éd. Actes Sud, coll. Bibliothèque de l’islam, Arles
Il s’agit de Mohammad Iqbal1, chef spirituel de l’Inde musulmane, penseur et protagoniste d’un islam rénové. Son génie très divers s’exerça aussi bien dans la poésie que dans la philosophie, et s’exprima avec une égale maîtrise en prose et en vers, en ourdou et en persan. On peut juger de l’étendue de son influence d’après le grand nombre d’études consacrées à son sujet. Cette influence, qui se concentre principalement au Pakistan, dont il favorisa la création, et où il jouit d’un extraordinaire prestige, déborde cependant sur tout le monde islamique. Rabindranath Tagore connut fort bien ce compatriote indien, porte-parole de la modernité, sur qui, au lendemain de sa mort, il publia le message suivant: «La mort de M.Mohammad Iqbal creuse dans la littérature un vide qui, comme une blessure profonde, mettra longtemps à guérir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut difficilement se passer d’un poète dont la poésie a une valeur aussi universelle». Quelle était la situation quand Iqbal, sa thèse de doctorat «La Métaphysique en Perse»2 tout juste terminée, commença à approfondir et tenta de résoudre les problèmes des États gouvernés par l’islam, qui le tourmentaient depuis quelques années déjà? Les habitants de ces États, oublieux de leur gloire passée, se trouvaient plongés dans une sorte de somnolence morne, faite de lassitude et de découragement:
«La musique qui réchauffait le cœur de l’assemblée S’est tue, et le luth s’est brisé… Le musulman se lamente sous le porche de la mosquée»
éd. du Rocher-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives, Monaco-Paris
Il s’agit de Mohammad Iqbal1, chef spirituel de l’Inde musulmane, penseur et protagoniste d’un islam rénové. Son génie très divers s’exerça aussi bien dans la poésie que dans la philosophie, et s’exprima avec une égale maîtrise en prose et en vers, en ourdou et en persan. On peut juger de l’étendue de son influence d’après le grand nombre d’études consacrées à son sujet. Cette influence, qui se concentre principalement au Pakistan, dont il favorisa la création, et où il jouit d’un extraordinaire prestige, déborde cependant sur tout le monde islamique. Rabindranath Tagore connut fort bien ce compatriote indien, porte-parole de la modernité, sur qui, au lendemain de sa mort, il publia le message suivant: «La mort de M.Mohammad Iqbal creuse dans la littérature un vide qui, comme une blessure profonde, mettra longtemps à guérir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut difficilement se passer d’un poète dont la poésie a une valeur aussi universelle». Quelle était la situation quand Iqbal, sa thèse de doctorat «La Métaphysique en Perse»2 tout juste terminée, commença à approfondir et tenta de résoudre les problèmes des États gouvernés par l’islam, qui le tourmentaient depuis quelques années déjà? Les habitants de ces États, oublieux de leur gloire passée, se trouvaient plongés dans une sorte de somnolence morne, faite de lassitude et de découragement:
«La musique qui réchauffait le cœur de l’assemblée S’est tue, et le luth s’est brisé… Le musulman se lamente sous le porche de la mosquée»
éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec
Il s’agit de la «Correspondance» et autres écrits de la mère Marie de l’Incarnation1, la première en date, comme la première en génie, parmi les femmes missionnaires venues évangéliser le Canada (XVIIesiècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent composés sans souci d’agrément littéraire. Mais ils viennent d’une femme de caractère qui était, en vérité, une nature d’exception et qui, en associant son âme directement à Dieu, fit l’économie d’une dépendance par rapport aux hommes. Sa piété courageuse et son saint enthousiasme étaient suffisamment connus pour que Bossuet l’ait appelée «la Thérèse de nos jours et du Nouveau Monde»2. «Au Canada, ses œuvres sont un trésor de famille», explique dom Albert Jamet. «Mais les Français de l’ancienne France doivent savoir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop désintéressés. “En France”, notait Sainte-Beuve3, “nous ne nous montrons pas toujours assez soigneux ou fiers de nos richesses.” À Tours, où elle naquit en 1599, Marie de l’Incarnation fut élevée aux sublimes états d’oraison qui la font aller de pair avec les plus hauts contemplatifs de tous les temps et de tous les pays. À Québec, où elle arriva en 1639, c’est une œuvre française qu’elle fit durant les trente-deux années qui lui restaient encore à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’honneur indivis des deux France.»
À ne pas confondre avec Barbe Acarie, née Barbe Avrillot, qui entra également en religion sous le nom de Marie de l’Incarnation. Elle vécut un siècle plus tôt.
«Instruction sur les états d’oraison», liv. IX. Bossuet a écrit ailleurs à une correspondante: «J’ai vu, depuis peu, la vie de la mère Marie de l’Incarnation… Tout y est admirable, et je vous renverrai bientôt [des] extraits pour vous en servir» («Lettres à la sœur Cornuau», lettre CIII).
éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec
Il s’agit de la «Correspondance» et autres écrits de la mère Marie de l’Incarnation1, la première en date, comme la première en génie, parmi les femmes missionnaires venues évangéliser le Canada (XVIIesiècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent composés sans souci d’agrément littéraire. Mais ils viennent d’une femme de caractère qui était, en vérité, une nature d’exception et qui, en associant son âme directement à Dieu, fit l’économie d’une dépendance par rapport aux hommes. Sa piété courageuse et son saint enthousiasme étaient suffisamment connus pour que Bossuet l’ait appelée «la Thérèse de nos jours et du Nouveau Monde»2. «Au Canada, ses œuvres sont un trésor de famille», explique dom Albert Jamet. «Mais les Français de l’ancienne France doivent savoir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop désintéressés. “En France”, notait Sainte-Beuve3, “nous ne nous montrons pas toujours assez soigneux ou fiers de nos richesses.” À Tours, où elle naquit en 1599, Marie de l’Incarnation fut élevée aux sublimes états d’oraison qui la font aller de pair avec les plus hauts contemplatifs de tous les temps et de tous les pays. À Québec, où elle arriva en 1639, c’est une œuvre française qu’elle fit durant les trente-deux années qui lui restaient encore à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’honneur indivis des deux France.»
À ne pas confondre avec Barbe Acarie, née Barbe Avrillot, qui entra également en religion sous le nom de Marie de l’Incarnation. Elle vécut un siècle plus tôt.
«Instruction sur les états d’oraison», liv. IX. Bossuet a écrit ailleurs à une correspondante: «J’ai vu, depuis peu, la vie de la mère Marie de l’Incarnation… Tout y est admirable, et je vous renverrai bientôt [des] extraits pour vous en servir» («Lettres à la sœur Cornuau», lettre CIII).
éd. Gérard et Cie, coll. Marabout université-Trésors spirituels de l’humanité, Verviers
Il s’agit du «Ṛgveda»1, de l’«Atharvaveda»2 et autres hymnes hindous portant le nom de Védas («sciences sacrées») — nom dérivé de la même racine «vid» qui se trouve dans nos mots «idée», «idole». Il est certain que ces hymnes sont le plus ancien monument de la littérature de l’Inde (IIemillénaire av. J.-C.). On peut s’en convaincre déjà par leur langue désuète qui arrête à chaque pas interprètes et traducteurs; mais ce qui le prouve encore mieux, c’est qu’on n’y trouve aucune trace du culte aujourd’hui omniprésent de Râma et de Kṛṣṇa. Je ne voudrais pas, pour autant, qu’on se fasse une opinion trop exagérée de leur mérite. On a affaire à des bribes de magie décousues, à des formules de rituel déconcertantes, sortes de balbutiements du verbe, dont l’originalité finit par agacer. «Les savants, depuis [Abel] Bergaigne surtout, ont cessé d’admirer dans les Védas les premiers hymnes de l’humanité ou de la “race aryenne” en présence [de] la nature… À parler franc, les trois quarts et demi du “Ṛgveda” sont du galimatias. Les indianistes le savent et en conviennent volontiers entre eux», dit Salomon Reinach3. La rhétorique védique est, en effet, une rhétorique bizarre, qui effarouche les meilleurs savants par la disparité des images et le chevauchement des sens. Elle se compose de métaphores sacerdotales, compliquées et obscures à dessein, parce que les prêtres védiques, qui vivaient de l’autel, entendaient s’en réserver le monopole. Souvent, ces métaphores font, comme nous dirions, d’une pierre deux coups. Deux idées, associées quelque part à une troisième, sont ensuite associées l’une à l’autre, alors qu’elles hurlent de dégoût de se voir ensemble. Voici un exemple dont l’étrangeté a, du moins, une saveur mythologique: Le «soma» («liqueur céleste») sort de la nuée. La nuée est une vache. Le «soma» est donc un lait, ou plutôt, c’est un beurre qui a des «pieds», qui a des «sabots», et qu’Indra trouve dans la vache. Le «soma» est donc un veau qui sort d’un «pis», et ce qui est plus fort, du pis d’un mâle, par suite de la substitution du mot «nuée» avec le mot «nuage». De là, cet hymne:
«Voilà le nom secret du beurre: “Langue des dieux”, “nombril de l’immortel”. Proclamons le nom du beurre, Soutenons-le de nos hommages en ce sacrifice!… Le buffle aux quatre cornes l’a excrété. Il a quatre cornes, trois pieds… Elles jaillissent de l’océan spirituel, Ces coulées de beurre cent fois encloses, Invisibles à l’ennemi. Je les considère: La verge d’or est en leur milieu», etc.
En sanscrit «ऋग्वेद». Parfois transcrit «Rk Veda», «Rak-véda», «Ragveda», «Rěgveda», «Rik-veda», «Rick Veda» ou «Rig-ved».
En sanscrit «अथर्ववेद».
«Orpheus: histoire générale des religions», p.77-78. On peut joindre à cette opinion celle de Voltaire: «Les Védas sont le plus ennuyeux fatras que j’aie jamais lu. Figurez-vous la “Légende dorée”, les “Conformités de saint François d’Assise”, les “Exercices spirituels” de saint Ignace et les “Sermons” de Menot joints ensemble, vous n’aurez encore qu’une idée très imparfaite des impertinences des Védas» («Lettres chinoises, indiennes et tartares», lettre IX).
Il s’agit du «Mathnawî»1 de Djélâl-ed-dîn Roûmî2, poète mystique d’expression persane, qui n’est pas seulement l’inspirateur d’une confrérie, celle des «derviches tourneurs», mais le directeur spirituel de tout le XIIIesiècle. «Un si grand poète, aimable, harmonieux, étincelant, exalté; un esprit d’où émanent des parfums, des lumières, des musiques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la manière dont sa strophe prend le départ et s’élève au ciel, a déjà transporté son lecteur», dit M.Maurice Barrès3. Réfugié à Konya4 en Anatolie (Roûm), Djélâl-ed-dîn trouva dans cette ville habitée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un peuple adonné à la poésie, à la musique, aux danses, et il employa cette poésie, cette musique, ces danses pour lui faire connaître Dieu. Son action immense en Orient jeta, pour ainsi dire, des racines si profondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les fleurs de ses enseignements n’ont rien perdu de leur fraîcheur ni de leur parfum; il se survit dans ses disciples et ses successeurs qui, depuis plus de sept siècles, répètent ses plus beaux délires autour de son tombeau en l’appelant «notre Maître» (Mawlânâ5). La beauté et l’esprit tolérant de ses œuvres ont surpris les orientalistes occidentaux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur lesquels souffle ma brise s’épanouissent comme un jardin plein de lumière», dit-il avec raison
éd. G.-P. Maisonneuve et Larose, coll. Références, Paris
Il s’agit du «Kojiki»1 («Chronique des choses anciennes»), le plus vieux monument de la littérature japonaise. «[C’est] une épopée confuse, une espèce de recueil de folklore et de traditions, contenant vraisemblablement, au milieu d’une cosmogonie naïve et embrouillée, quelques parcelles de vérité historique», dit Paul Claudel2. Projeté dès le VIIesiècle et mené à terme au VIIIesiècle apr. J.-C., le «Kojiki» est l’ouvrage qui décrit le mieux la religion indigène du Japon; car le désir de mettre en avant le passé national, qui a présidé à sa rédaction, fait peu de place à l’arrivée du bouddhisme et du confucianisme. On peut donc le considérer comme le livre canonique de la religion shintô, en même temps que l’épopée d’une nation insulaire qui a toujours aimé à se rappeler ses origines. Les faits et gestes mythiques des dieux s’y mêlent à l’histoire réelle des premiers Empereurs, souvent remaniée dans le dessein de raffermir l’autorité du trône impérial et de professer la doctrine du droit divin. Parmi toutes les croyances que l’on découvre en lisant le «Kojiki», la plus significative est la vénération envers les «kamis»3, qui sont les différentes divinités du ciel et de la terre qu’on trouve dans le shintoïsme. Non seulement des êtres humains, mais aussi des cerfs et des loups, des lacs et des montagnes — tout ce qui sort de l’ordinaire et qui est supérieur, tout ce qui nous inspire l’émerveillement s’appelle «kami»: le soleil, par exemple, en tant que source de vie, personnifié par Grande-Auguste-Kami-Illuminant-le-Ciel; ou les arbres, souvent ceux de grande taille ou d’une forme particulière, qui sont doublement sacrés en tant que «kamis» et en tant que lieux de résidence pour les «kamis». «Rien de plus nettement océanien et de plus étranger à l’esprit moralisateur et pédantesque des Chinois», dit Paul Claudel4. «Dès ce moment, s’affirme l’originalité profonde de cet esprit et de cet art japonais qu’on a si sottement contestée.»
éd. Librairie d’Amérique et d’Orient A. Maisonneuve, Paris
Il s’agit d’une traduction partielle des «Quatrains» («Rubayat»1) de Djélâl-ed-dîn Roûmî2, poète mystique d’expression persane, qui n’est pas seulement l’inspirateur d’une confrérie, celle des «derviches tourneurs», mais le directeur spirituel de tout le XIIIesiècle. «Un si grand poète, aimable, harmonieux, étincelant, exalté; un esprit d’où émanent des parfums, des lumières, des musiques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la manière dont sa strophe prend le départ et s’élève au ciel, a déjà transporté son lecteur», dit M.Maurice Barrès3. Réfugié à Konya4 en Anatolie (Roûm), Djélâl-ed-dîn trouva dans cette ville habitée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un peuple adonné à la poésie, à la musique, aux danses, et il employa cette poésie, cette musique, ces danses pour lui faire connaître Dieu. Son action immense en Orient jeta, pour ainsi dire, des racines si profondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les fleurs de ses enseignements n’ont rien perdu de leur fraîcheur ni de leur parfum; il se survit dans ses disciples et ses successeurs qui, depuis plus de sept siècles, répètent ses plus beaux délires autour de son tombeau en l’appelant «notre Maître» (Mawlânâ5). La beauté et l’esprit tolérant de ses œuvres ont surpris les orientalistes occidentaux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur lesquels souffle ma brise s’épanouissent comme un jardin plein de lumière», dit-il avec raison
Il s’agit des «“Vers d’or” des pythagoriciens» («Ta “Chrysa epê” tôn Pythagoreiôn»1), l’une des rares traces écrites du pythagorisme. L’école de Pythagore était réellement une sorte de cloître monastique, où il ne fallait laisser entrer que des âmes pures. La règle du secret qui la liait est cause qu’il y a diverses incertitudes à son sujet. Cette école commençait par un rude noviciat. Tous ceux qui entamaient les leçons de Pythagore passaient cinq ans sans avoir la permission de parler, afin d’apprendre la vertu du silence: «On apprend aux hommes à parler; on devrait leur apprendre à se taire. La parole dissipe la pensée, la méditation l’accumule»2. Ils ne portaient que des habits de lin; ils ne mangeaient pas de viande. De plus, ils mettaient leurs biens en commun et ne faisaient qu’une même bourse. Après cette indispensable et longue épreuve, s’ils en étaient jugés dignes, ils recevaient de la bouche même du Maître les vérités occultes. Les prescriptions morales tenaient une grande place dans ce catéchisme pythagoricien qui considérait la vie comme un effort pour arriver par degrés à la vertu et pour se rendre, par là même, semblable à Dieu. L’essentiel de ces prescriptions nous a été conservé dans une sorte de petit bréviaire ou d’extrait de bréviaire, intitulé les «Vers d’or», ainsi que dans le savant commentaire que nous en a laissé Hiéroclès. L’époque tardive de ces deux livres (IIe-Vesiècle apr. J.-C.) ne doit pas nous porter à déprécier leur valeur. Ils sont tout ce qui nous reste d’authentique touchant l’un des plus grands hommes de l’Antiquité. Hiéroclès assure «qu’ils sont la doctrine du corps entier des pythagoriciens et comme [le cri] de toutes leurs assemblées»3. Il ajoute qu’il existait un usage qui ordonnait à tous les disciples le matin, en se levant, et le soir, en se couchant, de se faire réciter ces «Vers» comme autant d’oracles infaillibles que le Maître «Lui-même a dits» («Autos epha»4). Ceux qui les transmettaient ainsi et ceux qui, plus tard, les ont fixés par l’écriture ont dû changer peu de chose au contenu original. «Le respect pieux, la vénération sainte pour la parole du Maître, ont dû protéger — sinon contre toute altération, du moins contre toute altération profonde — ce dépôt sacré de vérités qu’ils considéraient comme émanées de la bouche d’un dieu (“pantoias theou phônas”5)», explique Antelme-Édouard Chaignet. Véritables commandements d’une philosophie sacrée, qui faisait de la science une mystique, et de la mystique une science, et qui était, tout entière, dominée, guidée et couronnée par l’idée de Dieu, les «Vers d’or» peuvent se résumer dans cette grande maxime: «La vie parfaite n’est et ne peut être qu’une imitation du parfait, c’est-à-dire de Dieu».
Référence à Diogène Laërce, «Vies et Doctrines des philosophes illustres»: «Pythagore était tellement admiré qu’on appelait ses disciples “multiples voix du dieu” (παντοίας θεοῦ φωνάς)».
Il s’agit du «Commentaire sur les “Vers d’or” des pythagoriciens» («Eis ta “Chrysa epê” tôn Pythagoreiôn»1) d’Hiéroclès d’Alexandrie2, l’une des rares traces écrites du pythagorisme. L’école de Pythagore était réellement une sorte de cloître monastique, où il ne fallait laisser entrer que des âmes pures. La règle du secret qui la liait est cause qu’il y a diverses incertitudes à son sujet. Cette école commençait par un rude noviciat. Tous ceux qui entamaient les leçons de Pythagore passaient cinq ans sans avoir la permission de parler, afin d’apprendre la vertu du silence: «On apprend aux hommes à parler; on devrait leur apprendre à se taire. La parole dissipe la pensée, la méditation l’accumule»3. Ils ne portaient que des habits de lin; ils ne mangeaient pas de viande. De plus, ils mettaient leurs biens en commun et ne faisaient qu’une même bourse. Après cette indispensable et longue épreuve, s’ils en étaient jugés dignes, ils recevaient de la bouche même du Maître les vérités occultes. Les prescriptions morales tenaient une grande place dans ce catéchisme pythagoricien qui considérait la vie comme un effort pour arriver par degrés à la vertu et pour se rendre, par là même, semblable à Dieu. L’essentiel de ces prescriptions nous a été conservé dans une sorte de petit bréviaire ou d’extrait de bréviaire, intitulé les «Vers d’or», ainsi que dans le savant commentaire que nous en a laissé Hiéroclès. L’époque tardive de ces deux livres (IIe-Vesiècle apr. J.-C.) ne doit pas nous porter à déprécier leur valeur. Ils sont tout ce qui nous reste d’authentique touchant l’un des plus grands hommes de l’Antiquité. Hiéroclès assure «qu’ils sont la doctrine du corps entier des pythagoriciens et comme [le cri] de toutes leurs assemblées»4. Il ajoute qu’il existait un usage qui ordonnait à tous les disciples le matin, en se levant, et le soir, en se couchant, de se faire réciter ces «Vers» comme autant d’oracles infaillibles que le Maître «Lui-même a dits» («Autos epha»5). Ceux qui les transmettaient ainsi et ceux qui, plus tard, les ont fixés par l’écriture ont dû changer peu de chose au contenu original. «Le respect pieux, la vénération sainte pour la parole du Maître, ont dû protéger — sinon contre toute altération, du moins contre toute altération profonde — ce dépôt sacré de vérités qu’ils considéraient comme émanées de la bouche d’un dieu (“pantoias theou phônas”6)», explique Antelme-Édouard Chaignet. Véritables commandements d’une philosophie sacrée, qui faisait de la science une mystique, et de la mystique une science, et qui était, tout entière, dominée, guidée et couronnée par l’idée de Dieu, les «Vers d’or» peuvent se résumer dans cette grande maxime: «La vie parfaite n’est et ne peut être qu’une imitation du parfait, c’est-à-dire de Dieu».
Référence à Diogène Laërce, «Vies et Doctrines des philosophes illustres»: «Pythagore était tellement admiré qu’on appelait ses disciples “multiples voix du dieu” (παντοίας θεοῦ φωνάς)».
éd. du Seuil-UNESCO, coll. Points-Sagesses, Paris
Il s’agit d’une traduction partielle du «Diwân-e-Shams»1 de Djélâl-ed-dîn Roûmî2, poète mystique d’expression persane, qui n’est pas seulement l’inspirateur d’une confrérie, celle des «derviches tourneurs», mais le directeur spirituel de tout le XIIIesiècle. «Un si grand poète, aimable, harmonieux, étincelant, exalté; un esprit d’où émanent des parfums, des lumières, des musiques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la manière dont sa strophe prend le départ et s’élève au ciel, a déjà transporté son lecteur», dit M.Maurice Barrès3. Réfugié à Konya4 en Anatolie (Roûm), Djélâl-ed-dîn trouva dans cette ville habitée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un peuple adonné à la poésie, à la musique, aux danses, et il employa cette poésie, cette musique, ces danses pour lui faire connaître Dieu. Son action immense en Orient jeta, pour ainsi dire, des racines si profondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les fleurs de ses enseignements n’ont rien perdu de leur fraîcheur ni de leur parfum; il se survit dans ses disciples et ses successeurs qui, depuis plus de sept siècles, répètent ses plus beaux délires autour de son tombeau en l’appelant «notre Maître» (Mawlânâ5). La beauté et l’esprit tolérant de ses œuvres ont surpris les orientalistes occidentaux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur lesquels souffle ma brise s’épanouissent comme un jardin plein de lumière», dit-il avec raison
En persan «دیوان شمس». Parfois transcrit «Divan-i Shams», «Dîvân-ı Şems» ou «Divân-ê Chams». Également connu sous le titre de «Diwân kabir» («دیوان کبیر») et de «Kûlliyât-e-Shams» («کلیات شمس»).
éd. A. Michel, coll. Spiritualités vivantes-Soufisme, Paris
Il s’agit d’une traduction partielle des «Quatrains» («Rubayat»1) de Djélâl-ed-dîn Roûmî2, poète mystique d’expression persane, qui n’est pas seulement l’inspirateur d’une confrérie, celle des «derviches tourneurs», mais le directeur spirituel de tout le XIIIesiècle. «Un si grand poète, aimable, harmonieux, étincelant, exalté; un esprit d’où émanent des parfums, des lumières, des musiques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la manière dont sa strophe prend le départ et s’élève au ciel, a déjà transporté son lecteur», dit M.Maurice Barrès3. Réfugié à Konya4 en Anatolie (Roûm), Djélâl-ed-dîn trouva dans cette ville habitée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un peuple adonné à la poésie, à la musique, aux danses, et il employa cette poésie, cette musique, ces danses pour lui faire connaître Dieu. Son action immense en Orient jeta, pour ainsi dire, des racines si profondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les fleurs de ses enseignements n’ont rien perdu de leur fraîcheur ni de leur parfum; il se survit dans ses disciples et ses successeurs qui, depuis plus de sept siècles, répètent ses plus beaux délires autour de son tombeau en l’appelant «notre Maître» (Mawlânâ5). La beauté et l’esprit tolérant de ses œuvres ont surpris les orientalistes occidentaux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur lesquels souffle ma brise s’épanouissent comme un jardin plein de lumière», dit-il avec raison
Il s’agit d’une traduction partielle des «Lettres» («Maktûbât»1) de Djélâl-ed-dîn Roûmî2, poète mystique d’expression persane, qui n’est pas seulement l’inspirateur d’une confrérie, celle des «derviches tourneurs», mais le directeur spirituel de tout le XIIIesiècle. «Un si grand poète, aimable, harmonieux, étincelant, exalté; un esprit d’où émanent des parfums, des lumières, des musiques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la manière dont sa strophe prend le départ et s’élève au ciel, a déjà transporté son lecteur», dit M.Maurice Barrès3. Réfugié à Konya4 en Anatolie (Roûm), Djélâl-ed-dîn trouva dans cette ville habitée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un peuple adonné à la poésie, à la musique, aux danses, et il employa cette poésie, cette musique, ces danses pour lui faire connaître Dieu. Son action immense en Orient jeta, pour ainsi dire, des racines si profondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les fleurs de ses enseignements n’ont rien perdu de leur fraîcheur ni de leur parfum; il se survit dans ses disciples et ses successeurs qui, depuis plus de sept siècles, répètent ses plus beaux délires autour de son tombeau en l’appelant «notre Maître» (Mawlânâ5). La beauté et l’esprit tolérant de ses œuvres ont surpris les orientalistes occidentaux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur lesquels souffle ma brise s’épanouissent comme un jardin plein de lumière», dit-il avec raison
«Ah! la lumière! la lumière toujours! la lumière partout! Le besoin de tout c’est la lumière. La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire.» —Victor Hugo
«Qui connaît les autres et lui-même doit aussi reconnaître que l’Orient et l’Occident sont désormais inséparables. J’admets que l’on se berce en rêvant entre les deux mondes: aller et venir du couchant au levant soit donc pour le mieux!» —Johann Wolfgang von Gœthe
«Miracle du livre et de l’informatique. Dieu parle toutes les langues, chacun écrit la sienne. L’ordinateur rapproche, mélange, brouille les pistes. Et nous voici à l’aube d’un autre millénaire qui se moque des distances et se nourrit de tous les héritages.» —M.le père Guy-Aphraate Deleury
«Le mystère contenu dans ce proverbe: “Celui qui aime un peuple en fait partie” s’est réalisé pour moi…» —Chems-ed-dîn Aḥmed Aflâkî
«Une synthèse originale — vivante surtout — de deux humanités, de deux mondes: de l’Orient et de l’Occident, c’est ce que j’ai résolu d’être, c’est ce que je m’efforce d’être, c’est ce que je suis en train d’être.» —M.Hoàng Xuân Nhị
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