Il s’agit d’« Observations critiques sur une édition des lettres de Mme de Sévigné » et autres œuvres du comte Joseph de Maistre. Maistre est toujours resté en dehors des grands héritiers du XVIIIe siècle dont on recommande l’étude aux gens cultivés. On a parlé de lui ou pour le combattre ou pour l’encenser. Et on a bien fait en un sens. Il mérite d’être combattu en tant que penseur du catholicisme le plus obscurantiste, mais encensé en tant que brillant causeur et génie de la provocation. Le système de pensée de Maistre, comme la plupart des faux systèmes, peut se résumer en un mot : l’unité absolue. Cette unité ne peut être atteinte par les hommes que si un pouvoir tout aussi absolu les réunit. Le représentant de ce pouvoir, d’après Maistre, est le pape dans le domaine spirituel, le roi dans le domaine temporel, qui lui donnent son caractère suprême, indéfectible et sacré : « L’un et l’autre », dit-il1, « expriment cette haute puissance qui les domine toutes… qui gouverne et n’est pas gouvernée, qui juge et n’est pas jugée ». Voilà l’autorité constituée : autorité religieuse d’une part, autorité civile de l’autre. Rien de tout cela ne doit être confié aux académiciens et aux savants ; et à plus forte raison au bas peuple. L’anarchie menace dès que l’insolente critique du pouvoir est possible : « Il faudrait avoir perdu l’esprit », s’exclame Maistre2, « pour croire que Dieu ait chargé les académies de nous apprendre ce qu’Il est, et ce que nous Lui devons. Il appartient aux prélats, aux nobles… d’être les dépositaires et les gardiens des vérités conservatrices ; d’apprendre aux nations… ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel. Les autres n’ont pas droit de raisonner sur ces sortes de matières ! » Ce n’est pas à la masse populaire qu’il appartient de réfléchir sur les principes obscurs et infaillibles auxquels elle est soumise, car « il y a des choses qu’on détruit en les montrant »3. L’autorité peut se passer de science et d’obéissance éclairée. Maistre va beaucoup plus loin. Dans ses « Lettres sur l’Inquisition », il fait l’éloge d’une institution catholique qui a fait couler des flots de sang. C’est à elle qu’il attribue le maintien en Espagne de la foi et de la monarchie contre lesquelles est venue s’user la puissance de Napoléon. Si la France avait eu le bonheur de jouir de l’Inquisition, les désastres de la Révolution française auraient pu être évités. De là à croire que « les abus [du pouvoir] valent infiniment mieux que les révolutions »4 il n’y a qu’un pas. Maistre le franchit ! Il est si déraisonnable, si réactionnaire qu’il semble avoir été inventé pour nous agacer : « Il brave, il défie, il invective, il irrite… Il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice… Que serait un autel entouré de potences ? Est-ce là de la théologie ?… N’est-ce pas, plutôt, une provocation à toute âme indépendante qui veut adorer et non trembler ? », protestera Lamartine dans son « Cours familier de littérature ».
pamphlet
genre littéraire
le comte de Maistre, « Œuvres complètes. Tome VII. Le Caractère extérieur du magistrat • Lettres d’un royaliste savoisien • etc. »
Il s’agit du « Caractère extérieur du magistrat » et autres œuvres du comte Joseph de Maistre. Maistre est toujours resté en dehors des grands héritiers du XVIIIe siècle dont on recommande l’étude aux gens cultivés. On a parlé de lui ou pour le combattre ou pour l’encenser. Et on a bien fait en un sens. Il mérite d’être combattu en tant que penseur du catholicisme le plus obscurantiste, mais encensé en tant que brillant causeur et génie de la provocation. Le système de pensée de Maistre, comme la plupart des faux systèmes, peut se résumer en un mot : l’unité absolue. Cette unité ne peut être atteinte par les hommes que si un pouvoir tout aussi absolu les réunit. Le représentant de ce pouvoir, d’après Maistre, est le pape dans le domaine spirituel, le roi dans le domaine temporel, qui lui donnent son caractère suprême, indéfectible et sacré : « L’un et l’autre », dit-il1, « expriment cette haute puissance qui les domine toutes… qui gouverne et n’est pas gouvernée, qui juge et n’est pas jugée ». Voilà l’autorité constituée : autorité religieuse d’une part, autorité civile de l’autre. Rien de tout cela ne doit être confié aux académiciens et aux savants ; et à plus forte raison au bas peuple. L’anarchie menace dès que l’insolente critique du pouvoir est possible : « Il faudrait avoir perdu l’esprit », s’exclame Maistre2, « pour croire que Dieu ait chargé les académies de nous apprendre ce qu’Il est, et ce que nous Lui devons. Il appartient aux prélats, aux nobles… d’être les dépositaires et les gardiens des vérités conservatrices ; d’apprendre aux nations… ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel. Les autres n’ont pas droit de raisonner sur ces sortes de matières ! » Ce n’est pas à la masse populaire qu’il appartient de réfléchir sur les principes obscurs et infaillibles auxquels elle est soumise, car « il y a des choses qu’on détruit en les montrant »3. L’autorité peut se passer de science et d’obéissance éclairée. Maistre va beaucoup plus loin. Dans ses « Lettres sur l’Inquisition », il fait l’éloge d’une institution catholique qui a fait couler des flots de sang. C’est à elle qu’il attribue le maintien en Espagne de la foi et de la monarchie contre lesquelles est venue s’user la puissance de Napoléon. Si la France avait eu le bonheur de jouir de l’Inquisition, les désastres de la Révolution française auraient pu être évités. De là à croire que « les abus [du pouvoir] valent infiniment mieux que les révolutions »4 il n’y a qu’un pas. Maistre le franchit ! Il est si déraisonnable, si réactionnaire qu’il semble avoir été inventé pour nous agacer : « Il brave, il défie, il invective, il irrite… Il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice… Que serait un autel entouré de potences ? Est-ce là de la théologie ?… N’est-ce pas, plutôt, une provocation à toute âme indépendante qui veut adorer et non trembler ? », protestera Lamartine dans son « Cours familier de littérature ».
le comte de Maistre, « Œuvres complètes. Tome VI. Examen de la philosophie de Bacon (ouvrage posthume) »
Il s’agit d’« Examen de la philosophie de Bacon » du comte Joseph de Maistre. Maistre est toujours resté en dehors des grands héritiers du XVIIIe siècle dont on recommande l’étude aux gens cultivés. On a parlé de lui ou pour le combattre ou pour l’encenser. Et on a bien fait en un sens. Il mérite d’être combattu en tant que penseur du catholicisme le plus obscurantiste, mais encensé en tant que brillant causeur et génie de la provocation. Le système de pensée de Maistre, comme la plupart des faux systèmes, peut se résumer en un mot : l’unité absolue. Cette unité ne peut être atteinte par les hommes que si un pouvoir tout aussi absolu les réunit. Le représentant de ce pouvoir, d’après Maistre, est le pape dans le domaine spirituel, le roi dans le domaine temporel, qui lui donnent son caractère suprême, indéfectible et sacré : « L’un et l’autre », dit-il1, « expriment cette haute puissance qui les domine toutes… qui gouverne et n’est pas gouvernée, qui juge et n’est pas jugée ». Voilà l’autorité constituée : autorité religieuse d’une part, autorité civile de l’autre. Rien de tout cela ne doit être confié aux académiciens et aux savants ; et à plus forte raison au bas peuple. L’anarchie menace dès que l’insolente critique du pouvoir est possible : « Il faudrait avoir perdu l’esprit », s’exclame Maistre2, « pour croire que Dieu ait chargé les académies de nous apprendre ce qu’Il est, et ce que nous Lui devons. Il appartient aux prélats, aux nobles… d’être les dépositaires et les gardiens des vérités conservatrices ; d’apprendre aux nations… ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel. Les autres n’ont pas droit de raisonner sur ces sortes de matières ! » Ce n’est pas à la masse populaire qu’il appartient de réfléchir sur les principes obscurs et infaillibles auxquels elle est soumise, car « il y a des choses qu’on détruit en les montrant »3. L’autorité peut se passer de science et d’obéissance éclairée. Maistre va beaucoup plus loin. Dans ses « Lettres sur l’Inquisition », il fait l’éloge d’une institution catholique qui a fait couler des flots de sang. C’est à elle qu’il attribue le maintien en Espagne de la foi et de la monarchie contre lesquelles est venue s’user la puissance de Napoléon. Si la France avait eu le bonheur de jouir de l’Inquisition, les désastres de la Révolution française auraient pu être évités. De là à croire que « les abus [du pouvoir] valent infiniment mieux que les révolutions »4 il n’y a qu’un pas. Maistre le franchit ! Il est si déraisonnable, si réactionnaire qu’il semble avoir été inventé pour nous agacer : « Il brave, il défie, il invective, il irrite… Il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice… Que serait un autel entouré de potences ? Est-ce là de la théologie ?… N’est-ce pas, plutôt, une provocation à toute âme indépendante qui veut adorer et non trembler ? », protestera Lamartine dans son « Cours familier de littérature ».
le comte de Maistre, « Œuvres complètes. Tome III. De l’Église gallicane • Lettres sur l’Inquisition espagnole »
Il s’agit de « Lettres sur l’Inquisition espagnole » et autres œuvres du comte Joseph de Maistre. Maistre est toujours resté en dehors des grands héritiers du XVIIIe siècle dont on recommande l’étude aux gens cultivés. On a parlé de lui ou pour le combattre ou pour l’encenser. Et on a bien fait en un sens. Il mérite d’être combattu en tant que penseur du catholicisme le plus obscurantiste, mais encensé en tant que brillant causeur et génie de la provocation. Le système de pensée de Maistre, comme la plupart des faux systèmes, peut se résumer en un mot : l’unité absolue. Cette unité ne peut être atteinte par les hommes que si un pouvoir tout aussi absolu les réunit. Le représentant de ce pouvoir, d’après Maistre, est le pape dans le domaine spirituel, le roi dans le domaine temporel, qui lui donnent son caractère suprême, indéfectible et sacré : « L’un et l’autre », dit-il1, « expriment cette haute puissance qui les domine toutes… qui gouverne et n’est pas gouvernée, qui juge et n’est pas jugée ». Voilà l’autorité constituée : autorité religieuse d’une part, autorité civile de l’autre. Rien de tout cela ne doit être confié aux académiciens et aux savants ; et à plus forte raison au bas peuple. L’anarchie menace dès que l’insolente critique du pouvoir est possible : « Il faudrait avoir perdu l’esprit », s’exclame Maistre2, « pour croire que Dieu ait chargé les académies de nous apprendre ce qu’Il est, et ce que nous Lui devons. Il appartient aux prélats, aux nobles… d’être les dépositaires et les gardiens des vérités conservatrices ; d’apprendre aux nations… ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel. Les autres n’ont pas droit de raisonner sur ces sortes de matières ! » Ce n’est pas à la masse populaire qu’il appartient de réfléchir sur les principes obscurs et infaillibles auxquels elle est soumise, car « il y a des choses qu’on détruit en les montrant »3. L’autorité peut se passer de science et d’obéissance éclairée. Maistre va beaucoup plus loin. Dans ses « Lettres sur l’Inquisition », il fait l’éloge d’une institution catholique qui a fait couler des flots de sang. C’est à elle qu’il attribue le maintien en Espagne de la foi et de la monarchie contre lesquelles est venue s’user la puissance de Napoléon. Si la France avait eu le bonheur de jouir de l’Inquisition, les désastres de la Révolution française auraient pu être évités. De là à croire que « les abus [du pouvoir] valent infiniment mieux que les révolutions »4 il n’y a qu’un pas. Maistre le franchit ! Il est si déraisonnable, si réactionnaire qu’il semble avoir été inventé pour nous agacer : « Il brave, il défie, il invective, il irrite… Il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice… Que serait un autel entouré de potences ? Est-ce là de la théologie ?… N’est-ce pas, plutôt, une provocation à toute âme indépendante qui veut adorer et non trembler ? », protestera Lamartine dans son « Cours familier de littérature ».
le comte de Maistre, « Œuvres complètes. Tome II. Du pape »
Il s’agit de « Du pape » du comte Joseph de Maistre. Maistre est toujours resté en dehors des grands héritiers du XVIIIe siècle dont on recommande l’étude aux gens cultivés. On a parlé de lui ou pour le combattre ou pour l’encenser. Et on a bien fait en un sens. Il mérite d’être combattu en tant que penseur du catholicisme le plus obscurantiste, mais encensé en tant que brillant causeur et génie de la provocation. Le système de pensée de Maistre, comme la plupart des faux systèmes, peut se résumer en un mot : l’unité absolue. Cette unité ne peut être atteinte par les hommes que si un pouvoir tout aussi absolu les réunit. Le représentant de ce pouvoir, d’après Maistre, est le pape dans le domaine spirituel, le roi dans le domaine temporel, qui lui donnent son caractère suprême, indéfectible et sacré : « L’un et l’autre », dit-il1, « expriment cette haute puissance qui les domine toutes… qui gouverne et n’est pas gouvernée, qui juge et n’est pas jugée ». Voilà l’autorité constituée : autorité religieuse d’une part, autorité civile de l’autre. Rien de tout cela ne doit être confié aux académiciens et aux savants ; et à plus forte raison au bas peuple. L’anarchie menace dès que l’insolente critique du pouvoir est possible : « Il faudrait avoir perdu l’esprit », s’exclame Maistre2, « pour croire que Dieu ait chargé les académies de nous apprendre ce qu’Il est, et ce que nous Lui devons. Il appartient aux prélats, aux nobles… d’être les dépositaires et les gardiens des vérités conservatrices ; d’apprendre aux nations… ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel. Les autres n’ont pas droit de raisonner sur ces sortes de matières ! » Ce n’est pas à la masse populaire qu’il appartient de réfléchir sur les principes obscurs et infaillibles auxquels elle est soumise, car « il y a des choses qu’on détruit en les montrant »3. L’autorité peut se passer de science et d’obéissance éclairée. Maistre va beaucoup plus loin. Dans ses « Lettres sur l’Inquisition », il fait l’éloge d’une institution catholique qui a fait couler des flots de sang. C’est à elle qu’il attribue le maintien en Espagne de la foi et de la monarchie contre lesquelles est venue s’user la puissance de Napoléon. Si la France avait eu le bonheur de jouir de l’Inquisition, les désastres de la Révolution française auraient pu être évités. De là à croire que « les abus [du pouvoir] valent infiniment mieux que les révolutions »4 il n’y a qu’un pas. Maistre le franchit ! Il est si déraisonnable, si réactionnaire qu’il semble avoir été inventé pour nous agacer : « Il brave, il défie, il invective, il irrite… Il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice… Que serait un autel entouré de potences ? Est-ce là de la théologie ?… N’est-ce pas, plutôt, une provocation à toute âme indépendante qui veut adorer et non trembler ? », protestera Lamartine dans son « Cours familier de littérature ».
le comte de Maistre, « Œuvres complètes. Tome I. Considérations sur la France • Fragments sur la France • etc. »
Il s’agit de « Considérations sur la France » et autres œuvres du comte Joseph de Maistre. Maistre est toujours resté en dehors des grands héritiers du XVIIIe siècle dont on recommande l’étude aux gens cultivés. On a parlé de lui ou pour le combattre ou pour l’encenser. Et on a bien fait en un sens. Il mérite d’être combattu en tant que penseur du catholicisme le plus obscurantiste, mais encensé en tant que brillant causeur et génie de la provocation. Le système de pensée de Maistre, comme la plupart des faux systèmes, peut se résumer en un mot : l’unité absolue. Cette unité ne peut être atteinte par les hommes que si un pouvoir tout aussi absolu les réunit. Le représentant de ce pouvoir, d’après Maistre, est le pape dans le domaine spirituel, le roi dans le domaine temporel, qui lui donnent son caractère suprême, indéfectible et sacré : « L’un et l’autre », dit-il1, « expriment cette haute puissance qui les domine toutes… qui gouverne et n’est pas gouvernée, qui juge et n’est pas jugée ». Voilà l’autorité constituée : autorité religieuse d’une part, autorité civile de l’autre. Rien de tout cela ne doit être confié aux académiciens et aux savants ; et à plus forte raison au bas peuple. L’anarchie menace dès que l’insolente critique du pouvoir est possible : « Il faudrait avoir perdu l’esprit », s’exclame Maistre2, « pour croire que Dieu ait chargé les académies de nous apprendre ce qu’Il est, et ce que nous Lui devons. Il appartient aux prélats, aux nobles… d’être les dépositaires et les gardiens des vérités conservatrices ; d’apprendre aux nations… ce qui est vrai et ce qui est faux dans l’ordre moral et spirituel. Les autres n’ont pas droit de raisonner sur ces sortes de matières ! » Ce n’est pas à la masse populaire qu’il appartient de réfléchir sur les principes obscurs et infaillibles auxquels elle est soumise, car « il y a des choses qu’on détruit en les montrant »3. L’autorité peut se passer de science et d’obéissance éclairée. Maistre va beaucoup plus loin. Dans ses « Lettres sur l’Inquisition », il fait l’éloge d’une institution catholique qui a fait couler des flots de sang. C’est à elle qu’il attribue le maintien en Espagne de la foi et de la monarchie contre lesquelles est venue s’user la puissance de Napoléon. Si la France avait eu le bonheur de jouir de l’Inquisition, les désastres de la Révolution française auraient pu être évités. De là à croire que « les abus [du pouvoir] valent infiniment mieux que les révolutions »4 il n’y a qu’un pas. Maistre le franchit ! Il est si déraisonnable, si réactionnaire qu’il semble avoir été inventé pour nous agacer : « Il brave, il défie, il invective, il irrite… Il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice… Que serait un autel entouré de potences ? Est-ce là de la théologie ?… N’est-ce pas, plutôt, une provocation à toute âme indépendante qui veut adorer et non trembler ? », protestera Lamartine dans son « Cours familier de littérature ».
Andreïev, « S.O.S. »
Il s’agit de « L’Europe en danger » (« Ievropa v opasnosti »1), « S.O.S. » et autres pamphlets de Léonid Andreïev2, auteur russe. À la mort de son père, qui exerçait la profession d’arpenteur-géomètre, Andreïev était encore au collège. Sa mère, issue d’une famille polonaise désargentée, se trouva sans ressources. Le jeune homme connut la misère noire. Un jour, le cœur gros, il présenta à un quotidien un récit ayant pour sujet un étudiant toujours affamé — sa propre vie ! On lui dit de revenir quelques semaines plus tard pour savoir s’il était accepté. Il y retourna, comprimant son angoisse dans l’attente de la décision. Elle lui vint sous la forme d’un immense éclat de rire du directeur, qui déclara que sa prose ne valait rien. À quelque temps de là, dans une heure de désespoir, Andreïev se tirait un coup de révolver dans le cœur. On le sauva. Mais celui qui, comme lui, a été si proche d’une mort volontaire reste en proie à une obsession permanente. En 1897, son diplôme d’avocat en poche, Andreïev obtint une place de chroniqueur judiciaire dans un grand journal et parvint enfin à publier ses nouvelles et ses feuilletons si fougueux, si spontanés, quelquefois si bizarres, qui l’imposèrent à l’attention du public russe comme l’un des brillants représentants du tournant du siècle. Il y prend place après Tolstoï à qui il dédie d’ailleurs l’« Histoire des sept pendus ». Je me dois de dire quelques mots sur cette « Histoire », sans doute la plus réussie d’Andreïev. Elle n’est rien d’autre, en substance, que ce qu’annonce le titre : les portraits psychologiques de sept jeunes condamnés qui s’apprêtent à subir le supplice de la pendaison ; les visites suprêmes de leurs parents qui viennent avec la résolution de leur rendre plus légers ces derniers moments, mais qui finissent par fondre en larmes ; puis, l’horreur et la beauté sereine, en même temps, de leurs cadavres qui « saluent le soleil levant »
Portus, « Réponse aux lettres diffamatoires de Pierre Carpentier, avocat »
Il s’agit d’une traduction de la « Réponse à la lettre diffamatoire de Pierre Carpentier, avocat » (« Ad Petri Carpentarii, causidici, virulentam epistolam responsio ») de François Portus, humaniste né dans l’île de Candie (en Grèce), professeur de grec à l’Académie de Genève. La littérature grecque à Genève reçut très tôt un accueil favorable et bienveillant à l’Académie fondée par Calvin en 1559. Outre Robert et Henri Estienne, qui étaient déjà établis dans cette ville en leur double qualité d’imprimeurs et de savants depuis 1551 ; outre aussi le fameux érudit Joseph Scaliger, qui travailla comme professeur à l’Académie entre 1572 et 1574, nous rencontrons au même poste et à la même époque un Candiote de naissance, Franciscus Portus1, dit François Portus, qui, en vingt ans d’enseignement et de travaux d’érudition, éleva le niveau des études classiques en Suisse à un degré exceptionnel, si bien que les presses genevoises de Jean Crespin ne publiaient guère d’ouvrage contenant du grec sans que Portus y prît une part active. Plus tard, il se trouva mêlé, malgré lui, aux troubles et guerres de religion de son temps quand un avocat, nommé Carpentier ou Charpentier, exerçant à Genève, eut le triste courage d’entreprendre une apologie de la Saint-Barthélemy intitulée « Lettre adressée à François Portus, Crétois » (« Epistola ad Franciscum Portum, Cretensem »), dans laquelle il s’efforçait non seulement d’excuser ce massacre sanglant et atroce, mais de montrer qu’il était nécessaire. Portus n’eut aucune peine à réfuter les diffamations d’un homme qui était davantage un espion à la solde de Catherine de Médicis qu’un véritable avocat. Sa « Réponse à la lettre diffamatoire de Pierre Carpentier, avocat » se termine par les mots que voici : « Les chrétiens peuvent — et veulent aussi — mourir quand il plaît à Dieu, mais ils ne peuvent être jamais vaincus »2. Peu d’autres détails nous sont parvenus sur la vie de Portus. Il compta parmi ses amis intimes Andrew Melville qui s’aventurait souvent à contester ses opinions favorites, soit par esprit de contradiction, soit dans le but d’obtenir quelques explications, si bien qu’un jour, exaspéré par ce perfide Écossais qui lui reprochait sa manière « vulgata » (« vernaculaire ») de prononcer le grec, Portus finit par perdre contenance et crier : « Vos Scoti, vos barbari ! Docebitis nos Græcos pronunciationem nostræ linguæ : scilicet ! » (« C’est donc vous, des Écossais, des barbares, qui nous apprendrez la prononciation de notre langue à nous, Grecs : tout de même ! »)
Nguyễn Đình Chiểu, « “Dương Từ Hà Mậu” : un pamphlet longtemps censuré »
Il s’agit du « Dương Từ-Hà Mậu » de Nguyễn Đình Chiểu, également connu sous le surnom de Đồ Chiểu (« le bachelier Chiểu »), poète vietnamien, confucianiste engagé. Il naquit au village de Tân Thới formant actuellement l’un des quartiers de Saïgon. En 1847, il se rendit à la capitale Hué avec l’intention de se présenter au concours de licencié, qui devait avoir lieu deux ans plus tard. Mais la nouvelle de la mort de sa mère, survenue entre-temps, lui causa une telle douleur qu’ayant abandonné toute idée de passer le concours, il renonça à la gloire littéraire et retourna dans son village pour se livrer entièrement au deuil. Cependant, en cours de route, un second malheur le frappa : il devint aveugle ; et malgré les soins donnés par les médecins, ses yeux ne purent être sauvés. À son retour, les villageois ne l’en prièrent pas moins d’ouvrir une école sur ce qu’ils avaient entendu dire de ses hautes connaissances. Ce fut probablement vers cette époque qu’il lut — ou plutôt se fit lire par quelques étudiants — le traité chinois intitulé « Manuel de l’Ouest » ; et voyant, dans ce qui y était dit, une incitation à promouvoir les devoirs d’attachement et de reconnaissance non seulement envers nos parents, mais envers tous les hommes — au rebours des bouddhistes qui cherchaient à s’en détacher — il y puisa le sujet d’un poème moralisateur : le « Lục Vân Tiên ». Il le fit suivre bientôt d’un pamphlet en vers : le « Dương Từ-Hà Mậu », mettant en scène deux personnages : un bouddhiste Dương Từ et un catholique Hà Mậu ; mais le discours y est quelquefois si âprement et si violemment antireligieux, qu’il est désapprouvé par ceux mêmes qui en partagent les convictions confucéennes.
Hô Chi Minh (Nguyên Ai Quôc), « Le Procès de la colonisation française et Autres Textes de jeunesse »
Il s’agit du « Procès de la colonisation française », des « Revendications du peuple annamite » et autres textes de jeunesse d’Hô Chi Minh1. Ainsi que l’a remarqué un biographe d’Hô Chi Minh2, « tout ce qui touche à la vie du futur président de la République démocratique du Viêt-nam jusqu’en 1941 est fragmentaire, approximatif, controversé ». À ce jour, aucune étude systématique n’a été entreprise, aucune publication exhaustive n’a été faite sur la période parisienne du célèbre révolutionnaire vietnamien, période pourtant décisive en ce qui concerne sa formation idéologique — la vie dans un entresol de la rue du Marché-des-Patriarches, la fréquentation assidue de la Bibliothèque nationale, « où il s’installait de 10 à 17 heures, presque chaque jour »3, les meetings guettés par la police, les articles pour « L’Humanité », « La Revue communiste », « Le Libertaire », etc., enfin, la fondation du « Paria », journal anticolonialiste, dont il fut à la fois le directeur et le plus fécond des contributeurs4. Les dates mêmes de cette période sont pleines d’obscurités, si étrange que cela puisse paraître, s’agissant d’une des personnalités les plus en vue de tout le XXe siècle. Rejoignit-il Paris en 1917, comme le supposent la plupart de ses biographes, ou en 1919, année de ses premiers articles signés ? En tout cas, la première révélation qu’il eut en arrivant, c’est qu’en France aussi il y avait des ouvriers exploités — des gens qui pouvaient prendre parti pour le peuple vietnamien. C’est là que lui vint à l’esprit cette image de la sangsue capitaliste, si fameuse depuis « Le Procès » : « Le capitalisme est une sangsue ayant une ventouse appliquée sur le prolétariat de la métropole, et une autre sur le prolétariat des colonies. Si l’on veut tuer la bête, on doit couper les deux ventouses à la fois ». Alors, il s’attacha aux prolétaires français par le double lien de l’intérêt et de l’affection ; et le jour où, après de longues décennies, la séparation fatale, inévitable, se fit entre les colonisateurs et les colonisés, la France perdit en lui un sujet, mais conserva un ami, un allié, un confrère. « En se réclamant de la protection du peuple français », dit Hô Chi Minh dans « Les Revendications du peuple annamite », « le peuple annamite, bien loin de s’humilier, s’honore au contraire : car il sait que le peuple français représente la liberté et la justice, et ne renoncera jamais à son sublime idéal de fraternité universelle. En conséquence, en écoutant la voix des opprimés, le peuple français fera son devoir envers la France et envers l’humanité ».
Hugo, « Napoléon le Petit »
Il s’agit de « Napoléon le Petit » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Cet homme laissa l’empreinte de ses pas sur tous les chemins de l’esprit, servit de commandant dans toutes les luttes de l’art ; de sorte qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Avec sa mort, c’est tout un monde cyclopéen d’idées, d’impressions qui s’en va ; un continent de granit qui se détache avec fracas. « Si j’ouvre un livre de Victor Hugo au hasard, car on ne saurait choisir », écrit Jules Renard1, « il est… une montagne, une mer, ce qu’on voudra, excepté quelque chose à quoi puissent se comparer les autres hommes. » « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », demande Édouard Drumont2. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »