Icône Mot-clefcoréen

pays, gen­tilé ou langue

« Un Assassin politique : [Hong-Tjyong-ou] »

dans « T’oung Pao », vol. 5, nº 3, p. 260-271

dans «T’oung Pao», vol. 5, nº 3, p. 260-271

Il s’agit de  1, let­tré et as­sas­sin à qui l’on doit les pre­miers clas­siques co­réens qui aient été tra­duits en fran­çaise, et même les pre­miers tra­duits dans une langue oc­ci­den­tale. Quand, en jan­vier 1891, Hong-Tjyong-ou poussa la porte et en­tra pour la pre­mière fois dans l’atelier du peintre Fé­lix Ré­ga­mey, il n’était à Pa­ris que de­puis une dou­zaine de jours et sa­vait à peu près au­tant de mots de . Un , pré­sent sur place, ser­vit d’interprète. Après avoir échangé quelques ba­na­li­tés, la conver­sa­tion tourna, et les deux Asia­tiques se mirent à par­ler po­li­tique. On vit alors le , dont ma­ni­fes­te­ment une corde sen­sible avait été tou­chée, se dres­ser de toute sa hau­teur, les traits cris­pés, les yeux étin­ce­lants, su­perbe; et pen­dant quelques se­condes, à côté du Ja­po­nais dé­li­cat et mièvre, il pa­rut un tigre, la gueule entr’ouverte, ré­pan­dant au­tour de lui l’effroi. Per­sonne ne se fût douté, pour au­tant, que ce Co­réen avait l’ d’un tueur, sa­chant ac­com­plir le meurtre avec une ré­so­lu­tion fé­roce, digne d’un Achille ou d’un Ulysse. Avide de connais­sances et très am­bi­tieux, Hong-Tjyong-ou as­pi­rait à se pé­né­trer de la eu­ro­péenne afin d’en faire pro­fi­ter son pays. Cu­rieux, sur­tout, de po­li­tique fran­çaise, il vou­lait dans quelques an­nées re­tour­ner en pour se mettre à la tête d’un mou­ve­ment ana­logue à ce­lui qui avait amené la au . Fé­lix Ré­ga­mey lui fit faire connais­sance avec le of­fi­ciel : bals à l’hôtel de ville, ré­cep­tions mi­nis­té­rielles et vi­site chez Er­nest Re­nan, la plus forte tête de , qui le re­çut de fa­çon char­mante et qui ter­mina l’entretien sur ces mots : «, cou­rage!» Hong-Tjyong-ou, qui sa­vait qu’il avait été en pré­sence d’un grand , re­tint ces pa­roles. Et à peine la porte fer­mée, il de­manda, an­xieux, à son guide : «“Cou­rage, cou­rage”, qu’est-ce que c’est?» 2 Comme, dans le Pa­ris de ces ré­vo­lus, il suf­fi­sait d’être étran­ger pour voir toutes les portes s’ouvrir de­vant , il fut at­ta­ché au mu­sée Gui­met. On lui y confia le soin de ca­ta­lo­guer la riche col­lec­tion rap­por­tée de Co­rée par Charles Va­rat, col­lec­tion qui conte­nait un as­sez grand nombre de textes im­pri­més.

  1. En co­réen 홍종우. On ren­contre aussi les gra­phies Hong-Jong-ou, Hong Djyong-ou, Hong Chŏng’u et Hong Jong-u. Icône Haut
  1. p. 264. Icône Haut

« Le Bois sec refleuri : roman coréen »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Bois sec re­fleuri», dont le titre ori­gi­nal en est «Chant de Sim Ch’ŏng» («Simch’ŏng-ga» 1) ou « de Sim Ch’ŏng» 2Simch’ŏng-jŏn» 3). C’est d’abord un très vieux conte, de­venu un au XVIIIe siècle, puis une pièce de spec­tacle chanté («p’ansori»). En voici l’histoire. Un di­gni­taire de la Cour co­réenne, nommé Sim Hyŏn 4, voit plu­sieurs per­sonnes mortes de faim sur la voie pu­blique. Il en fait part au roi, qui est en train de don­ner un grand ban­quet, et il se per­met de cri­ti­quer de­vant lui les de pro­vince : «Qui est-ce qui paie les frais de vos dis­trac­tions?», dit-il 5. «C’est votre . Et les gou­ver­neurs, au lieu de faire leur de­voir, mènent joyeuse ». Les gou­ver­neurs mis en cause ne se laissent pas ac­ca­bler : ils forgent une lettre pleine de tra­hi­sons et de com­plots, qu’ils signent du nom de Sim Hyŏn. Le roi, le croyant cou­pable, l’exile dans une île loin­taine. Ce qui cha­grine par-des­sus tout Sim Hyŏn, c’est l’idée que sa femme ne va pas sup­por­ter ce lieu dé­sert. Elle y meurt, en ef­fet, trois jours après avoir mis au une fille, nom­mée Sim Ch’ŏng. Le mal­heu­reux, tout en , voit bien­tôt fondre sur lui un nou­veau mal­heur. Il de­vient aveugle. Sa plus grande amer­tume, c’est de ne pas pou­voir contem­pler les traits de sa fille. C’est qu’elle gran­dit. Elle vient d’atteindre sa trei­zième an­née. La , elle se consacre à l’étude. Et le jour, elle men­die de mai­son en mai­son, pour as­su­rer l’entretien de son père in­for­tuné. Un jour, elle ne rentre pas à l’heure pré­vue. Très in­quiet, l’aveugle se ha­sarde hors de sa mai­son. S’appuyant sur son bâ­ton, il se met en route; mais ar­rivé au bord d’un lac qui se trouve près de là, il fait un faux pas et tombe à l’. Un bonze, vi­vant isolé dans ces so­li­tudes, ac­court et le re­tire de l’eau. Il pro­met à Sim Hyŏn que s’il lui ap­porte trois cents sacs de , il re­cou­vrera sa vue en même que sa si­tua­tion à la Cour. L’aveugle consent. Ayant ap­pris la chose, sa fille se vend à des mar­chands, contre trois cents sacs de riz, pour être leur vic­time. Car, dans cette époque très an­cienne et très bar­bare, les mar­chands qui fai­saient voile pour le be­soin de leur avaient cou­tume de sa­cri­fier une jeune vierge aux de la , croyant ob­te­nir leur pro­tec­tion et conju­rer le pé­ril. «Le mo­ment du est venu» 6, disent-ils à Sim Ch’ŏng lorsque le ba­teau a ga­gné le large. «Pu­ri­fiez votre , re­vê­tez-vous de vos plus beaux ha­bits!» La vierge est pla­cée en face d’un brûle-par­fum. Puis, les ter­mi­nées, sans ma­ni­fes­ter la moindre émo­tion, elle se jette ré­so­lu­ment à la mer; mais tan­dis que le ba­teau s’éloigne, Sim Ch’ŏng, qui pense mou­rir en l’ de quelques se­condes, s’aperçoit avec stu­pé­fac­tion qu’elle est en vie. Les dieux de la mer, tou­chés par sa , s’apprêtent à la ré­com­pen­ser…

  1. En co­réen «심청가». Au­tre­fois trans­crit «Sim­cheong-ga». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «His­toire de Sim Tchyeng». Icône Haut
  3. En co­réen «심청전». Au­tre­fois trans­crit «Sim tchyeng tjyen» ou «Sim­cheong-jeon». Icône Haut
  1. En co­réen 심현. Au­tre­fois trans­crit Sùn-Hyen ou Sim Hyen. Icône Haut
  2. p. 37. Icône Haut
  3. p. 119. Icône Haut

Eun-ja Kang, « Les Promis : roman »

éd. Fayard, Paris

éd. Fayard, Pa­ris

Il s’agit des «Pro­mis» de Mme , écri­vaine co­réenne d’expression fran­çaise. Le ar­riva jusqu’à sa ville na­tale de Hae­nam, en du Sud, par l’entremise d’une en­sei­gnante sym­pa­thique, rê­veuse et gras­souillette que les élèves sur­nom­mèrent très vite «la Ci­trouille». La Ci­trouille avait la par­ti­cu­la­rité de n’enseigner le fran­çais que pen­dant une demi-heure et de pas­ser tout le reste du à par­ler de la . Les élèves pré­fé­raient cette fa­çon de pro­cé­der, car la fran­çaise, qu’ils com­pre­naient de moins en moins à me­sure qu’ils en pre­naient connais­sance, les as­som­mait; tan­dis que Pa­ris, la Seine, la tour Eif­fel et la lit­té­ra­ture les fai­saient rê­ver. Dès l’abord, Mme Eun-ja Kang tomba éper­du­ment amou­reuse de la fran­çaise. Une heure de cours par se­maine ne suf­fi­sait pas à étan­cher sa soif, im­pa­tiente qu’elle était de conqué­rir cette langue qui s’imposa à elle d’emblée et de toute sa puis­sance. Heu­reu­se­ment pour elle, il lui suf­fi­sait d’aller voir la Ci­trouille dans la salle des pro­fes­seurs pour ob­te­nir ré­ponse aux ques­tions qui lui trot­taient dans la tête. La Ci­trouille ado­rait la re­ce­voir dans cette salle, non seule­ment parce qu’elle éprou­vait du plai­sir à ai­der une élève qui s’intéressait à la langue qu’elle en­sei­gnait, mais en­core parce qu’elle mar­quait ainsi des points aux yeux de ses su­pé­rieurs. Un jour, elle ten­dit à Mme Eun-ja Kang un livre : «Le Pe­tit Prince». «L’as-tu lu?», de­manda la Ci­trouille 1. «Oui, Mme la Pro­fes­seur. Je l’ai eu en ca­deau d’anniversaire en pre­mière an­née du col­lège. — Sans pas le même. — Ah bon? Parce qu’il y a plu­sieurs “Pe­tit Prince”? — Ouvre-le», dit-elle en sou­riant. Mme Eun-ja Kang sou­leva la cou­ver­ture : une ver­sion bi­lingue! Elle feuilleta le livre en re­gar­dant avec fas­ci­na­tion les ca­rac­tères fran­çais, quand la Ci­trouille lui dit : «Je te l’offre, Eun-ja». Il faut sa­voir que les ver­sions bi­lingues étaient très rares et donc très chères. Des larmes mon­tèrent aux yeux de Mme Eun-ja Kang. Plus tard, quand elle dé­cro­cha une bourse d’études à l’Université de Séoul, on lui ap­porta un pa­quet de la part de la Ci­trouille. Elle trouva à l’intérieur un dic­tion­naire fran­çais- flam­bant neuf, avec une carte lui sou­hai­tant la réa­li­sa­tion de ses . Quels beaux et pré­cieux ca­deaux! Aujourd’hui, Mme Eun-ja Kang parle en fran­çais, pense en fran­çais, écrit des ro­mans en fran­çais. «Je fais même l’ en fran­çais», confie-t-elle 2. «J’ai consa­cré quinze ans de ma à ap­prendre le fran­çais et à l’apprivoiser… Ima­gi­nez que vous ai­mez de­puis quinze ans une per­sonne, et que cette per­sonne vous prend [en­fin] dans ses bras. C’est ce que je vis en ce mo­ment.»

  1. «L’Étrangère», p. 173. Icône Haut
  1. id. p. 279. Icône Haut

Eun-ja Kang, « Le Bonze et la Femme transie : roman »

éd. Fayard, Paris

éd. Fayard, Pa­ris

Il s’agit du «Bonze et la Femme tran­sie» de Mme , écri­vaine co­réenne d’expression fran­çaise. Le ar­riva jusqu’à sa ville na­tale de Hae­nam, en du Sud, par l’entremise d’une en­sei­gnante sym­pa­thique, rê­veuse et gras­souillette que les élèves sur­nom­mèrent très vite «la Ci­trouille». La Ci­trouille avait la par­ti­cu­la­rité de n’enseigner le fran­çais que pen­dant une demi-heure et de pas­ser tout le reste du à par­ler de la . Les élèves pré­fé­raient cette fa­çon de pro­cé­der, car la fran­çaise, qu’ils com­pre­naient de moins en moins à me­sure qu’ils en pre­naient connais­sance, les as­som­mait; tan­dis que Pa­ris, la Seine, la tour Eif­fel et la lit­té­ra­ture les fai­saient rê­ver. Dès l’abord, Mme Eun-ja Kang tomba éper­du­ment amou­reuse de la fran­çaise. Une heure de cours par se­maine ne suf­fi­sait pas à étan­cher sa soif, im­pa­tiente qu’elle était de conqué­rir cette langue qui s’imposa à elle d’emblée et de toute sa puis­sance. Heu­reu­se­ment pour elle, il lui suf­fi­sait d’aller voir la Ci­trouille dans la salle des pro­fes­seurs pour ob­te­nir ré­ponse aux ques­tions qui lui trot­taient dans la tête. La Ci­trouille ado­rait la re­ce­voir dans cette salle, non seule­ment parce qu’elle éprou­vait du plai­sir à ai­der une élève qui s’intéressait à la langue qu’elle en­sei­gnait, mais en­core parce qu’elle mar­quait ainsi des points aux yeux de ses su­pé­rieurs. Un jour, elle ten­dit à Mme Eun-ja Kang un livre : «Le Pe­tit Prince». «L’as-tu lu?», de­manda la Ci­trouille 1. «Oui, Mme la Pro­fes­seur. Je l’ai eu en ca­deau d’anniversaire en pre­mière an­née du col­lège. — Sans pas le même. — Ah bon? Parce qu’il y a plu­sieurs “Pe­tit Prince”? — Ouvre-le», dit-elle en sou­riant. Mme Eun-ja Kang sou­leva la cou­ver­ture : une ver­sion bi­lingue! Elle feuilleta le livre en re­gar­dant avec fas­ci­na­tion les ca­rac­tères fran­çais, quand la Ci­trouille lui dit : «Je te l’offre, Eun-ja». Il faut sa­voir que les ver­sions bi­lingues étaient très rares et donc très chères. Des larmes mon­tèrent aux yeux de Mme Eun-ja Kang. Plus tard, quand elle dé­cro­cha une bourse d’études à l’Université de Séoul, on lui ap­porta un pa­quet de la part de la Ci­trouille. Elle trouva à l’intérieur un dic­tion­naire fran­çais- flam­bant neuf, avec une carte lui sou­hai­tant la réa­li­sa­tion de ses . Quels beaux et pré­cieux ca­deaux! Aujourd’hui, Mme Eun-ja Kang parle en fran­çais, pense en fran­çais, écrit des ro­mans en fran­çais. «Je fais même l’ en fran­çais», confie-t-elle 2. «J’ai consa­cré quinze ans de ma à ap­prendre le fran­çais et à l’apprivoiser… Ima­gi­nez que vous ai­mez de­puis quinze ans une per­sonne, et que cette per­sonne vous prend [en­fin] dans ses bras. C’est ce que je vis en ce mo­ment.»

  1. «L’Étrangère», p. 173. Icône Haut
  1. id. p. 279. Icône Haut

Eun-ja Kang, « L’Étrangère »

éd. du Seuil, Paris

éd. du Seuil, Pa­ris

Il s’agit de «L’Étrangère» de Mme , écri­vaine co­réenne d’expression fran­çaise. Le ar­riva jusqu’à sa ville na­tale de Hae­nam, en du Sud, par l’entremise d’une en­sei­gnante sym­pa­thique, rê­veuse et gras­souillette que les élèves sur­nom­mèrent très vite «la Ci­trouille». La Ci­trouille avait la par­ti­cu­la­rité de n’enseigner le fran­çais que pen­dant une demi-heure et de pas­ser tout le reste du à par­ler de la . Les élèves pré­fé­raient cette fa­çon de pro­cé­der, car la fran­çaise, qu’ils com­pre­naient de moins en moins à me­sure qu’ils en pre­naient connais­sance, les as­som­mait; tan­dis que Pa­ris, la Seine, la tour Eif­fel et la lit­té­ra­ture les fai­saient rê­ver. Dès l’abord, Mme Eun-ja Kang tomba éper­du­ment amou­reuse de la fran­çaise. Une heure de cours par se­maine ne suf­fi­sait pas à étan­cher sa soif, im­pa­tiente qu’elle était de conqué­rir cette langue qui s’imposa à elle d’emblée et de toute sa puis­sance. Heu­reu­se­ment pour elle, il lui suf­fi­sait d’aller voir la Ci­trouille dans la salle des pro­fes­seurs pour ob­te­nir ré­ponse aux ques­tions qui lui trot­taient dans la tête. La Ci­trouille ado­rait la re­ce­voir dans cette salle, non seule­ment parce qu’elle éprou­vait du plai­sir à ai­der une élève qui s’intéressait à la langue qu’elle en­sei­gnait, mais en­core parce qu’elle mar­quait ainsi des points aux yeux de ses su­pé­rieurs. Un jour, elle ten­dit à Mme Eun-ja Kang un livre : «Le Pe­tit Prince». «L’as-tu lu?», de­manda la Ci­trouille 1. «Oui, Mme la Pro­fes­seur. Je l’ai eu en ca­deau d’anniversaire en pre­mière an­née du col­lège. — Sans pas le même. — Ah bon? Parce qu’il y a plu­sieurs “Pe­tit Prince”? — Ouvre-le», dit-elle en sou­riant. Mme Eun-ja Kang sou­leva la cou­ver­ture : une ver­sion bi­lingue! Elle feuilleta le livre en re­gar­dant avec fas­ci­na­tion les ca­rac­tères fran­çais, quand la Ci­trouille lui dit : «Je te l’offre, Eun-ja». Il faut sa­voir que les ver­sions bi­lingues étaient très rares et donc très chères. Des larmes mon­tèrent aux yeux de Mme Eun-ja Kang. Plus tard, quand elle dé­cro­cha une bourse d’études à l’Université de Séoul, on lui ap­porta un pa­quet de la part de la Ci­trouille. Elle trouva à l’intérieur un dic­tion­naire fran­çais- flam­bant neuf, avec une carte lui sou­hai­tant la réa­li­sa­tion de ses . Quels beaux et pré­cieux ca­deaux! Aujourd’hui, Mme Eun-ja Kang parle en fran­çais, pense en fran­çais, écrit des ro­mans en fran­çais. «Je fais même l’ en fran­çais», confie-t-elle 2. «J’ai consa­cré quinze ans de ma à ap­prendre le fran­çais et à l’apprivoiser… Ima­gi­nez que vous ai­mez de­puis quinze ans une per­sonne, et que cette per­sonne vous prend [en­fin] dans ses bras. C’est ce que je vis en ce mo­ment.»

  1. «L’Étrangère», p. 173. Icône Haut
  1. id. p. 279. Icône Haut

« La Conception de la vie des Coréens à travers des proverbes »

dans « Cahiers d’études coréennes », nº 7, p. 245-268

dans «Ca­hiers d’études co­réennes», nº 7, p. 245-268

Il s’agit d’un re­cueil de co­réens. Nul genre d’ n’est plus an­cien que ce­lui des pro­verbes. Son ori­gine re­monte aux âges les plus re­cu­lés du globe. Dès que les hommes, mus par un ins­tinct ir­ré­sis­tible ou pous­sés par la vo­lonté di­vine, se furent réunis en ; dès qu’ils eurent consti­tué un suf­fi­sant à l’expression de leurs be­soins, les pro­verbes prirent nais­sance en tant que ré­sumé na­tu­rel des idées com­munes de l’. «S’ils avaient pu se conser­ver, s’ils étaient jusqu’à nous sous leur forme pri­mi­tive», dit -Ma­rie Qui­tard 1, «ils se­raient le plus cu­rieux mo­nu­ment du pro­grès des pre­mières so­cié­tés; ils jet­te­raient un jour sur l’ de la , dont ils mar­que­raient le point de dé­part avec une ir­ré­cu­sable fi­dé­lité.» La , qui contient plu­sieurs de pro­verbes, dit : «Ce­lui qui ap­plique son à ré­flé­chir sur la Loi du Très-Haut… le sens se­cret des pro­verbes et re­vient sans cesse sur les des » 2. Les de la eurent la même que la Bible. Confu­cius imita les pro­verbes et fut à son tour imité par ses dis­ciples. De même que l’âge de l’arbre peut se ju­ger par le tronc; de même, les pro­verbes nous ap­prennent le ou l’esprit propre à chaque , et les dé­tails de sa pri­vée. On en te­nait cer­tains en telle es­time, qu’on les di­sait d’origine cé­leste : «C’est du », dit Ju­vé­nal 3, «que nous est ve­nue la maxime : “Connais-toi toi-même”. Il la fau­drait gra­ver dans son cœur et la mé­di­ter tou­jours.» C’est pour­quoi, d’ailleurs, on les gra­vait sur le de­vant des portes des temples, sur les co­lonnes et les marbres. Ces , très nom­breuses du de Pla­ton, fai­saient dire à ce phi­lo­sophe qu’on pou­vait faire un ex­cellent cours de en voya­geant à pied, si l’on vou­lait les lire; les pro­verbes étant «le fruit de l’ de tous les peuples et comme le bon sens de tous les siècles ré­duit en for­mules»

  1. «Études his­to­riques, lit­té­raires et mo­rales sur les et le lan­gage pro­ver­bial», p. 2. Icône Haut
  2. «Livre de l’Ecclésiastique», XXXIX, 1-3. Icône Haut
  1. «Sa­tires», poème XI, v. 27-28. Icône Haut

Yi Hwang, « Étude de la sagesse en dix diagrammes »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit de Yi Hwang 1, un des néo-confu­cia­nistes les plus connus de la ; ce­lui, en tout cas, qui contri­bua le plus à im­plan­ter dans ce pays, d’une ma­nière par­fois doc­tri­naire et in­tran­si­geante, l’école chi­noise de Zhu Xi 2. Pen­dant la pre­mière moi­tié de sa , Yi Hwang fit de fonc­tion­naire let­tré, et après plu­sieurs pro­mo­tions, il ac­quit une ré­pu­ta­tion d’intégrité et de . Mais son in­té­rêt était ailleurs que dans la , et comme en 1543 apr. J.-C. il était tombé ma­lade, il acheta les «Œuvres com­plètes» de Zhu Xi, dont il ne connais­sait pas en­core le contenu, et il dé­cida de se construire à T’oegye 3 un pe­tit er­mi­tage et de se consa­crer à leur lec­ture. «Jour après jour je fer­mais ma porte, m’asseyais cal­me­ment et li­sais les . Je réa­li­sai peu à peu com­bien le contenu en était sa­vou­reux et com­bien leur sens n’avait pas de li­mites. Par ailleurs, j’éprouvais beau­coup d’ à la lec­ture des lettres», ra­conte-t-il 4. Et ailleurs : «Ah! si seule­ment, dans ma , je m’étais fer­me­ment dé­cidé à vivre dans les en­droits re­cu­lés, en construi­sant une hutte et en me consa­crant à étu­dier et à re­mé­dier aux dé­fi­ciences de ma spi­ri­tuelle, j’aurais ga­gné trois dé­cen­nies, ma se se­rait amé­lio­rée, mon étude au­rait porté des fruits et aujourd’hui toutes les créa­tures ter­restres me rem­pli­raient de ! Com­ment n’ai-je pas pu com­prendre cela…?» 5 Cette se­conde par­tie de sa vie, dé­vouée à l’étude, fut ponc­tuée de nom­breuses pu­bli­ca­tions, où Yi Hwang sui­vit, jusque dans les plus mi­nu­tieux dé­tails, les en­sei­gne­ments de Zhu Xi. Il faut avouer qu’il n’y of­frait pas tou­jours la lar­geur d’esprit et l’accent propre et au­toch­tone qui ca­rac­té­ri­saient son grand contem­po­rain Yul­gok. Sa était claire et pé­né­trante, mais en ce qui concer­nait les en­sei­gne­ments de Zhu Xi, il ne fai­sait au­cun com­pro­mis, les éri­geant en stricte or­tho­doxie. «Les ré­sul­tats furent dé­vas­ta­teurs. La ver­sion de Yi Hwang du de Zhu Xi — do­mi­nante de la Co­rée Chosŏn, à la fin du XVIe siècle — était par es­sence une doc­trine in­to­lé­rante. Ses adeptes furent par­ti­cu­liè­re­ment ra­pides à re­je­ter et à sup­pri­mer les autres en­sei­gne­ments… Cela abou­tit, à la fin, à la ré­duc­tion du à un “concept unique” et à la pré­oc­cu­pa­tion crois­sante de l’idéologie cor­recte, ré­com­pen­sant la la plus aride ou bien l’orthodoxie.»

  1. En 이황. Icône Haut
  2. En 朱熹. Au­tre­fois trans­crit Tchou Hi, Tchu Hi, Chu-hi ou Chu Hsi. Éga­le­ment connu sous le titre ho­no­ri­fique de Zhu Wen Gong (朱文公), c’est-à-dire «Zhu, prince de la lit­té­ra­ture». Au­tre­fois trans­crit Chu Ven Kum, Chu Wen-kung, Tchou-wen-koung ou Tchou Wen Kong. Icône Haut
  3. En co­réen 퇴계. Icône Haut
  1. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La co­réenne», p. 136. Icône Haut
  2. Dans Tcho Hye-young, «Pré­face à l’“Étude de la en dix dia­grammes”», p. 15. Icône Haut

Yulgok, « Principes essentiels pour éduquer les jeunes gens »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit des «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens» («Kyŏng­mong yo­gyŏl» 1, lit­té­ra­le­ment «Prin­cipes es­sen­tiels pour re­pous­ser l’ignorance ju­vé­nile»), ou­vrage qui ap­par­tient à l’apogée du . Son au­teur Yi I 2, plus connu sous le sur­nom de Yul­gok 3la Val­lée des châ­tai­gniers»), au­rait pu pour­suivre une de moine; car en 1551 apr. J.-C., après la pré­ma­tu­rée de sa mère Sin Sa-im­dang 4, femme de lettres et l’une des -peintres les plus ées, alors que le et le le plon­gèrent dans une sombre , il se re­tira dans un mo­nas­tère boud­dhique sur les monts de Dia­mants (Kum­gang­san 5). Mais un moine qu’il ren­con­tra là-bas le fit chan­ger d’avis : «Alors que je vi­si­tais [un des monts], je pé­né­trais seul un jour, du­rant quelques “li”, dans une pro­fonde val­lée et y dé­cou­vris un pe­tit er­mi­tage. Un vieux moine, qui por­tait l’habit, était as­sis dans une po­si­tion cor­recte, me re­gar­dant, sans dire un mot et sans se le­ver. Fu­re­tant par­tout dans l’ermitage, je ne re­mar­quai au­cun ob­jet. Et dans la cui­sine, il sem­blait qu’on n’avait pas pré­paré de de­puis plu­sieurs jours» 6. Yul­gok se ren­dit compte, en conver­sant avec cet , qu’une re­ti­rée et so­li­taire au­rait été une vie sté­rile, qui n’aurait pu lui ap­por­ter un com­plet; elle au­rait consisté à né­gli­ger ses en­vers la laïque, si lourds soient-ils. «Je n’ai pas en­core achevé mes avec le », dit-il 7 à son re­tour. Et après une pé­riode d’hésitation, où il re­lut l’ensemble des tra­di­tions chi­noises et co­réennes, dans la mul­ti­tude de leurs textes, il dé­cida d’agir par toutes ses forces à la trans­for­ma­tion de son pays se­lon l’ de l’école néo-confu­céenne. é dans son pays comme le mo­dèle de cette école, Yul­gok fut plu­sieurs fois mi­nistre. Po­li­ti­cien en­gagé et grand , il laissa der­rière lui une di­zaine d’ouvrages ayant pour thème prin­ci­pal l’élévation des et le dé­ve­lop­pe­ment des consciences à tra­vers l’étude : «Sans étude, nul homme ne pour­rait de­ve­nir hu­main», dit-il dans une cé­lèbre phrase 8. Par «étude», Yul­gok n’entend rien d’insolite ni d’extraordinaire : «Il suf­fit», pré­cise-t-il, «de se conduire à tout mo­ment du quo­ti­dien, en fonc­tion [des] cir­cons­tances, en père tendre, en fils fi­lial, en su­jet loyal, en époux sou­cieux des dis­tinc­tions de rôles, en frère at­ten­tionné, en jeune homme res­pec­tueux des aî­nés ou en ami de confiance.» Dans notre monde ac­tuel où l’on ne com­prend plus que l’étude ré­side dans le quo­ti­dien et où on la croit exa­gé­ré­ment mal­ai­sée, la de Yul­gok si pure, si belle, si concrète peut être un ad­mi­rable sou­tien.

  1. En co­réen «격몽요결», en «擊蒙要訣». Icône Haut
  2. En co­réen 이이. Par­fois trans­crit Yi Yi. Icône Haut
  3. En co­réen 율곡, en chi­nois 栗谷. Au­tre­fois trans­crit Yul-kok, Youl­gok ou Youl-kok. Icône Haut
  4. En co­réen 신사임당, en chi­nois 申師任堂. Par­fois trans­crit Shin Saïm­dang. Icône Haut
  1. En co­réen 금강산. Icône Haut
  2. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La Pen­sée co­réenne», p. 177. Icône Haut
  3. Dans id. p. 184. Icône Haut
  4. «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens», p. 7. Icône Haut

Yulgok, « Anthologie de la sagesse extrême-orientale »

éd. Autres Temps, coll. Le Temps de la pensée, Gémenos

éd. Autres , coll. Le Temps de la , Gé­me­nos

Il s’agit de l’« de la ex­trême-orien­tale» («Sŏn­ghak chi­pyo» 1, lit­té­ra­le­ment «Re­cueil es­sen­tiel de l’étude de la sa­gesse»), ou­vrage qui ap­par­tient à l’apogée du néo- . Son au­teur Yi I 2, plus connu sous le sur­nom de Yul­gok 3la Val­lée des châ­tai­gniers»), au­rait pu pour­suivre une de moine; car en 1551 apr. J.-C., après la pré­ma­tu­rée de sa mère Sin Sa-im­dang 4, femme de lettres et l’une des -peintres les plus ées, alors que le et le le plon­gèrent dans une sombre , il se re­tira dans un mo­nas­tère boud­dhique sur les monts de Dia­mants (Kum­gang­san 5). Mais un moine qu’il ren­con­tra là-bas le fit chan­ger d’avis : «Alors que je vi­si­tais [un des monts], je pé­né­trais seul un jour, du­rant quelques “li”, dans une pro­fonde val­lée et y dé­cou­vris un pe­tit er­mi­tage. Un vieux moine, qui por­tait l’habit, était as­sis dans une po­si­tion cor­recte, me re­gar­dant, sans dire un mot et sans se le­ver. Fu­re­tant par­tout dans l’ermitage, je ne re­mar­quai au­cun ob­jet. Et dans la cui­sine, il sem­blait qu’on n’avait pas pré­paré de de­puis plu­sieurs jours» 6. Yul­gok se ren­dit compte, en conver­sant avec cet , qu’une re­ti­rée et so­li­taire au­rait été une vie sté­rile, qui n’aurait pu lui ap­por­ter un com­plet; elle au­rait consisté à né­gli­ger ses en­vers la laïque, si lourds soient-ils. «Je n’ai pas en­core achevé mes avec le », dit-il 7 à son re­tour. Et après une pé­riode d’hésitation, où il re­lut l’ensemble des tra­di­tions chi­noises et co­réennes, dans la mul­ti­tude de leurs textes, il dé­cida d’agir par toutes ses forces à la trans­for­ma­tion de son pays se­lon l’ de l’école néo-confu­céenne. é dans son pays comme le mo­dèle de cette école, Yul­gok fut plu­sieurs fois mi­nistre. Po­li­ti­cien en­gagé et grand , il laissa der­rière lui une di­zaine d’ouvrages ayant pour thème prin­ci­pal l’élévation des et le dé­ve­lop­pe­ment des consciences à tra­vers l’étude : «Sans étude, nul homme ne pour­rait de­ve­nir hu­main», dit-il dans une cé­lèbre phrase 8. Par «étude», Yul­gok n’entend rien d’insolite ni d’extraordinaire : «Il suf­fit», pré­cise-t-il, «de se conduire à tout mo­ment du quo­ti­dien, en fonc­tion [des] cir­cons­tances, en père tendre, en fils fi­lial, en su­jet loyal, en époux sou­cieux des dis­tinc­tions de rôles, en frère at­ten­tionné, en jeune homme res­pec­tueux des aî­nés ou en ami de confiance.» Dans notre monde ac­tuel où l’on ne com­prend plus que l’étude ré­side dans le quo­ti­dien et où on la croit exa­gé­ré­ment mal­ai­sée, la pen­sée de Yul­gok si pure, si belle, si concrète peut être un ad­mi­rable sou­tien.

  1. En co­réen «성학집요», en «聖學輯要». Par­fois trans­crit «Song-hak tchi-pyo» ou «Seon­ghak ji­byo». Icône Haut
  2. En co­réen 이이. Par­fois trans­crit Yi Yi. Icône Haut
  3. En co­réen 율곡, en chi­nois 栗谷. Au­tre­fois trans­crit Yul-kok, Youl­gok ou Youl-kok. Icône Haut
  4. En co­réen 신사임당, en chi­nois 申師任堂. Par­fois trans­crit Shin Saïm­dang. Icône Haut
  1. En co­réen 금강산. Icône Haut
  2. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La Pen­sée co­réenne», p. 177. Icône Haut
  3. Dans id. p. 184. Icône Haut
  4. «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens», p. 7. Icône Haut

Kim So-wŏl, « Fleurs d’azalée »

éd. Autres temps-Les Écrits des forges, coll. Temps poétique, Marseille-Trois-Rivières

éd. Autres -Les Écrits des forges, coll. Temps , Mar­seille-Trois-Ri­vières

Il s’agit de Kim So-wŏl 1, l’un des co­réens les plus re­pré­sen­ta­tifs de l’époque de l’occupation ja­po­naise. Né et dans la gêne, il n’alla à l’école que par in­ter­mit­tence. Il compta parmi ses maîtres d’école le poète Kim Ŏk 2 qui joua un rôle dé­ci­sif en l’aidant à pu­blier ses pre­mières œuvres dans les re­vues lit­té­raires «Ch’angjo» 3Créa­tion») et «Kae­byŏk» 4Le Com­men­ce­ment du »). Bien que les thèmes de Kim So-wŏl res­semblent à ceux des réunis au­tour de ces deux re­vues, des doutes sub­sistent au su­jet de ses in­fluences exactes. En tout cas, il connais­sait les sym­bo­listes (Ver­laine, Gour­mont, Sa­main…), tra­duits et por­tés aux nues par Kim Ŏk, sous l’ des com­pi­la­tions ja­po­naises de poèmes eu­ro­péens («Mur­mures de » d’Ueda Bin, «Co­raux» de Na­gaï Kafû…) Quant à sa­voir si Kim So-wŏl était un poète de la ré­sis­tance contre l’occupant , la chose fait grand dé­bat. Car, en 1923, les dif­fi­cul­tés fi­nan­cières l’avaient poussé à dé­mé­na­ger au avec l’intention de faire des études de et de sor­tir de la mi­sère. Il échoua et re­vint plus pauvre que ja­mais. Désa­busé, ne par­ve­nant pas à vivre hon­nê­te­ment de sa plume, il quitta la ville pour la cam­pagne co­réenne et passa les der­nières an­nées de sa brève au mi­lieu de désa­gré­ments de toute sorte, qu’il noya le plus sou­vent dans l’alcool. Il se sui­cida à l’opium, en lais­sant der­rière lui un unique re­cueil : « d’azalée» («Chin­dal­laek­kot» 5). Sa nous touche et reste pour­tant en poin­tillé, ébauche d’une œuvre in­ache­vée. Son dé­faut tient à ce qu’elle est d’une trop courte. On voit des contours s’y tra­cer avec grâce; mais ils se dis­sipent sou­dain dans les airs, comme les va­peurs char­geant l’ se dé­chirent au le­ver du . Dans «L’Appel aux mânes» («Ch’ohon» 6), peut-être son chef-d’œuvre, Kim So-wŏl donne l’impression mo­men­ta­née de peindre tout un abaissé, écrasé sous la botte étran­gère. Puis, dès qu’on vient ob­ser­ver de près cette , elle s’évanouit. Tout cela oc­cupe à peine six ou sept vers

  1. En 김소월. Par­fois trans­crit Kim So-weol. De son vrai nom Kim Chŏng-sik (김정식). Par­fois trans­crit Kim Jung Sik, Kim Chung-sik, Kim Chŏng-shik ou Gim Jeong­sik. Icône Haut
  2. En co­réen 김억. Par­fois trans­crit Kim Uk. Icône Haut
  3. En co­réen «창조». Icône Haut
  1. En co­réen «개벽». Icône Haut
  2. En co­réen «진달래꽃». Par­fois trans­crit «Chin­tal­laek­kot», «Chin­da­lae kkot», «Chin­dal­lae kkoch’», «Chin­dal­laeg­got» ou «Jin­dal­laek­kot». Icône Haut
  3. En co­réen «초혼». Icône Haut

Yun Sŏndo, « Almanach du pêcheur, “Ŏpu sasi-sa” »

dans « Érables rougis » (éd. Pour l’analyse du folklore, Paris)

dans «Érables rou­gis» (éd. Pour l’analyse du , Pa­ris)

Il s’agit de l’«Al­ma­nach du pê­cheur» («Ŏbu sa­sisa» 1) de Yun Sŏndo 2, sé­rie de qua­rante , où le sen­ti­ment de la est pro­fon­dé­ment ex­primé, sou­vent avec dou­ceur, et qui consti­tuent le som­met de la . Je ne les ai ja­mais ou­verts sans être sé­duit par cette sim­pli­cité du , par ce charme qui se rat­tache aux images de la rus­tique, par cette sen­si­bi­lité si tou­chante qu’on la di­rait l’expression d’un cœur exempt de toute tache. Quelles ré­flexions sur le des pê­cheurs! Quelle ori­gi­na­lité que celle du vers «Ji­guk­chong ji­guk­chong ŏsawa» 3, qui n’est qu’une ono­ma­to­pée du bruit des rames! On croi­rait presque être trans­porté dans un autre et voir la barque de ces hommes for­tu­nés, sous un plus pur, sur des eaux plus cris­tal­lines :

«Le givre em­pèse les ,
Mais le ne se fait pas sen­tir.
Dé­monte la voile, dé­monte la voile!
Si exigüe soit-elle, ma barque de ,
N’y suis-je pas mieux que dans ce monde chan­geant?
“Ji­guk­chong ji­guk­chong ŏsawa”!
Fai­sons la même chose de­main,
Et en­core après-de­main!
»

  1. En «어부사시사». Par­fois trans­crit «Ŏpu sasi-sa» ou «Eobu sasi sa». Icône Haut
  2. En co­réen 윤선도. Par­fois trans­crit Yun Sŏn-to, Yoon Sundo ou Yun Seon-do. Éga­le­ment connu sous le sur­nom de Ko­san (고산). Par­fois trans­crit Go­san. Icône Haut
  1. En co­réen «지국총 지국총 어사와». Par­fois trans­crit «Ji­guk­chong ji­guk­chong eo­sawa». Icône Haut

« Les Mille Monts de lune : poèmes [bouddhiques] de Corée »

éd. A. Michel, coll. Les Carnets du calligraphe, Paris

éd. A. Mi­chel, coll. Les Car­nets du cal­li­graphe, Pa­ris

Il s’agit d’une de poèmes boud­dhiques de la (VIIe-XXe siècle). «Écrire un poème fut une des fa­çons de pra­ti­quer la . Écrire “sans pa­roles et sans pen­sées” 1 est le prin­cipe de cette boud­dhique», dit Mme  2. «De nom­breux moines- écri­vaient dans cet es­prit avec une grande so­briété de moyens. C’est ce ton sobre, brut qui donne cette at­mo­sphère si par­ti­cu­lière à cette poé­sie — ce­lui d’un mo­no­lithe sculpté avec des ou­tils ru­di­men­taires.» Les co­réens écartent tout raf­fi­ne­ment de leur poé­sie. Ils ne prennent pour mo­dèle que la , éter­nelle com­pagne de leur . Hommes peu ex­pan­sifs, ils sentent pour­tant avec beau­coup de pro­fon­deur; car plus le sen­ti­ment est pro­fond, moins il tend à s’exprimer. Cette ti­mi­dité ap­pa­rente, qu’on prend sou­vent pour de la froi­deur, tient à leur pu­deur in­té­rieure, qui leur fait croire qu’un cœur ne doit se confier qu’à lui-même. De là, cette ex­quise ré­serve, ce quelque chose de voilé, de dis­cret — aussi éloi­gné de la de la pas­sion, trop com­mune aux poé­sies pro­fanes, que celle de la . «Le lec­teur oc­ci­den­tal y goû­tera le charme des évo­ca­tions bu­co­liques, la beauté des er­mi­tages ou l’atmosphère toute de et de puis­sante beauté qui émane [des] vers», dit M. Tan­guy L’Aminot 3. Les di­vers genres de poèmes boud­dhiques de la Co­rée sont : 1º «Odosi» 4, com­po­sés à la suite de l’Éveil; 2º «Sŏl­lisi» 5, qui ex­priment la ; 3º «ŏsi» 6, qui chantent la dans la mon­tagne; 4º «Im­jongsi» 7, à la veille de la ; en­fin 5º «Sŏnch­wisi» 8, qui re­flètent la mé­di­ta­tion.

  1. En «무언무심». Icône Haut
  2. «Pré­face à “Ivresse de brumes, gri­se­rie de nuages : co­réenne”», p. 12. Icône Haut
  3. «Compte rendu sur “Ivresse de brumes, gri­se­rie de nuages”», p. 460. Icône Haut
  4. En co­réen 오도시. Icône Haut
  1. En co­réen 선리시. Par­fois trans­crit «seol­lisi». Icône Haut
  2. En co­réen 산거시. Par­fois trans­crit «san­geosi». Icône Haut
  3. En co­réen 임종시. Icône Haut
  4. En co­réen 선취시. Par­fois trans­crit «seonch­wisi». Icône Haut

« Ivresse de brumes, griserie de nuages : poésie bouddhique coréenne »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une de poèmes boud­dhiques de la (XIIIe-XVIe siècle). «Écrire un poème fut une des fa­çons de pra­ti­quer la . Écrire “sans pa­roles et sans pen­sées” 1 est le prin­cipe de cette », dit Mme  2. «De nom­breux moines- écri­vaient dans cet es­prit avec une grande so­briété de moyens. C’est ce ton sobre, brut qui donne cette at­mo­sphère si par­ti­cu­lière à cette — ce­lui d’un mo­no­lithe sculpté avec des ou­tils ru­di­men­taires.» Les co­réens écartent tout raf­fi­ne­ment de leur poé­sie. Ils ne prennent pour mo­dèle que la , éter­nelle com­pagne de leur . Hommes peu ex­pan­sifs, ils sentent pour­tant avec beau­coup de pro­fon­deur; car plus le sen­ti­ment est pro­fond, moins il tend à s’exprimer. Cette ti­mi­dité ap­pa­rente, qu’on prend sou­vent pour de la froi­deur, tient à leur pu­deur in­té­rieure, qui leur fait croire qu’un cœur ne doit se confier qu’à lui-même. De là, cette ex­quise ré­serve, ce quelque chose de voilé, de dis­cret — aussi éloi­gné de la de la pas­sion, trop com­mune aux poé­sies pro­fanes, que celle de la . «Le lec­teur oc­ci­den­tal y goû­tera le charme des évo­ca­tions bu­co­liques, la beauté des er­mi­tages ou l’atmosphère toute de et de puis­sante beauté qui émane [des] vers», dit M. Tan­guy L’Aminot 3. Les di­vers genres de poèmes boud­dhiques de la Co­rée sont : 1º «Odosi» 4, com­po­sés à la suite de l’Éveil; 2º «Sŏl­lisi» 5, qui ex­priment la ; 3º «ŏsi» 6, qui chantent la dans la mon­tagne; 4º «Im­jongsi» 7, à la veille de la ; en­fin 5º «Sŏnch­wisi» 8, qui re­flètent la mé­di­ta­tion.

  1. En «무언무심». Icône Haut
  2. «Pré­face à “Ivresse de brumes, gri­se­rie de nuages : », p. 12. Icône Haut
  3. «Compte rendu sur “Ivresse de brumes, gri­se­rie de nuages”», p. 460. Icône Haut
  4. En co­réen 오도시. Icône Haut
  1. En co­réen 선리시. Par­fois trans­crit «seol­lisi». Icône Haut
  2. En co­réen 산거시. Par­fois trans­crit «san­geosi». Icône Haut
  3. En co­réen 임종시. Icône Haut
  4. En co­réen 선취시. Par­fois trans­crit «seonch­wisi». Icône Haut