Mot-clefGeronimo Frontera

tra­duc­teur ou tra­duc­trice

«Étude sur les arguments de Zénon d’Élée contre le mouvement»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Zé­non d’Élée 1, cé­lèbre au­teur de pa­ra­doxes (Ve siècle av. J.-C.). Il ne pa­raît pas avoir été ma­thé­ma­ti­cien, ni phy­si­cien; mais ses fa­meux «Ar­gu­ments contraires» («An­ti­lo­giai» 2) ont fait au­tant pour les prin­cipes des ma­thé­ma­tiques et de la phy­sique que pour ceux de la phi­lo­so­phie. C’était un homme bien fait, d’une fi­gure agréable, un dis­ciple dé­voué de Par­mé­nide, et quelques écri­vains pré­tendent «qu’il de­vint le mi­gnon de son maître» 3. Il ne quit­tait que très ra­re­ment son Élée na­tale, «cité mo­deste, tout juste bonne à pro­duire des hommes de va­leur» 4. Plus tard, cette cité étant tom­bée, on ne sait com­ment, sous le joug d’un ty­ran ap­pelé Néarque, Zé­non en­tre­prit de la dé­li­vrer à l’aide de com­plices. La conspi­ra­tion ayant été dé­cou­verte, il fut em­pri­sonné et pé­rit dans d’horribles sup­plices, où il mon­tra un ca­rac­tère hé­roïque. Cette af­faire est rap­por­tée avec mille va­riantes par les écri­vains. Je n’en don­ne­rai qu’une : Tor­turé et in­ter­rogé sur ses com­plices, Zé­non nomma les amis du ty­ran pour pri­ver ce­lui-ci de tous ses ap­puis. Néarque, après les avoir fait mou­rir, l’interrogea sur les armes qu’il avait trans­por­tées dans une île voi­sine. Zé­non lui dit qu’il lui ré­pon­drait à l’oreille; le ty­ran s’étant ap­pro­ché, Zé­non lui mor­dit l’oreille et ne re­lâ­cha pas sa prise avant d’être percé de coups et tué. Aujourd’hui, il ne reste des ou­vrages de Zé­non que les «Ar­gu­ments contraires» concer­nant le mou­ve­ment, trans­mis jusqu’à nous grâce à la ré­fu­ta­tion d’Aris­tote et aux ci­ta­tions de Sim­pli­cius. Ces «Ar­gu­ments» in­té­ressent au plus haut point l’histoire des sciences, en ceci qu’ils fixent pour la pre­mière fois l’attention sur le pro­blème de l’infinitésimal et sur les dif­fi­cul­tés lo­giques aux­quelles se heurtent les cal­culs qui jonglent avec l’infini. Le poète Paul Va­léry ré­su­mera les deux «Ar­gu­ments» les plus connus, «Achille et la Tor­tue» et «La Flèche qui vole», par ces vers : «Zé­non, cruel Zé­non!… M’as-tu percé de cette flèche ai­lée qui vibre, vole et qui ne vole pas!… Achille im­mo­bile à grands pas!»

  1. En grec Ζήνων ὁ Ἐλεάτης. Éga­le­ment connu sous le nom de Zé­non le Par­mé­ni­dien. En grec Ζήνων ὁ Παρμενίδειος. À ne pas confondre avec Zé­non de Ci­tion, le fon­da­teur du stoï­cisme. Haut
  2. En grec «Ἀντιλογίαι». Haut
  1. «λέγεσθαι αὐτὸν παιδικὰ τοῦ Παρμενίδου γεγονέναι» (Pla­ton). «γέγονεν αὐτοῦ παιδικά» (Dio­gène Laërce). Haut
  2. Dio­gène Laërce. Haut