Mot-clefMaurice Coyaud

tra­duc­teur ou tra­duc­trice

«Les Opéras des bords de l’eau : théâtre Yuan (1280-1368). Tome I»

éd. du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), coll. Langues et Civilisations orientales, Paris

éd. du Centre na­tio­nal de la re­cherche scien­ti­fique (CNRS), coll. Langues et Ci­vi­li­sa­tions orien­tales, Pa­ris

Il s’agit de «Tour­billon-Noir rap­porte deux tri­buts» («Hei-Xuan-Feng Shuang Xian Gong» 1) et autres pièces du théâtre des Yuan. Les let­trés chi­nois tra­vaillaient peu pour le théâtre et re­cueillaient peu de re­nom­mée de leurs pièces, parce que ce genre était plu­tôt to­léré que per­mis en Chine; les an­ciens sages l’ayant constam­ment dé­crié et re­gardé comme un art cor­rup­teur. Il faut at­tendre le XIIIe siècle apr. J.-C. pour trou­ver des pro­duc­tions très im­por­tantes à la fois en qua­lité et en quan­tité. Un dé­sastre na­tio­nal, le pas­sage de la Chine sous le joug mon­gol, fut l’occasion de cette sou­daine flo­rai­son. Du­rant une pé­riode de quatre-vingt-dix ans, les sau­vages en­va­his­seurs, qui ne pos­sé­daient pas d’écriture, abo­lirent le sys­tème des concours où se re­cru­taient les fonc­tion­naires, et re­lé­guèrent les let­trés, qui for­maient la classe la plus ho­no­rée de la so­ciété chi­noise, à un des éche­lons les plus bas, tout juste de­vant les pros­ti­tuées et les men­diants. Par dés­œu­vre­ment, ces let­trés se tour­nèrent alors vers le théâtre — genre dont la grande vogue com­men­çait à se des­si­ner, et qu’ils contri­buèrent très vite à per­fec­tion­ner. Ce­pen­dant, le dis­cré­dit at­ta­ché au théâtre sub­sista. Ces let­trés n’accédèrent ja­mais aux hon­neurs et durent se conten­ter d’exercer de mo­destes em­plois — pe­tits com­mer­çants, apo­thi­caires, de­vins ou simples ac­teurs. Aussi, ne sommes-nous pas éton­nés de ne trou­ver au­cun ren­sei­gne­ment sur leur bio­gra­phie. Et mal­gré la pu­bli­ca­tion, en 1616, d’une cen­taine de leurs chefs-d’œuvre dans l’«An­tho­lo­gie de pièces des Yuan» («Yuan Qu Xuan» 2), le théâtre est resté jusqu’à nos jours le genre le moins connu de toutes les lit­té­ra­tures de di­ver­tis­se­ment qu’a eues la Chine. «Évi­dem­ment, la tech­nique [de ce théâtre] est ex­trê­me­ment gros­sière», ex­plique Adolf-Eduard Zu­cker 3. «Les per­son­nages se font connaître à l’auditoire, en dé­taillant leur exis­tence pas­sée et la part qu’ils sont ap­pe­lés à jouer dans le drame… On peut dire que, dans l’ensemble, les pièces n’atteignent guère un plan spi­ri­tuel très élevé. Il se dé­gage, ce­pen­dant, un grand charme de ce théâtre qui nous pré­sente des per­son­nages de toute condi­tion et nous donne une vaste fresque de l’abondante vie de l’Empire du Mi­lieu, aux jours dé­crits par Marco Polo.»

  1. En chi­nois «黑旋風雙獻功». L’auteur de cette pièce est Gao Wen­xiu (高文秀). Haut
  2. En chi­nois «元曲選». Au­tre­fois trans­crit «Yuan K’iu Siuan», «Yuen-kiu-siuen» ou «Yüan-ch’ü Hsüan». Éga­le­ment connu sous le titre de «Yuan Ren Bai Zhong Qu» («元人百種曲»), c’est-à-dire «Cent Pièces d’auteurs des Yuan». Au­tre­fois trans­crit «Yüan-jen Pai Chung Ch’ü» ou «Youen Jin Pe Tchong Keu». Haut
  1. Dans Ca­mille Pou­peye, «Le Théâtre chi­nois», p. 130-131. Haut