Mot-clefChristian Maucq

tra­duc­teur ou tra­duc­trice

Sepehri, « Histoires de lune, d’eau et de vent : poèmes »

éd. Maelström réévolution, Bruxelles

éd. Mael­ström ré­évo­lu­tion, Bruxelles

Il s’agit d’une an­tho­lo­gie de M. Soh­rab Se­pehri1, ar­tiste in­égalé de l’Iran mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de poé­sie dans sa pein­ture, qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la na­ture, qui voit l’âme dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la rai­son de cette écri­ture mys­tique, par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’image d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un sym­bo­lisme, un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

« “Où est la de­meure de l’Ami ?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la voix du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de Dieu
Où l’amour est tout aussi bleu que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la terre…
Dans l’intimité on­du­lante de cet es­pace sa­cré
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami ?”
 »

  1. En per­san سهراب سپهری. Haut