« Les Mille Monts de lune : poèmes [bouddhiques] de Corée »

éd. A. Michel, coll. Les Carnets du calligraphe, Paris

éd. A. Mi­chel, coll. Les Car­nets du cal­li­graphe, Pa­ris

Il s’agit d’une an­tho­lo­gie de poèmes boud­dhiques de la Co­rée (VIIe-XXe siècle). « Écrire un poème fut une des fa­çons de pra­ti­quer la mé­di­ta­tion. Écrire “sans pa­roles et sans pen­sées”1 est le prin­cipe de cette poé­sie boud­dhique », dit Mme Ok-sung Ann-Ba­ron2. « De nom­breux moines-poètes écri­vaient dans cet es­prit avec une grande so­briété de moyens. C’est ce ton sobre, brut qui donne cette at­mo­sphère si par­ti­cu­lière à cette poé­sie — ce­lui d’un mo­no­lithe sculpté avec des ou­tils ru­di­men­taires. » Les moines boud­dhistes co­réens écartent tout raf­fi­ne­ment de leur poé­sie. Ils ne prennent pour mo­dèle que la na­ture, éter­nelle com­pagne de leur so­li­tude. Hommes peu ex­pan­sifs, ils sentent pour­tant avec beau­coup de pro­fon­deur ; car plus le sen­ti­ment est pro­fond, moins il tend à s’exprimer. Cette ti­mi­dité ap­pa­rente, qu’on prend sou­vent pour de la froi­deur, tient à leur pu­deur in­té­rieure, qui leur fait croire qu’un cœur ne doit se confier qu’à lui-même. De là, cette ex­quise ré­serve, ce quelque chose de voilé, de dis­cret — aussi éloi­gné de la rhé­to­rique de la pas­sion, trop com­mune aux poé­sies pro­fanes, que celle de la re­li­gion. « Le lec­teur oc­ci­den­tal y goû­tera le charme des évo­ca­tions bu­co­liques, la beauté des er­mi­tages ou l’atmosphère toute de paix et de puis­sante beauté qui émane [des] vers », dit M. Tan­guy L’Aminot3. Les di­vers genres de poèmes boud­dhiques de la Co­rée sont : 1o « Odosi »4, com­po­sés à la suite de l’Éveil ; 2o « Sŏl­lisi »5, qui ex­priment la contem­pla­tion ; 3o « Sangŏsi »6, qui chantent la vie dans la mon­tagne ; 4o « Im­jongsi »7, écrits à la veille de la mort ; en­fin 5o « Sŏnch­wisi »8, qui re­flètent la mé­di­ta­tion.

Ils ne prennent pour mo­dèle que la na­ture, éter­nelle com­pagne de leur so­li­tude

Voici un pas­sage qui don­nera une idée du style des poèmes boud­dhiques de la Co­rée :
« Le vent agite les sour­cils du saule,
Le cœur tremble.
De chaque val­lée montent les nuages,
Dans le cœur se lève la pous­sière.
In­utile de pour­suivre les vagues du monde.
Éveillé, l’homme vrai com­prend l’univers
 ».

Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  • Tan­guy L’Aminot, « Compte rendu sur “Ivresse de brumes, gri­se­rie de nuages” » dans « Études Jean-Jacques Rous­seau », vol. 16, p. 460-461.
  1. En co­réen « 무언무심 ». Haut
  2. « Pré­face à “Ivresse de brumes, gri­se­rie de nuages : poé­sie boud­dhique co­réenne” », p. 12. Haut
  3. « Compte rendu sur “Ivresse de brumes, gri­se­rie de nuages” », p. 460. Haut
  4. En co­réen 오도시. Haut
  1. En co­réen 선리시. Par­fois trans­crit « seol­lisi ». Haut
  2. En co­réen 산거시. Par­fois trans­crit « san­geosi ». Haut
  3. En co­réen 임종시. Haut
  4. En co­réen 선취시. Par­fois trans­crit « seonch­wisi ». Haut