le major de Rostaing, « Prise et Destruction des forts anglais du Prince-de-Galles et d’York [Factory] » • La Pérouse, « Rapport au ministre de la Marine sur cette expédition »
Il s’agit de la « Relation inédite : prise et destruction des forts anglais du Prince-de-Galles et d’York [Factory] » du major Joseph de Rostaing et du « Rapport au ministre de la Marine et des Colonies sur l’expédition de la baie d’Hudson »* de Jean-François de La Pérouse. La célébrité du grand voyage autour du monde de La Pérouse est cause que ses précédents exploits sont restés dans l’ombre. La rude expédition menée par lui et ses compagnons en 1782 contre les forts anglais de la baie d’Hudson lors de la guerre soutenue par la France pour l’indépendance des États-Unis est peu connue. Des papiers de première importance relatifs à ces faits, entre autres le « Journal de navigation » de La Pérouse, n’ont été édités qu’en 2012, après un oubli de 230 ans. Et encore, leur éditeur craignant — je ne sais trop comment ni pourquoi — d’alimenter « le mythe d’une expédition dans des mers inconnues, en réalité fréquentées depuis longtemps… — vision trop française des événements », n’a-t-il exposé que les défauts et tu tous les mérites de ce « raid » — expédition pourtant délicate, dans des mers difficiles, dont La Pérouse s’était acquitté en marin consommé et en homme alliant les sentiments d’humanité avec les exigences du devoir. « Rien », dit cet éditeur dans un jugement sévère, pour ne pas dire injuste**, « ne permet de penser que les résultats de la campagne dans la baie d’Hudson aient pu avoir les moindres conséquences décisives… [Chez les Anglais] ce petit désastre semble avoir été bien supporté, y compris par la hiérarchie de la Compagnie… Tous les responsables avaient retrouvé leur poste l’année suivante ». La Pérouse s’était faufilé à travers des brumes presque continuelles, qui ne lui permettaient que rarement d’observer la hauteur du soleil. Il avait navigué à l’estime. Il avait triomphé des éléments ligués contre lui. Il avait rasé les établissements anglais, complètement isolés sur ces rivages lointains ; mais il n’avait pas oublié en même temps les égards qu’on doit au malheur. Ayant laissé la vie sauve aux vaincus, il leur avait cédé une quantité suffisante de vivres, de poudre et de plomb, afin qu’ils pussent être en état de rejoindre les leurs. À ce geste humanitaire, il en avait ajouté encore un autre. Dans le fort d’York Factory, il avait découvert les journaux d’exploration de Samuel Hearne pour le compte de la Compagnie d’Hudson. Il les avait rendus intacts à leur auteur à la condition que celui-ci les fît imprimer et publier dès son retour en Angleterre.