Mot-clefJean-Pierre Drège

tra­duc­teur ou tra­duc­trice

Faxian, « Mémoire sur les pays bouddhiques »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit du « Mé­moire sur les pays boud­dhiques »1 (« Fo guo ji »2) de Faxian3. La vaste lit­té­ra­ture de la Chine contient une sé­rie de bio­gra­phies et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les voyages d’éminents moines boud­dhistes qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur Dieu (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : « Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du monde et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent »4. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur foi, doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’humanisme. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du Boud­dha, jusqu’aux lieux saints de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le sans­crit et se pro­cu­raient des masses de ma­nus­crits, qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur vie à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’histoire spi­ri­tuelle de l’Asie fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans doute ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces voya­geurs, en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par terre de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la mort ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de mer ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient corps et bien au pre­mier gros temps. L’un d’eux5 dé­clare en pré­am­bule de sa « Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest » : « Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés ; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du so­leil qui crache son ar­deur ; ou les masses d’eau des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque ».

  1. Au­tre­fois tra­duit « Re­la­tion des royaumes boud­dhiques ». Haut
  2. En chi­nois « 佛國記 ». Au­tre­fois trans­crit « Foĕ kouĕ ki », « Foe kue ki », « Fo kouo ki » ou « Fo kuo chi ». Éga­le­ment connu sous le titre de « 法顯傳 » (« Fa xian zhuan »), c’est-à-dire « Bio­gra­phie de Faxian ». Au­tre­fois trans­crit « Fa-hien-tch’ouen », « Fa-hien tchouan » ou « Fa-hsien chuan ». Haut
  3. En chi­nois 法顯. Par­fois trans­crit Fă Hian, Fah-hiyan, Fa-hein, Fa-hien ou Fa-hsien. Haut
  1. Dans Lévy, « Les Pè­le­rins chi­nois en Inde ». Haut
  2. Yi­jing. Haut