« Jean Tarin, recteur de l’Université de Paris (1590-1666) : notice biographique »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Jean Ta­rin, hel­lé­niste fran­çais, rec­teur de l’Université de Pa­ris, lec­teur royal en élo­quence grecque et la­tine1. Il a laissé une édi­tion et tra­duc­tion la­tine d’Iso­crate, si­gnées mo­des­te­ment « I. T. B. A. » (« Jean Ta­rin de Beau­fort en An­jou ») ou « I. T. A. » (« Jean Ta­rin d’Anjou »), et qui sont res­tées, pour cette rai­son, in­con­nues des deux ou trois his­to­riens qui ont parlé de lui. Ta­rin était fils d’un meu­nier et na­quit en l’an 1590. Dès son en­fance, se sen­tant un goût très pro­noncé pour les études, il pressa vi­ve­ment sa fa­mille de l’envoyer à l’école ; mais il ne put rien ob­te­nir de ses pa­rents, qui y étaient op­po­sés. Ce­pen­dant, peu après la fon­da­tion d’un col­lège de jé­suites à La Flèche, il vint s’y pré­sen­ter comme étu­diant, pieds nus, n’ayant autre chose qu’une che­mise sur les épaules et un sac plein de noix et de pièces de pain. Il fut mis, par com­pas­sion, entre les ba­layeurs des classes du col­lège ; de là, il fut mar­mi­ton des pen­sion­naires, puis la­quais d’un des pères. Fut-il mal­traité ? En tout cas, il vouera par la suite à la Com­pa­gnie de Jé­sus une haine pro­fonde, que celle-ci lui ren­dra bien, si l’on en juge par le por­trait peu flat­teur qu’a tracé de lui le père Fran­çois Ga­rasse : « [C’est] un homme de néant, nommé Ta­rin », dit le père2, « à demi géant, qui porte un vi­sage de cy­clope et une voix de tau­reau, par la­quelle il ton­nait contre nous… ; il est de fort bas lieu, fils d’un meu­nier de Ro­che­fort [li­sez Beau­fort] ». Son édu­ca­tion ache­vée avec tous les prix, Ta­rin s’en vint à Pa­ris, où il s’accosta d’un autre pa­ria de la Com­pa­gnie de Jé­sus, qui lui ou­vrit grand les portes du pro­fes­so­rat. N’ayant pas tardé à mon­trer l’excellence de son es­prit, il ac­quit la ré­pu­ta­tion d’« un abîme de science et un des sa­vants hommes du monde » : « Plût à Dieu que je susse au­tant de grec et de la­tin que [lui] », dit un de ses contem­po­rains3. Sa ré­pu­ta­tion fut por­tée jusqu’au roi Louis XIII, qui, l’ayant fait lec­teur royal, lui pro­posa plu­sieurs évê­chés ; mais Ta­rin, qui ne se croyait pas ap­pelé à l’état ec­clé­sias­tique, re­fusa de se rendre à cette offre et il prit le parti du ma­riage. Il fut plus d’une fois rec­teur de l’Université de Pa­ris, dont il dé­fen­dit tou­jours les droits avec force et fer­meté. Une anec­dote illustre ce que je viens de dire : Un jour, étant à un acte de phi­lo­so­phie, il avait, comme c’était son droit, pris la place d’honneur, lorsque de hauts pré­lats ar­ri­vèrent et vou­lurent la lui faire quit­ter ou en prendre une au-des­sus de lui. « La terre que vous fou­lez ici aux pieds, ô illustres princes d’Église, est à moi, et je ne souf­fri­rai point que vous fou­liez aussi de la sorte ma di­gnité ! » (« Terra hæc, quam concul­ca­tis, o illus­tris­simi Ec­cle­siæ prin­cipes, mea est ; nec pa­tiar meam di­gni­ta­tem sic a vo­bis conta­mi­nari ! »), leur dit-il. Et il fit ces­ser l’acte.

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  1. On ap­pe­lait « lec­teurs royaux » les pro­fes­seurs du Col­lège royal, l’actuel Col­lège de France. Haut
  2. « Mé­moires », p. 104. Haut
  1. Guy Pa­tin. Haut