Mot-clefmoraliste

su­jet

Joubert, «Correspondance générale (1774-1824). Tome III. La Restauration»

éd. William Blake & Co., Bordeaux

éd. William Blake & Co., Bor­deaux

Il s’agit de Jo­seph Jou­bert, un des plus grands sty­listes fran­çais (XVIIIe-XIXe siècle). Cet homme sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa vie, que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa mort en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’essais, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet ano­nyme, cet in­édit qui s’était fait de la per­fec­tion une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux es­prits qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la so­li­tude; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une es­thé­tique chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Haut
  3. id. Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Haut

Joubert, «Correspondance générale (1774-1824). Tome II. La Période impériale»

éd. William Blake & Co., Bordeaux

éd. William Blake & Co., Bor­deaux

Il s’agit de Jo­seph Jou­bert, un des plus grands sty­listes fran­çais (XVIIIe-XIXe siècle). Cet homme sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa vie, que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa mort en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’essais, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet ano­nyme, cet in­édit qui s’était fait de la per­fec­tion une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux es­prits qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la so­li­tude; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une es­thé­tique chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Haut
  3. id. Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Haut

Joubert, «Correspondance générale (1774-1824). Tome I. Les Temps révolutionnaires»

éd. William Blake & Co., Bordeaux

éd. William Blake & Co., Bor­deaux

Il s’agit de Jo­seph Jou­bert, un des plus grands sty­listes fran­çais (XVIIIe-XIXe siècle). Cet homme sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa vie, que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa mort en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’essais, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet ano­nyme, cet in­édit qui s’était fait de la per­fec­tion une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux es­prits qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la so­li­tude; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une es­thé­tique chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Haut
  3. id. Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Haut

Joubert, «Carnets. Tome II»

éd. Gallimard, Paris

éd. Gal­li­mard, Pa­ris

Il s’agit de Jo­seph Jou­bert, un des plus grands sty­listes fran­çais (XVIIIe-XIXe siècle). Cet homme sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa vie, que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa mort en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’essais, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet ano­nyme, cet in­édit qui s’était fait de la per­fec­tion une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux es­prits qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la so­li­tude; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une es­thé­tique chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Haut
  3. id. Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Haut

Joubert, «Carnets. Tome I»

éd. Gallimard, Paris

éd. Gal­li­mard, Pa­ris

Il s’agit de Jo­seph Jou­bert, un des plus grands sty­listes fran­çais (XVIIIe-XIXe siècle). Cet homme sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa vie, que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa mort en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’essais, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet ano­nyme, cet in­édit qui s’était fait de la per­fec­tion une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux es­prits qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la so­li­tude; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une es­thé­tique chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Haut
  3. id. Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Haut

Joubert, «Essais (1779-1821)»

éd. A. G. Nizet, Paris

éd. A. G. Ni­zet, Pa­ris

Il s’agit de Jo­seph Jou­bert, un des plus grands sty­listes fran­çais (XVIIIe-XIXe siècle). Cet homme sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa vie, que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa mort en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’essais, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet ano­nyme, cet in­édit qui s’était fait de la per­fec­tion une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux es­prits qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la so­li­tude; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une es­thé­tique chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Haut
  3. id. Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Haut

Gontcharov, «La Falaise : roman»

éd. Julliard, coll. Parages, Paris

éd. Jul­liard, coll. Pa­rages, Pa­ris

Il s’agit de «La Fa­laise» («Obryv» 1), ro­man de mœurs d’Ivan Alexan­dro­vitch Gont­cha­rov 2 (XIXe siècle). «Comme notre lit­té­ra­ture doit être forte», dit un cri­tique russe 3, «si un écri­vain aussi su­perbe que Gont­cha­rov n’est placé dans l’opinion et le goût du monde lit­té­raire que tout juste en queue des dix pre­miers de son clas­se­ment!» Moins po­pu­laire, en ef­fet, que les Tol­stoï et que les Dos­toïevski, Gont­cha­rov oc­cupe, tout juste der­rière eux, une place de pre­mier ordre dans la lit­té­ra­ture russe. Son gé­nie est d’avoir cir­cons­crit d’une ma­nière ori­gi­nale et pré­cise, et au cœur même de la na­tion russe, un type d’homme non ex­ploré par les autres, et d’en avoir donné, à tra­vers un per­son­nage tou­chant, une des­crip­tion in­ou­bliable à force de jus­tesse : le type d’Oblomov. Cet Oblo­mov est un pa­res­seux en robe de chambre qui ne lit guère, qui n’écrit point, qui laisse er­rer ses pen­sées et qui par­tage sa vie terne et mé­diocre entre le som­meil et l’ennui. Ac­cou­tumé de­puis l’enfance à s’épargner (ou plu­tôt à s’interdire) tout ef­fort, toute ini­tia­tive, tout chan­ge­ment, sa vo­lonté s’est éteinte par manque d’impulsion. Même l’amour est de­venu pour lui une aven­ture si au­da­cieuse qu’il pré­fère y re­non­cer. Le plus sou­vent af­falé lour­de­ment sur son lit ou sur un di­van, n’ayant au­cun point de re­père, ne sa­chant s’il vit bien ou mal, ce qu’il pos­sède ou ce qu’il dé­pense, il n’a même plus la force de don­ner à son in­ten­dant les ordres né­ces­saires. Il stagne, il moi­sit, il crou­pit dans un éter­nel si­lence, ce­pen­dant qu’autour de lui, les soins d’un fi­dèle ser­vi­teur aux che­veux blancs en­tourent et pro­tègent ce pe­tit mon­sieur qui s’est seule­ment donné la peine de naître. «C’était là une ré­vé­la­tion pour la Rus­sie; c’en au­rait été une aussi pour le reste du monde si l’œuvre eût été connue hors fron­tière. On connais­sait l’avare, le men­teur, le mi­san­thrope, le ja­loux, le pé­dant, le dis­trait, le joueur, etc.; on igno­rait le pa­res­seux. Gont­cha­rov pré­sen­tait ce type nou­veau dans toute sa plé­ni­tude et sa gran­deur, et non pas un type abs­trait… mais un type in­di­vi­dua­lisé, animé d’une vie mi­nu­tieuse et in­té­grale», dit un cri­tique fran­çais 4. Mais si Gont­cha­rov a peint un être dé­chu, il n’a pas ou­blié l’homme dans tout cela. Il a aimé cet être, il s’est re­connu en lui, il l’a traité comme lui-même et il lui a tendu la main en pleu­rant sur lui à chaudes larmes. Avec une rare fi­nesse, il a mon­tré que les germes de l’oblomovisme étaient au fond de toute âme; que tout homme éprou­vait à cer­taines mi­nutes le dé­sir in­avoué d’un bien-être fa­cile, d’un bon­heur inerte, d’une vie blot­tie dans quelque coin ou­blié du monde. «En cha­cun de nous se tient une part d’Oblomov, et il est trop tôt pour ré­di­ger son épi­taphe.»

  1. En russe «Обрыв». Par­fois trans­crit «Obriv». Haut
  2. En russe Иван Александрович Гончаров. Par­fois trans­crit Gont­cha­roff, Gont­scha­row, Gont­scha­roff, Gonts­ja­rov, Gonts­ja­row, Gonc­za­row, Gonča­rov, Gon­cha­roff ou Gon­cha­rov. Haut
  1. Iouri Olé­cha. Haut
  2. An­dré Ma­zon. Haut

Gontcharov, «Ivanovna Nymphodora»

éd. Circé, coll. Poche, Strasbourg

éd. Circé, coll. Poche, Stras­bourg

Il s’agit de «Nym­pho­dora Iva­novna» 1, ro­man de mœurs d’Ivan Alexan­dro­vitch Gont­cha­rov 2 (XIXe siècle). «Comme notre lit­té­ra­ture doit être forte», dit un cri­tique russe 3, «si un écri­vain aussi su­perbe que Gont­cha­rov n’est placé dans l’opinion et le goût du monde lit­té­raire que tout juste en queue des dix pre­miers de son clas­se­ment!» Moins po­pu­laire, en ef­fet, que les Tol­stoï et que les Dos­toïevski, Gont­cha­rov oc­cupe, tout juste der­rière eux, une place de pre­mier ordre dans la lit­té­ra­ture russe. Son gé­nie est d’avoir cir­cons­crit d’une ma­nière ori­gi­nale et pré­cise, et au cœur même de la na­tion russe, un type d’homme non ex­ploré par les autres, et d’en avoir donné, à tra­vers un per­son­nage tou­chant, une des­crip­tion in­ou­bliable à force de jus­tesse : le type d’Oblomov. Cet Oblo­mov est un pa­res­seux en robe de chambre qui ne lit guère, qui n’écrit point, qui laisse er­rer ses pen­sées et qui par­tage sa vie terne et mé­diocre entre le som­meil et l’ennui. Ac­cou­tumé de­puis l’enfance à s’épargner (ou plu­tôt à s’interdire) tout ef­fort, toute ini­tia­tive, tout chan­ge­ment, sa vo­lonté s’est éteinte par manque d’impulsion. Même l’amour est de­venu pour lui une aven­ture si au­da­cieuse qu’il pré­fère y re­non­cer. Le plus sou­vent af­falé lour­de­ment sur son lit ou sur un di­van, n’ayant au­cun point de re­père, ne sa­chant s’il vit bien ou mal, ce qu’il pos­sède ou ce qu’il dé­pense, il n’a même plus la force de don­ner à son in­ten­dant les ordres né­ces­saires. Il stagne, il moi­sit, il crou­pit dans un éter­nel si­lence, ce­pen­dant qu’autour de lui, les soins d’un fi­dèle ser­vi­teur aux che­veux blancs en­tourent et pro­tègent ce pe­tit mon­sieur qui s’est seule­ment donné la peine de naître. «C’était là une ré­vé­la­tion pour la Rus­sie; c’en au­rait été une aussi pour le reste du monde si l’œuvre eût été connue hors fron­tière. On connais­sait l’avare, le men­teur, le mi­san­thrope, le ja­loux, le pé­dant, le dis­trait, le joueur, etc.; on igno­rait le pa­res­seux. Gont­cha­rov pré­sen­tait ce type nou­veau dans toute sa plé­ni­tude et sa gran­deur, et non pas un type abs­trait… mais un type in­di­vi­dua­lisé, animé d’une vie mi­nu­tieuse et in­té­grale», dit un cri­tique fran­çais 4. Mais si Gont­cha­rov a peint un être dé­chu, il n’a pas ou­blié l’homme dans tout cela. Il a aimé cet être, il s’est re­connu en lui, il l’a traité comme lui-même et il lui a tendu la main en pleu­rant sur lui à chaudes larmes. Avec une rare fi­nesse, il a mon­tré que les germes de l’oblomovisme étaient au fond de toute âme; que tout homme éprou­vait à cer­taines mi­nutes le dé­sir in­avoué d’un bien-être fa­cile, d’un bon­heur inerte, d’une vie blot­tie dans quelque coin ou­blié du monde. «En cha­cun de nous se tient une part d’Oblomov, et il est trop tôt pour ré­di­ger son épi­taphe.»

  1. En russe «Нимфодора Ивановна». Haut
  2. En russe Иван Александрович Гончаров. Par­fois trans­crit Gont­cha­roff, Gont­scha­row, Gont­scha­roff, Gonts­ja­rov, Gonts­ja­row, Gonc­za­row, Gonča­rov, Gon­cha­roff ou Gon­cha­rov. Haut
  1. Iouri Olé­cha. Haut
  2. An­dré Ma­zon. Haut

Gontcharov, «La Terrible Maladie»

éd. Circé, Strasbourg

éd. Circé, Stras­bourg

Il s’agit de «La Ter­rible Ma­la­die» («Li­khaïa bo­lest» 1), ro­man de mœurs d’Ivan Alexan­dro­vitch Gont­cha­rov 2 (XIXe siècle). «Comme notre lit­té­ra­ture doit être forte», dit un cri­tique russe 3, «si un écri­vain aussi su­perbe que Gont­cha­rov n’est placé dans l’opinion et le goût du monde lit­té­raire que tout juste en queue des dix pre­miers de son clas­se­ment!» Moins po­pu­laire, en ef­fet, que les Tol­stoï et que les Dos­toïevski, Gont­cha­rov oc­cupe, tout juste der­rière eux, une place de pre­mier ordre dans la lit­té­ra­ture russe. Son gé­nie est d’avoir cir­cons­crit d’une ma­nière ori­gi­nale et pré­cise, et au cœur même de la na­tion russe, un type d’homme non ex­ploré par les autres, et d’en avoir donné, à tra­vers un per­son­nage tou­chant, une des­crip­tion in­ou­bliable à force de jus­tesse : le type d’Oblomov. Cet Oblo­mov est un pa­res­seux en robe de chambre qui ne lit guère, qui n’écrit point, qui laisse er­rer ses pen­sées et qui par­tage sa vie terne et mé­diocre entre le som­meil et l’ennui. Ac­cou­tumé de­puis l’enfance à s’épargner (ou plu­tôt à s’interdire) tout ef­fort, toute ini­tia­tive, tout chan­ge­ment, sa vo­lonté s’est éteinte par manque d’impulsion. Même l’amour est de­venu pour lui une aven­ture si au­da­cieuse qu’il pré­fère y re­non­cer. Le plus sou­vent af­falé lour­de­ment sur son lit ou sur un di­van, n’ayant au­cun point de re­père, ne sa­chant s’il vit bien ou mal, ce qu’il pos­sède ou ce qu’il dé­pense, il n’a même plus la force de don­ner à son in­ten­dant les ordres né­ces­saires. Il stagne, il moi­sit, il crou­pit dans un éter­nel si­lence, ce­pen­dant qu’autour de lui, les soins d’un fi­dèle ser­vi­teur aux che­veux blancs en­tourent et pro­tègent ce pe­tit mon­sieur qui s’est seule­ment donné la peine de naître. «C’était là une ré­vé­la­tion pour la Rus­sie; c’en au­rait été une aussi pour le reste du monde si l’œuvre eût été connue hors fron­tière. On connais­sait l’avare, le men­teur, le mi­san­thrope, le ja­loux, le pé­dant, le dis­trait, le joueur, etc.; on igno­rait le pa­res­seux. Gont­cha­rov pré­sen­tait ce type nou­veau dans toute sa plé­ni­tude et sa gran­deur, et non pas un type abs­trait… mais un type in­di­vi­dua­lisé, animé d’une vie mi­nu­tieuse et in­té­grale», dit un cri­tique fran­çais 4. Mais si Gont­cha­rov a peint un être dé­chu, il n’a pas ou­blié l’homme dans tout cela. Il a aimé cet être, il s’est re­connu en lui, il l’a traité comme lui-même et il lui a tendu la main en pleu­rant sur lui à chaudes larmes. Avec une rare fi­nesse, il a mon­tré que les germes de l’oblomovisme étaient au fond de toute âme; que tout homme éprou­vait à cer­taines mi­nutes le dé­sir in­avoué d’un bien-être fa­cile, d’un bon­heur inerte, d’une vie blot­tie dans quelque coin ou­blié du monde. «En cha­cun de nous se tient une part d’Oblomov, et il est trop tôt pour ré­di­ger son épi­taphe.»

  1. En russe «Лихая болесть». Par­fois trans­crit «Li­haya bo­lest». Haut
  2. En russe Иван Александрович Гончаров. Par­fois trans­crit Gont­cha­roff, Gont­scha­row, Gont­scha­roff, Gonts­ja­rov, Gonts­ja­row, Gonc­za­row, Gonča­rov, Gon­cha­roff ou Gon­cha­rov. Haut
  1. Iouri Olé­cha. Haut
  2. An­dré Ma­zon. Haut

Gontcharov, «Oblomov»

éd. L’Âge d’homme-Librairie générale française, coll. Le Livre de poche, Paris

éd. L’Âge d’homme-Librairie gé­né­rale fran­çaise, coll. Le Livre de poche, Pa­ris

Il s’agit d’«Oblo­mov» 1, ro­man de mœurs d’Ivan Alexan­dro­vitch Gont­cha­rov 2 (XIXe siècle). «Comme notre lit­té­ra­ture doit être forte», dit un cri­tique russe 3, «si un écri­vain aussi su­perbe que Gont­cha­rov n’est placé dans l’opinion et le goût du monde lit­té­raire que tout juste en queue des dix pre­miers de son clas­se­ment!» Moins po­pu­laire, en ef­fet, que les Tol­stoï et que les Dos­toïevski, Gont­cha­rov oc­cupe, tout juste der­rière eux, une place de pre­mier ordre dans la lit­té­ra­ture russe. Son gé­nie est d’avoir cir­cons­crit d’une ma­nière ori­gi­nale et pré­cise, et au cœur même de la na­tion russe, un type d’homme non ex­ploré par les autres, et d’en avoir donné, à tra­vers un per­son­nage tou­chant, une des­crip­tion in­ou­bliable à force de jus­tesse : le type d’Oblomov. Cet Oblo­mov est un pa­res­seux en robe de chambre qui ne lit guère, qui n’écrit point, qui laisse er­rer ses pen­sées et qui par­tage sa vie terne et mé­diocre entre le som­meil et l’ennui. Ac­cou­tumé de­puis l’enfance à s’épargner (ou plu­tôt à s’interdire) tout ef­fort, toute ini­tia­tive, tout chan­ge­ment, sa vo­lonté s’est éteinte par manque d’impulsion. Même l’amour est de­venu pour lui une aven­ture si au­da­cieuse qu’il pré­fère y re­non­cer. Le plus sou­vent af­falé lour­de­ment sur son lit ou sur un di­van, n’ayant au­cun point de re­père, ne sa­chant s’il vit bien ou mal, ce qu’il pos­sède ou ce qu’il dé­pense, il n’a même plus la force de don­ner à son in­ten­dant les ordres né­ces­saires. Il stagne, il moi­sit, il crou­pit dans un éter­nel si­lence, ce­pen­dant qu’autour de lui, les soins d’un fi­dèle ser­vi­teur aux che­veux blancs en­tourent et pro­tègent ce pe­tit mon­sieur qui s’est seule­ment donné la peine de naître. «C’était là une ré­vé­la­tion pour la Rus­sie; c’en au­rait été une aussi pour le reste du monde si l’œuvre eût été connue hors fron­tière. On connais­sait l’avare, le men­teur, le mi­san­thrope, le ja­loux, le pé­dant, le dis­trait, le joueur, etc.; on igno­rait le pa­res­seux. Gont­cha­rov pré­sen­tait ce type nou­veau dans toute sa plé­ni­tude et sa gran­deur, et non pas un type abs­trait… mais un type in­di­vi­dua­lisé, animé d’une vie mi­nu­tieuse et in­té­grale», dit un cri­tique fran­çais 4. Mais si Gont­cha­rov a peint un être dé­chu, il n’a pas ou­blié l’homme dans tout cela. Il a aimé cet être, il s’est re­connu en lui, il l’a traité comme lui-même et il lui a tendu la main en pleu­rant sur lui à chaudes larmes. Avec une rare fi­nesse, il a mon­tré que les germes de l’oblomovisme étaient au fond de toute âme; que tout homme éprou­vait à cer­taines mi­nutes le dé­sir in­avoué d’un bien-être fa­cile, d’un bon­heur inerte, d’une vie blot­tie dans quelque coin ou­blié du monde. «En cha­cun de nous se tient une part d’Oblomov, et il est trop tôt pour ré­di­ger son épi­taphe.»

  1. En russe «Обломов». Haut
  2. En russe Иван Александрович Гончаров. Par­fois trans­crit Gont­cha­roff, Gont­scha­row, Gont­scha­roff, Gonts­ja­rov, Gonts­ja­row, Gonc­za­row, Gonča­rov, Gon­cha­roff ou Gon­cha­rov. Haut
  1. Iouri Olé­cha. Haut
  2. An­dré Ma­zon. Haut