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su­jet

Callinos, « Chant guerrier »

dans Tyrtée, « Les Chants », XIXᵉ siècle, p. 44-49

dans Tyr­tée, «Les Chants», XIXe siècle, p. 44-49

Il s’agit du «Chant guer­rier» («Âisma» 1) de Cal­li­nos d’Éphèse 2. Sauf Ho­mère et peut-être Hé­siode, Cal­li­nos est le plus an­cien poète connu (VIIe siècle av. J.-C.). Dans le où il vi­vait, les Cim­mé­riens, ve­nus d’, avaient en­vahi l’ Mi­neure et at­ta­quaient les ci­tés io­niennes, qui étaient elles-mêmes en proie à des dis­sen­sions ré­centes, si bien que la était par­tout. Au mi­lieu de tels bou­le­ver­se­ments, il était im­pos­sible à un poète de ne pas chan­ter la guerre, qu’il voyait me­na­çante aux portes de sa cité. Ses com­pa­triotes, tout amol­lis par la tran­quille jouis­sance de la ha­bi­tuelle, son­geaient peu à se dé­fendre. Cal­li­nos es­saya de les sor­tir de cette es­pèce de lé­thar­gie dans la­quelle ils étaient en­se­ve­lis : «Quand donc mar­che­rez-vous? Qui vous re­tient, ? De­vant vos com­pa­gnons, ne rou­gis­sez-vous pas? Sans , lorsqu’au loin Mars étend sa fu­rie, vous croyez être en paix. L’ennemi vous at­tend!…» 3 Son «Chant guer­rier», conservé par Stra­bon, est un éner­gique ap­pel aux , une vé­hé­mente Mar­seillaise, qui an­nonce la ma­nière de Tyr­tée, à qui cer­tains ont voulu l’attribuer. On peut en ad­mi­rer, si on lit le grec, «le mou­ve­ment ca­dencé et un peu lourd des dis­tiques, les so­lides at­taches des phrases, et sur­tout les sons mâles et un peu durs de la de Cal­li­nos» 4. Cal­li­nos est aussi le pre­mier qui, se­lon le té­moi­gnage de Stra­bon, mit en vogue la lé­gende d’Apollon Smin­thien, c’est-à-dire Apol­lon « des rats». Cette œuvre my­tho­lo­gique est per­due. Mais le cha­pitre sur les sou­ris dans «La Per­son­na­lité des » d’Élien per­met d’en re­cons­ti­tuer le su­jet : Des Cré­tois, qui à cause d’un dé­sastre vou­laient quit­ter leur pays pour al­ler s’établir ailleurs, de­man­dèrent à Apol­lon de leur dé­si­gner un bon en­droit. L’oracle leur or­donna de s’établir à l’endroit où des «êtres nés de la » («gê­ge­neis» 5) vien­draient leur faire la guerre. S’étant em­bar­qués, ils par­vinrent aux en­vi­rons de la fu­ture Ha­maxi­tos et y trou­vèrent un abri conve­nable pour se re­po­ser. Mais pen­dant leur som­meil, des rats sor­tirent de terre de tous cô­tés et vinrent ron­ger les cour­roies de leurs et les cordes de leurs arcs. À leur ré­veil, s’étant sou­ve­nus de l’oracle, les Cré­tois crurent en avoir com­pris le sens; et comme, par ailleurs, toutes leurs armes étaient hors d’état de ser­vir, ils s’établirent en ce lieu et consa­crèrent une fa­meuse sta­tue à Apol­lon, qui le re­pré­sen­tait de­bout, le pied posé sur un rat. 6

  1. En grec «ᾎσμα». Icône Haut
  2. En grec Καλλῖνος. Au­tre­fois trans­crit Kal­li­nos ou Cal­li­nus. Icône Haut
  3. p. 47. Icône Haut
  1. Georges Le Bi­dois, «Études d’analyse ap­pli­quée aux . Le Ly­risme», p. 307. Icône Haut
  2. En grec γηγενεῖς. Icône Haut
  3. Cette sta­tue, comme d’autres, sera plus tard des­cen­due et traî­née par des cordes à , non tant pour or­ner les places de la ca­pi­tale chré­tienne, que pour dé­pouiller de leurs or­ne­ments les an­ciens païens. Icône Haut

« Révolté ou révolutionnaire ? Sándor Petőfi à travers son journal, ses lettres [et] écrits polémiques »

éd. Corvina-Odéon Diffusion, Budapest-Paris

éd. Cor­vina-Odéon Dif­fu­sion, Bu­da­pest-Pa­ris

Il s’agit de la prose de  1, le plus im­por­tant des , le chantre au tem­pé­ra­ment mi­li­taire et à l’ hé­roïque et pas­sion­née, qui a ex­halé, dans son œuvre comme dans sa , un ef­fréné de la (XIXe siècle). «Ce n’est pas seule­ment à une pré­di­ca­tion», dit un  2, «que Petœfi a consa­cré son ta­lent; sa vie en­tière est la mise en œuvre de ce pro­gramme… Cha­cune de ses pa­roles est une ac­tion. Il ne dit pas : “Souf­frez! Es­pé­rez!”, mais il souffre et il es­père.» Le jour, Petœfi ap­pelle la lutte et en­gage la ba­taille; la , il écrit au bi­vouac, en face de l’ennemi, au bruit des avant-postes, aux hen­nis­se­ments des che­vaux. Il est fou­gueux, brû­lant, ex­ces­sif même. Avec lui, on as­siste à la sai­sis­sante vi­sion de mê­lées fu­rieuses où le jaillit à flots au mi­lieu «du bruit des , des cla­meurs des clai­rons et des foudres du bronze». Tyr­tée des mo­dernes, il trouve, parmi les bou­le­ver­se­ments, le se­cret des ha­rangues qui en­traînent à la vic­toire, font cou­rir joyeu­se­ment vers la et dé­cident les dé­voue­ments hé­roïques. Il prie ar­dem­ment de ne pas mou­rir dans un lit, calé entre des oreillers, mais sur le champ d’, comme sol­dat de «la li­berté du ». Il a tout pour lui : le , le mo­ment his­to­rique, le des­tin hors sé­rie; et quand à vingt-six ans seule­ment, il tombe dans cette sainte , le qui chante ses , le peuple dont il est né et pour le­quel il est mort, ne veut pas croire que la ait osé re­prendre sa dé­pouille mor­telle; et si d’aventure, au mi­lieu du si­lence, quelque ber­ger en­tonne dans la lande : «De­bout, Hon­grois, contre la horde qui convoite nos biens, notre vie!… Mille ans nous ob­servent, nous jugent, d’Attila jusqu’à Rákóczi!», aus­si­tôt le brave peuple de s’écrie sous le chaume : «Vous voyez bien que Petœfi n’est pas mort! Ne re­con­nais­sez-vous pas sa ?»

  1. En hon­grois Petőfi Sán­dor. Par­fois trans­crit Alexandre Petœfi ou Alexandre Petœfy. Icône Haut
  1. Saint-René Taillan­dier. Icône Haut

Sayyâb, « Le Golfe et le Fleuve : poèmes »

éd. Sindbad-Actes Sud, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-La Petite Bibliothèque de Sindbad, Arles

éd. Sind­bad-Actes Sud, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-La Pe­tite Bi­blio­thèque de Sind­bad, Arles

Il s’agit de M.  1, poète , qui a af­fran­chi la de deux mille ans de mé­trique pour la sou­mettre aux contraintes de la (XXe siècle). À l’âge de six ans, il perd sa mère; et son père s’étant re­ma­rié, il est re­cueilli par son grand-père. Ce sera pour le poète un pre­mier choc dont il ne se re­met­tra ja­mais, et le dé­but d’une dé­marche nos­tal­gique qui l’accompagnera tout au long de sa vie, abré­gée su­bi­te­ment par la ma­la­die. Cette dé­marche, c’est la de sa mère, et au-delà, celle de son pe­tit vil­lage na­tal de Djay­koûr 2 qu’il as­si­mile à l’authenticité, à la «[de] l’enfance, [de] l’adolescence qui une fois fut» 3. Cette terre pa­rée de rires, de chants et de par­fums re­pré­sente pour M. Sayyâb une sorte d’ dont il n’a été éloi­gné que par «le choc mé­tal­lique de l’argent» et «la des ma­chines» 4. Comme Sind­bad le Ma­rin ou Ulysse sur son ba­teau, hanté par le du re­tour, M. Sayyâb s’imagine la em­bar­quer sur le crois­sant de lune et «pé­ré­gri­ner avec des nuages pour voiles et l’impossible pour tout port» 5. Comme Achille qui ai­me­rait mille fois mieux être, sur terre, aux gages d’un pauvre , que de ré­gner sur les ombres, M. Sayyâb pré­fère être «un en­fant af­famé, en larmes dans la nuit d’, [plu­tôt que] ce qui n’eut ja­mais de la vie qu’un spec­tacle» 6. On voit que c’est en mé­lan­geant an­tique et mo­dernes que M. Sayyâb pro­duit l’alliage de sa  : «L’expression di­recte de ce qui n’est pas poé­sie», dit-il 7, «ne peut de­ve­nir . Où est alors la so­lu­tion? En ré­ponse, le poète ira vers le mythe, [les] qui ont gardé leur in­ten­sité et leur fraî­cheur; il s’en ser­vira comme ma­té­riaux pour bâ­tir les mondes qui dé­fie­ront la de l’ et de l’acier». En­fin, no­tons le contraste que M. Sayyâb se plaît à faire entre la ville et le vil­lage : Pa­ris, le pa­ran­gon des , la cité des ci­tés, est un lieu du , où «des hommes pris de sortent leurs cou­teaux», où «l’air se crispe sous l’éclat de des pu­tains»; tan­dis que Djay­koûr est une source de l’innocence «avec un de dans un vase, astres bleus et rouges d’un rêve d’enfant»

  1. En بدر شاكر السياب. Au­tre­fois trans­crit Badr Šā­kir al-Sayyāb, Badr Sha­ker al-Sayyab, Badr Cha­kir al-Sayyab ou Badr Sha­kir as-Sayyab. Icône Haut
  2. En arabe جيكور. Par­fois trans­crit Ǧaykūr, Jay­kour ou Jay­kur. Icône Haut
  3. Poème «La Mai­son de mon grand-père». Icône Haut
  4. Poème «L’Élégie de Djay­koûr». Icône Haut
  1. Poème «La Mai­son de mon grand-père». Icône Haut
  2. Poème «Iq­bâl et la Nuit». Icône Haut
  3. Dans «Les Ca­hiers de l’Oronte», p. 90. Icône Haut

Sayyâb, « Les Poèmes de Djaykoûr »

éd. Fata Morgana, Saint-Clément-de-Rivière

éd. Fata Mor­gana, Saint-Clé­ment-de-Ri­vière

Il s’agit de M.  1, poète , qui a af­fran­chi la de deux mille ans de mé­trique pour la sou­mettre aux contraintes de la (XXe siècle). À l’âge de six ans, il perd sa mère; et son père s’étant re­ma­rié, il est re­cueilli par son grand-père. Ce sera pour le poète un pre­mier choc dont il ne se re­met­tra ja­mais, et le dé­but d’une dé­marche nos­tal­gique qui l’accompagnera tout au long de sa vie, abré­gée su­bi­te­ment par la ma­la­die. Cette dé­marche, c’est la de sa mère, et au-delà, celle de son pe­tit vil­lage na­tal de Djay­koûr 2 qu’il as­si­mile à l’authenticité, à la «[de] l’enfance, [de] l’adolescence qui une fois fut» 3. Cette terre pa­rée de rires, de chants et de par­fums re­pré­sente pour M. Sayyâb une sorte d’ dont il n’a été éloi­gné que par «le choc mé­tal­lique de l’argent» et «la des ma­chines» 4. Comme Sind­bad le Ma­rin ou Ulysse sur son ba­teau, hanté par le du re­tour, M. Sayyâb s’imagine la em­bar­quer sur le crois­sant de lune et «pé­ré­gri­ner avec des nuages pour voiles et l’impossible pour tout port» 5. Comme Achille qui ai­me­rait mille fois mieux être, sur terre, aux gages d’un pauvre , que de ré­gner sur les ombres, M. Sayyâb pré­fère être «un en­fant af­famé, en larmes dans la nuit d’, [plu­tôt que] ce qui n’eut ja­mais de la vie qu’un spec­tacle» 6. On voit que c’est en mé­lan­geant an­tique et mo­dernes que M. Sayyâb pro­duit l’alliage de sa poé­sie : «L’expression di­recte de ce qui n’est pas poé­sie», dit-il 7, «ne peut de­ve­nir . Où est alors la so­lu­tion? En ré­ponse, le poète ira vers le mythe, [les] qui ont gardé leur in­ten­sité et leur fraî­cheur; il s’en ser­vira comme ma­té­riaux pour bâ­tir les mondes qui dé­fie­ront la de l’ et de l’acier». En­fin, no­tons le contraste que M. Sayyâb se plaît à faire entre la ville et le vil­lage : Pa­ris, le pa­ran­gon des , la cité des ci­tés, est un lieu du , où «des hommes pris de sortent leurs cou­teaux», où «l’air se crispe sous l’éclat de des pu­tains»; tan­dis que Djay­koûr est une source de l’innocence «avec un de dans un vase, astres bleus et rouges d’un rêve d’enfant»

  1. En arabe بدر شاكر السياب. Au­tre­fois trans­crit Badr Šā­kir al-Sayyāb, Badr Sha­ker al-Sayyab, Badr Cha­kir al-Sayyab ou Badr Sha­kir as-Sayyab. Icône Haut
  2. En arabe جيكور. Par­fois trans­crit Ǧaykūr, Jay­kour ou Jay­kur. Icône Haut
  3. Poème «La Mai­son de mon grand-père». Icône Haut
  4. Poème «L’Élégie de Djay­koûr». Icône Haut
  1. Poème «La Mai­son de mon grand-père». Icône Haut
  2. Poème «Iq­bâl et la Nuit». Icône Haut
  3. Dans «Les Ca­hiers de l’Oronte», p. 90. Icône Haut

« Alexandre Petœfi : le poète de la Révolution hongroise »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des poèmes de  1, le plus im­por­tant des , le chantre au tem­pé­ra­ment mi­li­taire et à l’ hé­roïque et pas­sion­née, qui a ex­halé, dans son œuvre comme dans sa , un ef­fréné de la (XIXe siècle). «Ce n’est pas seule­ment à une pré­di­ca­tion», dit un  2, «que Petœfi a consa­cré son ta­lent; sa vie en­tière est la mise en œuvre de ce pro­gramme… Cha­cune de ses pa­roles est une ac­tion. Il ne dit pas : “Souf­frez! Es­pé­rez!”, mais il souffre et il es­père.» Le jour, Petœfi ap­pelle la lutte et en­gage la ba­taille; la , il écrit au bi­vouac, en face de l’ennemi, au bruit des avant-postes, aux hen­nis­se­ments des che­vaux. Il est fou­gueux, brû­lant, ex­ces­sif même. Avec lui, on as­siste à la sai­sis­sante vi­sion de mê­lées fu­rieuses où le jaillit à flots au mi­lieu «du bruit des , des cla­meurs des clai­rons et des foudres du bronze». Tyr­tée des mo­dernes, il trouve, parmi les bou­le­ver­se­ments, le se­cret des ha­rangues qui en­traînent à la vic­toire, font cou­rir joyeu­se­ment vers la et dé­cident les dé­voue­ments hé­roïques. Il prie ar­dem­ment de ne pas mou­rir dans un lit, calé entre des oreillers, mais sur le champ d’, comme sol­dat de «la li­berté du ». Il a tout pour lui : le , le mo­ment his­to­rique, le des­tin hors sé­rie; et quand à vingt-six ans seule­ment, il tombe dans cette sainte , le qui chante ses , le peuple dont il est né et pour le­quel il est mort, ne veut pas croire que la ait osé re­prendre sa dé­pouille mor­telle; et si d’aventure, au mi­lieu du si­lence, quelque ber­ger en­tonne dans la lande : «De­bout, Hon­grois, contre la horde qui convoite nos biens, notre vie!… Mille ans nous ob­servent, nous jugent, d’Attila jusqu’à Rákóczi!», aus­si­tôt le brave peuple de s’écrie sous le chaume : «Vous voyez bien que Petœfi n’est pas mort! Ne re­con­nais­sez-vous pas sa ?»

  1. En hon­grois Petőfi Sán­dor. Par­fois trans­crit Alexandre Petœfi ou Alexandre Petœfy. Icône Haut
  1. Saint-René Taillan­dier. Icône Haut

Rimbaud, « Œuvres : des Ardennes au désert »

éd. Pocket, coll. Pocket classiques, Paris

éd. Po­cket, coll. Po­cket clas­siques, Pa­ris

Il s’agit d’Arthur Rim­baud, poète (XIXe siècle). Les bê­tises se sont ac­cu­mu­lées sur le compte de Rim­baud, mais peut-être qu’il est cou­pable de les avoir per­mises, et de ne pas avoir rendu im­pos­sibles cer­taines in­ter­pré­ta­tions ex­tra­va­gantes, en se plai­sant, dans la se­conde par­tie de son œuvre, à faire des phrases sans suite, des phrases d’un es­prit fou, dé­tra­qué, dé­ré­glé, des phrases dont il se ré­ser­vait la tra­duc­tion, et dont il di­sait : «Ça dit ce que ça dit, lit­té­ra­le­ment et dans tous les sens» 1; «Je no­tais l’inexprimable, je fixais des ver­tiges» 2; «J’ai seul la clef de cette pa­rade sau­vage» 3; etc. Mais nous n’avons pas en­vie de nous dé­cou­ra­ger d’avance. Nous avons en­vie, au contraire, de sa­voir, très dé­ci­dé­ment, à quoi nous en te­nir sur cette se­conde par­tie si contro­ver­sée. La bonne est d’aller pas à pas, com­men­çant par le viol de Rim­baud. Et d’abord, qu’est-ce qui per­met de par­ler de viol? Un de ses poèmes le per­met, qui porte le titre du «Cœur v[i]olé», et qui re­pro­duit, avec des mots qui ne s’inventent pas, les scènes abo­mi­nables aux­quelles Rim­baud a été obligé de se sou­mettre sous la des ignobles in­di­vi­dus au mi­lieu des­quels il s’est trouvé en pleine Com­mune de Pa­ris (mai 1871), lui si jeune :

«Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur cou­vert de ca­po­ral :
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe :
Sous les quo­li­bets de la troupe
Qui pousse un gé­né­ral,
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur cou­vert de ca­po­ral!
Ithy­phal­liques et piou­piesques,
Leurs quo­li­bets l’ont dé­pravé!
», etc.

  1. À sa mère, à pro­pos d’«Une Sai­son en en­fer». Icône Haut
  2. « du Verbe». Icône Haut
  1. «Pa­rade». Icône Haut

Tyrtée, « Les Chants »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Tyr­tée 1, poète (VIIe siècle av. J.-C.), fon­da­teur de l’élégie guer­rière, qui chanta le de com­battre et de mou­rir pour la pa­trie; l’indigence et l’éternel op­probre at­ta­chés au lâche; l’ qui ré­com­pense le hé­ros en le fai­sant vivre dans une éter­nelle ; bref, la mar­tiale éle­vée au-des­sus de tout. Nous n’avons plus de Tyr­tée que trois chants. Ils suf­fisent à jus­ti­fier les pro­di­gués par Pla­ton qui, dans son pre­mier livre des «», dit : «Ô Tyr­tée, chantre di­vin, tu es à mes yeux un et ver­tueux» 2; et Ho­race qui, dans son «Art », écrit qu’à la suite de «Tyr­tée, dont les vers ani­maient au com­bat les cœurs , les ne ré­pon­dirent plus qu’en vers» 3. Mais le plus bel éloge de tous est ce­lui que lui donna le fa­meux chef des trois cents Spar­tiates, Léo­ni­das, lorsqu’il ré­pon­dit à quelqu’un qui vou­lait sa­voir en quel de­gré d’estime il te­nait Tyr­tée : «Je le crois propre», af­firma-t-il 4, «à ins­pi­rer de l’ardeur aux jeunes gens. Ses poé­sies les pé­nètrent d’un sen­ti­ment si vif d’enthousiasme, que dans les com­bats ils af­frontent sans mé­na­ge­ment les plus grands dan­gers». D’un art très simple, ses vers ar­rivent pour­tant à ar­ra­cher les au­di­teurs aux pe­ti­tesses du pré­sent en les for­çant de vé­né­rer le . On y en­tend le cli­que­tis des , les cris de et de vic­toire; on y sent avec un autre poète 5 que «l’acier, le fer, le marbre ne sont rien; il n’est qu’un seul rem­part : le bras du ci­toyen». Ce n’est pas éton­nant qu’avec tant de pa­trio­tique, Tyr­tée ait en­flammé les cœurs des jeunes Spar­tiates, si in­flam­mables par ailleurs. Il est dom­mage que le peu qui nous reste de lui ne soit pas plus étendu ou mieux connu. «Les vers de Tyr­tée sont un des plus éner­giques en­cou­ra­ge­ments au que pré­sente la lit­té­ra­ture, et aussi l’un des plus simples, l’un de ceux qui, par la clarté de la forme et la vi­va­cité de l’, sont le plus as­su­rés de trou­ver, tou­jours et par­tout, le che­min du cœur», ex­plique Al­fred Croi­set

  1. En grec Τυρταῖος. Par­fois trans­crit Tir­tée ou Tyrtæus. Icône Haut
  2. En grec «Ὦ Τύρταιε, ποιητὰ θειότατε, δοκεῖς… σοφὸς ἡμῖν εἶναι καὶ ἀγαθός». Icône Haut
  3. En «Tyrtæusque mares ani­mos in Mar­tia bella / Ver­si­bus exa­cuit; dictæ per car­mina sortes». Icône Haut
  1. Dans Plu­tarque, «Les Vies des hommes illustres», vies d’Agis et de Cléo­mène. Icône Haut
  2. Al­cée. Icône Haut

Homère, « Odyssée »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «L’Odyssée» 1 d’ 2. «Le chantre des ex­ploits hé­roïques, l’interprète des , le se­cond dont s’éclairait la , la lu­mière des muses, la tou­jours jeune du en­tier, Ho­mère, il est là, étran­ger, sous le sable de ce ri­vage», dit une épi­gramme fu­né­raire 3. On sait qu’Alexandre de Ma­cé­doine por­tait tou­jours avec lui une co­pie des chants d’Homère, et qu’il consa­crait à la garde de ce tré­sor une cas­sette pré­cieuse, en­ri­chie d’ et de pier­re­ries, trou­vée parmi les ef­fets du roi Da­rius. Alexandre mou­rut; l’immense Em­pire qu’il avait ras­sem­blé pour un ins­tant tomba en ruines; mais par­tout où avaient volé les se­mences de la grecque, les chants d’Homère avaient fait le voyage mys­té­rieux. Par­tout, sur les bords de la Mé­di­ter­ra­née, on par­lait , on écri­vait avec les lettres grecques, et nulle part da­van­tage que dans cette ville à l’embouchure du Nil, qui por­tait le nom de son fon­da­teur : Alexan­drie. «C’est là que se fai­saient les pré­cieuses co­pies des chants, là que s’écrivaient ces , dont la plu­part ont péri six ou sept siècles plus tard avec la fa­meuse bi­blio­thèque d’Alexandrie, que fit brû­ler le ca­life Omar, ce bien­fai­teur des éco­liers», dit Frie­drich Spiel­ha­gen 4. Les Ro­mains re­cueillirent, au­tant qu’il était pos­sible à un guer­rier et igno­rant, l’héritage du grec. Et c’était Ho­mère qu’on met­tait entre les mains du jeune comme élé­ment de son , et dont il conti­nuait plus tard l’étude dans les hautes écoles d’Athènes. Si Es­chyle dit que ses tra­gé­dies ne sont que «les re­liefs des grands fes­tins d’Homère» 5, on peut le dire avec en­core plus de des Ro­mains, qui s’invitent chez Ho­mère et re­viennent avec quelque croûte à gru­ger, un mor­ceau de car­ti­lage des mets qu’on a ser­vis.

  1. En grec «Ὀδύσσεια». Icône Haut
  2. En grec Ὅμηρος. Icône Haut
  3. En grec «Ἡρώων κάρυκ’ ἀρετᾶς, μακάρων δὲ προφήταν, Ἑλλάνων βιοτᾷ δεύτερον ἀέλιον, Μουσῶν φέγγος Ὅμηρον, ἀγήραντον στόμα κόσμου παντός, ἁλιρροθία, ξεῖνε, κέκευθε κόνις». An­ti­pa­ter de Si­don dans «An­tho­lo­gie grecque, d’après le ma­nus­crit pa­la­tin». Icône Haut
  1. «Ho­mère», p. 513. Icône Haut
  2. En grec «τεμάχη τῶν Ὁμήρου μεγάλων δείπνων». Athé­née, «Ban­quet des sa­vants». Icône Haut

Homère, « Iliade »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «L’Iliade» 1 d’ 2. «Le chantre des ex­ploits hé­roïques, l’interprète des , le se­cond dont s’éclairait la , la lu­mière des muses, la tou­jours jeune du en­tier, Ho­mère, il est là, étran­ger, sous le sable de ce ri­vage», dit une épi­gramme fu­né­raire 3. On sait qu’Alexandre de Ma­cé­doine por­tait tou­jours avec lui une co­pie des chants d’Homère, et qu’il consa­crait à la garde de ce tré­sor une cas­sette pré­cieuse, en­ri­chie d’ et de pier­re­ries, trou­vée parmi les ef­fets du roi Da­rius. Alexandre mou­rut; l’immense Em­pire qu’il avait ras­sem­blé pour un ins­tant tomba en ruines; mais par­tout où avaient volé les se­mences de la grecque, les chants d’Homère avaient fait le voyage mys­té­rieux. Par­tout, sur les bords de la Mé­di­ter­ra­née, on par­lait , on écri­vait avec les lettres grecques, et nulle part da­van­tage que dans cette ville à l’embouchure du Nil, qui por­tait le nom de son fon­da­teur : Alexan­drie. «C’est là que se fai­saient les pré­cieuses co­pies des chants, là que s’écrivaient ces , dont la plu­part ont péri six ou sept siècles plus tard avec la fa­meuse bi­blio­thèque d’Alexandrie, que fit brû­ler le ca­life Omar, ce bien­fai­teur des éco­liers», dit Frie­drich Spiel­ha­gen 4. Les Ro­mains re­cueillirent, au­tant qu’il était pos­sible à un guer­rier et igno­rant, l’héritage du grec. Et c’était Ho­mère qu’on met­tait entre les mains du jeune comme élé­ment de son , et dont il conti­nuait plus tard l’étude dans les hautes écoles d’Athènes. Si Es­chyle dit que ses tra­gé­dies ne sont que «les re­liefs des grands fes­tins d’Homère» 5, on peut le dire avec en­core plus de des Ro­mains, qui s’invitent chez Ho­mère et re­viennent avec quelque croûte à gru­ger, un mor­ceau de car­ti­lage des mets qu’on a ser­vis.

  1. En grec «Ἰλιάς». Icône Haut
  2. En grec Ὅμηρος. Icône Haut
  3. En grec «Ἡρώων κάρυκ’ ἀρετᾶς, μακάρων δὲ προφήταν, Ἑλλάνων βιοτᾷ δεύτερον ἀέλιον, Μουσῶν φέγγος Ὅμηρον, ἀγήραντον στόμα κόσμου παντός, ἁλιρροθία, ξεῖνε, κέκευθε κόνις». An­ti­pa­ter de Si­don dans «An­tho­lo­gie grecque, d’après le ma­nus­crit pa­la­tin». Icône Haut
  1. «Ho­mère», p. 513. Icône Haut
  2. En grec «τεμάχη τῶν Ὁμήρου μεγάλων δείπνων». Athé­née, «Ban­quet des sa­vants». Icône Haut