgai en sou­hai­tait l’évolution. Il par­ta­geait l’inquiétude et dé­fen­dait l’audace des in­tel­lec­tuels, comme en té­moignent son pam­phlet «La Tour du si­lence» («Chim­moku no tô» 5) et les conseils qu’il osa don­ner à Hi­raide Shû, l’avocat des ac­cu­sés de l’affaire Kô­toku qui, comme l’affaire Drey­fus en France, sus­cita la ré­pro­ba­tion gé­né­rale. Il fut, en­fin, le pre­mier grand au­teur du Ja­pon mo­derne.

  1. En ja­po­nais «興津弥五右衛門の遺書». Haut
  2. En ja­po­nais 森鷗外. De son vrai nom Mori Rin­tarô (森林太郎). Haut
  3. «Chaos; trad. Em­ma­nuel Lo­ze­rand». Haut
  1. «“Shi­ga­rami zô­shi” no koro»(«「柵草紙」のころ»), c’est-à-dire «Le Ter­ri­toire propre de “Notes à contre-cou­rant”», in­édit en fran­çais. Haut
  2. En ja­po­nais «沈黙の塔». Par­fois trans­crit «Chin­moku no tô». Haut

Ôgai, «La Danseuse»

éd. du Rocher, coll. Nouvelle, Monaco

éd. du Ro­cher, coll. Nou­velle, Mo­naco

Il s’agit de «La Dan­seuse» 1Mai­hime» 2) de Mori Ôgai 3, mé­de­cin mi­li­taire, haut fonc­tion­naire, ro­man­cier. Au­cun in­tel­lec­tuel de l’ère Meiji ne ré­sume peut-être mieux qu’Ôgai les chan­ge­ments in­ces­sants d’intensité qui bou­le­ver­sèrent la so­ciété ja­po­naise en l’espace de quelques dé­cen­nies, entre la fin du XIXe siècle et le dé­but du sui­vant. L’œuvre d’Ôgai et les évé­ne­ments mêmes de sa vie peuvent être lus comme un té­moi­gnage du pro­ces­sus dou­lou­reux qui trans­forma le pays d’un ré­gime semi-féo­dal, tel qu’il était en­core à la chute du shô­gu­nat, en une na­tion ca­pable de ri­va­li­ser de plain-pied avec les puis­sances mon­diales. Se re­trouvent chez lui tous les traits ty­piques de «l’homme nou­veau» de Meiji par­tagé entre ser­vice scru­pu­leux de l’État, hé­ri­tage de la mo­rale du passé et en­goue­ment pour les mo­dèles de pen­sée im­por­tés d’Europe. Son sé­jour d’étude en Al­le­magne, ainsi que les ar­rêts qu’il fit en France, coïn­ci­dèrent avec sa dé­cou­verte d’une autre concep­tion des connais­sances hu­maines : «Tout ce qui est hu­main [trouve] comme un écho en nous; de sorte que, si des idées nou­velles, des théo­ries nou­velles sur­gissent sur la scène du monde et y de­viennent ac­tives, dans la me­sure où la plus no­va­trice même de ces théo­ries est le pro­duit des connais­sances hu­maines… aussi ex­tra­va­gante soit-[elle], nous en nous en por­tons, peu ou prou, les germes au cœur de nos [propres] pen­sées» 4. De re­tour au Ja­pon, l’engagement constant d’Ôgai à dif­fu­ser lit­té­ra­tures, sciences et phi­lo­so­phies étran­gères montre quelle em­preinte in­ef­fa­çable l’universalisme eu­ro­péen avait lais­sée en ce des­cen­dant d’une li­gnée de sa­mou­raïs. Ses lourdes obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles (il cu­mula les fonc­tions d’inspecteur gé­né­ral des Ser­vices de santé et de di­rec­teur du Bu­reau mé­di­cal du mi­nis­tère de l’Armée de terre) ne l’empêchèrent pas de se dé­vouer, avec le plus noble es­prit d’altruisme et une éner­gie in­fa­ti­gable, à la tra­duc­tion d’innombrables nou­velles, poé­sies, pièces de théâtre : Dau­det, Gœthe, Schnitz­ler, Schmidt­bonn, Heine, Le­nau, By­ron, Poe, Ib­sen, Strind­berg, Kouz­mine, Tour­gué­niev, Ler­mon­tov, An­dreïev, Dos­toïevski, Tol­stoï… «À pré­sent», se fé­li­cita-t-il 5, «la lit­té­ra­ture raf­fi­née de l’Ouest est en­trée dans nos terres en même temps que ses prin­cipes phi­lo­so­phiques ul­times». Bien que fi­dèle au ré­gime im­pé­rial, Ôgai en sou­hai­tait l’évolution. Il par­ta­geait l’inquiétude et dé­fen­dait l’audace des in­tel­lec­tuels, comme en té­moignent son pam­phlet «La Tour du si­lence» («Chim­moku no tô» 6) et les conseils qu’il osa don­ner à Hi­raide Shû, l’avocat des ac­cu­sés de l’affaire Kô­toku qui, comme l’affaire Drey­fus en France, sus­cita la ré­pro­ba­tion gé­né­rale. Il fut, en­fin, le pre­mier grand au­teur du Ja­pon mo­derne.

  1. Par­fois tra­duit «La Bal­le­rine». Haut
  2. En ja­po­nais «舞姫». Haut
  3. En ja­po­nais 森鷗外. De son vrai nom Mori Rin­tarô (森林太郎). Haut
  1. «Chaos; trad. Em­ma­nuel Lo­ze­rand». Haut
  2. «“Shi­ga­rami zô­shi” no koro»(«「柵草紙」のころ»), c’est-à-dire «Le Ter­ri­toire propre de “Notes à contre-cou­rant”», in­édit en fran­çais. Haut
  3. En ja­po­nais «沈黙の塔». Par­fois trans­crit «Chin­moku no tô». Haut

Ôgai, «L’Intendant Sanshô : récits»

éd. Ph. Picquier, Arles

éd. Ph. Pic­quier, Arles

Il s’agit du «Clan Abe» 1Abe ichi­zoku» 2) et de «L’Intendant San­shô» 3San­shô dayû» 4) de Mori Ôgai 5, mé­de­cin mi­li­taire, haut fonc­tion­naire, ro­man­cier. Au­cun in­tel­lec­tuel de l’ère Meiji ne ré­sume peut-être mieux qu’Ôgai les chan­ge­ments in­ces­sants d’intensité qui bou­le­ver­sèrent la so­ciété ja­po­naise en l’espace de quelques dé­cen­nies, entre la fin du XIXe siècle et le dé­but du sui­vant. L’œuvre d’Ôgai et les évé­ne­ments mêmes de sa vie peuvent être lus comme un té­moi­gnage du pro­ces­sus dou­lou­reux qui trans­forma le pays d’un ré­gime semi-féo­dal, tel qu’il était en­core à la chute du shô­gu­nat, en une na­tion ca­pable de ri­va­li­ser de plain-pied avec les puis­sances mon­diales. Se re­trouvent chez lui tous les traits ty­piques de «l’homme nou­veau» de Meiji par­tagé entre ser­vice scru­pu­leux de l’État, hé­ri­tage de la mo­rale du passé et en­goue­ment pour les mo­dèles de pen­sée im­por­tés d’Europe. Son sé­jour d’étude en Al­le­magne, ainsi que les ar­rêts qu’il fit en France, coïn­ci­dèrent avec sa dé­cou­verte d’une autre concep­tion des connais­sances hu­maines : «Tout ce qui est hu­main [trouve] comme un écho en nous; de sorte que, si des idées nou­velles, des théo­ries nou­velles sur­gissent sur la scène du monde et y de­viennent ac­tives, dans la me­sure où la plus no­va­trice même de ces théo­ries est le pro­duit des connais­sances hu­maines… aussi ex­tra­va­gante soit-[elle], nous en nous en por­tons, peu ou prou, les germes au cœur de nos [propres] pen­sées» 6. De re­tour au Ja­pon, l’engagement constant d’Ôgai à dif­fu­ser lit­té­ra­tures, sciences et phi­lo­so­phies étran­gères montre quelle em­preinte in­ef­fa­çable l’universalisme eu­ro­péen avait lais­sée en ce des­cen­dant d’une li­gnée de sa­mou­raïs. Ses lourdes obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles (il cu­mula les fonc­tions d’inspecteur gé­né­ral des Ser­vices de santé et de di­rec­teur du Bu­reau mé­di­cal du mi­nis­tère de l’Armée de terre) ne l’empêchèrent pas de se dé­vouer, avec le plus noble es­prit d’altruisme et une éner­gie in­fa­ti­gable, à la tra­duc­tion d’innombrables nou­velles, poé­sies, pièces de théâtre : Dau­det, Gœthe, Schnitz­ler, Schmidt­bonn, Heine, Le­nau, By­ron, Poe, Ib­sen, Strind­berg, Kouz­mine, Tour­gué­niev, Ler­mon­tov, An­dreïev, Dos­toïevski, Tol­stoï… «À pré­sent», se fé­li­cita-t-il 7, «la lit­té­ra­ture raf­fi­née de l’Ouest est en­trée dans nos terres en même temps que ses prin­cipes phi­lo­so­phiques ul­times». Bien que fi­dèle au ré­gime im­pé­rial, Ôgai en sou­hai­tait l’évolution. Il par­ta­geait l’inquiétude et dé­fen­dait l’audace des in­tel­lec­tuels, comme en té­moignent son pam­phlet «La Tour du si­lence» («Chim­moku no tô» 8) et les conseils qu’il osa don­ner à Hi­raide Shû, l’avocat des ac­cu­sés de l’affaire Kô­toku qui, comme l’affaire Drey­fus en France, sus­cita la ré­pro­ba­tion gé­né­rale. Il fut, en­fin, le pre­mier grand au­teur du Ja­pon mo­derne.

  1. Par­fois tra­duit «La Fa­mille Abe» ou «La Fa­mille des Abe». Haut
  2. En ja­po­nais «阿部一族». Haut
  3. Par­fois tra­duit «Le Com­man­dant San­shô». Haut
  4. En ja­po­nais «山椒大夫». Haut
  1. En ja­po­nais 森鷗外. De son vrai nom Mori Rin­tarô (森林太郎). Haut
  2. «Chaos; trad. Em­ma­nuel Lo­ze­rand». Haut
  3. «“Shi­ga­rami zô­shi” no koro»(«「柵草紙」のころ»), c’est-à-dire «Le Ter­ri­toire propre de “Notes à contre-cou­rant”», in­édit en fran­çais. Haut
  4. En ja­po­nais «沈黙の塔». Par­fois trans­crit «Chin­moku no tô». Haut

Ôgai, «Le Jeune Homme : roman»

éd. du Rocher, coll. Série japonaise, Monaco

éd. du Ro­cher, coll. Sé­rie ja­po­naise, Mo­naco

Il s’agit du «Jeune Homme» («Sei­nen» 1) de Mori Ôgai 2, mé­de­cin mi­li­taire, haut fonc­tion­naire, ro­man­cier. Au­cun in­tel­lec­tuel de l’ère Meiji ne ré­sume peut-être mieux qu’Ôgai les chan­ge­ments in­ces­sants d’intensité qui bou­le­ver­sèrent la so­ciété ja­po­naise en l’espace de quelques dé­cen­nies, entre la fin du XIXe siècle et le dé­but du sui­vant. L’œuvre d’Ôgai et les évé­ne­ments mêmes de sa vie peuvent être lus comme un té­moi­gnage du pro­ces­sus dou­lou­reux qui trans­forma le pays d’un ré­gime semi-féo­dal, tel qu’il était en­core à la chute du shô­gu­nat, en une na­tion ca­pable de ri­va­li­ser de plain-pied avec les puis­sances mon­diales. Se re­trouvent chez lui tous les traits ty­piques de «l’homme nou­veau» de Meiji par­tagé entre ser­vice scru­pu­leux de l’État, hé­ri­tage de la mo­rale du passé et en­goue­ment pour les mo­dèles de pen­sée im­por­tés d’Europe. Son sé­jour d’étude en Al­le­magne, ainsi que les ar­rêts qu’il fit en France, coïn­ci­dèrent avec sa dé­cou­verte d’une autre concep­tion des connais­sances hu­maines : «Tout ce qui est hu­main [trouve] comme un écho en nous; de sorte que, si des idées nou­velles, des théo­ries nou­velles sur­gissent sur la scène du monde et y de­viennent ac­tives, dans la me­sure où la plus no­va­trice même de ces théo­ries est le pro­duit des connais­sances hu­maines… aussi ex­tra­va­gante soit-[elle], nous en nous en por­tons, peu ou prou, les germes au cœur de nos [propres] pen­sées» 3. De re­tour au Ja­pon, l’engagement constant d’Ôgai à dif­fu­ser lit­té­ra­tures, sciences et phi­lo­so­phies étran­gères montre quelle em­preinte in­ef­fa­çable l’universalisme eu­ro­péen avait lais­sée en ce des­cen­dant d’une li­gnée de sa­mou­raïs. Ses lourdes obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles (il cu­mula les fonc­tions d’inspecteur gé­né­ral des Ser­vices de santé et de di­rec­teur du Bu­reau mé­di­cal du mi­nis­tère de l’Armée de terre) ne l’empêchèrent pas de se dé­vouer, avec le plus noble es­prit d’altruisme et une éner­gie in­fa­ti­gable, à la tra­duc­tion d’innombrables nou­velles, poé­sies, pièces de théâtre : Dau­det, Gœthe, Schnitz­ler, Schmidt­bonn, Heine, Le­nau, By­ron, Poe, Ib­sen, Strind­berg, Kouz­mine, Tour­gué­niev, Ler­mon­tov, An­dreïev, Dos­toïevski, Tol­stoï… «À pré­sent», se fé­li­cita-t-il 4, «la lit­té­ra­ture raf­fi­née de l’Ouest est en­trée dans nos terres en même temps que ses prin­cipes phi­lo­so­phiques ul­times». Bien que fi­dèle au ré­gime im­pé­rial, Ôgai en sou­hai­tait l’évolution. Il par­ta­geait l’inquiétude et dé­fen­dait l’audace des in­tel­lec­tuels, comme en té­moignent son pam­phlet «La Tour du si­lence» («Chim­moku no tô» 5) et les conseils qu’il osa don­ner à Hi­raide Shû, l’avocat des ac­cu­sés de l’affaire Kô­toku qui, comme l’affaire Drey­fus en France, sus­cita la ré­pro­ba­tion gé­né­rale. Il fut, en­fin, le pre­mier grand au­teur du Ja­pon mo­derne.

  1. En ja­po­nais «青年». Haut
  2. En ja­po­nais 森鷗外. De son vrai nom Mori Rin­tarô (森林太郎). Haut
  3. «Chaos; trad. Em­ma­nuel Lo­ze­rand». Haut
  1. «“Shi­ga­rami zô­shi” no koro»(«「柵草紙」のころ»), c’est-à-dire «Le Ter­ri­toire propre de “Notes à contre-cou­rant”», in­édit en fran­çais. Haut
  2. En ja­po­nais «沈黙の塔». Par­fois trans­crit «Chin­moku no tô». Haut

Ôgai, «Chimères»

éd. Payot & Rivages, coll. Rivages poche-Petite Bibliothèque, Paris

éd. Payot & Ri­vages, coll. Ri­vages poche-Pe­tite Bi­blio­thèque, Pa­ris

Il s’agit du «Ser­pent» («Hebi» 1), «Chi­mères» 2Môsô» 3) et autres nou­velles de Mori Ôgai 4, mé­de­cin mi­li­taire, haut fonc­tion­naire, ro­man­cier. Au­cun in­tel­lec­tuel de l’ère Meiji ne ré­sume peut-être mieux qu’Ôgai les chan­ge­ments in­ces­sants d’intensité qui bou­le­ver­sèrent la so­ciété ja­po­naise en l’espace de quelques dé­cen­nies, entre la fin du XIXe siècle et le dé­but du sui­vant. L’œuvre d’Ôgai et les évé­ne­ments mêmes de sa vie peuvent être lus comme un té­moi­gnage du pro­ces­sus dou­lou­reux qui trans­forma le pays d’un ré­gime semi-féo­dal, tel qu’il était en­core à la chute du shô­gu­nat, en une na­tion ca­pable de ri­va­li­ser de plain-pied avec les puis­sances mon­diales. Se re­trouvent chez lui tous les traits ty­piques de «l’homme nou­veau» de Meiji par­tagé entre ser­vice scru­pu­leux de l’État, hé­ri­tage de la mo­rale du passé et en­goue­ment pour les mo­dèles de pen­sée im­por­tés d’Europe. Son sé­jour d’étude en Al­le­magne, ainsi que les ar­rêts qu’il fit en France, coïn­ci­dèrent avec sa dé­cou­verte d’une autre concep­tion des connais­sances hu­maines : «Tout ce qui est hu­main [trouve] comme un écho en nous; de sorte que, si des idées nou­velles, des théo­ries nou­velles sur­gissent sur la scène du monde et y de­viennent ac­tives, dans la me­sure où la plus no­va­trice même de ces théo­ries est le pro­duit des connais­sances hu­maines… aussi ex­tra­va­gante soit-[elle], nous en nous en por­tons, peu ou prou, les germes au cœur de nos [propres] pen­sées» 5. De re­tour au Ja­pon, l’engagement constant d’Ôgai à dif­fu­ser lit­té­ra­tures, sciences et phi­lo­so­phies étran­gères montre quelle em­preinte in­ef­fa­çable l’universalisme eu­ro­péen avait lais­sée en ce des­cen­dant d’une li­gnée de sa­mou­raïs. Ses lourdes obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles (il cu­mula les fonc­tions d’inspecteur gé­né­ral des Ser­vices de santé et de di­rec­teur du Bu­reau mé­di­cal du mi­nis­tère de l’Armée de terre) ne l’empêchèrent pas de se dé­vouer, avec le plus noble es­prit d’altruisme et une éner­gie in­fa­ti­gable, à la tra­duc­tion d’innombrables nou­velles, poé­sies, pièces de théâtre : Dau­det, Gœthe, Schnitz­ler, Schmidt­bonn, Heine, Le­nau, By­ron, Poe, Ib­sen, Strind­berg, Kouz­mine, Tour­gué­niev, Ler­mon­tov, An­dreïev, Dos­toïevski, Tol­stoï… «À pré­sent», se fé­li­cita-t-il 6, «la lit­té­ra­ture raf­fi­née de l’Ouest est en­trée dans nos terres en même temps que ses prin­cipes phi­lo­so­phiques ul­times». Bien que fi­dèle au ré­gime im­pé­rial, Ôgai en sou­hai­tait l’évolution. Il par­ta­geait l’inquiétude et dé­fen­dait l’audace des in­tel­lec­tuels, comme en té­moignent son pam­phlet «La Tour du si­lence» («Chim­moku no tô» 7) et les conseils qu’il osa don­ner à Hi­raide Shû, l’avocat des ac­cu­sés de l’affaire Kô­toku qui, comme l’affaire Drey­fus en France, sus­cita la ré­pro­ba­tion gé­né­rale. Il fut, en­fin, le pre­mier grand au­teur du Ja­pon mo­derne.

  1. En ja­po­nais «». Haut
  2. Par­fois tra­duit «Rê­ve­ries». Haut
  3. En ja­po­nais «妄想». Par­fois trans­crit «Môzô». Haut
  4. En ja­po­nais 森鷗外. De son vrai nom Mori Rin­tarô (森林太郎). Haut
  1. «Chaos; trad. Em­ma­nuel Lo­ze­rand». Haut
  2. «“Shi­ga­rami zô­shi” no koro»(«「柵草紙」のころ»), c’est-à-dire «Le Ter­ri­toire propre de “Notes à contre-cou­rant”», in­édit en fran­çais. Haut
  3. En ja­po­nais «沈黙の塔». Par­fois trans­crit «Chin­moku no tô». Haut

Ôgai, «Vita sexualis, ou l’Apprentissage amoureux du professeur Kanai Shizuka»

éd. Gallimard-UNESCO, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard-UNESCO, coll. Connais­sance de l’Orient, Pa­ris

Il s’agit de «Vita sexua­lis» 1 de Mori Ôgai 2, mé­de­cin mi­li­taire, haut fonc­tion­naire, ro­man­cier. Au­cun in­tel­lec­tuel de l’ère Meiji ne ré­sume peut-être mieux qu’Ôgai les chan­ge­ments in­ces­sants d’intensité qui bou­le­ver­sèrent la so­ciété ja­po­naise en l’espace de quelques dé­cen­nies, entre la fin du XIXe siècle et le dé­but du sui­vant. L’œuvre d’Ôgai et les évé­ne­ments mêmes de sa vie peuvent être lus comme un té­moi­gnage du pro­ces­sus dou­lou­reux qui trans­forma le pays d’un ré­gime semi-féo­dal, tel qu’il était en­core à la chute du shô­gu­nat, en une na­tion ca­pable de ri­va­li­ser de plain-pied avec les puis­sances mon­diales. Se re­trouvent chez lui tous les traits ty­piques de «l’homme nou­veau» de Meiji par­tagé entre ser­vice scru­pu­leux de l’État, hé­ri­tage de la mo­rale du passé et en­goue­ment pour les mo­dèles de pen­sée im­por­tés d’Europe. Son sé­jour d’étude en Al­le­magne, ainsi que les ar­rêts qu’il fit en France, coïn­ci­dèrent avec sa dé­cou­verte d’une autre concep­tion des connais­sances hu­maines : «Tout ce qui est hu­main [trouve] comme un écho en nous; de sorte que, si des idées nou­velles, des théo­ries nou­velles sur­gissent sur la scène du monde et y de­viennent ac­tives, dans la me­sure où la plus no­va­trice même de ces théo­ries est le pro­duit des connais­sances hu­maines… aussi ex­tra­va­gante soit-[elle], nous en nous en por­tons, peu ou prou, les germes au cœur de nos [propres] pen­sées» 3. De re­tour au Ja­pon, l’engagement constant d’Ôgai à dif­fu­ser lit­té­ra­tures, sciences et phi­lo­so­phies étran­gères montre quelle em­preinte in­ef­fa­çable l’universalisme eu­ro­péen avait lais­sée en ce des­cen­dant d’une li­gnée de sa­mou­raïs. Ses lourdes obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles (il cu­mula les fonc­tions d’inspecteur gé­né­ral des Ser­vices de santé et de di­rec­teur du Bu­reau mé­di­cal du mi­nis­tère de l’Armée de terre) ne l’empêchèrent pas de se dé­vouer, avec le plus noble es­prit d’altruisme et une éner­gie in­fa­ti­gable, à la tra­duc­tion d’innombrables nou­velles, poé­sies, pièces de théâtre : Dau­det, Gœthe, Schnitz­ler, Schmidt­bonn, Heine, Le­nau, By­ron, Poe, Ib­sen, Strind­berg, Kouz­mine, Tour­gué­niev, Ler­mon­tov, An­dreïev, Dos­toïevski, Tol­stoï… «À pré­sent», se fé­li­cita-t-il 4, «la lit­té­ra­ture raf­fi­née de l’Ouest est en­trée dans nos terres en même temps que ses prin­cipes phi­lo­so­phiques ul­times». Bien que fi­dèle au ré­gime im­pé­rial, Ôgai en sou­hai­tait l’évolution. Il par­ta­geait l’inquiétude et dé­fen­dait l’audace des in­tel­lec­tuels, comme en té­moignent son pam­phlet «La Tour du si­lence» («Chim­moku no tô» 5) et les conseils qu’il osa don­ner à Hi­raide Shû, l’avocat des ac­cu­sés de l’affaire Kô­toku qui, comme l’affaire Drey­fus en France, sus­cita la ré­pro­ba­tion gé­né­rale. Il fut, en­fin, le pre­mier grand au­teur du Ja­pon mo­derne.

  1. En ja­po­nais «ヰタ・セクスアリス». Haut
  2. En ja­po­nais 森鷗外. De son vrai nom Mori Rin­tarô (森林太郎). Haut
  3. «Chaos; trad. Em­ma­nuel Lo­ze­rand». Haut
  1. «“Shi­ga­rami zô­shi” no koro»(«「柵草紙」のころ»), c’est-à-dire «Le Ter­ri­toire propre de “Notes à contre-cou­rant”», in­édit en fran­çais. Haut
  2. En ja­po­nais «沈黙の塔». Par­fois trans­crit «Chin­moku no tô». Haut

Ôgai, «L’Oie sauvage»

éd. Cambourakis, Paris

éd. Cam­bou­ra­kis, Pa­ris

Il s’agit de «L’Oie sau­vage» («Gan» 1) de Mori Ôgai 2, mé­de­cin mi­li­taire, haut fonc­tion­naire, ro­man­cier. Au­cun in­tel­lec­tuel de l’ère Meiji ne ré­sume peut-être mieux qu’Ôgai les chan­ge­ments in­ces­sants d’intensité qui bou­le­ver­sèrent la so­ciété ja­po­naise en l’espace de quelques dé­cen­nies, entre la fin du XIXe siècle et le dé­but du sui­vant. L’œuvre d’Ôgai et les évé­ne­ments mêmes de sa vie peuvent être lus comme un té­moi­gnage du pro­ces­sus dou­lou­reux qui trans­forma le pays d’un ré­gime semi-féo­dal, tel qu’il était en­core à la chute du shô­gu­nat, en une na­tion ca­pable de ri­va­li­ser de plain-pied avec les puis­sances mon­diales. Se re­trouvent chez lui tous les traits ty­piques de «l’homme nou­veau» de Meiji par­tagé entre ser­vice scru­pu­leux de l’État, hé­ri­tage de la mo­rale du passé et en­goue­ment pour les mo­dèles de pen­sée im­por­tés d’Europe. Son sé­jour d’étude en Al­le­magne, ainsi que les ar­rêts qu’il fit en France, coïn­ci­dèrent avec sa dé­cou­verte d’une autre concep­tion des connais­sances hu­maines : «Tout ce qui est hu­main [trouve] comme un écho en nous; de sorte que, si des idées nou­velles, des théo­ries nou­velles sur­gissent sur la scène du monde et y de­viennent ac­tives, dans la me­sure où la plus no­va­trice même de ces théo­ries est le pro­duit des connais­sances hu­maines… aussi ex­tra­va­gante soit-[elle], nous en nous en por­tons, peu ou prou, les germes au cœur de nos [propres] pen­sées» 3. De re­tour au Ja­pon, l’engagement constant d’Ôgai à dif­fu­ser lit­té­ra­tures, sciences et phi­lo­so­phies étran­gères montre quelle em­preinte in­ef­fa­çable l’universalisme eu­ro­péen avait lais­sée en ce des­cen­dant d’une li­gnée de sa­mou­raïs. Ses lourdes obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles (il cu­mula les fonc­tions d’inspecteur gé­né­ral des Ser­vices de santé et de di­rec­teur du Bu­reau mé­di­cal du mi­nis­tère de l’Armée de terre) ne l’empêchèrent pas de se dé­vouer, avec le plus noble es­prit d’altruisme et une éner­gie in­fa­ti­gable, à la tra­duc­tion d’innombrables nou­velles, poé­sies, pièces de théâtre : Dau­det, Gœthe, Schnitz­ler, Schmidt­bonn, Heine, Le­nau, By­ron, Poe, Ib­sen, Strind­berg, Kouz­mine, Tour­gué­niev, Ler­mon­tov, An­dreïev, Dos­toïevski, Tol­stoï… «À pré­sent», se fé­li­cita-t-il 4, «la lit­té­ra­ture raf­fi­née de l’Ouest est en­trée dans nos terres en même temps que ses prin­cipes phi­lo­so­phiques ul­times». Bien que fi­dèle au ré­gime im­pé­rial, Ôgai en sou­hai­tait l’évolution. Il par­ta­geait l’inquiétude et dé­fen­dait l’audace des in­tel­lec­tuels, comme en té­moignent son pam­phlet «La Tour du si­lence» («Chim­moku no tô» 5) et les conseils qu’il osa don­ner à Hi­raide Shû, l’avocat des ac­cu­sés de l’affaire Kô­toku qui, comme l’affaire Drey­fus en France, sus­cita la ré­pro­ba­tion gé­né­rale. Il fut, en­fin, le pre­mier grand au­teur du Ja­pon mo­derne.

  1. En ja­po­nais «». Haut
  2. En ja­po­nais 森鷗外. De son vrai nom Mori Rin­tarô (森林太郎). Haut
  3. «Chaos; trad. Em­ma­nuel Lo­ze­rand». Haut
  1. «“Shi­ga­rami zô­shi” no koro»(«「柵草紙」のころ»), c’est-à-dire «Le Ter­ri­toire propre de “Notes à contre-cou­rant”», in­édit en fran­çais. Haut
  2. En ja­po­nais «沈黙の塔». Par­fois trans­crit «Chin­moku no tô». Haut

Saikaku, «Arashi, vie et mort d’un acteur»

éd. Ph. Picquier, coll. Le Pavillon des corps curieux, Arles

éd. Ph. Pic­quier, coll. Le Pa­villon des corps cu­rieux, Arles

Il s’agit de l’«Ara­shi mujô mo­no­ga­tari» 1Ara­shi, vie et mort d’un ac­teur» 2) d’Ihara Sai­kaku 3, mar­chand ja­po­nais qui, après la mort de sa femme et de sa fille aveugle, se consa­cra à l’art du ro­man, où il de­vint un maître in­con­testé, et le plus ha­bile des écri­vains. On com­pare la vi­va­cité et la ra­pi­dité de son style à celles que l’on éprouve en des­cen­dant un tor­rent dans une barque. À la nais­sance de Sai­kaku, en 1642, le Ja­pon était en­tré dans une pé­riode de paix et de bon ordre, après plus de deux siècles de guerres ci­viles. Les for­ti­fi­ca­tions ra­sées des villes avaient fait place à des quar­tiers de dis­trac­tion, où les bour­geois met­taient à la pour­suite du plai­sir l’opiniâtreté et la pas­sion qu’ils avaient au­tre­fois ap­por­tées à la conquête de l’argent. L’œuvre de Sai­kaku, vaste fresque de ce «monde flot­tant» («ukiyo» 4), prend pour su­jets les mar­chands, les ven­deurs, les fa­bri­cants de ton­neaux, les bouilleurs d’alcool de riz, les ac­teurs, les guer­riers, les cour­ti­sanes. Les por­traits de celles-ci sur­tout, très re­mar­quables et osés, al­lant jusqu’à la vul­ga­rité, font que l’on consi­dère Sai­kaku comme un por­no­graphe; en quoi, on a grand tort. Car si on lui en­lève ce masque d’indécence, qui peut bien avoir contri­bué à faire de lui le plus po­pu­laire écri­vain de son temps, mais qui n’est ce­pen­dant qu’un masque, et le plus trom­peur des masques, on verra un psy­cho­logue hors pair, lu­cide, mais plein d’humour, tou­jours à l’écoute du «cœur des gens de ce monde» («yo no hito-go­koro» 5) comme il dit lui-même 6. Avec lui, le Ja­pon re­trouve cette fi­nesse d’observation qu’il n’avait plus at­teinte de­puis Mu­ra­saki-shi­kibu. «Dans ses ou­vrages aussi francs qu’enjoués, Sai­kaku [dé­crit] tous les ha­sards doux et amers de ce monde de l’impermanence et de l’illusion dé­noncé dans les ser­mons des bonzes. Mais les hé­ros de Sai­kaku ne tentent pas de lui échap­per, ils mettent leur sa­gesse à s’en ac­com­mo­der, et leur iro­nie à n’en être pas dupes. D’avance, ils ac­ceptent tout ce que les ha­sards de ce monde vou­dront bien leur don­ner — et le ha­sard n’est pas chiche en­vers eux… Ces ré­cits, on le voit, sont francs, cy­niques, sa­laces. Li­ber­tins? Non, on n’y trouve ja­mais viol ni dol, ja­mais cet ac­cent de ré­volte et de défi qui re­lève les noires prouesses du li­ber­ti­nage oc­ci­den­tal, de Don Juan… à Sade. Pour être libres de leurs plai­sirs, les hé­ros de Sai­kaku n’ont pas à se [faire] scé­lé­rats», dit M. Mau­rice Pin­guet

  1. En ja­po­nais «嵐無常物語». Haut
  2. Par­fois tra­duit «Ré­cit de la mort d’Arashi». Haut
  3. En ja­po­nais 井原西鶴. Au­tre­fois trans­crit Ihara Saï­ka­kou. Haut
  1. En ja­po­nais «浮世». Au­tre­fois trans­crit «ou­kiyo». Haut
  2. En ja­po­nais «世の人心». Haut
  3. Ihara Sai­kaku, «Sai­kaku ori­dome» («Le Tis­sage in­ter­rompu de Sai­kaku»), in­édit en fran­çais. Haut

Tokutomi, «Plutôt la mort : roman japonais»

éd. L’Action sociale, Québec

éd. L’Action so­ciale, Qué­bec

Il s’agit du ro­man ja­po­nais «Ho­to­to­gisu» 1 de To­ku­tomi Roka 2, de son vrai nom To­ku­tomi Ken­jirô 3. Ayant grandi dans l’ombre de son frère aîné, To­ku­tomi Sohô, di­rec­teur du «Ko­ku­min no Tomo» 4L’Ami de la na­tion» 5) et du «Ko­ku­min Shim­bun» 6Jour­nal de la na­tion»), c’est dans les co­lonnes de ces pé­rio­diques que To­ku­tomi pu­blia ses pre­miers ar­ticles lit­té­raires, qui mirent en vue son pseu­do­nyme de Roka («fleur de ro­seau» 7). En outre, dans les mêmes co­lonnes, pa­rut en feuille­ton entre no­vembre 1898 et mai 1899 son «Ho­to­to­gisu» («Le Cou­cou»). Réuni en­suite en vo­lume, ce ro­man connut un suc­cès phé­no­mé­nal et fut tra­duit en vingt langues eu­ro­péennes sous les titres les plus di­vers : «Plu­tôt la mort», «Nami-ko», etc. Les évé­ne­ments de ce ro­man rou­laient sur une his­toire vraie, à la­quelle étaient ve­nues s’ajouter les bro­de­ries de To­ku­tomi. Ils se pas­saient dans un Ja­pon aux vic­toires re­ten­tis­santes, où tout ou presque était de­venu oc­ci­den­ta­lisé et mo­derne — ré­seaux té­lé­gra­phiques, che­mins de fer, ar­mée, ma­rine de guerre — tout, à l’exception de la condi­tion de la femme qui res­tait dans beau­coup de cas, en vertu de pré­ju­gés cruels et sur­an­nés, l’esclave de la belle-fa­mille où elle en­trait par le ma­riage. L’héroïne prin­ci­pale de «Ho­to­to­gisu» se nomme Nami-ko. Elle est épou­sée par Ta­keo, jeune lieu­te­nant de vais­seau, qui s’en va com­battre au loin en la lais­sant au pou­voir ter­rible de sa belle-mère. Celle-ci, ap­pre­nant que Nami-ko est phti­sique, dé­cide de la faire ré­pu­dier et oblige le père de la jeune fille, l’illustre gé­né­ral Ka­taoka, à la re­prendre. S’ensuit l’indignation du gé­né­ral qui re­cueille chez lui sa fille, et la construc­tion qu’il fait faire d’un pa­villon, dans un en­droit tran­quille de son parc, pour y soi­gner la phti­sique, la­quelle meurt moins de sa ma­la­die que de ses illu­sions per­dues. Re­venu des ma­nœuvres mi­li­taires, Ta­keo, qui aime Nami-ko, vient pleu­rer sur sa tombe. Il n’a d’autre conso­la­tion que de re­lire la lettre d’adieu qu’elle lui a écrite, et dans la­quelle elle l’assure de son amour : «Mon corps va re­de­ve­nir pous­sière. Quant à mon es­prit, il sera tou­jours au­près de toi». In­ca­pable de sur­mon­ter sa dou­leur, le mal­heu­reux se tient là, lorsque le vieux gé­né­ral sur­vient. À sa vue, Ta­keo se re­cule : «Mais, à l’instant même, une main fé­brile s’emparait vio­lem­ment de la sienne; il leva les yeux et vit le gé­né­ral Ka­taoka le vi­sage bai­gné de larmes. Ils se re­gar­dèrent, muets, quelques ins­tants. “Ta­keo-san, moi aussi, j’ai bien souf­fert!” Ils se te­naient l’un près de l’autre, la main dans la main, et leurs larmes à tous deux cou­lèrent sur le bord de la tombe» 8. Les deux sol­dats, lais­sant au ci­me­tière l’objet de leurs re­grets, s’en vont en­semble en de­vi­sant; et c’est un dé­noue­ment tout à fait in­génu, sub­til et pro­fond.

  1. En ja­po­nais «不如帰». Au­tre­fois trans­crit «Fu­joki», «Ho­to­to­jisu» ou «Ho­to­to­ghi­çou». Haut
  2. En ja­po­nais 徳富蘆花. Au­tre­fois trans­crit To­ku­tomi Rokwa. Haut
  3. En ja­po­nais 徳富健次郎. Au­tre­fois trans­crit To­kou­tomi Kenn­jirô. Haut
  4. En ja­po­nais «国民之友». Haut
  1. Par­fois tra­duit «Les Amis du peuple na­tio­nal» ou «L’Ami du peuple». Haut
  2. En ja­po­nais «國民新聞». Par­fois trans­crit «Ko­ku­min Shin­bun». Haut
  3. Au­tre­fois tra­duit «fleur de ronce». Haut
  4. p. 281. Haut

Mizubayashi, «Âme brisée : roman»

éd. Gallimard, Paris

éd. Gal­li­mard, Pa­ris

Il s’agit d’«Âme bri­sée» de M. Akira Mi­zu­baya­shi, un Ja­po­nais d’expression fran­çaise (XXIe siècle). À l’âge de dix-huit ans, ra­conte M. Mi­zu­baya­shi, les écrits in­times de M. Ari­masa Mori pro­vo­quèrent chez lui «un bou­le­ver­se­ment, un séisme in­té­rieur d’une force in­éga­lée» 1 et l’orientèrent d’une fa­çon dé­ci­sive vers le fran­çais et la culture qui en est in­dis­so­ciable. M. Mori avait été le pre­mier qui avait vu, dans cette langue et cette culture, une re­traite pro­vi­soire où chaque Ja­po­nais pou­vait pui­ser des forces nou­velles pour faire ad­ve­nir un jour un État meilleur; le pre­mier qui avait fait le vœu so­len­nel de re­faire sa vie, de re­com­men­cer de zéro, en s’appropriant en­tiè­re­ment cette ci­vi­li­sa­tion fran­çaise qui n’était pas la sienne, mais qu’il vé­né­rait. Dans «Ba­bi­ron no na­gare no ho­tori nite» 2, sous-ti­tré en fran­çais «Sur les fleuves de Ba­by­lone», M. Mori avait écrit : «Je dois avan­cer dans l’effort d’appropriation hum­ble­ment, pe­tit à pe­tit, même si j’ai à peine le ni­veau d’un pe­tit éco­lier ou d’un ga­min d’école ma­ter­nelle. Que les pa­roles pro­duites dans et à tra­vers la langue fran­çaise fi­nissent par de­ve­nir équi­va­lentes à la chose, tel est pour moi l’objectif à at­teindre. C’est seule­ment à ce mo­ment-là que le fond des choses se ré­vé­lera sous un nou­veau jour, s’incarnera dans une nou­velle vie; un monde nou­veau poin­dra. Si je réus­sis à éprou­ver, un tant soit peu, ce sen­ti­ment-là, c’est ga­gné! Pour le reste, je dois ap­prendre comme un en­fant». Ainsi donc, de­vant l’exigence de la langue fran­çaise, qui lui ap­pa­rais­sait comme un moyen d’atteindre «le fond des choses», M. Mori avait ac­cepté — acte in­ouï pour un in­tel­lec­tuel formé au Ja­pon et en­sei­gnant à la pres­ti­gieuse Uni­ver­sité de Tô­kyô — de tout ré­ap­prendre et de se re­con­naître dans la fi­gure si­dé­rante d’«un pe­tit éco­lier». M. Mi­zu­baya­shi fut frappé comme par la foudre par ce texte. À peine avait-il lu le pas­sage dont j’ai ex­trait les lignes pré­cé­dentes, qu’il crut y en­tendre un ap­pel à naître à «une nou­velle vie» par l’apprentissage du fran­çais; à pen­ser au­tre­ment son rap­port à l’autre, au monde; à s’arracher à sa langue na­tale, aux codes du confor­misme, de la sou­mis­sion, du res­pect im­posé qu’elle vé­hi­cu­lait; à goû­ter au plai­sir de la li­berté : «Le texte de Mori me de­man­dait, de­puis la hau­teur in­soup­çon­née d’un dis­cours phi­lo­so­phique et sur un ton aus­tère dé­fiant toute at­ti­tude vel­léi­taire, si j’étais prêt à me lan­cer dans une telle aven­ture…; à m’offrir le luxe ou le risque d’une deuxième nais­sance, d’une se­conde vie im­pure, hy­bride, sans doute plus longue, plus aléa­toire, plus ex­po­sée à des ébran­le­ments im­pré­vi­sibles, plus obs­ti­né­ment ques­tion­neuse que la pre­mière — [au­to­suf­fi­sante], peu­plée de cer­ti­tudes, ten­dan­ciel­le­ment re­pliée sur elle-même et, par cela même, par­fois in­fa­tuée d’elle-même. Ma ré­ponse fut, sans une se­conde d’hésitation, oui!»

  1. «Une Langue ve­nue d’ailleurs», p. 28. Haut
  1. En ja­po­nais «バビロンの流れのほとりにて», in­édit en fran­çais. Haut

Saikaku, «Quatre Nouvelles. “L’Écritoire de poche”»

dans « Autour de Saikaku : le roman en Chine et au Japon aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles » (éd. Les Indes savantes, coll. Études japonaises, Paris), p. 113-122

dans «Au­tour de Sai­kaku : le ro­man en Chine et au Ja­pon aux XVIIe et XVIIIe siècles» (éd. Les Indes sa­vantes, coll. Études ja­po­naises, Pa­ris), p. 113-122

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Fu­to­koro su­zuri» 1L’Écritoire de poche») d’Ihara Sai­kaku 2, mar­chand ja­po­nais qui, après la mort de sa femme et de sa fille aveugle, se consa­cra à l’art du ro­man, où il de­vint un maître in­con­testé, et le plus ha­bile des écri­vains. On com­pare la vi­va­cité et la ra­pi­dité de son style à celles que l’on éprouve en des­cen­dant un tor­rent dans une barque. À la nais­sance de Sai­kaku, en 1642, le Ja­pon était en­tré dans une pé­riode de paix et de bon ordre, après plus de deux siècles de guerres ci­viles. Les for­ti­fi­ca­tions ra­sées des villes avaient fait place à des quar­tiers de dis­trac­tion, où les bour­geois met­taient à la pour­suite du plai­sir l’opiniâtreté et la pas­sion qu’ils avaient au­tre­fois ap­por­tées à la conquête de l’argent. L’œuvre de Sai­kaku, vaste fresque de ce «monde flot­tant» («ukiyo» 3), prend pour su­jets les mar­chands, les ven­deurs, les fa­bri­cants de ton­neaux, les bouilleurs d’alcool de riz, les ac­teurs, les guer­riers, les cour­ti­sanes. Les por­traits de celles-ci sur­tout, très re­mar­quables et osés, al­lant jusqu’à la vul­ga­rité, font que l’on consi­dère Sai­kaku comme un por­no­graphe; en quoi, on a grand tort. Car si on lui en­lève ce masque d’indécence, qui peut bien avoir contri­bué à faire de lui le plus po­pu­laire écri­vain de son temps, mais qui n’est ce­pen­dant qu’un masque, et le plus trom­peur des masques, on verra un psy­cho­logue hors pair, lu­cide, mais plein d’humour, tou­jours à l’écoute du «cœur des gens de ce monde» («yo no hito-go­koro» 4) comme il dit lui-même 5. Avec lui, le Ja­pon re­trouve cette fi­nesse d’observation qu’il n’avait plus at­teinte de­puis Mu­ra­saki-shi­kibu. «Dans ses ou­vrages aussi francs qu’enjoués, Sai­kaku [dé­crit] tous les ha­sards doux et amers de ce monde de l’impermanence et de l’illusion dé­noncé dans les ser­mons des bonzes. Mais les hé­ros de Sai­kaku ne tentent pas de lui échap­per, ils mettent leur sa­gesse à s’en ac­com­mo­der, et leur iro­nie à n’en être pas dupes. D’avance, ils ac­ceptent tout ce que les ha­sards de ce monde vou­dront bien leur don­ner — et le ha­sard n’est pas chiche en­vers eux… Ces ré­cits, on le voit, sont francs, cy­niques, sa­laces. Li­ber­tins? Non, on n’y trouve ja­mais viol ni dol, ja­mais cet ac­cent de ré­volte et de défi qui re­lève les noires prouesses du li­ber­ti­nage oc­ci­den­tal, de Don Juan… à Sade. Pour être libres de leurs plai­sirs, les hé­ros de Sai­kaku n’ont pas à se [faire] scé­lé­rats», dit M. Mau­rice Pin­guet

  1. En ja­po­nais «懐硯». Haut
  2. En ja­po­nais 井原西鶴. Au­tre­fois trans­crit Ihara Saï­ka­kou. Haut
  3. En ja­po­nais «浮世». Au­tre­fois trans­crit «ou­kiyo». Haut
  1. En ja­po­nais «世の人心». Haut
  2. Ihara Sai­kaku, «Sai­kaku ori­dome» («Le Tis­sage in­ter­rompu de Sai­kaku»), in­édit en fran­çais. Haut

Bashô, «Seigneur ermite : l’intégrale des haïkus»

éd. La Table ronde, Paris

éd. La Table ronde, Pa­ris

Il s’agit des haï­kus de Mat­suo Ba­shô 1, fi­gure illustre de la poé­sie ja­po­naise (XVIIe siècle apr. J.-C.). Par son éthique de vie, en­core plus que par son œuvre elle-même, ce fils de sa­mou­raï a im­posé la forme ac­tuelle du haïku, mais sur­tout il en a dé­fini la ma­nière, l’esprit : lé­gè­reté, re­cherche de sim­pli­cité, ex­trême res­pect pour la na­ture, et ce quelque chose qu’on ne peut dé­fi­nir fa­ci­le­ment et qu’il faut sen­tir — une élé­gance in­té­rieure, comme re­vê­tue de pu­deur dis­crète, qui est fon­ciè­re­ment ja­po­naise. Son poème de la rai­nette est un fa­meux exemple du saut par le­quel le haïku se dé­bar­rasse de l’artificiel pour at­teindre la so­briété nue : «Vieil étang / une rai­nette y plon­geant / chu­cho­tis de l’eau» 2. Ce haïku tra­duit et d’autres sont le pre­mier ou­vrage par le­quel la poé­sie et la pen­sée asia­tiques viennent jusqu’à Mme Mar­gue­rite Your­ce­nar qui a quinze ans : «Ce livre ex­quis a été l’équivalent pour moi d’une porte en­tre­bâillée; elle ne s’est plus ja­mais re­fer­mée de­puis», écrit-elle dans une lettre da­tée de 1955. En 1982, pen­dant ses trois mois pas­sés au Ja­pon, elle suit sur les sen­tiers étroits la trace de Ba­shô; et tan­dis qu’un ami ja­po­nais, qui la guide, com­mence à lui tra­duire «Elles mour­ront bien­tôt…», elle l’interrompt en ci­tant par cœur la chute : «et pour­tant n’en montrent rien / chant des ci­gales». «Peut-être son plus beau poème», pré­cise-t-elle dans un pe­tit ar­ticle in­ti­tulé «Ba­shô sur la route». À Kyôto, elle vi­site la hutte qui a hé­bergé notre poète vers la fin de sa vie — Ra­ku­shi­sha 3la chau­mière où tombent les ka­kis» 4) qui lui «fait pen­ser à la lé­gère dé­pouille d’une ci­gale». À l’intérieur, si on peut par­ler d’intérieur dans un lieu si ou­vert aux in­tem­pé­ries, rien ou presque pour se pro­té­ger du pas­sage des sai­sons, si pré­sentes jus­te­ment dans l’œuvre de Ba­shô «par les in­con­vé­nients et les ma­laises qu’elles ap­portent au­tant que par l’extase des yeux et de l’esprit que dis­pense leur beauté», comme ex­plique Mme Your­ce­nar. Quant au maître lui-même : «Cet homme am­bu­lant», écrit-elle, «qui a in­ti­tulé l’un de ses es­sais “Sou­ve­nirs d’un sque­lette ex­posé aux in­tem­pé­ries” voyage moins pour s’instruire… que pour su­bir. Su­bir est une fa­culté ja­po­naise, pous­sée par­fois jusqu’au ma­so­chisme [!], mais l’émotion et la connais­sance chez Ba­shô naissent de cette sou­mis­sion à l’événement ou à l’incident : la pluie, le vent, les longues marches, les as­cen­sions sur les sen­tiers ge­lés des mon­tagnes, les gîtes de ha­sard, comme ce­lui de l’octroi à Shi­to­mae où il par­tage une pièce au plan­cher de terre bat­tue avec un che­val…» Sous des ap­pa­rences de pro­me­nades, ces pè­le­ri­nages éveillaient la pen­sée de Ba­shô et met­taient sa vie en confor­mité avec la haute idée qu’il se fai­sait du haïku : «Le vent me trans­perce / ré­si­gné à y lais­ser mes os / je pars en voyage»

  1. En ja­po­nais 松尾芭蕉. Au­tre­fois trans­crit Mat­soura Ba­cho, Mat­sura Ba­sho, Mat­souo Ba­shô ou Mat­suwo Ba­shô. Haut
  2. En ja­po­nais «古池や蛙飛こむ水のおと». Haut
  1. En ja­po­nais 落柿舎. Haut
  2. Par­fois tra­duit «la villa où tombent les ka­kis», «villa aux ka­kis tom­bés» ou «la mai­son des ka­kis tom­bés à terre». Haut