Il s’agit des « Mille et une Nuits » (« Alf layla wa-layla »1), contes arabes. Rarement, la richesse de la narration et les trésors de l’imagination ont été dépensés dans une œuvre avec plus de prodigalité ; et rarement, une œuvre a eu une réussite plus éclatante que celle des « Mille et une Nuits » depuis qu’elle a été transportée en France par l’orientaliste Antoine Galland au commencement du XVIIIe siècle. De là, elle a immédiatement rempli le monde de sa renommée, et depuis, son succès n’a fait que croître de jour en jour, sans souffrir ni des caprices de la mode ni du changement des goûts. Quelle extraordinaire fécondité dans ces contes ! Quelle variété ! Avec quel inépuisable intérêt on suit les aventures enchanteresses de Sindbad le Marin ou les merveilles opérées par la lampe d’Aladdin : « C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre humain se montre avec toute sa grâce et toute sa naïveté », dit Édouard Gauttier d’Arc2. « On y chercherait en vain ou ces teintes mélancoliques du Nord, ou ces allusions sérieuses et profondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plaisirs… Ces génies qu’elle a produits, vont répandant partout les perles, l’or, les diamants ; ils élèvent en un instant des palais superbes ; ils livrent à celui qu’ils favorisent, des houris3 enchanteresses ; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouissances, sans qu’il se donne aucune peine pour les acquérir. Il faut aux Orientaux un bonheur facile et complet ; ils le veulent sans nuages, comme le soleil qui les éclaire. »
contes de fées
sujet
« L’Étonnante Aventure du pauvre musicien »
Il s’agit d’« Une mélodie secrète au “biwa” fait pleurer des fantômes » (« Biwa no hikyoku yûrei wo nakashimu »1), une des plus belles légendes du folklore japonais, plus connue sous le titre de « Hôichi le Sans-oreilles » (« Mimi-nashi Hôichi »2). Tirée d’un recueil d’histoires étranges publié en 1782 à Kyôto3, la légende de « Hôichi le Sans-oreilles » n’est, de façon paradoxale, familière aux Japonais que dans la version rédigée en 1903 par un écrivain étranger : Lafcadio Hearn. Traducteur de Gautier, de Maupassant, de Balzac, de Mérimée, de Flaubert, de Baudelaire, de Loti, Hearn naquit dans les îles Ioniennes. Son père était un médecin irlandais dans l’armée britannique, sa mère — une Grecque de très bonne famille. Ils avaient dû s’épouser en cachette. « Deux races, deux nations, deux religions marquèrent l’enfant de leur empreinte et, très tôt, elles ancrèrent en lui ce cosmopolitisme qui devait lui permettre de substituer un jour une terre d’élection à son pays d’origine »4. Mais l’Angleterre ayant cédé les îles Ioniennes à la Grèce, son père regagna Dublin avec femme et enfant. La chose se passa mal. Sa mère, transie par ce climat gris et froid, si différent de la blancheur de sa Grèce natale, prit la fuite ; son père fit annuler le mariage, se remaria et partit en Inde. Hearn, abandonné et sans parents, fut adopté par une vieille tante catholique, extrêmement dévote, qui lui faire des études dans un monastère en France, puis l’envoya à dix-neuf ans en Amérique. On le vit surgir à Cincinnati comme correcteur dans un journal. On l’employa à des reportages, où il se montra d’une habileté surprenante. Son talent d’écrivain ayant enfin percé, il prit le chemin de La Louisiane. En 1878, celle-ci avait encore un parfum bien français. On le voit dans les articles de Hearn, dont beaucoup parlent de la France, mais aussi de Martinique, d’Haïti, de l’île Maurice, de Guyane. Et puis, comme toujours avec Hearn, il lui fallut des horizons encore plus lointains. La grande exposition japonaise, qui eut lieu à La Nouvelle-Orléans en 1885, lui inspira en premier l’idée de s’embarquer pour le Japon. Ce fut à quarante ans qu’il arriva au pays du Soleil levant, pauvre, apatride, précipité là où la destinée l’appelait, sans but dans l’existence. Il en commença une autre, entièrement nouvelle. Et d’abord, il se fit Japonais.
Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome II »
Il s’agit des « Mille et une Nuits » (« Alf layla wa-layla »1), contes arabes. Rarement, la richesse de la narration et les trésors de l’imagination ont été dépensés dans une œuvre avec plus de prodigalité ; et rarement, une œuvre a eu une réussite plus éclatante que celle des « Mille et une Nuits » depuis qu’elle a été transportée en France par l’orientaliste Antoine Galland au commencement du XVIIIe siècle. De là, elle a immédiatement rempli le monde de sa renommée, et depuis, son succès n’a fait que croître de jour en jour, sans souffrir ni des caprices de la mode ni du changement des goûts. Quelle extraordinaire fécondité dans ces contes ! Quelle variété ! Avec quel inépuisable intérêt on suit les aventures enchanteresses de Sindbad le Marin ou les merveilles opérées par la lampe d’Aladdin : « C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre humain se montre avec toute sa grâce et toute sa naïveté », dit Édouard Gauttier d’Arc2. « On y chercherait en vain ou ces teintes mélancoliques du Nord, ou ces allusions sérieuses et profondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plaisirs… Ces génies qu’elle a produits, vont répandant partout les perles, l’or, les diamants ; ils élèvent en un instant des palais superbes ; ils livrent à celui qu’ils favorisent, des houris3 enchanteresses ; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouissances, sans qu’il se donne aucune peine pour les acquérir. Il faut aux Orientaux un bonheur facile et complet ; ils le veulent sans nuages, comme le soleil qui les éclaire. »
Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome I »
Il s’agit des « Mille et une Nuits » (« Alf layla wa-layla »1), contes arabes. Rarement, la richesse de la narration et les trésors de l’imagination ont été dépensés dans une œuvre avec plus de prodigalité ; et rarement, une œuvre a eu une réussite plus éclatante que celle des « Mille et une Nuits » depuis qu’elle a été transportée en France par l’orientaliste Antoine Galland au commencement du XVIIIe siècle. De là, elle a immédiatement rempli le monde de sa renommée, et depuis, son succès n’a fait que croître de jour en jour, sans souffrir ni des caprices de la mode ni du changement des goûts. Quelle extraordinaire fécondité dans ces contes ! Quelle variété ! Avec quel inépuisable intérêt on suit les aventures enchanteresses de Sindbad le Marin ou les merveilles opérées par la lampe d’Aladdin : « C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre humain se montre avec toute sa grâce et toute sa naïveté », dit Édouard Gauttier d’Arc2. « On y chercherait en vain ou ces teintes mélancoliques du Nord, ou ces allusions sérieuses et profondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plaisirs… Ces génies qu’elle a produits, vont répandant partout les perles, l’or, les diamants ; ils élèvent en un instant des palais superbes ; ils livrent à celui qu’ils favorisent, des houris3 enchanteresses ; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouissances, sans qu’il se donne aucune peine pour les acquérir. Il faut aux Orientaux un bonheur facile et complet ; ils le veulent sans nuages, comme le soleil qui les éclaire. »