Pseudo-Apollodore, « La Bibliothèque : un manuel antique de mythologie »

éd. de l’Aire, coll. Le Chant du monde, Vevey

éd. de l’Aire, coll. Le Chant du , Ve­vey

Il s’agit de la «Bi­blio­thèque» 1, le plus an­cien abrégé qui nous soit par­venu sur la de la , ses et ses hé­ros (Ie ou IIe siècle apr. J.-C.). C’est un ou­vrage re­la­ti­ve­ment court, même en te­nant compte de la perte d’une par­tie du troi­sième et der­nier livre, qu’on ne connaît que par des «épi­to­més» (des «abré­gés de l’abrégé»). Long­temps at­tri­bué au gram­mai­rien Apol­lo­dore d’Athènes, qui s’était oc­cupé de my­tho­lo­gie, on est aujourd’hui cer­tain qu’il n’est pas de lui. Il dé­bute par l’origine des dieux et du monde, et va jusqu’aux pé­ré­gri­na­tions des hé­ros re­ve­nant de Troie. Il se ter­mine donc par les évé­ne­ments qui forment la li­mite entre la et l’. Bien qu’il soit d’un grand se­cours pour l’ de cer­tains au­teurs an­ciens, cet ou­vrage de ne re­pro­duit pas le vrai es­prit des mythes et est même consi­déré par les cri­tiques comme mé­diocre, sans réel en­thou­siasme, sans . Pleines de , de sens, de pour les et les qui les avaient ani­mées de leur souffle, les fables my­tho­lo­giques ne sont plus, dans la «Bi­blio­thèque», que des lettres mortes, des ob­jets de sco­laire et non de . Il est évident que les Grecs ces­sèrent, dès cette époque, de croire en leurs dieux, et que les vé­né­rables nées de l’ pri­mi­tive per­dirent toute leur si­gni­fi­ca­tion. Il faut consi­dé­rer la «Bi­blio­thèque» comme un ca­ta­logue de lé­gendes des­sé­chées et conser­vées en her­bier, un in­ven­taire fos­si­lisé. Je ne veux pas nier ici l’utilité de ce genre d’ouvrage; mais quel sa­cri­lège, au point de vue re­li­gieux, de dé­pouiller de tous leurs or­ne­ments et de tout leur éclat les fables qui avaient ins­piré les pro­duc­tions im­mor­telles de la et de l’art, et de les ré­duire à de viles listes de faits, lieux, al­liances et fi­lia­tions, «qui res­semblent aux mythes pri­mi­tifs comme de vieilles en pa­pier, jau­nies et en­fu­mées, res­semblent aux fleurs des champs» 2.

Il n’existe pas moins de cinq tra­duc­tions fran­çaises de la «Bi­blio­thèque», mais s’il fal­lait n’en choi­sir qu’une seule, je choi­si­rais celle di­ri­gée par M. Paul Schu­bert.

«Ὡς δὲ ἐκληρώσατο τοὺς γάμους, ἑστιάσας ἐγχειρίδια δίδωσι ταῖς θυγατράσιν. Αἱ δὲ κοιμωμένους τοὺς νυμφίους ἀπέκτειναν πλὴν Ὑπερμνήστρας· αὕτη γὰρ Λυγκέα διέσωσε παρθένον αὐτὴν φυλάξαντα· διὸ καθείρξας αὐτὴν Δαναὸς ἐφρούρει. Αἱ δὲ ἄλλαι τῶν Δαναοῦ θυγατέρων τὰς μὲν κεφαλὰς τῶν νυμφίων ἐν τῇ Λέρνῃ κατώρυξαν, τὰ δὲ σώματα πρὸ τῆς πόλεως ἐκήδευσαν.»
— Pas­sage dans la ori­gi­nale

«Quand on eut pro­cédé au ti­rage au sort de ces unions, Da­naos of­frit un ban­quet, puis donna des poi­gnards à ses . Celles-ci tuèrent leurs jeunes époux dans leur som­meil, sauf Hy­per­m­nestre. En ef­fet, elle épar­gna Lyn­cée qui avait é sa . Ceci lui va­lut d’être en­fer­mée sous bonne garde par Da­naos. Les autres filles de Da­naos en­ter­rèrent à Lerne les têtes de leurs jeunes époux, et ren­dirent les hon­neurs fu­nèbres à leurs de­vant la ville.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion di­ri­gée par M. Schu­bert

«Après que les ma­riages furent ar­rê­tés par sort, Da­naus donna des poi­gnards à ses filles, leur com­man­dant d’en tuer cha­cune son mari aus­si­tôt qu’ils se­raient en­dor­mis. Ce qu’elles firent toutes, ex­cepté Hy­per­m­nes­tra, qui seule sauva Lyn­ceus son mari pour ce qu’il n’avait point tou­ché à sa vir­gi­nité : [ce] dont elle fut mise en pri­son par son père. Les autres filles de Da­naus en­fouirent les têtes de leurs époux en Lerne, et en­se­ve­lirent les corps de­vant la ville.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion de Jean Pas­se­rat (XVIe siècle)

«Lorsqu’il eut tiré au sort les unions, Da­naos, après le de noces, donne à ses filles des poi­gnards. Elles tuèrent leurs nou­veaux ma­ris pen­dant qu’ils dor­maient, sauf Hy­per­m­nes­tra, qui épar­gna Lyn­ceus parce qu’il avait res­pecté sa vir­gi­nité. Aussi Da­naos la fit-il en­fer­mer et te­nir sous bonne garde. Ses autres filles en­ter­rèrent à Lerne les têtes de leurs époux et à leurs corps elles ren­dirent les der­niers de­vant la ville d’Argos.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion de MM. Jean-Claude et Ber­trand Mas­so­nie (éd. Uni­ver­sité de Be­san­çon, coll. Centre de re­cherches d’-Ins­ti­tut Fé­lix-Gaf­fiot-Lire les po­ly­théismes, Be­san­çon)

«Les ma­riages étant ainsi as­sor­tis, Da­naüs, au re­pas de noces, donna à cha­cune de ses filles un poi­gnard, et elles tuèrent toutes leurs époux, lorsqu’ils furent en­dor­mis, à l’exception d’Hypermnestre qui sauva Lyn­cée, qui lui avait conservé sa vir­gi­nité; c’est pour­quoi Da­naüs la ren­ferma. Les autres en­ter­rèrent les têtes de leurs ma­ris près des fon­taines de Lerne, et don­nèrent la sé­pul­ture à leurs corps de­vant la ville.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion d’Étienne Cla­vier (XIXe siècle)

«Après que les furent ainsi dé­ci­dés, au cours du ban­quet de noces, Da­naos donna un poi­gnard à cha­cune de ses filles. Et quand elles al­lèrent dor­mir avec leurs ma­ris, elles les tuèrent tous. Seule Hy­per­m­nestre épar­gna Lyn­cée, parce qu’il avait laissé in­tacte sa vir­gi­nité; mais, pour cette , Da­naos la fit en­chaî­ner et en­fer­mer. Ses autres filles en­ter­rèrent la tête cou­pée des ma­ris à Lerne, et les corps re­çurent les hon­neurs fu­nèbres de­vant la cité…»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion de M. Ugo Bra­telli (éd. élec­tro­nique)

«Post, ubi suam quisque sor­ti­tus, conju­gem duxe­runt, ac­cep­tos in convi­vium cunc­tos Da­nai fi­liæ da­tis a patre pu­gio­ni­bus somno se­pul­tos, suum quæque, spon­sos oc­ci­dunt, una tan­tum­modo ex­cepta Hy­per­m­nes­tra : hæc enim sola Lyn­ceum, quod ejus vir­gi­ni­tate abs­ti­nuis­set, in­co­lu­mem as­ser­va­vit. Qua­mo­brem hanc Da­naus conjec­tam in vin­cu­lis cus­to­diri ju­bet. Re­li­quæ Da­nai fi­liæ præ­fecta spon­so­rum ca­pita in Lerna de­fo­de­runt, cor­pora vero ante ur­bem de­plo­rata se­pe­lienda cu­ra­ve­runt.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion la­tine de Be­ne­detto Egio (XVIe siècle)

«Post, ubi suam quisque sor­ti­tus, conju­gem duxe­runt, ac­cep­tos in convi­vium cunc­tos Da­nai fi­liæ da­tis a patre pu­gio­ni­bus somno se­pul­tos, suum quæque, spon­sos oc­ci­dunt, una tan­tum­modo ex­cepta Hy­per­m­nes­tra : hæc enim sola Lyn­ceum, quod ejus vir­gi­ni­tate abs­ti­nuis­set, in­co­lu­mem ser­va­vit. Qua­mo­brem hanc Da­naus onus­tam vin­cu­lis cus­to­diri ju­bet. Re­li­quæ Da­nai fi­liæ præ­fecta spon­so­rum ca­pita in Lerna de­fo­de­runt, cor­pora vero ante ur­bem de­plo­rata se­pe­lienda cu­ra­ve­runt.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion la­tine de Be­ne­detto Egio, re­vue par Tan­ne­guy Le Fèvre (XVIIe siècle)

«Itaque quum suas quisque nup­tias sor­ti­tus es­set, in convi­vio nup­tiali pu­giones Da­naus fi­lia­bus dis­tri­buit, qui­bus illæ spon­sos somno op­pres­sos in­ter­fe­ce­runt, une ex­cepta Hy­per­m­nes­tra : hæc enim Lyn­ceum, quod vir­gi­ni­tate sua abs­ti­nuis­set, in­co­lu­mem ser­va­vit. Qua­mo­brem eam Da­naus in­clu­sam ju­bet cus­to­diri. Re­li­quæ Da­nai fi­liæ ca­pita spon­so­rum ad Ler­nam de­fo­de­runt, cor­pora vero ante ur­bem se­pe­li­ve­runt…»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion la­tine de Be­ne­detto Egio, re­vue par Karl Mül­ler et Théo­dor Mül­ler (XIXe siècle)

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  1. En «Βιϐλιοθήκη». Icône Haut
  1. Er­nest Re­nan, «Les Re­li­gions de l’». Icône Haut