Il s’agit du « Livre des récompenses et des peines » (« Taishang ganyingpian » 1, littéralement « Écrit sur la rétribution par le Très-Haut » 2), précis de morale syncrétique chinoise, mêlant croyances taoïstes, éthique confucéenne et doctrine du karma (XIIe siècle apr. J.-C.). Le « Canon taoïste » (« Daozang » 3) comprend une multitude de traités de morale pour exhorter les lecteurs à la plus haute vertu et leur enseigner que « la récompense du bien et la punition du mal sont comme l’ombre qui suit le corps » 4 ; mais il n’y a aucun parmi ces traités qui ait joui d’une aussi grande popularité, et qu’on ait réimprimé aussi souvent que « Le Livre des récompenses et des peines ». Cependant, il est rare qu’on l’ait réimprimé d’une manière purement désintéressée. Sa propagation était, d’après la superstition populaire, une œuvre méritoire et un merveilleux moyen d’obtenir ce qu’on désirait. En distribuant vingt ou trente exemplaires du « Livre des récompenses et des peines », on obtenait ou bien une longue vie, ou bien la guérison d’un père, ou bien la naissance d’un fils. « Honorez-le donc », dit la préface d’un éditeur chinois 5, « et mettez-le en pratique, et vous augmenterez votre bonheur, aussi bien que la durée de votre vie. En un mot, tout ce que vous souhaiterez vous sera accordé. » Il n’en reste pas moins que c’est un beau et lumineux livre, rempli de conseils moraux et de sentences des vieux sages, pour apprendre à l’être humain d’être bon vis-à-vis d’autrui ; de se tenir dans l’amour et le respect ; de délivrer les autres de leurs dangers et de les assister dans leurs nécessités ; d’abandonner ses richesses pour faire des heureux ; de ne pas faire souffrir non seulement un animal, mais encore un insecte. Un commentateur et poète compare ce livre à « une barque de miséricorde sur laquelle nous pouvons passer une mer immense » ou bien « un arbre qui porte ses branches jusque dans les nues [et ouvrant] nos cœurs aux plus dignes efforts » 6.
Il n’existe pas moins de trois traductions françaises du « Livre des récompenses et des peines », mais s’il fallait n’en choisir qu’une seule, je choisirais celle d’Abel Rémusat.
「太上曰:『禍福無門,惟人自召.善惡之報,如影隨形』.是以天地有司過之神.依人所犯輕重,以奪人算.」
— Début dans la langue originale
« La sublime doctrine dit : “Le malheur et la félicité ne sont point indifféremment abordables. L’homme seul les attire sur sa tête. La récompense du bien et la punition du mal sont comme l’ombre qui suit le corps (et se proportionne à sa forme et à sa grandeur)”. C’est pour cela qu’il y a dans le ciel et sur la terre des esprits qui président aux péchés et qui se règlent sur la légèreté et la gravité des fautes des hommes pour leur retrancher des périodes de vie. »
— Début dans la traduction de Rémusat
« Le Très-Haut dit : “Les malédictions et les bénédictions (accordées par les dieux) ne viennent pas par leurs propres voies, c’est chaque homme qui les provoque (par ses actions) ; la rétribution des bonnes et mauvaises actions survient aussi sûrement que l’ombre suit le corps”. Aussi, dans tout l’univers, il existe des dieux en charge de surveiller les fautes des humains, et qui déduisent des années de vie de leur destin à chaque transgression, en fonction de sa gravité. »
— Début dans la traduction de M. Vincent Goossaert (« Versets du Très-Haut sur les effets des actes » dans « Livres de morale révélés par les dieux », éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris)
« Thaï-chang dit : “Le malheur et le bonheur de l’homme ne sont point déterminés d’avance ; seulement l’homme s’attire lui-même l’un ou l’autre par sa conduite. La récompense du bien et la punition du mal les suivent comme l’ombre qui suit les corps”. C’est pour cela qu’il y a au ciel et sur la terre des esprits chargés de rechercher les fautes des hommes, et qui, suivant la légèreté ou la gravité de ces fautes, retranchent de leur vie des périodes de cent jours. »
— Début dans la traduction de Stanislas Julien (« Le Livre des récompenses et des peines », XIXe siècle)
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- Édition et traduction de Stanislas Julien (éd. électronique) [Source : Chine ancienne].
- En chinois « 太上感應篇 ». Parfois transcrit « Thaï-chang kan ing phian », « Thaï chang kan yng pian », « Tae shang kan ying peen », « T’ai shang kan yin p’ien », « Thaï-chang kan ing phian », « Thaï-chang-kan-ing-pien » ou « Thai chang kan ying phien ».
- Parfois traduit « Traité du Très-Haut sur la rétribution des actes ».
- En chinois « 道藏 ». Autrefois transcrit « Tao-tchang » ou « Tao Tsang ».