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Pseudo-Longin, «Du sublime»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit du traité «Du su­blime» («Peri hyp­sous» 1). Ce pe­tit traité mys­té­rieux consti­tue le som­met de la cri­tique lit­té­raire gréco-ro­maine. Nous ne sa­vons pas s’il a eu beau­coup de suc­cès à l’époque de sa ré­dac­tion; mais de­puis sa tra­duc­tion par Boi­leau, il en a eu énor­mé­ment et qu’il mé­rite. Non seule­ment les phi­lo­sophes des Lu­mières ont été char­més par les beaux frag­ments lit­té­raires qui y sont ci­tés; mais ils ont été sur­pris par la hau­teur, par la force, par la vé­hé­mence des ju­ge­ments qui y sont por­tés sur tous les grands écri­vains de l’Antiquité. L’auteur in­connu de ce traité, quel qu’il soit 2, ne s’amusait pas, comme les rhé­teurs de son temps (Ier siècle apr. J.-C.), à faire des di­vi­sions mi­nu­tieuses des par­ties du dis­cours; et il ne se conten­tait pas, comme Aris­tote ou comme Her­mo­gène, à nous énu­mé­rer des pré­ceptes tout secs et dé­pouillés d’ornements. Au contraire : en trai­tant des beau­tés lit­té­raires, il em­ployait toutes les fi­nesses lit­té­raires : «Sou­vent il fait la fi­gure qu’il en­seigne, et en par­lant du su­blime, il est lui-même très su­blime», comme dit Boi­leau 3. Chez ce Grec, point de pré­ju­gés na­tio­naux. Il li­sait les écri­vains la­tins et il sa­vait se pas­sion­ner pour eux : il com­pa­rait Ci­cé­ron à Dé­mos­thène et il sen­tait fort bien les qua­li­tés de l’un et de l’autre. Chose plus sur­pre­nante : il n’était pas étran­ger aux pre­miers ver­sets de la Bible. En­fin, ad­mi­rons en lui l’honnête homme. Nul An­cien n’a mieux que lui com­pris et ex­primé à quel point la gran­deur lit­té­raire est liée à celle du cœur et de l’esprit. Et c’est un hon­neur pour ce cri­tique in­gé­nieux de s’être ren­con­tré en cela avec Pla­ton, et d’avoir dé­fendu la no­blesse et la pu­reté de l’art d’écrire, en com­men­çant par don­ner aux écri­vains la conscience de leur de­voir hu­main et le res­pect de ce même de­voir.

  1. En grec «Περὶ ὕψους». Haut
  2. Les plus an­ciens ma­nus­crits du traité «Du su­blime» n’en in­diquent pas l’auteur avec cer­ti­tude : ils nous laissent le choix entre «De­nys ou Lon­gin» (Διονυσίου ἢ Λογγίνου). Mais les pre­miers édi­teurs, n’ayant pas eu sous les yeux ces an­ciens ma­nus­crits, ont suivi aveu­glé­ment les ma­nus­crits où la par­ti­cule «ou» avait dis­paru par la né­gli­gence des co­pistes, et pen­dant trois cents ans, ce traité a été édité, tra­duit, com­menté comme l’œuvre de «De­nys Lon­gin». Haut
  1. «Pré­face au “Traité du su­blime, ou Du mer­veilleux dans le dis­cours”». Haut