Il s’agit de Mencius 1 (ou Meng-tseu 2), moraliste qui fleurissait en Chine à la même époque qu’Aristote en Grèce. On raconte que sa mère habitait près d’un cimetière. Le petit Mencius allait au milieu des tombes et imitait par amusement les cérémonies et les lamentations qui s’y faisaient. « Ce n’est pas un endroit où demeurer avec mon fils » 3, se dit sa mère qui s’en fut loger près d’un marché. Son fils imita par jeu les marchands qui criaient et vendaient leurs marchandises. « Ce n’est pas un lieu où habiter avec mon fils », se dit encore sa mère qui déménagea de nouveau et alla demeurer près d’une école. Son fils imita dès lors les écoliers qui apprenaient à disposer les tables et les vases de bois pour les offrandes, à saluer, à témoigner du respect, à se présenter et à se retirer avec politesse. « Voici l’endroit qui convient à mon fils ! », se dit-elle. Toutefois, le goût de Mencius pour les études ne paraît pas avoir été aussi prononcé que chez Confucius. Un jour qu’il était rentré après avoir abandonné l’école, il trouva sa mère occupée à tisser. Elle lui demanda : « Où en es-tu dans tes études ? » L’enfant répondit : « Comme ci, comme ça ». Elle trancha d’un coup de couteau le tissu. Effrayé, Mencius lui demanda la raison de son geste. Elle répliqua : « Si tu abandonnes tes études, tu ne pourras échapper au servage et tu ne disposeras pas des moyens d’écarter les pires malheurs. En quoi serait-ce différent de ce tissage interrompu ?… Ne manquerions-nous pas sans cesse de nourriture ? »
- Autrefois transcrit Memcius ou Mancius. « Il est resté peu de traces de cet usage singulier, que les premiers missionnaires avaient introduit, en écrivant en latin sur l’histoire et la littérature des Chinois, d’ajouter des terminaisons latines aux noms des Empereurs et des hommes célèbres, pour indiquer les rapports grammaticaux qui liaient ces noms aux autres parties des phrases… Deux noms seuls ont conservé la forme européenne qu’on leur avait donnée d’abord, ce sont ceux de… Confucius et Mencius », dit Abel Rémusat.
- En chinois 孟子. Parfois transcrit Mong-tsée, Mong Tseû, Mem Tsu, Meng-tzu, Meng Tzeu, Meng-tse, Meng-tsze ou Mengzi.
- Liu Xiang, « 列女傳 » (« Biographies des femmes illustres »), inédit en français.