Mot-clefmythographie

su­jet

Pseudo-Apollodore, « La Bibliothèque : un manuel antique de mythologie »

éd. de l’Aire, coll. Le Chant du monde, Vevey

éd. de l’Aire, coll. Le Chant du monde, Ve­vey

Il s’agit de la « Bi­blio­thèque »1, le plus an­cien abrégé qui nous soit par­venu sur la my­tho­lo­gie de la Grèce, ses dieux et ses hé­ros (Ie ou IIe siècle apr. J.-C.). C’est un ou­vrage re­la­ti­ve­ment court, même en te­nant compte de la perte d’une par­tie du troi­sième et der­nier livre, qu’on ne connaît que par des « épi­to­més » (des « abré­gés de l’abrégé »). Long­temps at­tri­bué au gram­mai­rien Apol­lo­dore d’Athènes, qui s’était oc­cupé de my­tho­lo­gie, on est aujourd’hui cer­tain qu’il n’est pas de lui. Il dé­bute par l’origine des dieux et du monde, et va jusqu’aux pé­ré­gri­na­tions des hé­ros re­ve­nant de Troie. Il se ter­mine donc par les évé­ne­ments qui forment la li­mite entre la fable et l’histoire. Bien qu’il soit d’un grand se­cours pour l’intelligence de cer­tains au­teurs an­ciens, cet ou­vrage de vul­ga­ri­sa­tion ne re­pro­duit pas le vrai es­prit des mythes et est même consi­déré par les cri­tiques comme mé­diocre, sans réel en­thou­siasme, sans gé­nie. Pleines de vie, de sens, de vé­rité pour les poètes et les ar­tistes qui les avaient ani­mées de leur souffle, les fables my­tho­lo­giques ne sont plus, dans la « Bi­blio­thèque », que des lettres mortes, des ob­jets de cu­rio­sité sco­laire et non de foi. Il est évident que les Grecs ces­sèrent, dès cette époque, de croire en leurs dieux, et que les vé­né­rables lé­gendes nées de l’imagination pri­mi­tive per­dirent toute leur si­gni­fi­ca­tion. Il faut consi­dé­rer la « Bi­blio­thèque » comme un ca­ta­logue de lé­gendes des­sé­chées et conser­vées en her­bier, un in­ven­taire fos­si­lisé. Je ne veux pas nier ici l’utilité de ce genre d’ouvrage ; mais quel sa­cri­lège, au point de vue re­li­gieux, de dé­pouiller de tous leurs or­ne­ments et de tout leur éclat les fables qui avaient ins­piré les pro­duc­tions im­mor­telles de la poé­sie et de l’art, et de les ré­duire à de viles listes de faits, lieux, al­liances et fi­lia­tions, « qui res­semblent aux mythes pri­mi­tifs comme de vieilles fleurs en pa­pier, jau­nies et en­fu­mées, res­semblent aux fleurs des champs »2.

  1. En grec « Βιϐλιοθήκη ». Haut
  1. Er­nest Re­nan, « Les Re­li­gions de l’Antiquité ». Haut