« Vie de Jacques, comte de Vintimille, conseiller au Parlement de Bourgogne, littérateur et savant du XVIe siècle »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Jacques, comte de Vin­ti­mille, qui ne fut point comte, mais sa­vant et hel­lé­niste, et qu’on fe­rait mieux d’appeler du nom dont il si­gnait lui-même ses livres : Jacques des Comtes de Vin­ti­mille1 (XVIe-XVIIe siècle). Il na­quit dans l’île de Rhodes, en Grèce. Son père, Alexandre des Comtes de Vin­ti­mille, Ita­lien, s’étant fixé dans cette île, avait épousé une très noble et riche dame, des­cen­dante du sang des Pa­léo­logues, der­niers Em­pe­reurs de Constan­ti­nople, de la­quelle il avait eu plu­sieurs en­fants. Il croyait avoir ainsi éta­bli et as­suré son bon­heur. « Mais Dieu lui mon­tra bien quelque temps après — comme il fait à tous — qu’il ne faut point prendre pied ès choses tem­po­relles, ni se fon­der ès biens [ter­restres] et fa­veurs de ce monde », com­mente Jacques2. Car, en l’an 1522, les Turcs com­men­cèrent une guerre fu­rieuse contre la chré­tienté, sous la conduite du sul­tan So­li­man ; de sorte que l’île de Rhodes fut at­ta­quée par les Turcs ; les biens et tré­sors pillés ; Alexandre en­cer­clé et griè­ve­ment blessé. Un che­va­lier chré­tien, George de Vau­zelles, Fran­çais, par­vint à le dé­ga­ger de la mê­lée, mais trop tard. Alexandre lui re­mit son épée et mou­rut dans ses bras, en mur­mu­rant : « Prends mon épée, je t’en conjure, je ne veux pas qu’un Turc ou qu’un autre que toi la pos­sède »3. Après la chute de Rhodes, la veuve du­dit Alexandre sor­tit dé­nuée de tout bien et fut contrainte de prendre la mer sans trou­ver de lieu où s’arrêter ; et quand, mi­sé­rable, elle ne vou­lut plus ou ne put plus pour­voir à la nour­ri­ture de Jacques, son der­nier-né, le che­va­lier de Vau­zelles, par un mou­ve­ment de bonté toute re­li­gieuse, dé­cida de prendre soin de l’enfant. Il l’emmena avec lui en France et l’éleva comme son propre fils, en lui don­nant une édu­ca­tion conforme à sa haute nais­sance dans les écoles de Lyon, de Pa­ris et de Tou­louse. L’enfant pro­fita si heu­reu­se­ment, qu’il de­vint une des fortes têtes de son temps. Il tra­dui­sit de grec en fran­çais Xé­no­phon, Hé­ro­dien et Ly­sias. Son mé­rite re­connu lui ou­vrit l’entrée à la Cour de Fran­çois Ier et celle de son suc­ces­seur Henri II. « Voilà comme Dieu nous donne la vie et nous sauve des dan­gers, comme il lui plaît ; et contre toute es­pé­rance nous mène et conduit en lieux où l’on n’a ja­mais pensé », com­mente Jacques4.

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  1. On ren­contre aussi la gra­phie Vin­te­mille. Haut
  2. « Dis­cours de l’estoc et gé­néa­lo­gie des Comtes de Vin­ti­mille », p. 29. Haut
  1. En la­tin « Sume en­sem, pre­cor, ipse meum : ne Turca, nec ul­lus quam tu ha­beat ». Haut
  2. « Dis­cours de l’estoc et gé­néa­lo­gie des Comtes de Vin­ti­mille », p. 41. Haut