Il s’agit de « Voyage en Terre sainte » de Louis-Félicien Caignart de Saulcy, dit Félix de Saulcy, savant et voyageur français. Il naquit en 1807. Sa famille voulait en faire un soldat, un capitaine, et la formation scientifique, négligée dans son enfance, allait être rattrapée avec peine. Mais il aimait les monnaies antiques et il prenait un réel plaisir au déchiffrement des caractères énigmatiques, à l’exhumation des langues disparues. Peu à peu, la numismatique, l’archéologie et la linguistique occupèrent tout son esprit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des inscriptions. L’érudit surpassa le soldat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de découvrir, de toucher à tout — instinct très dominant chez lui — qui détermina son parcours : « Son esprit curieux se trouvait mal à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la passion des découvertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me servir de la familiarité habituelle de son langage, la démangeaison de la divination », dit un contemporain 1. Il serait trop long de citer les ouvrages de fond ou articles de synthèse qui sortirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue carrière savante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place honorable ou brillante au milieu des discussions sur la numismatique des croisades ; sur l’étude des textes puniques et phéniciens ; sur l’alphabet des Berbères ; sur la chronologie assyrienne ; sur l’archéologie dans les terres bibliques ; sur les inscriptions cunéiformes, etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop longtemps au même sujet. En étudiant une matière inconnue, il trouvait sans effort ni fatigue le nœud de la question et il le tranchait — et, peut-être parfois, hachait — de l’épée. La vérité lui apparaissait du premier coup ou elle ne lui apparaissait jamais.
Jérusalem
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Saulcy, « Voyage en Terre sainte. Tome I »
Il s’agit de « Voyage en Terre sainte » de Louis-Félicien Caignart de Saulcy, dit Félix de Saulcy, savant et voyageur français. Il naquit en 1807. Sa famille voulait en faire un soldat, un capitaine, et la formation scientifique, négligée dans son enfance, allait être rattrapée avec peine. Mais il aimait les monnaies antiques et il prenait un réel plaisir au déchiffrement des caractères énigmatiques, à l’exhumation des langues disparues. Peu à peu, la numismatique, l’archéologie et la linguistique occupèrent tout son esprit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des inscriptions. L’érudit surpassa le soldat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de découvrir, de toucher à tout — instinct très dominant chez lui — qui détermina son parcours : « Son esprit curieux se trouvait mal à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la passion des découvertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me servir de la familiarité habituelle de son langage, la démangeaison de la divination », dit un contemporain 1. Il serait trop long de citer les ouvrages de fond ou articles de synthèse qui sortirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue carrière savante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place honorable ou brillante au milieu des discussions sur la numismatique des croisades ; sur l’étude des textes puniques et phéniciens ; sur l’alphabet des Berbères ; sur la chronologie assyrienne ; sur l’archéologie dans les terres bibliques ; sur les inscriptions cunéiformes, etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop longtemps au même sujet. En étudiant une matière inconnue, il trouvait sans effort ni fatigue le nœud de la question et il le tranchait — et, peut-être parfois, hachait — de l’épée. La vérité lui apparaissait du premier coup ou elle ne lui apparaissait jamais.
Saulcy, « Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bibliques, exécuté de décembre 1850 à avril 1851. Tome II »
Il s’agit de « Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bibliques » de Louis-Félicien Caignart de Saulcy, dit Félix de Saulcy, savant et voyageur français. Il naquit en 1807. Sa famille voulait en faire un soldat, un capitaine, et la formation scientifique, négligée dans son enfance, allait être rattrapée avec peine. Mais il aimait les monnaies antiques et il prenait un réel plaisir au déchiffrement des caractères énigmatiques, à l’exhumation des langues disparues. Peu à peu, la numismatique, l’archéologie et la linguistique occupèrent tout son esprit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des inscriptions. L’érudit surpassa le soldat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de découvrir, de toucher à tout — instinct très dominant chez lui — qui détermina son parcours : « Son esprit curieux se trouvait mal à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la passion des découvertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me servir de la familiarité habituelle de son langage, la démangeaison de la divination », dit un contemporain 1. Il serait trop long de citer les ouvrages de fond ou articles de synthèse qui sortirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue carrière savante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place honorable ou brillante au milieu des discussions sur la numismatique des croisades ; sur l’étude des textes puniques et phéniciens ; sur l’alphabet des Berbères ; sur la chronologie assyrienne ; sur l’archéologie dans les terres bibliques ; sur les inscriptions cunéiformes, etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop longtemps au même sujet. En étudiant une matière inconnue, il trouvait sans effort ni fatigue le nœud de la question et il le tranchait — et, peut-être parfois, hachait — de l’épée. La vérité lui apparaissait du premier coup ou elle ne lui apparaissait jamais.
Saulcy, « Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bibliques, exécuté de décembre 1850 à avril 1851. Tome I »
Il s’agit de « Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bibliques » de Louis-Félicien Caignart de Saulcy, dit Félix de Saulcy, savant et voyageur français. Il naquit en 1807. Sa famille voulait en faire un soldat, un capitaine, et la formation scientifique, négligée dans son enfance, allait être rattrapée avec peine. Mais il aimait les monnaies antiques et il prenait un réel plaisir au déchiffrement des caractères énigmatiques, à l’exhumation des langues disparues. Peu à peu, la numismatique, l’archéologie et la linguistique occupèrent tout son esprit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des inscriptions. L’érudit surpassa le soldat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de découvrir, de toucher à tout — instinct très dominant chez lui — qui détermina son parcours : « Son esprit curieux se trouvait mal à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la passion des découvertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me servir de la familiarité habituelle de son langage, la démangeaison de la divination », dit un contemporain 1. Il serait trop long de citer les ouvrages de fond ou articles de synthèse qui sortirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue carrière savante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place honorable ou brillante au milieu des discussions sur la numismatique des croisades ; sur l’étude des textes puniques et phéniciens ; sur l’alphabet des Berbères ; sur la chronologie assyrienne ; sur l’archéologie dans les terres bibliques ; sur les inscriptions cunéiformes, etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop longtemps au même sujet. En étudiant une matière inconnue, il trouvait sans effort ni fatigue le nœud de la question et il le tranchait — et, peut-être parfois, hachait — de l’épée. La vérité lui apparaissait du premier coup ou elle ne lui apparaissait jamais.
Saulcy, « Jérusalem »
Il s’agit de « Jérusalem » de Louis-Félicien Caignart de Saulcy, dit Félix de Saulcy, savant et voyageur français. Il naquit en 1807. Sa famille voulait en faire un soldat, un capitaine, et la formation scientifique, négligée dans son enfance, allait être rattrapée avec peine. Mais il aimait les monnaies antiques et il prenait un réel plaisir au déchiffrement des caractères énigmatiques, à l’exhumation des langues disparues. Peu à peu, la numismatique, l’archéologie et la linguistique occupèrent tout son esprit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des inscriptions. L’érudit surpassa le soldat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de découvrir, de toucher à tout — instinct très dominant chez lui — qui détermina son parcours : « Son esprit curieux se trouvait mal à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la passion des découvertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me servir de la familiarité habituelle de son langage, la démangeaison de la divination », dit un contemporain 1. Il serait trop long de citer les ouvrages de fond ou articles de synthèse qui sortirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue carrière savante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place honorable ou brillante au milieu des discussions sur la numismatique des croisades ; sur l’étude des textes puniques et phéniciens ; sur l’alphabet des Berbères ; sur la chronologie assyrienne ; sur l’archéologie dans les terres bibliques ; sur les inscriptions cunéiformes, etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop longtemps au même sujet. En étudiant une matière inconnue, il trouvait sans effort ni fatigue le nœud de la question et il le tranchait — et, peut-être parfois, hachait — de l’épée. La vérité lui apparaissait du premier coup ou elle ne lui apparaissait jamais.
Chateaubriand, « Voyages en Amérique et en Italie. Tome II »
Il s’agit du « Voyage en Italie » et autres œuvres de François René de Chateaubriand, auteur et politique français, père du romantisme chrétien. Le mal, le grand mal de Chateaubriand fut d’être né entre deux siècles, « comme au confluent de deux fleuves » 1, et de voir les caractères opposés de ces deux siècles se rencontrer dans ses opinions. Sorti des entrailles de l’ancienne monarchie, de l’ancienne aristocratie, il se plaça contre la Révolution française, dès qu’il la vit dans ses premières violences, et il resta royaliste, souvent contre son instinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la famille de Napoléon Bonaparte. Même fougue, même éclat, même mélancolie moderne. Si les Bourbons avaient mieux apprécié Chateaubriand, il est possible qu’il eût été moins vulnérable au souvenir de l’Empereur devenu resplendissant comme un « large soleil ». Le parallèle qu’il fait dans ses « Mémoires d’outre-tombe » entre l’Empire et la monarchie bourbonienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sincère de la conception de l’auteur, tellement plus vraie que celle du politique : « Retomber de Bonaparte et de l’Empire à ce qui les a suivis, c’est tomber de la réalité dans le néant ; du sommet d’une montagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas terminé avec Napoléon ?… Comment nommer Louis XVIII en place de l’Empereur ? Je rougis en [y] pensant ». Triste jusqu’au désespoir, sans amis et sans espérance, il était obsédé par un passé à jamais évanoui et tombé dans le néant. « Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mépriser cette vie », écrivait-il 2 en songeant qu’il était lui-même une ruine encore plus chancelante. Aucune pensée ne venait le consoler excepté la religion chrétienne, à laquelle il était revenu avec chaleur et avec véhémence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conversion : « Ma mère, après avoir été jetée à soixante-douze ans dans des cachots où elle vit périr une partie de ses enfants, expira enfin sur un grabat, où ses malheurs l’avaient reléguée. Le souvenir de mes égarements [le scepticisme de mon “Essai sur les Révolutions”] répandit sur ses derniers jours une grande amertume ; elle chargea, en mourant, une de mes sœurs de me rappeler à cette religion dans laquelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le dernier vœu de ma mère. Quand la lettre me parvint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus ; elle était morte aussi des suites de son emprisonnement. Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à la mort, m’ont frappé ; je suis devenu chrétien »
Chateaubriand, « Voyages en Amérique et en Italie. Tome I »
Il s’agit du « Voyage en Amérique » et autres œuvres de François René de Chateaubriand, auteur et politique français, père du romantisme chrétien. Le mal, le grand mal de Chateaubriand fut d’être né entre deux siècles, « comme au confluent de deux fleuves » 1, et de voir les caractères opposés de ces deux siècles se rencontrer dans ses opinions. Sorti des entrailles de l’ancienne monarchie, de l’ancienne aristocratie, il se plaça contre la Révolution française, dès qu’il la vit dans ses premières violences, et il resta royaliste, souvent contre son instinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la famille de Napoléon Bonaparte. Même fougue, même éclat, même mélancolie moderne. Si les Bourbons avaient mieux apprécié Chateaubriand, il est possible qu’il eût été moins vulnérable au souvenir de l’Empereur devenu resplendissant comme un « large soleil ». Le parallèle qu’il fait dans ses « Mémoires d’outre-tombe » entre l’Empire et la monarchie bourbonienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sincère de la conception de l’auteur, tellement plus vraie que celle du politique : « Retomber de Bonaparte et de l’Empire à ce qui les a suivis, c’est tomber de la réalité dans le néant ; du sommet d’une montagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas terminé avec Napoléon ?… Comment nommer Louis XVIII en place de l’Empereur ? Je rougis en [y] pensant ». Triste jusqu’au désespoir, sans amis et sans espérance, il était obsédé par un passé à jamais évanoui et tombé dans le néant. « Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mépriser cette vie », écrivait-il 2 en songeant qu’il était lui-même une ruine encore plus chancelante. Aucune pensée ne venait le consoler excepté la religion chrétienne, à laquelle il était revenu avec chaleur et avec véhémence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conversion : « Ma mère, après avoir été jetée à soixante-douze ans dans des cachots où elle vit périr une partie de ses enfants, expira enfin sur un grabat, où ses malheurs l’avaient reléguée. Le souvenir de mes égarements [le scepticisme de mon “Essai sur les Révolutions”] répandit sur ses derniers jours une grande amertume ; elle chargea, en mourant, une de mes sœurs de me rappeler à cette religion dans laquelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le dernier vœu de ma mère. Quand la lettre me parvint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus ; elle était morte aussi des suites de son emprisonnement. Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à la mort, m’ont frappé ; je suis devenu chrétien »
Chateaubriand, « Mémoires d’outre-tombe. Tome II »
Il s’agit des « Mémoires d’outre-tombe » de François René de Chateaubriand, auteur et politique français, père du romantisme chrétien. Le mal, le grand mal de Chateaubriand fut d’être né entre deux siècles, « comme au confluent de deux fleuves » 1, et de voir les caractères opposés de ces deux siècles se rencontrer dans ses opinions. Sorti des entrailles de l’ancienne monarchie, de l’ancienne aristocratie, il se plaça contre la Révolution française, dès qu’il la vit dans ses premières violences, et il resta royaliste, souvent contre son instinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la famille de Napoléon Bonaparte. Même fougue, même éclat, même mélancolie moderne. Si les Bourbons avaient mieux apprécié Chateaubriand, il est possible qu’il eût été moins vulnérable au souvenir de l’Empereur devenu resplendissant comme un « large soleil ». Le parallèle qu’il fait dans ses « Mémoires d’outre-tombe » entre l’Empire et la monarchie bourbonienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sincère de la conception de l’auteur, tellement plus vraie que celle du politique : « Retomber de Bonaparte et de l’Empire à ce qui les a suivis, c’est tomber de la réalité dans le néant ; du sommet d’une montagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas terminé avec Napoléon ?… Comment nommer Louis XVIII en place de l’Empereur ? Je rougis en [y] pensant ». Triste jusqu’au désespoir, sans amis et sans espérance, il était obsédé par un passé à jamais évanoui et tombé dans le néant. « Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mépriser cette vie », écrivait-il 2 en songeant qu’il était lui-même une ruine encore plus chancelante. Aucune pensée ne venait le consoler excepté la religion chrétienne, à laquelle il était revenu avec chaleur et avec véhémence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conversion : « Ma mère, après avoir été jetée à soixante-douze ans dans des cachots où elle vit périr une partie de ses enfants, expira enfin sur un grabat, où ses malheurs l’avaient reléguée. Le souvenir de mes égarements [le scepticisme de mon “Essai sur les Révolutions”] répandit sur ses derniers jours une grande amertume ; elle chargea, en mourant, une de mes sœurs de me rappeler à cette religion dans laquelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le dernier vœu de ma mère. Quand la lettre me parvint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus ; elle était morte aussi des suites de son emprisonnement. Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à la mort, m’ont frappé ; je suis devenu chrétien »
Chateaubriand, « Mémoires d’outre-tombe. Tome I »
Il s’agit des « Mémoires d’outre-tombe » de François René de Chateaubriand, auteur et politique français, père du romantisme chrétien. Le mal, le grand mal de Chateaubriand fut d’être né entre deux siècles, « comme au confluent de deux fleuves » 1, et de voir les caractères opposés de ces deux siècles se rencontrer dans ses opinions. Sorti des entrailles de l’ancienne monarchie, de l’ancienne aristocratie, il se plaça contre la Révolution française, dès qu’il la vit dans ses premières violences, et il resta royaliste, souvent contre son instinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la famille de Napoléon Bonaparte. Même fougue, même éclat, même mélancolie moderne. Si les Bourbons avaient mieux apprécié Chateaubriand, il est possible qu’il eût été moins vulnérable au souvenir de l’Empereur devenu resplendissant comme un « large soleil ». Le parallèle qu’il fait dans ses « Mémoires d’outre-tombe » entre l’Empire et la monarchie bourbonienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sincère de la conception de l’auteur, tellement plus vraie que celle du politique : « Retomber de Bonaparte et de l’Empire à ce qui les a suivis, c’est tomber de la réalité dans le néant ; du sommet d’une montagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas terminé avec Napoléon ?… Comment nommer Louis XVIII en place de l’Empereur ? Je rougis en [y] pensant ». Triste jusqu’au désespoir, sans amis et sans espérance, il était obsédé par un passé à jamais évanoui et tombé dans le néant. « Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mépriser cette vie », écrivait-il 2 en songeant qu’il était lui-même une ruine encore plus chancelante. Aucune pensée ne venait le consoler excepté la religion chrétienne, à laquelle il était revenu avec chaleur et avec véhémence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conversion : « Ma mère, après avoir été jetée à soixante-douze ans dans des cachots où elle vit périr une partie de ses enfants, expira enfin sur un grabat, où ses malheurs l’avaient reléguée. Le souvenir de mes égarements [le scepticisme de mon “Essai sur les Révolutions”] répandit sur ses derniers jours une grande amertume ; elle chargea, en mourant, une de mes sœurs de me rappeler à cette religion dans laquelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le dernier vœu de ma mère. Quand la lettre me parvint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus ; elle était morte aussi des suites de son emprisonnement. Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à la mort, m’ont frappé ; je suis devenu chrétien »
Saulcy, « Les Derniers Jours de Jérusalem »
Il s’agit des « Derniers Jours de Jérusalem » de Louis-Félicien Caignart de Saulcy, dit Félix de Saulcy, savant et voyageur français. Il naquit en 1807. Sa famille voulait en faire un soldat, un capitaine, et la formation scientifique, négligée dans son enfance, allait être rattrapée avec peine. Mais il aimait les monnaies antiques et il prenait un réel plaisir au déchiffrement des caractères énigmatiques, à l’exhumation des langues disparues. Peu à peu, la numismatique, l’archéologie et la linguistique occupèrent tout son esprit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des inscriptions. L’érudit surpassa le soldat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de découvrir, de toucher à tout — instinct très dominant chez lui — qui détermina son parcours : « Son esprit curieux se trouvait mal à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la passion des découvertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me servir de la familiarité habituelle de son langage, la démangeaison de la divination », dit un contemporain 1. Il serait trop long de citer les ouvrages de fond ou articles de synthèse qui sortirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue carrière savante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place honorable ou brillante au milieu des discussions sur la numismatique des croisades ; sur l’étude des textes puniques et phéniciens ; sur l’alphabet des Berbères ; sur la chronologie assyrienne ; sur l’archéologie dans les terres bibliques ; sur les inscriptions cunéiformes, etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop longtemps au même sujet. En étudiant une matière inconnue, il trouvait sans effort ni fatigue le nœud de la question et il le tranchait — et, peut-être parfois, hachait — de l’épée. La vérité lui apparaissait du premier coup ou elle ne lui apparaissait jamais.
Saulcy, « Carnets de voyage en Orient (1845-1869) »
Il s’agit des « Carnets de voyage en Orient » de Louis-Félicien Caignart de Saulcy, dit Félix de Saulcy, savant et voyageur français. Il naquit en 1807. Sa famille voulait en faire un soldat, un capitaine, et la formation scientifique, négligée dans son enfance, allait être rattrapée avec peine. Mais il aimait les monnaies antiques et il prenait un réel plaisir au déchiffrement des caractères énigmatiques, à l’exhumation des langues disparues. Peu à peu, la numismatique, l’archéologie et la linguistique occupèrent tout son esprit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des inscriptions. L’érudit surpassa le soldat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de découvrir, de toucher à tout — instinct très dominant chez lui — qui détermina son parcours : « Son esprit curieux se trouvait mal à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la passion des découvertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me servir de la familiarité habituelle de son langage, la démangeaison de la divination », dit un contemporain 1. Il serait trop long de citer les ouvrages de fond ou articles de synthèse qui sortirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue carrière savante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place honorable ou brillante au milieu des discussions sur la numismatique des croisades ; sur l’étude des textes puniques et phéniciens ; sur l’alphabet des Berbères ; sur la chronologie assyrienne ; sur l’archéologie dans les terres bibliques ; sur les inscriptions cunéiformes, etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop longtemps au même sujet. En étudiant une matière inconnue, il trouvait sans effort ni fatigue le nœud de la question et il le tranchait — et, peut-être parfois, hachait — de l’épée. La vérité lui apparaissait du premier coup ou elle ne lui apparaissait jamais.
« Oracles sibyllins. Livres VI, VII et VIII »
dans « Écrits apocryphes chrétiens. Tome II » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris), p. 1045-1083
Il s’agit des vers apocryphes qu’on appelle « Oracles sibyllins » (« Sibylliakoi Chrêsmoi » 1) et qui ne sont que le fruit de la pieuse ruse des juifs et des chrétiens pour pasticher les « Livres sibyllins » des païens. La sibylle était une femme inspirée, qui entrait en extase et qui annonçait aux humains les secrets de l’avenir. Elle écrivait ses prophéties sur des feuilles volantes qu’elle plaçait à l’entrée de sa grotte. Ceux qui venaient la consulter, devaient être assez prompts pour s’emparer de ces feuilles dans le même ordre où elle les avait laissées, avant qu’elles fussent dispersées par les quatre vents. Le premier témoignage la concernant est celui d’Héraclite qui dit : « La sibylle, ni souriante, ni fardée, ni parfumée, de sa bouche délirante se faisant entendre, franchit mille ans par sa voix grâce au dieu ». On localisait de façon variée cette devineresse idéale, cette incarnation surhumaine, presque dégagée de l’espace et du temps, de sorte qu’on arriva à en compter plusieurs : la sibylle phrygienne, la cuméenne, celle d’Érythrées, etc. S’il faut en croire les historiens, l’une d’entre elles vint à Rome et proposa à Tarquin le Superbe de lui vendre neuf « Livres » de prophéties qu’elle lui assura être authentiques ; Tarquin lui en demanda le prix. La bonne femme mit un prix si haut, que le roi de Rome crut qu’elle radotait. Alors, elle jeta trois des volumes dans le feu et proposa à Tarquin les six autres pour le même prix. Tarquin la crut encore plus folle ; mais lorsqu’elle en brûla encore trois autres, sans baisser le prix, ce procédé parut si extraordinaire à Tarquin, qu’il accepta. Quel était le contenu de ces « Livres sibyllins » ? On n’a jamais cessé à Rome de garder là-dessus un secret absolu, en considération du danger qu’il aurait pu y avoir à interpréter les oracles de façon arbitraire, et on a toujours réservé aux moments d’urgence nationale la consultation de ces « Livres ». Deux magistrats appelés « duumviri sacris faciundis » avaient pour charge d’en dégager le sens et les conséquences pour les affaires de l’État si l’occasion s’en présentait et à la condition que le sénat l’ordonnât. Autrement, il ne leur était pas permis de les ouvrir. Vers 400 apr. J.-C. ces volumes sacrés se trouvaient encore à Rome, et le crédit dont ils jouissaient ne paraissait pas devoir faiblir de sitôt, quand Stilicon, cédant à la propagande chrétienne, ordonna leur destruction. Il faut laisser parler le poète Rutilius Namatianus pour savoir à quel point les païens s’offusquèrent de ce crime : « Il n’en est que plus cruel, le forfait du sinistre Stilicon », dit Rutilius Namatianus 2, « car le traître a livré le cœur de l’Empire, [en] brûlant les oracles secourables de la sibylle [et en] détruisant le gage irrévocable de la domination éternelle [de Rome] ».
- « Sur son retour », liv. II, v. 41-60.
« Oracles sibyllins. Fragments • Livres III, IV et V »
dans « La Bible. Écrits intertestamentaires » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris), p. 1035-1140
Il s’agit des vers apocryphes qu’on appelle « Oracles sibyllins » (« Sibylliakoi Chrêsmoi » 1) et qui ne sont que le fruit de la pieuse ruse des juifs et des chrétiens pour pasticher les « Livres sibyllins » des païens. La sibylle était une femme inspirée, qui entrait en extase et qui annonçait aux humains les secrets de l’avenir. Elle écrivait ses prophéties sur des feuilles volantes qu’elle plaçait à l’entrée de sa grotte. Ceux qui venaient la consulter, devaient être assez prompts pour s’emparer de ces feuilles dans le même ordre où elle les avait laissées, avant qu’elles fussent dispersées par les quatre vents. Le premier témoignage la concernant est celui d’Héraclite qui dit : « La sibylle, ni souriante, ni fardée, ni parfumée, de sa bouche délirante se faisant entendre, franchit mille ans par sa voix grâce au dieu ». On localisait de façon variée cette devineresse idéale, cette incarnation surhumaine, presque dégagée de l’espace et du temps, de sorte qu’on arriva à en compter plusieurs : la sibylle phrygienne, la cuméenne, celle d’Érythrées, etc. S’il faut en croire les historiens, l’une d’entre elles vint à Rome et proposa à Tarquin le Superbe de lui vendre neuf « Livres » de prophéties qu’elle lui assura être authentiques ; Tarquin lui en demanda le prix. La bonne femme mit un prix si haut, que le roi de Rome crut qu’elle radotait. Alors, elle jeta trois des volumes dans le feu et proposa à Tarquin les six autres pour le même prix. Tarquin la crut encore plus folle ; mais lorsqu’elle en brûla encore trois autres, sans baisser le prix, ce procédé parut si extraordinaire à Tarquin, qu’il accepta. Quel était le contenu de ces « Livres sibyllins » ? On n’a jamais cessé à Rome de garder là-dessus un secret absolu, en considération du danger qu’il aurait pu y avoir à interpréter les oracles de façon arbitraire, et on a toujours réservé aux moments d’urgence nationale la consultation de ces « Livres ». Deux magistrats appelés « duumviri sacris faciundis » avaient pour charge d’en dégager le sens et les conséquences pour les affaires de l’État si l’occasion s’en présentait et à la condition que le sénat l’ordonnât. Autrement, il ne leur était pas permis de les ouvrir. Vers 400 apr. J.-C. ces volumes sacrés se trouvaient encore à Rome, et le crédit dont ils jouissaient ne paraissait pas devoir faiblir de sitôt, quand Stilicon, cédant à la propagande chrétienne, ordonna leur destruction. Il faut laisser parler le poète Rutilius Namatianus pour savoir à quel point les païens s’offusquèrent de ce crime : « Il n’en est que plus cruel, le forfait du sinistre Stilicon », dit Rutilius Namatianus 2, « car le traître a livré le cœur de l’Empire, [en] brûlant les oracles secourables de la sibylle [et en] détruisant le gage irrévocable de la domination éternelle [de Rome] ».
- « Sur son retour », liv. II, v. 41-60.