Mot-clefscepticisme

su­jet

Ibn Rushd (Averroès), «La Doctrine de l’intellect matériel dans le “Commentaire moyen au ‘De anima’ d’Aristote”»

dans « Langages et Philosophie : hommage à Jean Jolivet » (éd. J. Vrin, coll. Études de philosophie médiévale, Paris), p. 281-307

dans «Lan­gages et Phi­lo­so­phie : hom­mage à Jean Jo­li­vet» (éd. J. Vrin, coll. Études de phi­lo­so­phie mé­dié­vale, Pa­ris), p. 281-307

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Com­men­taire moyen sur le traité “De l’âme”» («Tal­khîs ki­tâb al-nafs» 1) d’Ibn Ru­shd 2 (XIIe siècle apr. J.-C.). De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 3. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 4, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. En arabe «تلخيص كتاب النفس». Par­fois trans­crit «Tal­khiç», «Talḫīṣ» ou «Tel­khis». Haut
  2. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «L’Intelligence et la Pensée, [ou] Grand Commentaire du “De anima”, livre III»

éd. Flammarion, coll. GF, Paris

éd. Flam­ma­rion, coll. GF, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Grand Com­men­taire sur le traité “De l’âme”» («Sharḥ ki­tâb al-nafs» 1) d’Ibn Ru­shd 2 (XIIe siècle apr. J.-C.). De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 3. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 4, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. En arabe «شرح كتاب النفس». Par­fois trans­crit «Šarḥ» ou «Scharh». Ce com­men­taire, perdu en arabe, est conservé dans la tra­duc­tion la­tine de Mi­chel Scot. Haut
  2. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «L’Incohérence de “L’Incohérence”»

dans « L’Islam et la Raison : anthologie de textes juridiques, théologiques et polémiques » (éd. Flammarion, coll. GF, Paris)

dans «L’Islam et la Rai­son : an­tho­lo­gie de textes ju­ri­diques, théo­lo­giques et po­lé­miques» (éd. Flam­ma­rion, coll. GF, Pa­ris)

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «L’Effondrement de “L’Effondrement”» 1Ta­hâ­fut al-Ta­hâ­fut» 2) d’Ibn Ru­shd 3 (XIIe siècle apr. J.-C.), ré­fu­ta­tion du livre de ré­fu­ta­tion de Ghazâli in­ti­tulé «L’Effondrement des phi­lo­sophes». De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 4. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 5, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. Par­fois tra­duit «L’Écroulement de “L’Écroulement”», «Des­truc­tion de “La Des­truc­tion”», «La Ré­fu­ta­tion de “La Ré­fu­ta­tion”», «L’Inconsistance de “L’Inconsistance”» ou «L’Incohérence de “L’Incohérence”». Haut
  2. En arabe «تهافت التهافت». Au­tre­fois trans­crit «Ta­hâ­fute at-Ta­hâ­fute» ou «Ta­hâ­fot et-Ta­hâ­fot». Haut
  3. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «Dévoilement des méthodes de démonstration des dogmes de la religion musulmane»

dans « L’Islam et la Raison : anthologie de textes juridiques, théologiques et polémiques » (éd. Flammarion, coll. GF, Paris)

dans «L’Islam et la Rai­son : an­tho­lo­gie de textes ju­ri­diques, théo­lo­giques et po­lé­miques» (éd. Flam­ma­rion, coll. GF, Pa­ris)

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «(Livre) du dé­voi­le­ment des mé­thodes de preuve tou­chant les dogmes de la re­li­gion» 1(K.) al-ka­shf ‘an ma­nâ­hij al-adilla fî ‘aqâ’id al-milla» 2) d’Ibn Ru­shd 3 (XIIe siècle apr. J.-C.). De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 4. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 5, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. Par­fois tra­duit «(Le Livre) de l’exposition des mé­thodes dé­mons­tra­tives re­la­tives aux dogmes de la re­li­gion», «(Livre) de l’enlèvement du voile qui couvre les mé­thodes de preuve tou­chant les dogmes de la re­li­gion» ou «Dé­voi­le­ment des mé­thodes de dé­mons­tra­tion des dogmes de la re­li­gion mu­sul­mane». Haut
  2. En arabe «(كتاب) الكشف عن مناهج الأدلة في عقائد الملة». Au­tre­fois trans­crit «(K.) al-kašf ‘an manā­hiǧ al-adilla fī ‘aqā’id al-milla», «(K.) el ka­chf ‘an ma­nâ­hidj el adilla fy ‘aqâïd el milla» ou «(K.) el ka­chf ‘an ma­nâ­hidj el-adilla fî ‘aqâ’id el-milla». Haut
  3. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Schiller, «Histoire du soulèvement des Pays-Bas contre la domination espagnole»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de l’«His­toire du sou­lè­ve­ment des Pays-Bas contre la do­mi­na­tion es­pa­gnole» 1Ges­chichte des Ab­falls der ve­rei­nig­ten Nie­der­lande von der spa­ni­schen Re­gie­rung») de Frie­drich Schil­ler. En 1782, «Les Bri­gands» furent joués pour la pre­mière fois sur le théâtre de Mann­heim, de­vant une foule pres­sée de spec­ta­teurs ac­cou­rus de près et de loin. L’affluence fut telle que, si l’on n’avait ré­servé une place à Schil­ler, il eût pu dif­fi­ci­le­ment as­sis­ter à sa propre pièce. Ce fut un triomphe, un en­thou­siasme comme on n’en avait ja­mais vu en Al­le­magne. Ce­pen­dant, cette heu­reuse cir­cons­tance, notre poète l’expiait par de cruels sou­cis dus à la même cause. Car les dettes qu’il avait contrac­tées en fai­sant im­pri­mer cette pièce à ses frais et à ses risques de­ve­naient de jour en jour plus criantes. Tous les exem­plaires s’étaient ven­dus, mais les bé­né­fices étaient pour le li­braire. Notre poète, déses­péré, ne sut vers qui se tour­ner. Et le di­rec­teur du théâtre lui fit la sourde oreille quand, se dé­bat­tant contre la pau­vreté, Schil­ler vint im­plo­rer son aide gé­né­reuse et la fa­veur d’un congé, en pro­met­tant de dire bien haut : «C’est à un dieu que nous de­vons ces loi­sirs; car il sera pour moi, tou­jours, un dieu» («Deus no­bis hæc otia fe­cit; namque erit ille mihi sem­per deus» 2). Le re­fus du di­rec­teur dé­ter­mina notre poète à ré­si­gner ses fonc­tions de dra­ma­turge. Libre, mais tou­jours sans res­sources, il es­saya un moyen de sa­lut qui, dans ce temps-là comme main­te­nant, était bien pré­caire. Il fonda une re­vue lit­té­raire. «La Tha­lie du Rhin» 3Rhei­nische Tha­lia»), tel fut le titre de ce re­cueil. Les abon­nés firent dé­faut. Les dé­trac­teurs, en re­vanche, s’acharnèrent sur Schil­ler, à tel point que le sé­jour à Mann­heim lui de­vint im­pos­sible, in­to­lé­rable. Il par­tit à Goh­lis, un vil­lage des en­vi­rons de Leip­zig, où il loua une mo­deste chambre de pay­san, pla­cée sous les combles. C’est là qu’il alla cher­cher re­fuge pour mû­rir ses pen­sées et pour ache­ver ses pièces, en écou­tant le concert des voix de la na­ture. Un ma­tin, le ha­sard de sa pro­me­nade le condui­sit dans un bos­quet sur les bords de la Pleisse. À quelques pas de­vant lui, il aper­çut un jeune homme pâle, les yeux ha­gards, les poi­gnets liés par un ban­deau, prêt à se je­ter dans l’abîme. Schil­ler, sa­chant lui aussi de quel poids pèsent sur le cœur cer­tains mo­ments de la vie, poussa les branches et lia conver­sa­tion avec le mi­sé­rable. C’était un étu­diant en théo­lo­gie, presque un ado­les­cent, qui de­puis six mois vi­vait seule­ment de pain et d’eau, et à qui il ne res­tait plus ni forces phy­siques pour sup­por­ter ces pri­va­tions ni forces mo­rales pour es­pé­rer. Notre poète lui donna le peu qu’il avait sur lui, et lui de­manda en échange la pro­messe de re­tar­der de huit jours son pro­jet de sui­cide. Le len­de­main ou le sur­len­de­main, Schil­ler as­sis­tait à une fête de ma­riage dans une riche fa­mille de Leip­zig. Au mo­ment où l’assemblée était la plus bruyante, il se leva sou­dain, il ra­conta avec cha­leur et élo­quence la scène dont il avait été té­moin, il ré­clama de tous les in­vi­tés des se­cours pour le mal­heu­reux et il fit lui-même la quête, une as­siette à la main. La col­lecte fut si consi­dé­rable qu’elle suf­fit à sou­te­nir le pauvre étu­diant jusqu’au jour où il eut une place.

  1. Par­fois tra­duit «His­toire du sou­lè­ve­ment des Pays-Bas sous Phi­lippe II, roi d’Espagne», «His­toire de la ré­volte qui dé­ta­cha les Pays-Bas de la do­mi­na­tion es­pa­gnole» ou «His­toire de la dé­fec­tion des Pays-Bas réunis de l’Espagne». Haut
  2. Vir­gile, «Bu­co­liques», poème I, v. 6-7. Haut
  1. Par­fois tra­duit «La Tha­lie rhé­nane». Tha­lie, muse de la co­mé­die et de la poé­sie pas­to­rale, tient dans la main droite le bâ­ton re­courbé des ber­gers et porte de la main gauche un masque co­mique. Haut

Schiller, «Histoire de la guerre de Trente Ans. Tome II»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de l’«His­toire de la guerre de Trente Ans» («Ges­chichte des Dreißig­jäh­ri­gen Kriegs») de Frie­drich Schil­ler. En 1782, «Les Bri­gands» furent joués pour la pre­mière fois sur le théâtre de Mann­heim, de­vant une foule pres­sée de spec­ta­teurs ac­cou­rus de près et de loin. L’affluence fut telle que, si l’on n’avait ré­servé une place à Schil­ler, il eût pu dif­fi­ci­le­ment as­sis­ter à sa propre pièce. Ce fut un triomphe, un en­thou­siasme comme on n’en avait ja­mais vu en Al­le­magne. Ce­pen­dant, cette heu­reuse cir­cons­tance, notre poète l’expiait par de cruels sou­cis dus à la même cause. Car les dettes qu’il avait contrac­tées en fai­sant im­pri­mer cette pièce à ses frais et à ses risques de­ve­naient de jour en jour plus criantes. Tous les exem­plaires s’étaient ven­dus, mais les bé­né­fices étaient pour le li­braire. Notre poète, déses­péré, ne sut vers qui se tour­ner. Et le di­rec­teur du théâtre lui fit la sourde oreille quand, se dé­bat­tant contre la pau­vreté, Schil­ler vint im­plo­rer son aide gé­né­reuse et la fa­veur d’un congé, en pro­met­tant de dire bien haut : «C’est à un dieu que nous de­vons ces loi­sirs; car il sera pour moi, tou­jours, un dieu» («Deus no­bis hæc otia fe­cit; namque erit ille mihi sem­per deus» 1). Le re­fus du di­rec­teur dé­ter­mina notre poète à ré­si­gner ses fonc­tions de dra­ma­turge. Libre, mais tou­jours sans res­sources, il es­saya un moyen de sa­lut qui, dans ce temps-là comme main­te­nant, était bien pré­caire. Il fonda une re­vue lit­té­raire. «La Tha­lie du Rhin» 2Rhei­nische Tha­lia»), tel fut le titre de ce re­cueil. Les abon­nés firent dé­faut. Les dé­trac­teurs, en re­vanche, s’acharnèrent sur Schil­ler, à tel point que le sé­jour à Mann­heim lui de­vint im­pos­sible, in­to­lé­rable. Il par­tit à Goh­lis, un vil­lage des en­vi­rons de Leip­zig, où il loua une mo­deste chambre de pay­san, pla­cée sous les combles. C’est là qu’il alla cher­cher re­fuge pour mû­rir ses pen­sées et pour ache­ver ses pièces, en écou­tant le concert des voix de la na­ture. Un ma­tin, le ha­sard de sa pro­me­nade le condui­sit dans un bos­quet sur les bords de la Pleisse. À quelques pas de­vant lui, il aper­çut un jeune homme pâle, les yeux ha­gards, les poi­gnets liés par un ban­deau, prêt à se je­ter dans l’abîme. Schil­ler, sa­chant lui aussi de quel poids pèsent sur le cœur cer­tains mo­ments de la vie, poussa les branches et lia conver­sa­tion avec le mi­sé­rable. C’était un étu­diant en théo­lo­gie, presque un ado­les­cent, qui de­puis six mois vi­vait seule­ment de pain et d’eau, et à qui il ne res­tait plus ni forces phy­siques pour sup­por­ter ces pri­va­tions ni forces mo­rales pour es­pé­rer. Notre poète lui donna le peu qu’il avait sur lui, et lui de­manda en échange la pro­messe de re­tar­der de huit jours son pro­jet de sui­cide. Le len­de­main ou le sur­len­de­main, Schil­ler as­sis­tait à une fête de ma­riage dans une riche fa­mille de Leip­zig. Au mo­ment où l’assemblée était la plus bruyante, il se leva sou­dain, il ra­conta avec cha­leur et élo­quence la scène dont il avait été té­moin, il ré­clama de tous les in­vi­tés des se­cours pour le mal­heu­reux et il fit lui-même la quête, une as­siette à la main. La col­lecte fut si consi­dé­rable qu’elle suf­fit à sou­te­nir le pauvre étu­diant jusqu’au jour où il eut une place.

  1. Vir­gile, «Bu­co­liques», poème I, v. 6-7. Haut
  1. Par­fois tra­duit «La Tha­lie rhé­nane». Tha­lie, muse de la co­mé­die et de la poé­sie pas­to­rale, tient dans la main droite le bâ­ton re­courbé des ber­gers et porte de la main gauche un masque co­mique. Haut

Schiller, «Histoire de la guerre de Trente Ans. Tome I»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de l’«His­toire de la guerre de Trente Ans» («Ges­chichte des Dreißig­jäh­ri­gen Kriegs») de Frie­drich Schil­ler. En 1782, «Les Bri­gands» furent joués pour la pre­mière fois sur le théâtre de Mann­heim, de­vant une foule pres­sée de spec­ta­teurs ac­cou­rus de près et de loin. L’affluence fut telle que, si l’on n’avait ré­servé une place à Schil­ler, il eût pu dif­fi­ci­le­ment as­sis­ter à sa propre pièce. Ce fut un triomphe, un en­thou­siasme comme on n’en avait ja­mais vu en Al­le­magne. Ce­pen­dant, cette heu­reuse cir­cons­tance, notre poète l’expiait par de cruels sou­cis dus à la même cause. Car les dettes qu’il avait contrac­tées en fai­sant im­pri­mer cette pièce à ses frais et à ses risques de­ve­naient de jour en jour plus criantes. Tous les exem­plaires s’étaient ven­dus, mais les bé­né­fices étaient pour le li­braire. Notre poète, déses­péré, ne sut vers qui se tour­ner. Et le di­rec­teur du théâtre lui fit la sourde oreille quand, se dé­bat­tant contre la pau­vreté, Schil­ler vint im­plo­rer son aide gé­né­reuse et la fa­veur d’un congé, en pro­met­tant de dire bien haut : «C’est à un dieu que nous de­vons ces loi­sirs; car il sera pour moi, tou­jours, un dieu» («Deus no­bis hæc otia fe­cit; namque erit ille mihi sem­per deus» 1). Le re­fus du di­rec­teur dé­ter­mina notre poète à ré­si­gner ses fonc­tions de dra­ma­turge. Libre, mais tou­jours sans res­sources, il es­saya un moyen de sa­lut qui, dans ce temps-là comme main­te­nant, était bien pré­caire. Il fonda une re­vue lit­té­raire. «La Tha­lie du Rhin» 2Rhei­nische Tha­lia»), tel fut le titre de ce re­cueil. Les abon­nés firent dé­faut. Les dé­trac­teurs, en re­vanche, s’acharnèrent sur Schil­ler, à tel point que le sé­jour à Mann­heim lui de­vint im­pos­sible, in­to­lé­rable. Il par­tit à Goh­lis, un vil­lage des en­vi­rons de Leip­zig, où il loua une mo­deste chambre de pay­san, pla­cée sous les combles. C’est là qu’il alla cher­cher re­fuge pour mû­rir ses pen­sées et pour ache­ver ses pièces, en écou­tant le concert des voix de la na­ture. Un ma­tin, le ha­sard de sa pro­me­nade le condui­sit dans un bos­quet sur les bords de la Pleisse. À quelques pas de­vant lui, il aper­çut un jeune homme pâle, les yeux ha­gards, les poi­gnets liés par un ban­deau, prêt à se je­ter dans l’abîme. Schil­ler, sa­chant lui aussi de quel poids pèsent sur le cœur cer­tains mo­ments de la vie, poussa les branches et lia conver­sa­tion avec le mi­sé­rable. C’était un étu­diant en théo­lo­gie, presque un ado­les­cent, qui de­puis six mois vi­vait seule­ment de pain et d’eau, et à qui il ne res­tait plus ni forces phy­siques pour sup­por­ter ces pri­va­tions ni forces mo­rales pour es­pé­rer. Notre poète lui donna le peu qu’il avait sur lui, et lui de­manda en échange la pro­messe de re­tar­der de huit jours son pro­jet de sui­cide. Le len­de­main ou le sur­len­de­main, Schil­ler as­sis­tait à une fête de ma­riage dans une riche fa­mille de Leip­zig. Au mo­ment où l’assemblée était la plus bruyante, il se leva sou­dain, il ra­conta avec cha­leur et élo­quence la scène dont il avait été té­moin, il ré­clama de tous les in­vi­tés des se­cours pour le mal­heu­reux et il fit lui-même la quête, une as­siette à la main. La col­lecte fut si consi­dé­rable qu’elle suf­fit à sou­te­nir le pauvre étu­diant jusqu’au jour où il eut une place.

  1. Vir­gile, «Bu­co­liques», poème I, v. 6-7. Haut
  1. Par­fois tra­duit «La Tha­lie rhé­nane». Tha­lie, muse de la co­mé­die et de la poé­sie pas­to­rale, tient dans la main droite le bâ­ton re­courbé des ber­gers et porte de la main gauche un masque co­mique. Haut

Schiller, «Poésies»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de l’ode «À la joie» («An die Freude» 1) et autres poé­sies de Frie­drich Schil­ler. En 1782, «Les Bri­gands» furent joués pour la pre­mière fois sur le théâtre de Mann­heim, de­vant une foule pres­sée de spec­ta­teurs ac­cou­rus de près et de loin. L’affluence fut telle que, si l’on n’avait ré­servé une place à Schil­ler, il eût pu dif­fi­ci­le­ment as­sis­ter à sa propre pièce. Ce fut un triomphe, un en­thou­siasme comme on n’en avait ja­mais vu en Al­le­magne. Ce­pen­dant, cette heu­reuse cir­cons­tance, notre poète l’expiait par de cruels sou­cis dus à la même cause. Car les dettes qu’il avait contrac­tées en fai­sant im­pri­mer cette pièce à ses frais et à ses risques de­ve­naient de jour en jour plus criantes. Tous les exem­plaires s’étaient ven­dus, mais les bé­né­fices étaient pour le li­braire. Notre poète, déses­péré, ne sut vers qui se tour­ner. Et le di­rec­teur du théâtre lui fit la sourde oreille quand, se dé­bat­tant contre la pau­vreté, Schil­ler vint im­plo­rer son aide gé­né­reuse et la fa­veur d’un congé, en pro­met­tant de dire bien haut : «C’est à un dieu que nous de­vons ces loi­sirs; car il sera pour moi, tou­jours, un dieu» («Deus no­bis hæc otia fe­cit; namque erit ille mihi sem­per deus» 2). Le re­fus du di­rec­teur dé­ter­mina notre poète à ré­si­gner ses fonc­tions de dra­ma­turge. Libre, mais tou­jours sans res­sources, il es­saya un moyen de sa­lut qui, dans ce temps-là comme main­te­nant, était bien pré­caire. Il fonda une re­vue lit­té­raire. «La Tha­lie du Rhin» 3Rhei­nische Tha­lia»), tel fut le titre de ce re­cueil. Les abon­nés firent dé­faut. Les dé­trac­teurs, en re­vanche, s’acharnèrent sur Schil­ler, à tel point que le sé­jour à Mann­heim lui de­vint im­pos­sible, in­to­lé­rable. Il par­tit à Goh­lis, un vil­lage des en­vi­rons de Leip­zig, où il loua une mo­deste chambre de pay­san, pla­cée sous les combles. C’est là qu’il alla cher­cher re­fuge pour mû­rir ses pen­sées et pour ache­ver ses pièces, en écou­tant le concert des voix de la na­ture. Un ma­tin, le ha­sard de sa pro­me­nade le condui­sit dans un bos­quet sur les bords de la Pleisse. À quelques pas de­vant lui, il aper­çut un jeune homme pâle, les yeux ha­gards, les poi­gnets liés par un ban­deau, prêt à se je­ter dans l’abîme. Schil­ler, sa­chant lui aussi de quel poids pèsent sur le cœur cer­tains mo­ments de la vie, poussa les branches et lia conver­sa­tion avec le mi­sé­rable. C’était un étu­diant en théo­lo­gie, presque un ado­les­cent, qui de­puis six mois vi­vait seule­ment de pain et d’eau, et à qui il ne res­tait plus ni forces phy­siques pour sup­por­ter ces pri­va­tions ni forces mo­rales pour es­pé­rer. Notre poète lui donna le peu qu’il avait sur lui, et lui de­manda en échange la pro­messe de re­tar­der de huit jours son pro­jet de sui­cide. Le len­de­main ou le sur­len­de­main, Schil­ler as­sis­tait à une fête de ma­riage dans une riche fa­mille de Leip­zig. Au mo­ment où l’assemblée était la plus bruyante, il se leva sou­dain, il ra­conta avec cha­leur et élo­quence la scène dont il avait été té­moin, il ré­clama de tous les in­vi­tés des se­cours pour le mal­heu­reux et il fit lui-même la quête, une as­siette à la main. La col­lecte fut si consi­dé­rable qu’elle suf­fit à sou­te­nir le pauvre étu­diant jusqu’au jour où il eut une place.

  1. Au­tre­fois tra­duit «Au plai­sir». Haut
  2. Vir­gile, «Bu­co­liques», poème I, v. 6-7. Haut
  1. Par­fois tra­duit «La Tha­lie rhé­nane». Tha­lie, muse de la co­mé­die et de la poé­sie pas­to­rale, tient dans la main droite le bâ­ton re­courbé des ber­gers et porte de la main gauche un masque co­mique. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «Abrégé du “Mustaṣfā”»

éd. De Gruyter, coll. Corpus philosophorum Medii Ævi-Scientia græco-arabica, Berlin

éd. De Gruy­ter, coll. Cor­pus phi­lo­so­pho­rum Me­dii Ævi-Scien­tia græco-ara­bica, Ber­lin

Il s’agit du «Muḫtaṣar al-Mus­taṣ» 1 d’Ibn Ru­shd 2 (XIIe siècle apr. J.-C.), abrégé du livre de ju­ris­pru­dence de Ghazâli in­ti­tulé «Mus­taṣ». De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 3. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 4, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. En arabe «مختصر المستصفى». Éga­le­ment connu sous le titre d’«Iḫtiṣâr al-Mus­taṣ» («اختصار المستصفى»). Haut
  2. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Lucien, «Œuvres. Tome VI»

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Dia­logues des cour­ti­sanes» («He­tai­ri­koi Dia­lo­goi» 1) et autres œuvres de Lu­cien de Sa­mo­sate 2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les dieux ni les hommes. «Je suis né en Sy­rie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes ad­ver­saires, qui ne sont pas moins bar­bares que moi… Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté», dit-il dans «Les Phi­lo­sophes res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient pauvres et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, homme d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le gé­nie et les sen­ti­ments étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de jeu­nesse, de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la Sculp­ture et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands écri­vains et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’immortalité. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les sa­vants ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes écrits» 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce Sy­rien re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un lan­gage bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En grec «Ἑταιρικοὶ Διάλογοι». Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Haut

Lucien, «Œuvres. Tome V»

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit de l’«Apo­lo­gie des por­traits» («Hy­per tôn ei­ko­nôn» 1) et autres œuvres de Lu­cien de Sa­mo­sate 2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les dieux ni les hommes. «Je suis né en Sy­rie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes ad­ver­saires, qui ne sont pas moins bar­bares que moi… Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté», dit-il dans «Les Phi­lo­sophes res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient pauvres et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, homme d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le gé­nie et les sen­ti­ments étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de jeu­nesse, de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la Sculp­ture et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands écri­vains et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’immortalité. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les sa­vants ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes écrits» 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce Sy­rien re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un lan­gage bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En grec «Ὑπὲρ τῶν εἰκόνων». Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Haut

Lucien, «Œuvres. Tome IV»

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit d’«Alexandre, ou le Faux Pro­phète» («Alexan­dros, ê Pseu­do­man­tis» 1) et autres œuvres de Lu­cien de Sa­mo­sate 2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les dieux ni les hommes. «Je suis né en Sy­rie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes ad­ver­saires, qui ne sont pas moins bar­bares que moi… Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté», dit-il dans «Les Phi­lo­sophes res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient pauvres et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, homme d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le gé­nie et les sen­ti­ments étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de jeu­nesse, de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la Sculp­ture et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands écri­vains et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’immortalité. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les sa­vants ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes écrits» 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce Sy­rien re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un lan­gage bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En grec «Ἀλέξανδρος, ἢ Ψευδόμαντις». Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Haut

Lucien, «Œuvres. Tome III»

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit de «Pro­mé­thée, ou le Cau­case» («Pro­mê­theus, ê Kau­ka­sos» 1) et autres œuvres de Lu­cien de Sa­mo­sate 2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les dieux ni les hommes. «Je suis né en Sy­rie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes ad­ver­saires, qui ne sont pas moins bar­bares que moi… Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté», dit-il dans «Les Phi­lo­sophes res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient pauvres et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, homme d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le gé­nie et les sen­ti­ments étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de jeu­nesse, de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la Sculp­ture et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands écri­vains et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’immortalité. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les sa­vants ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes écrits» 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce Sy­rien re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un lan­gage bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En grec «Προμηθεύς, ἢ Καύκασος». Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Haut