Sepehri, « L’Orient du chagrin : poèmes (1961) • Conversation avec mon maître »

éd. Lettres persanes, coll. Nouvelle Poésie persane, Paris

éd. Lettres per­sanes, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
» 2

un sym­bo­lisme, un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant

M. Se­pehri na­quit dans la ville de Qom en 1928. Il était en­core pe­tit quand son père l’initia à la pein­ture. «La pein­ture consti­tuait ma prière. J’étais pas­sionné, et ma pas­sion n’avait pas de », dit M. Se­pehri 3. Sa mai­son se trou­vait au bord du dé­sert. Tous ses por­taient sur le dé­sert. Son père et ses oncles étaient chas­seurs, et il les ac­com­pa­gnait à la . Cette ac­ti­vité ne lui plut ja­mais, mais ce fut elle qui l’attira vers la plaine avant l’aube et qui in­suf­fla dans son cœur mille sen­sa­tions di­verses. «C’est en chas­sant que je dé­cou­vris le nu de la na­ture», dit M. Se­pehri 4. «J’ai glissé mes mains sur la peau des . Je me suis lavé les mains et le vi­sage dans l’ cou­rante; je me suis laissé al­ler dans le vent. Je brû­lais de la pas­sion de contem­pler.» En 1946, M. Se­pehri trouva un em­ploi dans l’Éducation na­tio­nale. Sa ren­contre avec un jeune poète qui tra­vaillait avec lui, M. Mo­sh­fegh Kâ­shânî, donna une nou­velle à sa . «Je com­po­sais des , et il cor­ri­geait leurs dé­fauts et leurs fai­blesses… Ses sug­ges­tions me gui­daient. J’écrivais tous les soirs», dit M. Se­pehri 5. La na­ture l’occupait déjà tout en­tier. «J’aime les pierres. Il me semble que l’on peut tendre, à l’abri de la , une em­bus­cade à l’éternité. [Je me sens] uni aux peu­pliers. Le corps des peu­pliers s’accorde bien avec les courbes et les pentes des col­lines… L’oiseau peint doit pou­voir s’envoler hors du . La fleur peinte aussi doit pous­ser dans l’éternité», dit M. Se­pehri 6.

Voici un pas­sage qui don­nera une idée de la ma­nière de M. Se­pehri :
«Je ren­trai de la source du rêve,
La cruche mouillée à la main.
Les chan­taient,
Le né­nu­phar s’ouvrait.
Je cas­sai la cruche mouillée,
Je fer­mai la porte
Et je m’assis sur la ter­rasse
De ta
» 7.

Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  • Anne-Ma­rie Mo­vas­sa­ghi et Ha­mid-Reżā Chaïri, «Un Poète contem­po­rain : Sohrāb Sé­pehri» dans «Lu­qmān», vol. 7, nº 2, p. 81-90.
  1. En سهراب سپهری. Icône Haut
  2. «Oa­sis d’émeraude; in­tro­duc­tion et tra­duc­tion de Da­ryush Shaye­gan», p. 43. Icône Haut
  3. p. 15. Icône Haut
  4. p. 11. Icône Haut
  1. p. 16. Icône Haut
  2. p. 81-82. Icône Haut
  3. p. 54. Icône Haut