Icône Mot-clefpersan

Hujwirî, « Somme spirituelle, “Kashf al-Mahjûb” »

éd. Sindbad, coll. La Bibliothèque de l’islam, Paris

éd. Sind­bad, coll. La Bi­blio­thèque de l’, Pa­ris

Il s’agit d’Abû’l-Hasan ‘Alî al-Hu­j­wirî 1, théo­lo­gien né à Hu­j­wir, ban­lieue de la ville de Ghaznî, dans l’actuel (XIe siècle apr. J.-C.). On ne connaît guère sa , si­non qu’il fit de nom­breux et qu’il vi­sita la , le Tur­kes­tan, l’, l’ et les bords de la Cas­pienne. Le der­nier, ce­pen­dant, fut ce­lui qu’il ef­fec­tua à La­hore, dans l’actuel , où il fut re­tenu — contre son gré, pa­raît-il — pen­dant des dé­cen­nies et jusqu’à sa . Dans son «Ka­shf al-Mah­jûb» 2Somme spi­ri­tuelle», ou lit­té­ra­le­ment « des choses voi­lées» 3), il se plaint de la perte de ses lais­sés à Ghaznî : «Mon cheikh», dit-il 4, «ra­con­tait d’autres [en­core], mais il m’est im­pos­sible d’en rap­por­ter plus, mes livres ayant été lais­sés à Ghaznî — que la pro­tège! — tan­dis que -même je suis forcé de res­ter à La­hore, parmi les gens vils». Il est cu­rieux que ces «gens vils» lui aient édi­fié, de­puis, un im­mense mau­so­lée à La­hore, où il est vé­néré sous le sur­nom de Dâtâ Gandj Ba­khsh 5. Le «Ka­shf al-Mah­jûb» est le plus an­cien de en per­sane. Hé­las! le sou­fisme, tel que le conçoit Hu­j­wirî, a d’énergiques par­tis pris et res­semble fort à ce qu’est l’islamisme. Il consiste sur­tout dans l’austérité des mœurs, dans la ré­pres­sion du luxe, dans une ani­mo­sité sys­té­ma­tique en­vers les ; tout cela conçu non comme une pri­vée qu’on ac­cepte pour , mais comme une loi d’État, dont le roi et les princes sont les gar­diens. Dans une foule de cas, sous pré­texte d’hérésie, Hu­j­wirî at­té­nue, al­tère, ex­plique ce qui touche à l’extase des . Il avoue que ces sou­fis, quelque in­égaux et peu cor­rects qu’ils soient, ont de beaux traits; il les cite, et ils sont si beaux qu’ils font lire sa  : «Toutes les pa­roles de Hal­lâj», pré­tend-il 6, «res­semblent à celles des dé­bu­tants : cer­taines sont plus fortes, d’autres plus faibles, d’autres plus fa­ciles, d’autres plus in­con­ve­nantes… Il vous faut sa­voir que les pa­roles de ne doivent pas être prises comme mo­dèles, car il était un ex­ta­tique, non pon­déré, et un doit être pon­déré avant que ses pa­roles fassent au­to­rité… On rap­porte qu’il di­sait “que les langues qui parlent sont la des­truc­tion des cœurs si­len­cieux”… : en , cette phrase est dé­pour­vue de sens». Et Hu­j­wirî de s’appuyer sur des théo­lo­giens comme lui qui, à pro­pre­ment par­ler, ne font pas par­tie du sou­fisme.

  1. En per­san هجویری. Par­fois trans­crit Houd­j­viri, Hou­j­wiri, Hod­j­vîri, Ho­juirî, Ha­j­very, Ha­j­veri, Ha­j­weri, Hu­j­weri, Hu­j­wuri, Houd­jouari, Hu­j­wiry, Hud­jwīrī ou Hu­jvīrī. Icône Haut
  2. En per­san «کشف‌المحجوب». Par­fois trans­crit «Ka­shf-ul-Mah­jab», «Kašf al-Maḥǧûb», «Ka­chf al-Maḥ­joûb», «Ka­shf-ul-Mah­jup», «Ka­schf-ol Mahd­joub», «Ke­shf el-Mahd­joub», «Ka­shf al Mah­joob», «Ka­shf-al-Meh­jub» ou «Ka­shf al-Maḥd­jūb». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Dé­voi­le­ment des mys­tères» ou «Ré­vé­la­tion du ca­ché». Icône Haut
  1. p. 120. Icône Haut
  2. En our­dou داتا گنج بخش. Par­fois trans­crit Data Ganj Baksh ou Data Gandj Ba­khch. Icône Haut
  3. p. 183-185. Icône Haut

Kharaqânî, « Paroles d’un soufi »

éd. du Seuil, coll. Points-Sagesses, Paris

éd. du Seuil, coll. Points-Sa­gesses, Pa­ris

Il s’agit d’Abû’l-Hasan Kha­ra­qânî 1, qui ne sa­vait ni lire ni écrire (Xe-XIe siècle apr. J.-C.). Ce n’était pas un théo­ri­cien, mais un saint ab­sorbé dans la et les pra­tiques as­cé­tiques. «Cet océan de tris­tesse, cet plus so­lide que le roc, ce di­vin, ce sans confins, ce pro­dige du Sei­gneur, ce pôle de l’époque, Abû’l-Hasan Kha­ra­qânî — que lui fasse ! — était le roi des rois de tous les maîtres… Il avait la sta­bi­lité d’une mon­tagne, il était le phare de la connais­sance… Il était le dé­po­si­taire des se­crets de la . Il avait une en­ver­gure d’ ex­tra­or­di­naire et un rang . Son sa­voir de la chose di­vine était im­mense, et l’intempérance de son dis­cours le cou­vrait d’un lustre in­com­pa­rable», dit At­tar 2.

Lorsque Kha­ra­qânî était en­fant, ses pa­rents l’envoyaient gar­der les bêtes dans les champs, un dé­jeu­ner dans les mains. L’enfant dis­tri­buait se­crè­te­ment son dé­jeu­ner en au­mône et ne man­geait rien jusqu’au soir. Un jour qu’il la­bou­rait la , l’appel à la prière re­ten­tit. Il alla ac­com­plir son de­voir, et lorsque les hommes eurent achevé de prier, ils s’aperçurent que les bœufs de Kha­ra­qânî la­bou­raient tout seuls. Il se pros­terna et dit : «Ô Sei­gneur! j’ai pour­tant en­tendu dire que tu ca­chais ceux que tu aimes aux yeux des hommes»

  1. En per­san ابوالحسن خرقانی. Par­fois trans­crit Aboul-Ha­san el-Khar­ra­kani, Abū al-Ḥa­san al-Ḫaraqānī, Abu’l-Ḥasan-e Khar­ra­qāni, Aby-l-Kha­san Kha­ra­kani, Abol­ha­san Kha­râ­ghani, Ab­dul Ha­san Khar­qani ou Ebu Ha­san el Ha­ra­kani. Icône Haut
  1. Dans p. 75. Icône Haut

« Notice sur le poète persan Enveri, suivie d’un extrait de ses “Odes” »

dans « Journal asiatique », sér. 9, vol. 5, p. 235-268

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 9, vol. 5, p. 235-268

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «» d’ 1, poète de per­sane, éga­le­ment connu sous le nom d’Anvari Abi­vardi 2, car il na­quit près d’Abivard, dans l’actuel (XIIe siècle apr. J.-C.). Ce fut le poète le plus brillant de la Cour du sul­tan Ah­mad San­jar. Le de ses com­po­si­tions est as­sez dif­fi­cile, et cer­taines de ses «Odes» ont be­soin d’un com­men­taire pour être com­prises. L’ode, ce­pen­dant, est le genre où An­vari est é comme su­pé­rieur à tous les autres per­sans, comme en té­moigne ce dis­tique : «Parmi les poètes, trois sont , en dé­pit de la de Ma­ho­met : “Plus de pro­phète après !”; dans l’ Fir­dousi, dans le gha­zel Saadi, dans l’ode An­vari» 3. On sait peu de chose sur sa , sauf les cir­cons­tances dans les­quelles il de­vint le poète of­fi­ciel du sul­tan. Les voici, d’ailleurs. Moezzi, qui le pré­céda dans ce poste, jouis­sait d’une telle qu’il lui suf­fi­sait d’entendre une ode une fois pour la re­te­nir par cœur. Aussi, chaque fois qu’un poète ré­ci­tait une ode de­vant le sul­tan Ah­mad San­jar, lorsque la pièce ar­ri­vait à sa fin, plai­sait-elle à ce mo­narque, Moezzi ne man­quait pas de s’écrier : «Il y a beau que j’ai com­posé cette ; d’ailleurs, elle est en­core dans ma mé­moire» 4, et il la ré­ci­tait du pre­mier au der­nier vers. Les poètes pré­ten­dants étaient plon­gés dans la stu­pé­fac­tion, ne sa­chant par quel moyen pré­sen­ter au sul­tan Ah­mad San­jar des vers dont ce mo­narque fût per­suadé que Moezzi n’était pas l’auteur. An­vari trouva le stra­ta­gème sui­vant : il re­vê­tit des ha­bits tout râ­pés et orna sa tête d’une ai­grette ex­tra­or­di­naire, puis se ren­dit avec un air de fo­lie chez Moezzi. «Je suis poète», lui dit-il, «et j’ai com­posé quelques vers en l’ du sul­tan; j’attends de vous que vous les lui dé­cla­miez et que vous re­ce­viez pour mon compte un ca­deau sé­rieux. — Ré­cite-les-moi», ré­pon­dit Moezzi. An­vari com­mença en ces termes : «Vive le roi, vive le roi, vive le roi! Vive l’émir, vive l’émir, vive l’émir!», et il conti­nua à dé­bi­ter d’autres ba­li­vernes de la même force. Moezzi se fi­gura avoir af­faire à un bouf­fon et lui dit : «De­main ma­tin, trouve-toi à la Cour du sul­tan : je lui ex­po­se­rai ta si­tua­tion, et j’obtiendrai qu’il t’attache à son ser­vice». Le len­de­main, An­vari s’habilla avec conve­nance, se coiffa d’un tur­ban élé­gant et en­tra dans le . Pris de court, Moezzi ne put que dire : «Dé­clame-nous l’ode que tu as com­po­sée en l’honneur du sul­tan». Aus­si­tôt, An­vari ré­cita le dé­but d’une ode pleine de com­pa­rai­sons au­da­cieuses et de louanges su­perbes

  1. En انوری. Au­tre­fois trans­crit En­weri, En­very, En­veri, En­verri, An­veri, An­very, An­weri, An­wery, Anouary, An­wary ou An­warī. Icône Haut
  2. En per­san انوری ابیوردی. Icône Haut
  1. Dans Al­bert de Bi­ber­stein Ka­zi­mirski, «An­veri». Icône Haut
  2. «No­tice sur le poète per­san En­veri», p. 242. Icône Haut

Gorgâni, « Le Roman de “Wîs et Râmîn” »

éd. Les Belles Lettres, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Traduction de textes persans, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Tra­duc­tion de textes per­sans, Pa­ris

Il s’agit du «Wîs et Râ­mîn» 1 de Fa­khr-od-Dîn As’ad Gor­gâni 2. Gor­gâni est le créa­teur du cour­tois en per­sane. On doit re­con­naître que sou­vent les pré­cio­si­tés et l’afféterie qui do­minent son l’ont des­servi, mais il se­rait in­juste de le confondre avec les au­teurs à peu près ou­bliés. Il a beau­coup de leurs dé­fauts, mais ils n’ont au­cune de ses beau­tés. Le «Wîs et Râ­mîn» ser­vit à em­bel­lir les œuvres de Nezâmî et de Roûmî. Peut-on dou­ter qu’un qui ren­dit ce ser­vice n’eût quelque ? «Si tu es Râ­mîn», dit Roûmî 3, «ne cherche rien d’autre que ta Wîs! C’est ton “” es­sen­tiel qui est ta Wîs et ta bien-ai­mée, et toutes ces choses ex­té­rieures ne sont pour toi que ca­la­mité.» Voici en quelle oc­ca­sion Gor­gâni com­posa ce ro­man qui offre de grandes ana­lo­gies avec un autre ro­man que ses ver­sions en di­verses langues ont rendu cé­lèbre en  : «Tris­tan et Iseut». Entre les an­nées 1049 et 1055, Gor­gâni se ren­dit dans la ville d’Ispahan, à la re­quête d’Abou’l-Fath, gou­ver­neur de cette ville 4. Abou’l-Fath adressa la au poète, qui s’en trouva très ho­noré, et il lui dit : «Reste avec nous cet hi­ver et ne pense pas au Kou­hes­tân. Au prin­temps, quand l’univers se ré­no­vera, quand l’atmosphère s’adoucira, tu t’en iras; je te fe­rai ca­deau du né­ces­saire, rien ne te man­quera». Un mois après, il lui dit : «Quel est ton avis sur la lé­gende de “Wîs et Râ­mîn”? On dit que c’est une fort belle chose; dans ce pays, tous l’aiment». Gor­gâni ré­pon­dit : «En ef­fet, c’est une fort jo­lie lé­gende, col­li­gée par six éru­dits. Je ne connais pas meilleure ; on di­rait un char­mant jar­din. Mais elle est écrite en langue pehlvi 5, et ceux qui la lisent ne peuvent l’expliquer; car un cha­cun ne lit pas bien cette langue, et si même il la lit bien, il n’en com­prend pas le sens… Mais si un écri­vain ca­pable s’y ap­pli­quait, cette his­toire se­rait aussi belle qu’un tré­sor plein de joyaux, car elle est re­nom­mée, pos­sède ori­gi­na­li­tés sans nombre en ses di­verses par­ties». Ayant en­tendu ce dis­cours, Abou’l-Fath de­manda au poète d’aller écrire cette lé­gende avec la plume de l’, la faire vivre par son souffle, l’animer de mé­ta­phores en­châs­sées çà et là dans le ré­cit «comme des perles dignes des rois en­châs­sées dans l’»

  1. En «ویس و رامین». Par­fois tra­duit «Veïs et Ra­min», «Veï­çeh et Ra­min», «Wéissé et Ra­min», «Weise et Ra­min», «Veisse et Ra­min», «Viz et Ra­min», «Vis et Ra­minn» ou «Wis et Râm­min». Icône Haut
  2. En per­san فخرالدین اسعد گرگانی. Par­fois trans­crit Faḵr al-Din As‘ad Gorgāni, Fa­chr-uddīn As’ad Dschurd­schānī, Fa­khr Ed­din Es­saad Djourd­jani, Fa­khr-ud­din Asad Jur­jani, Fa­kh­rod­din Asaad Gor­gani, Fa­khr ad-Din Asad Gurgāni ou Fa­khré-al­din-as­sad Gor­gâni. Icône Haut
  3. «Math­nawî», liv. III, v. 228-229. Icône Haut
  1. Le même que ce­lui dé­crit dans le «Sa­far-nâ­meh» : «Le sul­tan To­grul Beg le Seld­jou­kide (que lui fasse !) avait éta­bli comme gou­ver­neur à Is­pa­han, après qu’il s’en fut rendu maître, un homme en­core jeune, ori­gi­naire de Ni­cha­pour et qui avait une grande ha­bi­leté comme se­cré­taire et comme cal­li­graphe; son ca­rac­tère était calme et sa phy­sio­no­mie agréable» (p. 253-254). Icône Haut
  2. An­cienne langue de l’, for­mée par le mé­lange de l’idiome des Perses ( aryen) et des Ba­by­lo­niens (peuple sé­mi­tique). Icône Haut

Ayyûqî, « Le Roman de “Varqe et Golšâh” »

dans « Arts asiatiques », vol. 22, p. 1-264

dans « asia­tiques», vol. 22, p. 1-264

Il s’agit du «Varqe et Golšâh» («Varqe va Golšâh» 1), le pre­mier (XIe siècle apr. J.-C.). Jusqu’à ré­cem­ment, les se de­man­daient si le «Varqe et Golšâh» avait ja­mais été mis par écrit, ou s’il avait uni­que­ment existé à l’état de ; de l’auteur, ils igno­raient même le nom. Mais la dé­cou­verte ré­cente d’un ma­nus­crit de l’ouvrage au de Top­kapı, à Is­tan­bul, mit fin aux in­cer­ti­tudes et aux doutes. Il s’ouvre par le d’un cer­tain sul­tan Mah­mûd, au­quel il est dé­dié :

«Ô Ayyûqî, si tu as quelque et quelque en­ten­de­ment
Mets-les au ser­vice de l’art du pa­né­gy­rique
de tout cœur la bien­veillance [du] sul­tan [conqué­rant]
Chante de toute ton la louange de sul­tan Mah­mûd
» 2.

Le poète, dont le nom ou le sur­nom est Ayyûqî 3, ainsi que le montre cet ex­trait, a mis en vers un ré­cit pour le pré­sen­ter au sou­ve­rain. C’est ce­lui de deux jeunes gens nés le même jour et é en­semble, qui s’éprennent l’un de l’autre, puis qui sont sé­pa­rés par des dif­fé­rences de rang et de si­tua­tion, et réunis après de ter­ribles épreuves. Le poète dit lui-même que «cette éton­nante [est] prise des his­toires en et des arabes»; et en ef­fet, une his­toire ana­logue, mais beau­coup moins dé­ve­lop­pée, est rap­por­tée dans le «Livre des chants» d’Abû al-Fa­raj. Le du per­san est cou­lant, mar­qué par les ré­pé­ti­tions, émaillé d’expressions d’allure po­pu­laire; c’est pro­ba­ble­ment la de son dans les pays tur­co­phones, au­quel il doit sa sur­vie. «Une ana­lyse ra­pide montre qu’Ayyûqî l’a… tissé de thèmes que l’on re­trouve ailleurs, par exemple dans le… ro­man cour­tois le plus an­cien, “Wîs et Râ­mîn”, com­posé par Gor­gâni vers le mi­lieu du XIe siècle. Les deux ro­mans re­latent l’aventure d’adolescents qui s’éprennent d’ pour avoir été éle­vés en­semble. Chaque fois, la jeune fille est don­née en à un prince qu’elle n’aime point, pour des rai­sons de conve­nance, et se sous­trait à l’acte nup­tial. On re­trouve l’anecdote du sou­ve­rain à qui on l’a re­fu­sée, et qui l’enlève. Celle du jeune amant qui part en quête de l’aimée et par­vient au châ­teau où elle est re­te­nue», dit M. As­sa­dul­lah Sou­ren Me­li­kian-Chir­vani

  1. En per­san «ورقه و گلشاه». Par­fois trans­crit «Varqa o Golšāh», «Varqa-u Gülşāh», «Varqé va Gol­chah», «Varqe va Gol­shah», «Warqa wa Gul­shah», «Warqā wa Kulšah» ou «Warqā wa Gülšāh». Icône Haut
  2. p. 101. Icône Haut
  1. En per­san عیوقی. Par­fois trans­crit Ayyuki ou ‘Aiyūqī. Icône Haut

Asadî de Ṭoûs, « Le Livre de Gerchâsp : poème persan. Tome II »

éd. P. Geuthner, coll. Publications de l’École nationale des langues orientales vivantes, Paris

éd. P. Geuth­ner, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École na­tio­nale des langues orien­tales vi­vantes, Pa­ris

Il s’agit du «Livre de Ger­châsp» («Ger­châsp-nâmè» 1), ira­nienne (XIe siècle apr. J.-C.). Fir­dousi n’avait pas épuisé toute la masse de sou­ve­nirs qui s’étaient conser­vés sur la des rois de l’, sur leurs gé­néa­lo­gies, sur leurs ex­pé­di­tions et sur leurs ; son «Livre des rois», parce qu’il tou­chait vi­ve­ment et di­rec­te­ment un sen­ti­ment na­tio­nal, trouva une foule d’imitateurs. Presque tous les hé­ros dont Fir­dousi avait parlé, ainsi que quelques autres qu’il avait né­gli­gés, de­vinrent les su­jets d’épopées se­con­daires, écrites par on ne sait trop qui et on ne sait trop quand. «La lon­gueur ex­ces­sive de quelques-uns de ces ou­vrages prouve non seule­ment l’abondance des ma­té­riaux qui exis­taient en­core, mais aussi l’intérêt que le y met­tait : car ces in­ter­mi­nables , ra­con­tées sans art et sans grâce, n’auraient trouvé ni lec­teurs ni au­di­teurs, si l’intérêt du fond n’eût pas fait sup­por­ter la mé­dio­crité de la forme», dit  2. «Le Livre de Ger­châsp» d’Asadî de Ṭoûs 3 fut la seule épo­pée de ce cycle se­con­daire à se rendre illustre et à faire conser­ver le nom de son au­teur. La su­pé­rio­rité de son art est du côté de la du tu­multe des guerres, de la dé­vas­ta­tion, du car­nage, des feux de l’incendie. Asadî de Ṭoûs four­nit quelques dé­tails sur les mo­tifs qui lui firent en­tre­prendre son poème. Il ra­conte qu’il cher­chait un moyen pour que son nom fût connu, lorsque deux vinrent l’exhorter en lui di­sant : «Fir­dousi de Ṭoûs, ce pur, a rendu aux dis­cours élé­gants. Il a orné le en écri­vant le “Livre des Rois”; il a cher­ché la gloire en com­po­sant ce poème. Tu es son com­pa­triote, et de même pro­fes­sion : tu as, dans ton dis­cours, des pen­sées alertes. Au moyen de ce vieux livre qui est notre com­pa­gnon, mets en vers une ! Par la science, tu crée­ras ainsi un gai jar­din qui ne sera ja­mais vide de fruits. Le monde ne dure éter­nel­le­ment pour per­sonne; la meilleure chose à en conser­ver, c’est la bonne re­nom­mée, et c’est as­sez» 4. Il conçut dès lors l’ambition d’égaler ou de sur­pas­ser Fir­dousi.

  1. En «گرشاسپ‌نامه». Par­fois trans­crit «Guer­schasp-na­meh», «Karšāsp-nā­mah», «Garšāsb-nāma» ou «Gar­shasp­nama». Icône Haut
  2. «Pré­face au “Livre des rois. Tome I”», p. LXII. Icône Haut
  1. En per­san اسدی طوسی. Par­fois trans­crit As­sedi de Thous, As­sadi Tusi, Asadī Ṭūsī ou Asadi Tousi. Icône Haut
  2. «Le Livre de Ger­châsp. Tome I», p. 23 & 25. Icône Haut

Asadî de Ṭoûs, « Le Livre de Gerchâsp : poème persan. Tome I »

éd. P. Geuthner, coll. Publications de l’École nationale des langues orientales vivantes, Paris

éd. P. Geuth­ner, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École na­tio­nale des langues orien­tales vi­vantes, Pa­ris

Il s’agit du «Livre de Ger­châsp» («Ger­châsp-nâmè» 1), ira­nienne (XIe siècle apr. J.-C.). Fir­dousi n’avait pas épuisé toute la masse de sou­ve­nirs qui s’étaient conser­vés sur la des rois de l’, sur leurs gé­néa­lo­gies, sur leurs ex­pé­di­tions et sur leurs ; son «Livre des rois», parce qu’il tou­chait vi­ve­ment et di­rec­te­ment un sen­ti­ment na­tio­nal, trouva une foule d’imitateurs. Presque tous les hé­ros dont Fir­dousi avait parlé, ainsi que quelques autres qu’il avait né­gli­gés, de­vinrent les su­jets d’épopées se­con­daires, écrites par on ne sait trop qui et on ne sait trop quand. «La lon­gueur ex­ces­sive de quelques-uns de ces ou­vrages prouve non seule­ment l’abondance des ma­té­riaux qui exis­taient en­core, mais aussi l’intérêt que le y met­tait : car ces in­ter­mi­nables , ra­con­tées sans art et sans grâce, n’auraient trouvé ni lec­teurs ni au­di­teurs, si l’intérêt du fond n’eût pas fait sup­por­ter la mé­dio­crité de la forme», dit  2. «Le Livre de Ger­châsp» d’Asadî de Ṭoûs 3 fut la seule épo­pée de ce cycle se­con­daire à se rendre illustre et à faire conser­ver le nom de son au­teur. La su­pé­rio­rité de son art est du côté de la du tu­multe des guerres, de la dé­vas­ta­tion, du car­nage, des feux de l’incendie. Asadî de Ṭoûs four­nit quelques dé­tails sur les mo­tifs qui lui firent en­tre­prendre son poème. Il ra­conte qu’il cher­chait un moyen pour que son nom fût connu, lorsque deux vinrent l’exhorter en lui di­sant : «Fir­dousi de Ṭoûs, ce pur, a rendu aux dis­cours élé­gants. Il a orné le en écri­vant le “Livre des Rois”; il a cher­ché la gloire en com­po­sant ce poème. Tu es son com­pa­triote, et de même pro­fes­sion : tu as, dans ton dis­cours, des pen­sées alertes. Au moyen de ce vieux livre qui est notre com­pa­gnon, mets en vers une ! Par la science, tu crée­ras ainsi un gai jar­din qui ne sera ja­mais vide de fruits. Le monde ne dure éter­nel­le­ment pour per­sonne; la meilleure chose à en conser­ver, c’est la bonne re­nom­mée, et c’est as­sez» 4. Il conçut dès lors l’ambition d’égaler ou de sur­pas­ser Fir­dousi.

  1. En «گرشاسپ‌نامه». Par­fois trans­crit «Guer­schasp-na­meh», «Karšāsp-nā­mah», «Garšāsb-nāma» ou «Gar­shasp­nama». Icône Haut
  2. «Pré­face au “Livre des rois. Tome I”», p. LXII. Icône Haut
  1. En per­san اسدی طوسی. Par­fois trans­crit As­sedi de Thous, As­sadi Tusi, Asadī Ṭūsī ou Asadi Tousi. Icône Haut
  2. p. 23 & 25. Icône Haut

Attar, « Le Livre de l’épreuve, “Musībatnāma” »

éd. Fayard, coll. L’Espace intérieur, Paris

éd. Fayard, coll. L’ in­té­rieur, Pa­ris

Il s’agit du «Livre de l’épreuve» («Mo­si­bet na­mèh» 1) de  2 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 3; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 4. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la  5, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. En «مصیبت‌نامه». Par­fois trans­crit «Mos­si­bat-nā­meh», «Moṣi­bat-nāme» ou «Muṣī­bat-nāma». Icône Haut
  2. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  3. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

    Icône Haut

  1. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

    Icône Haut

  2. Les fous sont re­gar­dés comme des dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut

Sepehri, « L’Orient du chagrin : poèmes (1961) • Conversation avec mon maître »

éd. Lettres persanes, coll. Nouvelle Poésie persane, Paris

éd. Lettres per­sanes, coll. per­sane, Pa­ris

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de poé­sie dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

Sepehri, « “Où est la maison de l’ami ?” : poèmes (1951-1977) »

éd. Lettres persanes, coll. Nouvelle Poésie persane, Paris

éd. Lettres per­sanes, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

Sepehri, « Oasis d’émeraude »

éd. Imago, coll. Poiesis, Paris

éd. Imago, coll. Poie­sis, Pa­ris

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

Sepehri, « Volume vert »

éd. L’Arbre, Aizy-Jouy

éd. L’Arbre, Aizy-Jouy

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

« Mémoire sur Khâcâni [ou Khagani] : poète persan du XIIᵉ siècle »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Kha­gani Chir­vani 1 (XIIe siècle apr. J.-C.), ex­cellent poète , chantre at­ti­tré du sul­tan de la prin­ci­pauté de Chir­van 2 (). Kha­gani s’est dé­crit lui-même, avec la mo­des­tie qui le ca­rac­té­ri­sait, en ces mots : «Je suis grand, je suis du nombre des ; je suis du oc­culte et je suis saint par ma nais­sance. Com­ment est-il donc pos­sible que mon être puisse se lais­ser sub­ju­guer par la ? La me ser­vit de gou­ver­nante; ma nour­ri­ture était la loi du Pro­phète; l’esprit était mon ber­ceau» 3. Et ailleurs : «L’an 500 [1106 apr. J.-C.] ne pro­dui­sit pas un digne de m’être com­paré; ce n’est pas un , j’en suis la preuve» 4. Il na­quit à Cha­ma­kha 5 d’un père mu­sul­man et d’une mère chré­tienne, mais fut bien­tôt aban­donné aux soins de son oncle, Mirza Kafi, mé­de­cin et dro­guiste. Ce der­nier eut une grande sur la de notre poète. C’est lui qui, chaque soir, après avoir fermé sa bou­tique, lui en­sei­gnait la , la , l’ et la . Mal­gré tout son at­ta­che­ment pour son ne­veu, le pé­da­gogue orien­tal, fi­dèle au sys­tème d’ gé­né­ra­le­ment ad­mis, avait sou­vent re­cours au bâ­ton pour sti­mu­ler le zèle de son élève. Notre poète parle de ces cor­rec­tions cor­po­relles d’une ma­nière ori­gi­nale; il dit no­tam­ment : «En ai-je mangé du gour­din dans sa bou­tique! Il m’amollissait par le bâ­ton comme on amol­lit une gre­nade. On compte parmi les mi­racles de Moïse qu’en je­tant sa ba­guette, il la conver­tis­sait en ser­pent; mais mon oncle dé­cou­vrait le vrai dans mon cœur au moyen de sa ba­guette, et il tra­çait sur mon les fi­gures des ser­pents de Moïse» 6. Kha­gani épousa une vil­la­geoise, à cause de la­quelle il de­vint la cible des mo­que­ries des cour­ti­sans. Et pour­tant, il re­fusa d’épouser une autre femme et resta au­près de la sienne, qui était faible et d’une consti­tu­tion ma­la­dive. Voici ce qu’il dit dans une lettre : «Pen­dant les des , c’était moi qui pre­nais soin de cette dé­funte, son ser­vi­teur, et qui lui pré­sen­tais la cu­vette et lui don­nais de l’ pour se la­ver les mains; et quand elle a quitté ce monde, comme il était en­tendu entre nous, je suis parti de Chir­van. Je jure sur la per­sonne de , qu’il n’y a au­cune autre cause qui puisse me te­nir éloi­gné de mon pays, bien que l’ami et l’ennemi pensent au­tre­ment; mais ce que j’ai dit c’est la même» 7. La perte de sa femme ins­pira au poète trois pièces de vers, dont la pre­mière se re­marque par l’expression vraie du sen­ti­ment qui l’a dic­tée. De toutes les poé­sies de Kha­gani, c’est la seule où il ap­pa­raît un homme sin­cère, la lui fai­sant ou­blier, l’ d’un mo­ment, son rôle convenu de poète at­ta­ché à la Cour des princes de l’

  1. En per­san خاقانی شروانی. Au­tre­fois trans­crit Hrâqâni, Xā­qānī, Ḵā­qāni, Khā­qāni, Kha­qany, Kha­ghany, Kha­ghani, Ha­kani, Khâ­kâni ou Khâ­câni. Icône Haut
  2. En azéri Şir­van. Au­tre­fois trans­crit Shar­van, Chir­wan, Schir­wan, Çir­wan, Shir­van, Širvān ou Šervān. Icône Haut
  3. p. 46-47. Icône Haut
  4. p. 81. Icône Haut
  1. En azéri Şa­maxı. Par­fois trans­crit Che­ma­kha, Sha­ma­kha, Šamāḵa, Scha­ma­chie, Scha­ma­kiè, Sha­ma­khi ou Cha­ma­khi. Icône Haut
  2. p. 12. Icône Haut
  3. Dans Ah­med Ateş, «Re­cueil de lettres de Xā­qānī». Icône Haut