Théodore de Gadara, « Fragments et Témoignages »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit de Théo­dore de Ga­dara1, maître de l’art rhé­to­rique grec, qui se dis­tin­gua par l’éclectisme de ses re­cherches. Il na­quit à Ga­dara, dans l’actuelle Jor­da­nie ; ses pa­rents étaient es­claves. Il émi­gra de bonne heure dans l’île de Rhodes ; c’est sans doute pour cette rai­son qu’il pré­fé­rait se faire ap­pe­ler Rho­dien. Le fu­tur Em­pe­reur Ti­bère sui­vit at­ten­ti­ve­ment ses le­çons lorsqu’il sé­journa sur cette île (de l’an 5 av. J.-C. à l’an 2 apr. J.-C.). On dit que Théo­dore fut le pre­mier à avoir dé­celé la na­ture cruelle de son élève, et qu’il le gron­dait sou­vent en l’appelant « boue pé­trie de sang » (par al­lu­sion à Pla­ton qui avait dé­fini la « boue » comme une terre « pé­trie d’humide »2). Outre Ti­bère, il eut pour élève le rhé­teur Her­ma­go­ras (ce­lui connu sous le nom de « dis­ciple de Théo­dore »). Il mou­rut vrai­sem­bla­ble­ment à Rhodes. Il écri­vit un grand nombre d’ouvrages, dont l’encyclopédie Souda a conservé les titres, et qui ne portent pas seule­ment sur la rhé­to­rique, mais aussi la gram­maire — par exemple, « Sur la res­sem­blance des dia­lectes et sa dé­mons­tra­tion » (« Peri dia­lek­tôn ho­moio­tê­tos kai apo­deixeôs »3), la po­li­tique — par exemple, « Sur la consti­tu­tion » (« Peri po­li­teias »4), l’histoire — par exemple, « Sur l’histoire » (« Peri his­to­rias »5), et même la géo­gra­phie — par exemple, « Sur la Cœlé-Sy­rie » (« Peri Koi­lês Sy­rias »6). En tout cas, il semble avoir joui d’une haute ré­pu­ta­tion, et c’est son nom qui se pré­sente sous la plume de Ju­vé­nal lorsqu’il veut ci­ter le nom d’un in­tel­lec­tuel re­nommé. Il laissa der­rière lui une école, celle des Théo­do­riens, dont on ne sait à peu près rien, si­non qu’elle était la ri­vale de celle des Apol­lo­do­riens, fon­dée par Apol­lo­dore de Per­game. Il n’est pas ex­clu que le traité « Du su­blime » soit l’œuvre d’un Théo­do­rien, car se­lon ce traité, c’est Théo­dore qui dressa la liste de quelques-uns des vices op­po­sés au su­blime comme, par exemple, le « pa­ren­thyrse »7 (« en­thou­siasme hors de pro­pos »), c’est-à-dire le mau­vais usage du pa­thé­tique.

Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  1. En grec Θεόδωρος Γαδαρεύς, en la­tin Theo­do­rus Ga­da­reus. Haut
  2. Pla­ton, « Théé­tète », 147c. Haut
  3. En grec « Περὶ διαλέκτων ὁμοιότητος καὶ ἀποδείξεως ». Haut
  4. En grec « Περὶ πολιτείας ». Haut
  1. En grec « Περὶ ἱστορίας ». Haut
  2. En grec « Περὶ Κοίλης Συρίας ». Haut
  3. En grec παρένθυρσος. Haut