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pays, gen­tilé ou langue

Sepehri, « Histoires de lune, d’eau et de vent : poèmes »

éd. Maelström réévolution, Bruxelles

éd. Mael­ström ré, Bruxelles

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

« Daryush Ashouri : un intellectuel hétérodoxe iranien »

éd. L’Harmattan, coll. L’Iran en transition, Paris

éd. L’Harmattan, coll. L’ en tran­si­tion, Pa­ris

Il s’agit de «La Théo­rie de “l’occidentalite” et la Crise de en Iran» («Na­za­rieh-ye gharb­za­degi va boh­rân-e ta­fak­kor dar Iran» 1) et autres ar­ticles de M. Da­ryoush Ashouri 2, in­tel­lec­tuel et tra­duc­teur , ins­tallé en de­puis 1987. La pen­sée ira­nienne mo­derne est en grande par­tie ti­raillée entre son re­jet de l’ et sa fas­ci­na­tion pour lui. Au siècle der­nier, elle de­vi­sait avec op­ti­misme d’un ave­nir où elle se­rait plus oc­ci­den­ta­li­sée; à pré­sent, elle s’en prend, en des termes dé­fai­tistes et ré­cri­mi­nants, aux per­ver­si­tés de l’Occident, dont elle vou­drait faire un épou­van­tail. M. Ashouri traite de cette di­cho­to­mie et il dit ne pou­voir mieux la dé­fi­nir que comme un «res­sen­ti­ment» pa­tho­lo­gique («kin-touzi» 3) qui a af­fligé à la fois les pen­seurs et les masses po­pu­laires en Iran tout au long de l’ ré­cente. M. Ashouri em­prunte ce terme de «res­sen­ti­ment» à Frie­drich Nietzsche et il l’applique au cas ira­nien. Dans «La de la », Nietzsche op­pose l’ ac­tif ou sur­homme, qui crée triom­pha­le­ment ses propres va­leurs, aux hommes im­puis­sants, à qui la vraie ac­tion est in­ter­dite, et qui ne trouvent de com­pen­sa­tion que dans leur haine ren­trée et dans leur ran­cune en­vers le sur­homme. Ces hommes du «res­sen­ti­ment», étant in­ca­pables d’agir, de­meurent du­ra­ble­ment rem­plis de ré­ac­tions hos­tiles et ve­ni­meuses. Telle est l’attitude de beau­coup d’Iraniens qui, de­puis les an­nées 1960, ne par­viennent plus à af­fir­mer po­si­ti­ve­ment leur propre «» : au lieu de cela, ils cherchent un ad­ver­saire dans ce qui se si­tue en de­hors, dans ce qui est leur «autre que soi», et tout d’abord, dans une oc­ci­den­tale trans­for­mée en une vé­ri­table ca­ri­ca­ture, en un monstre. Et M. Ashouri de don­ner comme exemple deux pen­seurs ira­niens de re­nom, Dja­lal Âl-e Ah­mad et Ali Sha­riati, et leur théo­rie de «l’occidentalite» ou «ma­la­die oc­ci­den­tale». «Comme j’y ai déjà fait al­lu­sion», dit M. Ashouri, «“l’occidentalite” est ba­sée sur cette concep­tion qu’il existe un “Oc­ci­dent” là-bas et un “nous” ici, dont la re­la­tion est qua­li­fiée de do­mi­nant-do­miné… Le pro­blème fon­da­men­tal de cette théo­rie est qu’elle n’a pas de connais­sance [ni] de l’un, ni de l’autre, et dans un cercle vi­cieux, ne par­vient pas à se don­ner une ou­ver­ture au . Je vou­drais ci­ter deux fi­gures qui re­pré­sentent cette ten­dance, Âl-e Ah­mad et Sha­riati. Les deux se ré­fé­rent à l’ pour cri­ti­quer l’Occident, mais leur dé­marche est-elle si­mi­laire à celle de Ghazâli? La grande dif­fé­rence entre ces deux et Ghazâli consiste dans le fait que, pour ce der­nier, la est le but; alors que, pour eux, celle-ci est un moyen de com­bat … À l’opposé de Ghazâli, qui cherche la ra­cine et les concepts les plus fon­da­men­taux, on [ne voit au­cun] sou­bas­se­ment phi­lo­so­phique [chez Âl-e Ah­mad et chez Sha­riati]. Par exemple, ils ne peuvent plus consul­ter Des­cartes, et… de ce fait, ils de­viennent au socle de la , alors qu’eux-mêmes sont in­cons­ciem­ment sous son »

  1. En «نظریهٔ غرب‌زدگی و بحران تفکر در ایران». Icône Haut
  2. En per­san داریوش آشوری. Par­fois trans­crit Da­rioush Ashouri, Da­riush Ashoori ou Da­ryush Ashuri. Icône Haut
  1. En per­san کین توزی. Par­fois trans­crit «kine-touzi». Icône Haut

« Khwādja ‘Abdullāh Anṣārī (1006-1089 apr. J.-C.) : mystique hanbalite »

éd. Imprimerie catholique, coll. Recherches publiées sous la direction de l’Institut de lettres orientales de Beyrouth, Beyrouth

éd. Im­pri­me­rie ca­tho­lique, coll. Re­cherches pu­bliées sous la di­rec­tion de l’Institut de lettres orien­tales de Bey­routh, Bey­routh

Il s’agit du Di­van (Re­cueil de poé­sies) et autres œuvres de  1, mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel ; sur­nommé pour cette Ha­rawî 2l’ de Hé­rat»). Peu connu en , n’ayant laissé chez les Arabes que le d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 3), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens de leur prose. Pour le sur­tout qui sa et sa fi­nesse, en même que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de , et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes , portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon ! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la , et cette vie c’est toi» 4. En­fant pro­dige qui ma­niait le et l’ avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec . Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son dans toutes les me­nées par ses . De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Icône Haut
  2. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Icône Haut
  1. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Icône Haut
  2.  108. Icône Haut

Ansârî, « Chemin de Dieu : trois traités spirituels »

éd. Sindbad, coll. La Bibliothèque de l’islam, Paris

éd. Sind­bad, coll. La Bi­blio­thèque de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Cent ter­rains» («Sad may­dân» 1), des «Étapes des iti­né­rants vers » («Ma­nâ­zil al-sâ’irîn» 2) et autres œuvres de  3, mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel ; sur­nommé pour cette Ha­rawî 4l’ de Hé­rat»). Peu connu en , n’ayant laissé chez les Arabes que le d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 5), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens de leur prose. Pour le sur­tout qui sa et sa fi­nesse, en même que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de , et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes , portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon Dieu! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la , et cette vie c’est toi» 6. En­fant pro­dige qui ma­niait le et l’ avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec . Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son dans toutes les me­nées par ses . De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san «صد میدان». Par­fois trans­crit «Ṣad maidān». Icône Haut
  2. En arabe «منازل السائرين». Par­fois trans­crit «Ma­nâ­ze­los­sâé­rin» ou «Ma­nâ­zel ussâ’erîn». Icône Haut
  3. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Icône Haut
  1. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Icône Haut
  2. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Icône Haut
  3.  108. Icône Haut

Ansârî, « Cris du cœur, “Munâjât” »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Islam, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit des «Cris du cœur» («Mo­nâ­jât» 1, lit­té­ra­le­ment «Orai­sons im­pro­vi­sées») de  2, mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel ; sur­nommé pour cette Ha­rawî 3l’ de Hé­rat»). Peu connu en , n’ayant laissé chez les Arabes que le d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 4), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens de leur prose. Pour le sur­tout qui sa et sa fi­nesse, en même que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de , et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes , portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon ! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la , et cette vie c’est toi» 5. En­fant pro­dige qui ma­niait le et l’ avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec . Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son dans toutes les me­nées par ses . De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san «مناجات». Au­tre­fois trans­crit «Mo­nâd­jât», «Munād­jāt» ou «Mu­nâ­jât». Icône Haut
  2. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Icône Haut
  3. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Icône Haut
  1. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Icône Haut
  2.  108. Icône Haut

Nezâmî, « Layla et Majnûn »

éd. Fayard, Paris

éd. Fayard, Pa­ris

Il s’agit d’une ver­sion per­sane du « et Laylâ» 1, lé­gende de l’ im­pos­sible et par­fait, ou par­fait parce qu’impossible, et qui ne s’accomplit que dans la . Ré­pan­due en par les , cette lé­gende y conserve une cé­lé­brité égale à celle dont jouissent chez nous les amours de Ro­méo et Ju­liette, avec les­quelles elle pré­sente plus d’un trait de res­sem­blance. «Il n’est pas si in­dif­fé­rent, pour­tant, de pen­ser que l’amour, bien avant de trou­ver le che­min de notre , avait chanté si loin de nous, là-bas, sous le de l’, en son dé­sert, avec ses mots», ex­plique M. . Ma­j­nûn et Laylâ vi­vaient un peu après Ma­ho­met. La no­made des Arabes de ce -là, si propre à ali­men­ter l’amour, ainsi que la proxi­mité des camps, ag­glu­ti­nés dans les lieux de halte et au­tour des puits, de­vaient don­ner na­tu­rel­le­ment aux jeunes hommes et aux jeunes de tri­bus dif­fé­rentes l’occasion de se voir et faire naître les les plus vives. Mais, en même temps, la né­ces­sité de chan­ger fré­quem­ment de place, pour al­ler cher­cher au loin d’abondants pâ­tu­rages, de­vait contra­rier non moins sou­vent les amours nais­santes : «Déjà deux jeunes cœurs lan­guis­saient l’un pour l’autre; déjà leurs sou­pirs, aussi brû­lants que l’air en­flammé du dé­sert, al­laient se confondre, lorsqu’un chef donne l’ordre de le­ver les tentes; la jeune fille, ti­mide, s’éloigne len­te­ment en dé­vo­rant ses larmes, et son amant, resté seul en proie à sa , vient gé­mir sur les traces de l’habitation de sa bien-ai­mée; ou c’est l’ des qui s’oppose à leur al­liance, en les li­vrant au plus sombre déses­poir» 2. Tel fut le sort qu’éprouvèrent en Ara­bie Ma­j­nûn et Laylâ, mais aussi Ja­mîl et Bu­thayna, Ku­thayyir et ‘Azza, etc.

  1. Par­fois tra­duit «Mec­nun et Leylâ», «Me­gnoun et Leï­leh», «Ma­gnoun et Leïla», «Med­j­noun et Leïlé», «Med­jnūn et Leylā», «Mad­j­noûn et Leylî», «Mad­j­noune et Leily», «Mad­sch­nun et Leila», «Med­sch­nun et Leila», «Med­sch­noun et Leila», «Ma­j­noon et Leili», «Med­gnoun et Lei­leh», «Me­j­noûn et Laïla», «Mad­j­non et Lalé», «Ma­j­noune et Leyla», «Maǧnūn et Laylā», «Ma­j­noun et Laili», «Mu­j­noon et Laili» ou «May­nun et Layla». Icône Haut
  1. , «Pré­face au “Med­j­noun et Leïlâ” de Djâmî». Icône Haut

Iqbal, « La Métaphysique en Perse »

éd. Actes Sud, coll. Bibliothèque de l’islam, Arles

éd. Actes Sud, coll. Bi­blio­thèque de l’, Arles

Il s’agit de  1, chef spi­ri­tuel de l’Inde mu­sul­mane, pen­seur et pro­ta­go­niste d’un is­lam ré­nové. Son très di­vers s’exerça aussi bien dans la que dans la , et s’exprima avec une égale maî­trise en prose et en vers, en our­dou et en . On peut ju­ger de l’étendue de son d’après le grand nombre d’études consa­crées à son su­jet. Cette in­fluence, qui se concentre prin­ci­pa­le­ment au , dont il fa­vo­risa la créa­tion, et où il jouit d’un ex­tra­or­di­naire pres­tige, dé­borde ce­pen­dant sur tout le is­la­mique. Ra­bin­dra­nath Ta­gore connut fort bien ce com­pa­triote in­dien, porte- de la , sur qui, au len­de­main de sa , il pu­blia le mes­sage sui­vant : «La mort de M. Mo­ham­mad Iq­bal creuse dans la lit­té­ra­ture un vide qui, comme une bles­sure pro­fonde, met­tra long­temps à gué­rir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut dif­fi­ci­le­ment se pas­ser d’un poète dont la poé­sie a une va­leur aussi uni­ver­selle». Quelle était la si­tua­tion quand Iq­bal, sa thèse de doc­to­rat «La en » 2 tout juste ter­mi­née, com­mença à ap­pro­fon­dir et tenta de ré­soudre les pro­blèmes des gou­ver­nés par l’islam, qui le tour­men­taient de­puis quelques an­nées déjà? Les ha­bi­tants de ces États, ou­blieux de leur gloire pas­sée, se trou­vaient plon­gés dans une sorte de som­no­lence morne, faite de las­si­tude et de dé­cou­ra­ge­ment :

«La qui ré­chauf­fait le cœur de l’assemblée
S’est tue, et le luth s’est brisé…
Le mu­sul­man se la­mente sous le porche de la mos­quée
»

  1. En our­dou محمد اقبال. Par­fois trans­crit Mo­ham­med Eq­bâl, Mo­ha­mad Egh­bal, Mou­ham­mad Iq­bâl ou Mu­ham­mad Ik­bal. Icône Haut
  1. En «The De­ve­lop­ment of Me­ta­phy­sics in Per­sia». Icône Haut

Buzurg ibn Šahrîyâr, « Livre des merveilles de l’Inde »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Livre des mer­veilles de l’Inde» («Ki­tâb ‘aǧâ’ib al-Hind» 1) at­tri­bué à Bu­zurg ibn Šah­riyâr al-Râm-Hur­muzî 2. L’auteur — un de Râm-Hur­muz 3 — a sillonné les côtes de l’Inde et de l’Insulinde en tant que ca­pi­taine de na­vire («nâḫudât»); mais la plu­part des faits qu’il nous rap­porte ont pour ga­rants d’autres ca­pi­taines de na­vire, maîtres de mu‘allim») et pi­lotes de sa connais­sance. «On y trouve de la , de l’ na­tu­relle, de la …, des ré­cits de et de , des scènes d’anthropophagie, et — di­sons-le tout de suite comme aver­tis­se­ment aux per­sonnes fa­ciles à ef­fa­rou­cher — plu­sieurs traits de mœurs orien­tales, contés avec une fran­chise un peu crue» 4. De ce très riche fouillis, il se dé­gage en tout cent trente-quatre his­to­riettes que l’auteur dit avoir re­cueillies de la bouche même des na­vi­ga­teurs per­sans et arabes qui y ont joué le pre­mier rôle. Quelques-unes d’entre elles sont da­tées, et leurs dates s’échelonnent de 900 à 953 apr. J.-C. Il est per­mis d’en dé­duire que le re­cueil a été achevé en cette der­nière an­née ou peu après. Comme le titre de «Livre des mer­veilles de l’Inde» l’indique, et comme c’est presque tou­jours tou­jours le cas s’agissant d’ nées na­tu­relles dans la bouche de , l’extraordinaire, le ter­rible, le tient ici une place cen­trale. Les his­toires fa­bu­leuses de ser­pents et de peuples man­geurs d’hommes ne font donc pas dé­faut, et l’auteur fi­nit par­fois par lâ­cher : «À mon sens, c’est une rê­ve­rie sans fon­de­ment. seul connaît la » 5. Mais il s’en trouve d’autres qui frappent par leur sim­pli­cité et leur ac­cent vé­ri­dique; car, à l’opposé des «Mille et une Nuits», elles peuvent se conclure par des re­vers de for­tune et des faillites : «Un bâ­ti­ment coule à fond en pleine , un autre est sub­mergé en vue du port; tel échoue et se brise sur les écueils, tel autre est frappé par la corne d’un nar­val. Ici, de tout un nom­breux équi­page nau­fragé, six ou sept hommes seule­ment se sauvent, par des moyens mi­ra­cu­leux, après avoir souf­fert mille morts. Là, un seul échappe aux flots pour tom­ber entre les mains d’un monstre à face hu­maine, d’un Po­ly­phème qui l’engraisse pour le dé­vo­rer» 6.

  1. En «كتاب عجائب الهند». Au­tre­fois trans­crit «Kitāb ‘adjā’ib al-Hind» ou «Ki­tab al-ajaib al-Hind». Icône Haut
  2. En per­san بزرگ بن شهریار رامهرمزی. Au­tre­fois trans­crit Bo­zorg fils de Chah­riyâr ou Bu­zurg b. Shah­riyār. Icône Haut
  3. En per­san رامهرمز. Au­tre­fois trans­crit Râm­hor­moz, Ram-Hor­muz ou Ram­hor­mouz. Icône Haut
  1. Mar­cel De­vic. Icône Haut
  2. p. 173. Icône Haut
  3. Mar­cel De­vic. Icône Haut

Bâbâ Tâhir, « “Le Génie du millénaire” : cent quatrains lyriques »

éd. L’Harmattan, coll. Poètes des cinq continents, Paris

éd. L’Harmattan, coll. des cinq conti­nents, Pa­ris

Il s’agit de  1, poète , dont la sim­pli­cité des et du vo­ca­bu­laire fait le charme de ses qua­trains. On sait peu de choses sur lui; on ignore même le où il vé­cut (entre le Xe et XIIe siècle apr. J.-C. pro­ba­ble­ment). Il était un de ces er­rants, ces fous de qui passent pour en , et que pour cela, tout le ré­vère et res­pecte. Le sur­nom de ‘Uryân 2le Nu») sous le­quel il est dé­si­gné lui vient, disent cer­tains, de ce qu’il se pro­me­nait sans dans les ba­zars et dans les rues; mais il est tout aussi vrai­sem­blable qu’il vi­vait dans le dé­nue­ment ou le re­non­ce­ment, plu­tôt que dans la com­plète nu­dité : «Je suis le bo­hème qu’on ap­pelle “qa­len­der”; je n’ai ni ni lieu, nul point d’attache», dit-il. «Le jour, j’erre au­tour du monde, et la , je m’endors une brique sous la tête… Il n’y a point dans l’univers de pa­pillon aussi étourdi, de fou aussi étrange que . Les ser­pents et les four­mis ont tous une re­traite, mais moi je n’ai pas même — in­for­tuné! — le mur d’une mai­son en ruines» 3. En tout cas, l’on constate que son mys­ti­cisme ne lui épar­gna ni les tour­ments de l’ ni les an­goisses cau­sées par la de la . Il est, d’ailleurs, un des pre­miers der­viches à avoir dé­crit ses trans­ports amou­reux dans la per­sane : «Le col­chique des ne dure qu’une se­maine, ainsi que la vio­lette des bords de la ri­vière; je veux crier, de ville en ville, que la fi­dé­lité des belles aux joues ro­sées ne dure qu’une se­maine… Mon cœur est plein de feu, mes yeux pleins de larmes; ma n’est qu’un vase rem­pli de tris­tesses et d’ennuis. Eh bien! si, après ma mort, tu viens à pas­ser près de ma tombe, ton par­fum me ren­dra la vie»

  1. En per­san باباطاهر. Par­fois trans­crit Bâbâ Tâ­her. Icône Haut
  2. En per­san عریان. Par­fois trans­crit Uriyan, ‘Oriyān ou Oryân. Icône Haut
  1. Tra­duc­tion de , p. 516 & 528. Icône Haut

« Sainte Golindouch »

dans « Échos d’Orient », vol. 4, nº 1, p. 18-20

dans «Échos d’», vol. 4, nº 1, p. 18-20

Il s’agit de sainte Go­lin­douch 1, sur­nom­mée la « vi­vante» («mar­tys zôsa» 2), une Per­sane qui se conver­tit au et qui fit des mi­racles et des pro­diges après avoir subi de grands tour­ments de la part des siens (VIe siècle apr. J.-C.). La lé­gende de sa pas­sion a été ex­ploi­tée par le chré­tien, qui rê­vait de la conquête re­li­gieuse de la , mais le fond de son n’en est pas moins vrai. Go­lin­douch ap­par­te­nait à une noble per­sane et des­cen­dait même de royal. Éle­vée dans la an­ces­trale, elle pra­ti­qua d’abord le culte du et les su­per­sti­tions des mages. On la ma­ria à l’un des membres du sé­nat, dont elle eut deux fils. Au bout de trois an­nées de , cette jeune femme tomba dans une ex­tase (cer­tains di­raient une at­taque d’hystérie). Quand elle en fut sor­tie, elle ra­conta que son avait été té­moin des sup­plices ter­ri­fiants ré­ser­vés aux cou­pables et des qui at­tendent ceux qui adorent le des chré­tiens. Son mari traita d’abord cette vi­sion de ri­di­cule, et il ne s’en pré­oc­cupa pas au­tre­ment; mais quand il la vit fer­me­ment ré­so­lue à se faire chré­tienne, il em­ploya tous les moyens pour la faire re­non­cer à cette apos­ta­sie. Ce fut en vain. Elle eut une autre vi­sion. Un ange lui ap­pa­rut, vêtu de lu­mière, qui lui mon­tra le spec­tacle qu’elle avait vu la pre­mière fois, et lui pré­dit la pro­chaine de son mari. La pré ne tarda pas à s’accomplir. Aus­si­tôt, Go­lin­douch se ren­dit à Ni­sibe et em­brassa le chris­tia­nisme. Les mages, fu­rieux, lui or­don­nèrent de re­ve­nir au culte na­tio­nal, et sur son re­fus, ils la sou­mirent aux cruau­tés et aux tor­tures dont est cou­tu­mière, entre toutes, la per­sé­cu­tion asia­tique : «D’abord la fla­gel­la­tion : un des seins de la pa­tiente [est] am­puté à demi par le fouet… Puis le sup­plice de la cendre brû­lante : on en rem­plit un sac dans le­quel on lui main­tient la tête en­fer­mée pour l’étouffer. C’est en­suite un sé­jour de trois mois, sans nour­ri­ture, dans une basse-fosse, avec un énorme ser­pent… [En­fin] les souillures du lu­pa­nar» 3. Elle se­rait morte si l’ange qui avait cou­tume de lui ap­pa­raître ne ve­nait pas à chaque fois pour la sau­ver. Tant de ré­sis­tance fit croire à ses bour­reaux que Go­lin­douch se ser­vait de sor­ti­lèges. On fi­nit par la condam­ner à l’. Conduite par son ange, elle se di­ri­gea vers . Là, elle fit voir à tous les fi­dèles ses stig­mates.

  1. En Γολινδούχ. Par­fois trans­crit Go­lin­duh, Go­lin­duch, Go­lin­douche ou Go­lin­douque. On ren­contre aussi les gra­phies Γολανδούχ (Go­lan­douch) et Γολιανδούχ (Go­lian­douch). Au­tre­fois trans­crit Go­lan­douche. «Le der­nier élé­ment de ce mot doit être le “do­kht” (دخت), “fille”, qui entre dans la com­po­si­tion des de sas­sa­nides Azer­mi­do­kht, Pou­ran­do­kht. Le pre­mier est plus dif­fi­cile à ex­pli­quer», dit Er­nest Blo­chet. Icône Haut
  2. En grec «μάρτυς ζῶσα». Icône Haut
  1. … Bar­dou. Icône Haut

« Sri Gourou Granth Sahib. Tome IV »

éd. Intellectual Services International, Providenciales

éd. In­tel­lec­tual Ser­vices In­ter­na­tio­nal, Pro­vi­den­ciales

Il s’agit de l’«Adi Granth» 1 (le «Pre­mier Livre») ou «Gou­rou Granth Sa­hib» 2 (le «Maître Livre»), le livre saint des , com­pilé par le cin­quième gou­rou Ar­jan Dev 3, puis ré­visé et achevé par le dixième gou­rou Go­bind Singh 4. Les si­khs le dé­si­gnent sou­vent sous la vague ap­pel­la­tion de «Granth» (le «Livre»), de même que les chré­tiens citent le leur sous celle de «» («Bi­blia» si­gni­fiant les «»). Le «Granth» est une œuvre tout à fait unique par rap­port aux ca­nons des autres re­li­gions. Ce qui l’en dis­tingue, c’est qu’il se pré­sente comme une fas­ci­nante , qui ne contient pas seule­ment les psaumes et les de ses propres fon­da­teurs, comme gou­rou Na­nak 5, mais aussi ceux de an­té­rieurs : Ka­bîr, Jaya­deva, Bhi­khan, Nâm-dev… En tout, quinze poètes non si­khs (ap­pe­lés «bha­gats» 6) sont in­cor­po­rés au «Granth», dont le plus an­cien est Sheikh Fa­rid né en 1175 apr. J.-C. Les , eux, vé­curent entre 1469 et 1708 apr. J.-C. Voilà donc plus de cinq siècles de in­dienne, to­ta­li­sant 3 384 poèmes ou 15 575 strophes, et mê­lant le à di­verses autres langues : le , le , le … Une tra­di­tion uni­ver­sel­le­ment re­çue rap­porte que le dixième gou­rou, à son lit de , ne nomma pas de suc­ces­seur, mais dé­cida que la du «Granth» se­rait dé­sor­mais l’éternel gou­rou : «Ici-bas, tous les si­khs sont char­gés de re­con­naître le “Granth” comme leur gou­rou. Re­con­nais “Gou­rou Granth Sa­hib” comme la per­sonne vi­sible des gou­rous. Ceux qui cherchent à ren­con­trer le Sei­gneur dans la Pa­role telle qu’elle s’est ma­ni­fes­tée dans le livre, Le dé­cou­vri­ront» 7. De­puis ce jour-là, le «Granth» reste l’unique au­to­rité des si­khs, ainsi que le seul ob­jet de que l’on voit dans leurs lieux de culte. Leur cen­tral, qui s’élève tou­jours à Am­rit­sar 8, au mi­lieu de l’étang (Am­rit­sar si­gni­fiant «étang de l’»), ne ren­ferme au­cune idole, mais seule­ment des exem­plaires du «Granth» dé­po­sés sur des cous­sins de soie : «Jour et , sans désem­pa­rer, comme pour réa­li­ser une sorte d’ per­pé­tuelle, des “gran­this” chantent sous ces voûtes ré­vé­rées des frag­ments du livre saint en s’accompagnant d’instruments à cordes. Ailleurs les si­khs ont sim­ple­ment des salles d’édification, où un “gran­thi” leur lit… le texte sa­cré», ex­plique Al­bert Ré­ville

  1. En pend­jabi «ਆਦਿ ਗ੍ਰੰਥ». Par­fois trans­crit «Adi-grant». Icône Haut
  2. En pend­jabi «ਗੁਰੂ ਗ੍ਰੰਥ ਸਾਹਿਬ». Par­fois trans­crit «Guru Granth Sa­heb». Icône Haut
  3. En pend­jabi ਅਰਜਨ ਦੇਵ. Par­fois trans­crit Ar­jun Dev. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਗੋਬਿੰਦ ਸਿੰਘ. Par­fois trans­crit Go­vind Singh. Icône Haut
  1. En pend­jabi ਨਾਨਕ. Icône Haut
  2. En pend­jabi ਭਗਤ. Icône Haut
  3. «Le  : an­tho­lo­gie de la », p. 36. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਅੰਮ੍ਰਿਤਸਰ. Icône Haut

« Sri Gourou Granth Sahib. Tome III »

éd. Intellectual Services International, Providenciales

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Il s’agit de l’«Adi Granth» 1 (le «Pre­mier Livre») ou «Gou­rou Granth Sa­hib» 2 (le «Maître Livre»), le livre saint des , com­pilé par le cin­quième gou­rou Ar­jan Dev 3, puis ré­visé et achevé par le dixième gou­rou Go­bind Singh 4. Les si­khs le dé­si­gnent sou­vent sous la vague ap­pel­la­tion de «Granth» (le «Livre»), de même que les chré­tiens citent le leur sous celle de «» («Bi­blia» si­gni­fiant les «»). Le «Granth» est une œuvre tout à fait unique par rap­port aux ca­nons des autres re­li­gions. Ce qui l’en dis­tingue, c’est qu’il se pré­sente comme une fas­ci­nante , qui ne contient pas seule­ment les psaumes et les de ses propres fon­da­teurs, comme gou­rou Na­nak 5, mais aussi ceux de an­té­rieurs : Ka­bîr, Jaya­deva, Bhi­khan, Nâm-dev… En tout, quinze poètes non si­khs (ap­pe­lés «bha­gats» 6) sont in­cor­po­rés au «Granth», dont le plus an­cien est Sheikh Fa­rid né en 1175 apr. J.-C. Les , eux, vé­curent entre 1469 et 1708 apr. J.-C. Voilà donc plus de cinq siècles de in­dienne, to­ta­li­sant 3 384 poèmes ou 15 575 strophes, et mê­lant le à di­verses autres langues : le , le , le … Une tra­di­tion uni­ver­sel­le­ment re­çue rap­porte que le dixième gou­rou, à son lit de , ne nomma pas de suc­ces­seur, mais dé­cida que la du «Granth» se­rait dé­sor­mais l’éternel gou­rou : «Ici-bas, tous les si­khs sont char­gés de re­con­naître le “Granth” comme leur gou­rou. Re­con­nais “Gou­rou Granth Sa­hib” comme la per­sonne vi­sible des gou­rous. Ceux qui cherchent à ren­con­trer le Sei­gneur dans la Pa­role telle qu’elle s’est ma­ni­fes­tée dans le livre, Le dé­cou­vri­ront» 7. De­puis ce jour-là, le «Granth» reste l’unique au­to­rité des si­khs, ainsi que le seul ob­jet de que l’on voit dans leurs lieux de culte. Leur cen­tral, qui s’élève tou­jours à Am­rit­sar 8, au mi­lieu de l’étang (Am­rit­sar si­gni­fiant «étang de l’»), ne ren­ferme au­cune idole, mais seule­ment des exem­plaires du «Granth» dé­po­sés sur des cous­sins de soie : «Jour et , sans désem­pa­rer, comme pour réa­li­ser une sorte d’ per­pé­tuelle, des “gran­this” chantent sous ces voûtes ré­vé­rées des frag­ments du livre saint en s’accompagnant d’instruments à cordes. Ailleurs les si­khs ont sim­ple­ment des salles d’édification, où un “gran­thi” leur lit… le texte sa­cré», ex­plique Al­bert Ré­ville

  1. En pend­jabi «ਆਦਿ ਗ੍ਰੰਥ». Par­fois trans­crit «Adi-grant». Icône Haut
  2. En pend­jabi «ਗੁਰੂ ਗ੍ਰੰਥ ਸਾਹਿਬ». Par­fois trans­crit «Guru Granth Sa­heb». Icône Haut
  3. En pend­jabi ਅਰਜਨ ਦੇਵ. Par­fois trans­crit Ar­jun Dev. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਗੋਬਿੰਦ ਸਿੰਘ. Par­fois trans­crit Go­vind Singh. Icône Haut
  1. En pend­jabi ਨਾਨਕ. Icône Haut
  2. En pend­jabi ਭਗਤ. Icône Haut
  3. «Le  : an­tho­lo­gie de la », p. 36. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਅੰਮ੍ਰਿਤਸਰ. Icône Haut

« Sri Gourou Granth Sahib. Tome II »

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éd. In­tel­lec­tual Ser­vices In­ter­na­tio­nal, Pro­vi­den­ciales

Il s’agit de l’«Adi Granth» 1 (le «Pre­mier Livre») ou «Gou­rou Granth Sa­hib» 2 (le «Maître Livre»), le livre saint des , com­pilé par le cin­quième gou­rou Ar­jan Dev 3, puis ré­visé et achevé par le dixième gou­rou Go­bind Singh 4. Les si­khs le dé­si­gnent sou­vent sous la vague ap­pel­la­tion de «Granth» (le «Livre»), de même que les chré­tiens citent le leur sous celle de «» («Bi­blia» si­gni­fiant les «»). Le «Granth» est une œuvre tout à fait unique par rap­port aux ca­nons des autres re­li­gions. Ce qui l’en dis­tingue, c’est qu’il se pré­sente comme une fas­ci­nante , qui ne contient pas seule­ment les psaumes et les de ses propres fon­da­teurs, comme gou­rou Na­nak 5, mais aussi ceux de an­té­rieurs : Ka­bîr, Jaya­deva, Bhi­khan, Nâm-dev… En tout, quinze poètes non si­khs (ap­pe­lés «bha­gats» 6) sont in­cor­po­rés au «Granth», dont le plus an­cien est Sheikh Fa­rid né en 1175 apr. J.-C. Les , eux, vé­curent entre 1469 et 1708 apr. J.-C. Voilà donc plus de cinq siècles de in­dienne, to­ta­li­sant 3 384 poèmes ou 15 575 strophes, et mê­lant le à di­verses autres langues : le , le , le … Une tra­di­tion uni­ver­sel­le­ment re­çue rap­porte que le dixième gou­rou, à son lit de , ne nomma pas de suc­ces­seur, mais dé­cida que la du «Granth» se­rait dé­sor­mais l’éternel gou­rou : «Ici-bas, tous les si­khs sont char­gés de re­con­naître le “Granth” comme leur gou­rou. Re­con­nais “Gou­rou Granth Sa­hib” comme la per­sonne vi­sible des gou­rous. Ceux qui cherchent à ren­con­trer le Sei­gneur dans la Pa­role telle qu’elle s’est ma­ni­fes­tée dans le livre, Le dé­cou­vri­ront» 7. De­puis ce jour-là, le «Granth» reste l’unique au­to­rité des si­khs, ainsi que le seul ob­jet de que l’on voit dans leurs lieux de culte. Leur cen­tral, qui s’élève tou­jours à Am­rit­sar 8, au mi­lieu de l’étang (Am­rit­sar si­gni­fiant «étang de l’»), ne ren­ferme au­cune idole, mais seule­ment des exem­plaires du «Granth» dé­po­sés sur des cous­sins de soie : «Jour et , sans désem­pa­rer, comme pour réa­li­ser une sorte d’ per­pé­tuelle, des “gran­this” chantent sous ces voûtes ré­vé­rées des frag­ments du livre saint en s’accompagnant d’instruments à cordes. Ailleurs les si­khs ont sim­ple­ment des salles d’édification, où un “gran­thi” leur lit… le texte sa­cré», ex­plique Al­bert Ré­ville

  1. En pend­jabi «ਆਦਿ ਗ੍ਰੰਥ». Par­fois trans­crit «Adi-grant». Icône Haut
  2. En pend­jabi «ਗੁਰੂ ਗ੍ਰੰਥ ਸਾਹਿਬ». Par­fois trans­crit «Guru Granth Sa­heb». Icône Haut
  3. En pend­jabi ਅਰਜਨ ਦੇਵ. Par­fois trans­crit Ar­jun Dev. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਗੋਬਿੰਦ ਸਿੰਘ. Par­fois trans­crit Go­vind Singh. Icône Haut
  1. En pend­jabi ਨਾਨਕ. Icône Haut
  2. En pend­jabi ਭਗਤ. Icône Haut
  3. «Le  : an­tho­lo­gie de la », p. 36. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਅੰਮ੍ਰਿਤਸਰ. Icône Haut