Mot-clefjeûne

su­jet

Eunape, «Vies de philosophes et de sophistes. Tome II»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit des «Vies de phi­lo­sophes et de so­phistes» («Bioi phi­lo­so­phôn kai so­phis­tôn» 1) d’Eunape de Sardes 2, bio­graphe grec. Il na­quit en 349 apr. J.-C. C’était un Orien­tal, un Grec d’Asie, et bien qu’il vé­cût dans l’Empire ro­main d’Orient, il ne se consi­dé­rait ni comme su­jet de l’Empire ni en­core moins comme chré­tien; car il fut élevé dans la re­li­gion païenne et dans le po­ly­théisme tra­di­tion­nel des Hel­lènes. Tous les pen­seurs qui fe­ront plus tard l’objet de ses «Vies» se­ront des païens de l’Orient, fi­dèles comme lui à une re­li­gion et à une tra­di­tion ex­pi­rantes. Eu­nape eut pour pre­mier maître le phi­lo­sophe Chry­santhe, son com­pa­triote et son pa­rent par al­liance 3. Il ap­prit au­près de lui aussi bien les œuvres des poètes que celles des phi­lo­sophes ou des ora­teurs. À quinze ans, il fit le voyage obligé de tout in­tel­lec­tuel d’alors à Athènes. Ar­rivé ma­lade et fié­vreux, il re­çut une hos­pi­ta­lité très gé­né­reuse dans la mai­son de Pro­hé­ré­sius, so­phiste d’origine ar­mé­nienne, qui le soi­gna comme son propre fils. Eu­nape lui voua en re­tour une af­fec­tion et une ad­mi­ra­tion qu’il consi­gnera plus tard dans ses «Vies». Après un sé­jour de cinq ans à Athènes, il fut rap­pelé à Sardes par un ordre fa­mi­lial : «une école de so­phis­tique m’était of­ferte», dit-il 4, «tous m’appelaient dans cette in­ten­tion». Ren­tré dans sa ville na­tale, il y re­trouva son pre­mier maître, Chry­santhe; et bien qu’il eût à en­sei­gner les ma­tières so­phis­tiques à ses propres élèves du­rant la ma­ti­née, il cou­rait dès le dé­but de l’après-midi chez Chry­santhe, pour dis­cu­ter à ses cô­tés des doc­trines plus hautes et plus di­vines de la phi­lo­so­phie, lors de pro­me­nades très longues, mais très pro­fi­tables : «On ou­bliait qu’on avait mal aux pieds, tant on était en­sor­celé par ses ex­po­sés», dit-il 5. C’est pro­ba­ble­ment au cours d’une de ces pro­me­nades que Chry­santhe ins­ti­gua Eu­nape à com­po­ser une œuvre en l’honneur des phi­lo­sophes, des mé­de­cins et des so­phistes cé­lèbres dont il était le contem­po­rain ou qui avaient vécu peu avant lui. C’est de cette œuvre que je veux rendre compte ici. Elle nous est par­ve­nue en en­tier. Grosse de vingt-deux no­tices bio­gra­phiques, elle parle non des doc­trines de ces di­vers per­son­nages, mais des dé­tails de leur vie — dé­tails qui ne prennent un vé­ri­table in­té­rêt que par les in­dices qu’ils four­nissent, quel­que­fois très vagues, d’autres fois plus pré­cis, sur le ca­rac­tère des temps et des hommes aux­quels ils se rap­portent : «Dans ces bio­gra­phies il faut dis­tin­guer deux par­ties : l’une, où l’auteur traite de temps et d’hommes qu’il ne connaît que par tra­di­tion; l’autre, où il parle de temps où il a vécu et d’hommes qu’il a vus et connus lui-même. Il glisse sur les pre­miers et ne s’arrête que sur les se­conds. Il y a peu de choses sur Plo­tin; il y en a un peu plus sur Por­phyre; un peu plus en­core sur Jam­blique; mais en­suite, les bio­gra­phies de­viennent plus éten­dues», ex­plique Vic­tor Cou­sin.

  1. En grec «Βίοι φιλοσόφων καὶ σοφιστῶν». Haut
  2. En grec Εὐνάπιος Σαρδιανός. Au­tre­fois trans­crit Eu­na­pius de Sardes. Haut
  3. «Chry­santhe avait une épouse du nom de Mé­litè qu’il ad­mi­rait plus que tout; elle était ma cou­sine», dit Eu­nape (VII, 48). Haut
  1. X, 87. Haut
  2. XXIII, 32. Haut

Eunape, «Vies de philosophes et de sophistes. Tome I»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit des «Vies de phi­lo­sophes et de so­phistes» («Bioi phi­lo­so­phôn kai so­phis­tôn» 1) d’Eunape de Sardes 2, bio­graphe grec. Il na­quit en 349 apr. J.-C. C’était un Orien­tal, un Grec d’Asie, et bien qu’il vé­cût dans l’Empire ro­main d’Orient, il ne se consi­dé­rait ni comme su­jet de l’Empire ni en­core moins comme chré­tien; car il fut élevé dans la re­li­gion païenne et dans le po­ly­théisme tra­di­tion­nel des Hel­lènes. Tous les pen­seurs qui fe­ront plus tard l’objet de ses «Vies» se­ront des païens de l’Orient, fi­dèles comme lui à une re­li­gion et à une tra­di­tion ex­pi­rantes. Eu­nape eut pour pre­mier maître le phi­lo­sophe Chry­santhe, son com­pa­triote et son pa­rent par al­liance 3. Il ap­prit au­près de lui aussi bien les œuvres des poètes que celles des phi­lo­sophes ou des ora­teurs. À quinze ans, il fit le voyage obligé de tout in­tel­lec­tuel d’alors à Athènes. Ar­rivé ma­lade et fié­vreux, il re­çut une hos­pi­ta­lité très gé­né­reuse dans la mai­son de Pro­hé­ré­sius, so­phiste d’origine ar­mé­nienne, qui le soi­gna comme son propre fils. Eu­nape lui voua en re­tour une af­fec­tion et une ad­mi­ra­tion qu’il consi­gnera plus tard dans ses «Vies». Après un sé­jour de cinq ans à Athènes, il fut rap­pelé à Sardes par un ordre fa­mi­lial : «une école de so­phis­tique m’était of­ferte», dit-il 4, «tous m’appelaient dans cette in­ten­tion». Ren­tré dans sa ville na­tale, il y re­trouva son pre­mier maître, Chry­santhe; et bien qu’il eût à en­sei­gner les ma­tières so­phis­tiques à ses propres élèves du­rant la ma­ti­née, il cou­rait dès le dé­but de l’après-midi chez Chry­santhe, pour dis­cu­ter à ses cô­tés des doc­trines plus hautes et plus di­vines de la phi­lo­so­phie, lors de pro­me­nades très longues, mais très pro­fi­tables : «On ou­bliait qu’on avait mal aux pieds, tant on était en­sor­celé par ses ex­po­sés», dit-il 5. C’est pro­ba­ble­ment au cours d’une de ces pro­me­nades que Chry­santhe ins­ti­gua Eu­nape à com­po­ser une œuvre en l’honneur des phi­lo­sophes, des mé­de­cins et des so­phistes cé­lèbres dont il était le contem­po­rain ou qui avaient vécu peu avant lui. C’est de cette œuvre que je veux rendre compte ici. Elle nous est par­ve­nue en en­tier. Grosse de vingt-deux no­tices bio­gra­phiques, elle parle non des doc­trines de ces di­vers per­son­nages, mais des dé­tails de leur vie — dé­tails qui ne prennent un vé­ri­table in­té­rêt que par les in­dices qu’ils four­nissent, quel­que­fois très vagues, d’autres fois plus pré­cis, sur le ca­rac­tère des temps et des hommes aux­quels ils se rap­portent : «Dans ces bio­gra­phies il faut dis­tin­guer deux par­ties : l’une, où l’auteur traite de temps et d’hommes qu’il ne connaît que par tra­di­tion; l’autre, où il parle de temps où il a vécu et d’hommes qu’il a vus et connus lui-même. Il glisse sur les pre­miers et ne s’arrête que sur les se­conds. Il y a peu de choses sur Plo­tin; il y en a un peu plus sur Por­phyre; un peu plus en­core sur Jam­blique; mais en­suite, les bio­gra­phies de­viennent plus éten­dues», ex­plique Vic­tor Cou­sin.

  1. En grec «Βίοι φιλοσόφων καὶ σοφιστῶν». Haut
  2. En grec Εὐνάπιος Σαρδιανός. Au­tre­fois trans­crit Eu­na­pius de Sardes. Haut
  3. «Chry­santhe avait une épouse du nom de Mé­litè qu’il ad­mi­rait plus que tout; elle était ma cou­sine», dit Eu­nape (VII, 48). Haut
  1. X, 87. Haut
  2. XXIII, 32. Haut