Botev, « Œuvres choisies »

éd. en Langues étrangères, Sofia
Il s’agit d’une traduction par Paul Éluard de l’œuvre de Hristo Botev*, révolutionnaire bulgare, poète de premier ordre, mort sous les coups des Turcs. Il n’a laissé qu’une vingtaine de poèmes, mais ils représentent le point culminant atteint par la pensée bulgare avant la libération (1878). C’est qu’à travers eux, Botev a légué aux générations un testament de liberté et de justice à réaliser — un testament si riche d’idéals qu’il constitue un trésor inépuisable où ses compatriotes cherchent aujourd’hui encore l’inspiration. La lutte de Botev est dictée par l’époque où il vit. Cette époque se résume en quelques mots : esclavage national, oppression politique, exploitation sociale. La grande conscience qu’a Botev du terrible et du tragique de cette époque se répand à travers toute son œuvre. Déjà ses premiers poèmes tracent un tableau saisissant des malheurs populaires : les chaînes grondent sourdement ; la sueur sanglante des fronts coule sur les pierres tombales ; la croix s’enfonce en plein milieu des chairs vives du peuple** ; la rouille ronge les os. Dans « À mon premier amour »***, Botev condamne résolument toute indifférence devant ces malheurs et tout retranchement dans un bonheur privé, détaché du destin collectif :
« Ta voix est belle, tu es jeune,
Mais entends-tu chanter les bois ?
Entends-tu sangloter les pauvres ?