Icône Mot-clefÉtienne Lamotte

tra­duc­teur ou tra­duc­trice

« L’Enseignement de Vimalakīrti, “Vimalakīrtinirdeśa” »

éd. Publications universitaires-Institut orientaliste, coll. Bibliothéque du Muséon, Louvain

éd. Pu­bli­ca­tions uni­ver­si­taires-Ins­ti­tut orien­ta­liste, coll. Bi­blio­théque du Mu­séon, Lou­vain

Il s’agit d’une tra­duc­tion in­di­recte de «L’ de Vi­ma­la­kîrti» («Vi­ma­la­kîrti Nir­deśa» 1) ou «Soû­tra de Vi­ma­la­kîrti» («Vi­ma­la­kîrti Sû­tra» 2) ou «La in­con­ce­vable» («Acin­tya Vi­mokṣa» 3). Ce livre est au ca­non boud­dhique ce que le «Livre de l’Ecclésiaste» est à la juive, je veux dire un chef-d’œuvre de , de fa­ta­lisme, de sur­tout, et qui s’adresse aux athées aussi bien qu’aux croyants, sans dis­tinc­tion d’écoles ou de races. «Tout est im­per­ma­nent, c’est-à-dire tran­si­toire, dou­lou­reux et vide.» Tel est le ré­sumé de l’ouvrage. Cette conclu­sion, le saint Vi­ma­la­kîrti («Gloire sans tache») la tire des les plus di­verses. Il s’y com­plaît; il en fait le re­frain conti­nuel de sa . Le pré­sente à ses yeux une sé­rie de phé­no­mènes, tou­jours les mêmes, où «ab­so­lu­ment rien n’a été pro­duit, n’est pro­duit et ne sera pro­duit; ab­so­lu­ment rien n’a dis­paru, ne dis­pa­raît et ne dis­pa­raî­tra» 4. Toute ten­ta­tive pour amé­lio­rer les choses hu­maines est chi­mé­rique, «le ne du­rant pas long­temps… pa­reil à la bulle d’; le corps étant issu de la soif des … pa­reil au mi­rage» 5. Toute dua­lité est fausse et illu­soire. Les contraires se conci­lient, ce qui est im­pen­sable et in­di­cible. Aussi, «les sons et les idées sont sans em­ploi» 6. On croi­rait lire Tchouang-tseu. «“L’Enseignement de Vi­ma­la­kîrti” est une œuvre d’art», dit un si­no­logue 7. «La est conduite avec une ha­bi­leté de dra­ma­turge… Le , l’ sont ma­niés de main de maître, comme dans le cé­lèbre épi­sode de Śâ­ri­pu­tra, ce saint des … qu’une déesse ma­ligne couvre de dont il ne peut se dé­pê­trer, et qui fi­nit par se voir changé en femme.» Cette et d’autres sem­blables, faites pour scan­da­li­ser les or­tho­doxes in­diens, amu­sèrent et char­mèrent les Ti­bé­tains et les qui li­saient «L’Enseignement de Vi­ma­la­kîrti» dans une di­zaine d’excellentes tra­duc­tions. La plus an­cienne d’entre elles fut celle ef­fec­tuée par Zhi Qian 8 entre 222 et 229 apr. J.-C. à Nan­kin. Le texte de l’original , é comme perdu, fut re­trouvé en 1999 dans la bi­blio­thèque du Po­tala, au Ti­bet.

  1. En sans­crit «विमलकीर्ति निर्देश». Par­fois trans­crit «Vi­ma­la­kîrtti Nir­déça» ou «Vi­ma­la­kirti-nir­de­sha». Icône Haut
  2. En sans­crit «विमलकीर्ति सूत्र». Icône Haut
  3. En sans­crit «अचिन्त्य विमोक्ष». Icône Haut
  4. p. 166. Icône Haut
  1. p. 132-133. Icône Haut
  2. p. 317. Icône Haut
  3. M. Paul De­mié­ville. Icône Haut
  4. En chi­nois 支謙. Au­tre­fois trans­crit Tche K’ien ou Chih Ch’ien. Icône Haut