Portus, «Réponse aux lettres diffamatoires de Pierre Carpentier, avocat»

dans « Mémoires de l’État de France sous Charles IX, 2ᵉ édition. Tome I » (XVIᵉ siècle)

dans «Mé­moires de l’État de France sous Charles IX, 2e édi­tion. Tome I» (XVIe siècle)

Il s’agit d’une tra­duc­tion de la «Ré­ponse à la lettre dif­fa­ma­toire de Pierre Car­pen­tier, avo­cat» («Ad Pe­tri Car­pen­ta­rii, cau­si­dici, vi­ru­len­tam epis­to­lam res­pon­sio») de Fran­çois Por­tus, hu­ma­niste né dans l’île de Can­die (en Grèce), pro­fes­seur de grec à l’Académie de Ge­nève. La lit­té­ra­ture grecque à Ge­nève re­çut très tôt un ac­cueil fa­vo­rable et bien­veillant à l’Académie fon­dée par Cal­vin en 1559. Outre Ro­bert et Henri Es­tienne, qui étaient déjà éta­blis dans cette ville en leur double qua­lité d’imprimeurs et de sa­vants de­puis 1551; outre aussi le fa­meux éru­dit Jo­seph Sca­li­ger, qui tra­vailla comme pro­fes­seur à l’Académie entre 1572 et 1574, nous ren­con­trons au même poste et à la même époque un Can­diote de nais­sance, Fran­cis­cus Por­tus 1, dit Fran­çois Por­tus, qui, en vingt ans d’enseignement et de tra­vaux d’érudition, éleva le ni­veau des études clas­siques en Suisse à un de­gré ex­cep­tion­nel, si bien que les presses ge­ne­voises de Jean Cres­pin ne pu­bliaient guère d’ouvrage conte­nant du grec sans que Por­tus y prît une part ac­tive. Plus tard, il se trouva mêlé, mal­gré lui, aux troubles et guerres de re­li­gion de son temps quand un avo­cat, nommé Car­pen­tier ou Char­pen­tier, exer­çant à Ge­nève, eut le triste cou­rage d’entreprendre une apo­lo­gie de la Saint-Bar­thé­lemy in­ti­tu­lée «Lettre adres­sée à Fran­çois Por­tus, Cré­tois» («Epis­tola ad Fran­cis­cum Por­tum, Cre­ten­sem»), dans la­quelle il s’efforçait non seule­ment d’excuser ce mas­sacre san­glant et atroce, mais de mon­trer qu’il était né­ces­saire. Por­tus n’eut au­cune peine à ré­fu­ter les dif­fa­ma­tions d’un homme qui était da­van­tage un es­pion à la solde de Ca­the­rine de Mé­di­cis qu’un vé­ri­table avo­cat. Sa «Ré­ponse à la lettre dif­fa­ma­toire de Pierre Car­pen­tier, avo­cat» se ter­mine par les mots que voici : «Les chré­tiens peuvent — et veulent aussi — mou­rir quand il plaît à Dieu, mais ils ne peuvent être ja­mais vain­cus» 2. Peu d’autres dé­tails nous sont par­ve­nus sur la vie de Por­tus. Il compta parmi ses amis in­times An­drew Mel­ville qui s’aventurait sou­vent à contes­ter ses opi­nions fa­vo­rites, soit par es­prit de contra­dic­tion, soit dans le but d’obtenir quelques ex­pli­ca­tions, si bien qu’un jour, exas­péré par ce per­fide Écos­sais qui lui re­pro­chait sa ma­nière «vul­gata» («ver­na­cu­laire») de pro­non­cer le grec, Por­tus fi­nit par perdre conte­nance et crier : «Vos Scoti, vos bar­bari! Do­ce­bi­tis nos Græ­cos pro­nun­cia­tio­nem nos­træ lin­guæ : sci­li­cet!» («C’est donc vous, des Écos­sais, des bar­bares, qui nous ap­pren­drez la pro­non­cia­tion de notre langue à nous, Grecs : tout de même!»)

les presses ge­ne­voises de Jean Cres­pin ne pu­bliaient guère d’ouvrage conte­nant du grec sans que Por­tus y prît une part ac­tive

Voici un pas­sage qui don­nera une idée de la ma­nière de Por­tus : «J’ai fi­na­le­ment reçu tes lettres au com­men­ce­ment de fé­vrier, écrites à Stras­bourg, comme tu le mandes… dont j’ai été gran­de­ment émer­veillé, pour te dire fran­che­ment ce qui m’en semble. Car je me suis étonné que tes lettres im­pri­mées en fran­çais et en la­tin aient été lues et re­lues de tous, avant que [de] tom­ber entre les mains de moi à qui elles s’adressaient; et en­core plus de ce qu’elles ont quelque ap­pa­rence d’amitié et de ser­vice, et ce­pen­dant, à vrai dire, ne contiennent autre chose qu’une vi­laine ca­lom­nie contre cette Église et Ré­pu­blique» 3.

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  1. En grec Φραγκίσκος Πόρτος. Au­tre­fois trans­crit Portes ou Porto. Haut
  2. p. 368. Haut
  1. p. 341. Haut